Je voulais tout faire par amour pour Eux (1)
et, pour leur prouver que je les aimaient.
Quelques fois, je faisais des
boulettes de
cire que j’attachais au bout d’un fil et, avec celles-ci, je me
flagellais, choisissant les endroits de mon corps les plus sensibles, ceux
où je me faisais le plus de mal, comme les genoux, les os. Mon corps
devenait bleuâtre sous les coups (2).
D’autres fois, je nouais les tresses de mes cheveux aux barreaux de mon lit
et je tirais ensuite, de toutes mes forces, afin de pouvoir souffrir
davantage.
Un dimanche après-midi, j’ai éprouvé une si grande aspiration d’amour pour
Jésus, que je ne pouvais me contenir. Je ne désirais qu’une chose: être
seule. Finalement, tous les miens ont décidé, même si hésitants, d’aller à
l’église. À peine ils sont sortis, j’ai pu montrer à Jésus combien je
l’aimais. Ayant pris l’épingle à laquelle étaient accrochées mes médailles,
je l’ai enfoncée dans ma poitrine. Ne voyant point de sang couler, je l’ai
enfoncée davantage dans la chair, jusqu’à ce que le sang coule. Je m’en suis
servie comme d’une plume et j’ai écrit, au verso d’une image pieuse :
— Avec mon sang, je vous jure de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que
mon amour soit tel, que je meure enlacée à la croix. Je vous aime et je
meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos
tabernacles. (Balasar, 14.10.1934).
Aussitôt après, j’ai ressenti tellement de répugnance et d’affliction, que
je voulais déchirer cette image. Je ne sais pas ce qui m’en a empêché. Cette
preuve d’amour ne m’a procuré aucune consolation.
Quand ma sœur est rentrée, elle m'a trouvée plongée dans une grande
inquiétude. Je ne lui ai pas dit ce que j’avais fait, mais je lui ai
simplement montré l’image. Elle s’est exclamée :
— Petite folle que tu es! Que va dire le Père Pinho ?
Je me suis défendue en disant :
— Je ne lui dirai rien !...
Au contraire, je lui ai tout raconté ! Lui, il me dit :
— Qui t’en a donné l’autorisation ?
J’ai répondu alors que j’ignorais qu’une autorisation était nécessaire.
Il m’a interdit de refaire des choses de ce genre.
— De la même manière qu’avant que je ne vienne dans le
monde, des victimes étaient immolées dans le temple, ainsi aujourd’hui je
veux immoler ton corps comme victime. Donne-moi ton sang pour les péchés du
monde. Aide-moi dans le rachat. Sans moi tu ne peux rien; avec moi tu peux
tout, pour aider les pécheurs et pour bien d’autres choses (3).
Le 3 [janvier], vers vingt et une heures, après la visite
au Saint-Sacrement que je n’avais pas pu faire dans la journée, à cause de
mes grandes douleurs et d’une forte indisposition — et je ne l’aurais pas
faite, car j’avais grand sommeil — je me suis rendu compte, tout d'un coup,
de cette sensation que je ressens quand Notre-Seigneur vient me parler.
Cette nuit il m’est venu une idée qui peut, peut-être vous aider à
comprendre ce que je veux dire: j’ai la sensation qu’une ondée
vient me couvrir.
Je me suis inclinée sur le côté gauche et à l’instant
même, Notre-Seigneur m’a parlé (4).
Voulez-vous
savoir ce que m’a dit encore le maudit ? (5)
— “O excommuniée, excommuniée et justement excommuniée, si tu lui
écris encore quelque chose !... Convertis-toi, malheureuse ! Convertis-toi
pauvre fille ! C’est l’amour que j’ai pour toi qui me fait parler de la
sorte. Je viens à peine de parler à ton Christ; il m’a dit de prendre soin
de toi, car il n’a plus de salut possible pour toi. Combien il était en
colère contre toi ! Il m’a dit qu’il ne peut plus te voir, et que c’est
justement à cause de tout ce que tu écris. Si tu me promets de ne plus rien
écrire, je crois pouvoir encore arranger les choses.”
Il a ajouté qu’il était inutile que je prie, car il n’y a plus de salut
possible, pour moi... que plus personne ne peut me secourir... que je serai
condamnée...
Après les prières, pendant une nuit de lutte, alors que j’avais tant besoin
de dormir, tout d’un-coup, il s’est fait une telle obscurité dans ma
chambre, que je n’arrivais même pas à voir un filet de lumière par la
fenêtre qui donne sur le couloir... Ensuite, j’ai vu une ombre toute noire
dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises ; je l’ai vu sauter vers moi
et je l’ai entendu me dire :
— “Je viens de la part de ton Christ, te chercher, afin de te mener en
enfer. Si tu t’endors, je te prendrai, toi et ton lit...”
J’embrassais le crucifix, et la voix continuait :
— “Embrasse ce scélérat !... Il m’a dit de te faire des choses que je
n’ose même pas répéter. Je ne te les ferai pas, parce que je t’aime bien...”
Ce ne fut que quand j’ai pu m’emparer de l’eau bénite qu’il m’a laissée en
paix...
Il y a huit jours, j’ai vu tomber contre la porte de ma chambre, une
personne les bras en croix. Je ne sais pas expliquer ce que j’ai ressenti
dans mon cœur : je me suis épouvantée, mais aussitôt après, le calme est
revenu.
L’obscurité que j’ai décrite, se répète bien souvent.
De temps en temps, je vois une rapide lumière... mais elle n’est pas bien
distincte...
Deux fois déjà, j’ai vu, posés sur ma poitrine, comme deux yeux très grands,
écarquillés, qui me fixent, mais qui disparaissent aussi vite...
Dimanche, j’ai entendu une douce voix qui me disait :
— “Ma fille, je viens te dire de ne plus écrire de ce que tu vois:
c’est une illusion de ta part ! Ne vois-tu pas comment tu es faible ? Tu me
fais de la peine en l’écrivant. C’est ton Jésus qui te parle et non pas
Satan ! ”
Méfiante, j’ai commencé à embrasser le crucifix, et alors la voix se
transforma, elle est devenue méchante :
— “Si tu écris encore quelque chose, je te mets le corps en
déconfiture. Crois-tu que je ne peux pas le faire ? ”
Le démon veut me prendre les objets sacrés que j’ai sur moi et le crucifix
que j’ai dans les mains... (6) il me dit
qu’il a des secrets à me confier, mais qu’il faut que je me débarrasse de
ces objets qu’il haït.
(...)
Et moi, au milieu de tout cela, sans avoir un ministre de Notre-Seigneur à
qui je puisse ouvrir ma conscience; avec qui je puisse m’épancher !...
Comment ne devrais-je pas me sentir triste ? J’ai pleuré, mais grâce à mon
bien-aimé Jésus, ce n’étaient que des larmes d’une grande résignation à sa
très sainte Volonté (7).
— Je ne peux pas être davantage offensé... La
profanation du dimanche, le péché de la gourmandise, l'impureté... que de
crimes affreux, qui entraînent les âmes en enfer !...
Si ce monde d'iniquités ne s'arrête pas, bientôt l'humanité sera punie.
J'ai fait avertir Sodome et Gomorrhe et l'on a méprisé mes avertissements.
Malheur à ceux qui, maintenant, feront de même !
(...)
— Dis à ton directeur spirituel d'aviser le pape que s'il veut sauver le
monde, il doit hâter l'heure de la consécration du monde à ma Mère. Qu'il La
place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la Victoire et
Messagère de Paix. Le monde aura beaucoup à souffrir, parce que la malice
humaine est arrivée à son comble avec tous ses crimes. Pauvre monde, s'il
n'a pas comme guide la Reine du ciel ! Pauvre monde, si Elle n'intercède pas
auprès de Dieu ! (8)
— Si tu m’aimes, si tu es toute à moi, ne me refuse
pas ce que je te demande. Sois ma victime.
(…)
Oh, c’est alors que je me suis sentie caressée par Notre-Seigneur !...
Quelle intime union ! Quelle force qui m’enlaçait si fortement ! Quelle paix
dans mon âme !
Savez-vous à quoi j’ai pensé ? Quelle folle j’ai été de ne pas avoir
toujours aimé Notre-Seigneur, et que tous ceux qui ne l’aiment pas, sont
aussi fous !
(…)
Tout ce que les adorateurs me demanderont dans la
Sainte Eucharistie, je leur accorderai. L’Eucharistie est la médecine pour
tous les maux...
Que l’on prie pour les malheureux pécheurs, lesquels, esclaves de leurs
passions, ne se souviennent plus qu’ils ont une âme à sauver et qu’une
éternité les attend bientôt (9).
— Ma fille, tu ne vis pas la vie du monde: tu es
détachée de tout ce qui lui appartient. Tu vis du ciel, tu vis de ce qui est
divin. Tes sentiers sont les sentiers du Christ : c'est pour cela que tu
n'es pas comprise. Ta mission est sublime, mon ange. C'est la plus riche des
missions. Voici donc la raison de la haine et de la persécution de la part
du démon à l'encontre des âmes que tu lui arraches; persécution de la part
du monde parce qu’il ne comprend pas la vie que tu vis, ce que c'est que ma
vie dans les âmes.
C'est douloureux pour mon divin Cœur de voir ta douleur.
Il est nécessaire que les hommes étudient profondément pour comprendre la
vie du Christ dans les âmes.
Quand Je t'ai créée, Je t'ai faite avec la perfection nécessaire pour
accomplir la mission la plus sublime. C'est ainsi que J'ai choisi les âmes
qui devaient te guider, des âmes qui comprennent, des âmes qui vivent
seulement ma vie, la vie intime avec moi. Je souhaite que tous mes disciples
(les prêtres) étudient cette science divine: ils ne l'étudient pas,
ne la comprennent pas. Je leur donne les lumières nécessaires et ils
cherchent à les éteindre, mais en vain (10).
Au mois de mai 1935, désireuse de consoler la Maman
chérie et de souffrir pour elle, j’ai pensé écrire, sur des petits morceaux
de papier, des intentions, une pour chaque jour du mois. Chaque matin j’en
tirais un au sort et m’efforçait, pendant la journée, de suivre ce qui était
écrit. Ceci, uniquement, pour consoler Jésus, par l’intermédiaire de Marie.
1 Un vrai amour de ma part envers la très
sainte Maman et Jésus au Saint-Sacrement.
2 Par amour pour Jésus et Marie, je souffrirai pour tous les
prêtres.
3 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour quelques pécheurs qui m’ont été ardemment
recommandés.
4 Par amour de Marie et de Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour tous les pécheurs du monde.
5 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour obtenir un amour fou envers la Maman du ciel.
6 Par amour pour Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour
les intentions de mon parrain et de ma famille.
7 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour toutes les intentions qui m’ont été confiées.
8 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour mon directeur spirituel.
9 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour obtenir l’amour des anges, des chérubins et des
séraphins.
10 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
pour obtenir un amour ardent pour mon Jésus au Saint- Sacrement et qu’il soit
aimé par tous au Saint-Sacrement.
11 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
sans me plaindre.
12 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout ce qui est de la volonté de Dieu.
13 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout à la mémoire de la Passion du Seigneur.
14 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour ma mère.
15 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
mortifierai mon corps.
16 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour le
Saint-Père et pour les besoins de l’Église.
17 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout en l’honneur des douleurs de la Maman céleste.
18 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
pour ma chère Sãozinha (11).
19 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je leur donne
mon corps comme victime et je renouvelle le vœu de
virginité.
20 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour obtenir de ne penser qu’au Jésus et Marie.
21 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour obtenir de vivre dans une grande intimité avec
mon Ange Gardien.
22 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, j’observerai
le silence.
23 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour obtenir l’amour de la très Sainte Trinité.
24 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
afin de tout obtenir du Seigneur et pour être sainte.
25 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
renouvellerai le vœu de tout offrir pour les âmes du Purgatoire.
26 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout, en premier lieu pour notre “Croisade Eucharistique”
(12)
et pour une autre qui m’a été recommandée, et pour le monde entier.
27 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
pour la conversion et pour tous les besoins de ma
famille.
28 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour ma chère sœur (13).
29 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour les pécheurs qui sont tout près d’être présentés
devant Dieu.
30 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai
tout pour obtenir l’amour de tous les saints et saintes.
31 Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je renoncerai
aux fruits
— Mère de Jésus et ma Mère, écoutez ma prière : je
vous consacre mon corps et mon cœur. Purifiez-le, Mère très Sainte ;
remplissez-le de votre amour. Placez-le vous-même auprès des Tabernacles de
Jésus, afin qu’ils servent de lampe jusqu’à la fin du monde.
Le 30 du courant mois (14),
après la Communion, j’ai entendu Jésus qui me disait :
— En raison de l’amour que tu as envers ma très Sainte
Mère, communique à ton directeur spirituel la demande suivante: que chaque
année un acte de consécration du monde à Elle soit fait, un jour fixé et que
l’on demande à la Vierge sans tache de confondre les impurs, afin que
ceux-ci changent de vie et ne M’offensent plus davantage.
Comme Je l’ai demandé à Marguerite Marie la consécration du monde à mon
divin Cœur, ainsi Je te demande à toi, qu’il soit consacré à Elle, avec une
fête solennelle (15).
(…)
Dans la journée, je redisais à Notre-Seigneur : O mon Jésus, je ne sais pas
comment vous remercier pour tant de bienfaits. Moi, qui ne suis pas digne de
lever les yeux au ciel, ni de vous appeler du très doux nom de Père, je
reçois de vous tant de grâces ! Merci, merci beaucoup, mon Jésus !
(...)
— Ne tardez pas à faire connaître tout ce que Je vous
communique au sujet de l’Eucharistie. vous n’avez que cette médecine. C’est
de celle-ci que naissent les paratonnerres pour éloigner la divine Justice.
(...)
Quelle paix je sens dans ma pauvre âme ! Comme j’ai envie de l’aimer de plus
en plus ! Aujourd’hui je l’ai reçu, avec peu de ferveur; mais il y a déjà eu
pire. Savez-vous ce que je crois voir ? De plus en plus de grandeur en
Notre-Seigneur, et en moi, de plus en plus de petitesse: on dirait que je
m’accroupissais, que je mettais à plat ventre. Pour cela même, je me sens de
plus en plus indigne de recevoir Notre-Seigneur, la grandeur et la bonté
infinies ! Mais, confions en sa miséricorde, n’est-ce pas ? (16)
O
mon Jésus, je m’unis spirituellement à toutes les Hosties de la terre, dans
tous les lieux où vous habitez au Saint-Sacrement;
je veux y passer tous les
moments de ma vie, constamment, de jour comme de nuit, joyeuse ou triste,
seule ou accompagnée, à vous consoler toujours, à vous adorer, à vous aimer,
à vous louer, à vous glorifier ! O mon Jésus, je voudrais que tant d’actes
d’amour tombent sur vous, constamment, de jour comme de nuit, comme la pluie
fine qui tombe du ciel pendant une journée d’hiver. Je ne voudrais pas ces
actes d’amour uniquement de moi, mais de tous les cœurs, de toutes les
créatures du monde entier. Oh ! Comme je voudrais aimer et vous voir aimé de
tous ! Vous voyez, ô Jésus, mes désirs: acceptez-les comme si déjà je Vous
aimais ! O Jésus, qu’il ne reste dans le monde un seul lieu où vous demeurez
au Saint-Sacrement, sans qu’aujourd’hui et pour toujours, à chaque instant
de ma vie, je n’y sois pour Vous dire : “Jésus, je vous aime ! Jésus, je
n’appartiens qu’à vous ! Je suis votre victime, la victime de l’Eucharistie,
la petite lampe de vos tabernacles ! ” O Jésus, je veux être victime
pour les prêtes, les pécheurs, ma famille ; victime par amour pour vous,
pour votre très sainte Passion, pour les douleurs de la Maman chérie, pour
votre Cœur, pour votre sainte Volonté ; victime pour le monde entier !
Victime pour la paix, victime pour la consécration du monde à la Maman du
ciel !
On dirait que tout ce qui s’est passé en moi est oublié,
sauf les péchés ; ceux-là je me les rappelle. J’ai quelques fois des moments
d’affliction dont j’ignore la cause. À ces moments-là, il me semble avoir
davantage de péchés (17)
La Toussaint a été pour moi un jour de grande
tribulation: dès le matin, j’avais l’impression de comparaître devant
Notre-Seigneur, sans rien, les mains vides. Cette situation me faisait
penser à celle d’un mendiant qui n’a même pas un vieux chiffon pour se
couvrir: moi non plus, je n’avais rien pour ma pauvre âme. Il me semblait ne
pas avoir de cœur pour aimer Notre-Seigneur, et j’avais aussi l’impression
qu’on l’éloignait de moi, mais je ne comprenais pas ce qui se passait...
Après la sainte Communion, il me semblait que je traitais Jésus comme un
étranger.
Hier, j’ai de nouveau ressenti ce que je vous ai déjà expliqué il y a
quelque temps: soudain il m’a semblé porter sur moi tous les péchés du
monde, que tous les crimes étaient les miens. Je ne sais pas expliquer ce
que j’éprouvais alors... Quand je me sens affligée, j’ai l’habitude de dire
: “Mon Dieu, que votre très sainte Volonté soit faite. J’ai confiance en
vous. Je vous aime beaucoup, mon Jésus, je suis votre victime !...
Si je pouvais, par mes souffrances, fermer les portes de l’enfer! C’est ce
que je répète souvent à Notre-Seigneur : “ O mon Jésus, que chaque nouvelle
douleur, que chaque nouvelle affliction, soient autant d’actes d’amour pour
vos Tabernacles, autant de serrures pour les portes de l’enfer, afin que les
forces du mal ne puissent plus les rouvrir.
Je regrette de ne pas savoir remercier Notre-Seigneur pour tant d’amour pour
la souffrance et pour tant et tant de bienfaits que je reçois de Lui. Mon
Père, je vous demande, par charité, de remercier et de louer Jésus pour moi.
Notre-Seigneur m’a donné la perle la plus précieuse, la plus grande richesse
que l’on puisse avoir en ce monde. Combien heureux est celui qui souffre
pour Jésus ! Si je ne l’avais pas autant offensé, mon bonheur serait à son
comble. Mais, malgré mes péchés, il me semble que nul au monde est plus
heureux que moi...
Mon état d’âme n’a pas changé : toujours le même abandon dans lequel
Notre-Seigneur m’a laissée... Que Notre-Seigneur daigne accepter toutes les
peines que je souffre pour la conversion des pécheurs. Les âmes de ces
malheureux qui offense tant Jésus, me préoccupent beaucoup. J’ai tant de
peine pour leurs petites âmes ! Penser qu’une fois perdues, elles le sont
pour toujours ! Quelle désolation ! Je ne peux pas m’arrêter de tout endurer
et d’offrir tous les sacrifices pour leur salut et soulager Jésus (18).
Quand je contemple Jésus crucifié et le vois si maltraité, alors mon chagrin
redouble et mon cœur se remplit de douleur et de tristesse, me souvenant
qu’à chaque instant il est si horriblement crucifié... J’en souffre
beaucoup. Parfois, mon corps n’en peut plus résister et je crois mourir.
Cependant, mon esprit vit encore, Dieu soit loué. Il vit dans le désir de
souffrir davantage, pour pouvoir ainsi consoler et soulager Celui qui m’aime
tant et qui est mort pour moi. C’est ainsi que je vis, sans aucun moment de
consolation, au milieu des ténèbres et dans un complet abandon; mais
toujours dans les bras de Jésus, tenant ma place de sentinelle auprès de ses
Tabernacles, partout où il habite au Saint-Sacrement. Je lui dis alors :
“O mon Jésus, si je me distrais ou si je m’endors,
rappelez-moi aussitôt, par des afflictions ou par des souffrances, afin que
je prenne votre défense et que les péchés du monde ne tombent pas sur vos
prisons d’amour. Je veux vivre et mourir dans vos bras, mais sans jamais
arrêter de vous consoler et de vous aimer; sans jamais cesser de vous tenir
compagnie et de vous soulager.” (19)
Il me semble que, jour après jour, tout s’assombrit de
plus en plus. Même le Soleil divin qui me réchauffait, m’éclairait et
donnait la force à ma pauvre âme, semble s’être obscurci. Patience! Je veux
tout souffrir pour mon Bien-aimé Jésus, pour lui sauver beaucoup d’âmes:
c’est la mission que Notre-Seigneur m’a confiée, en ce monde, n’est-ce pas ?
Combien elle est belle et consolante la prière du “Notre Père” ! “Que votre
volonté soit faite sur la terre comme au ciel !” Que ma plus grande
consolation soit celle de savoir que je fais la volonté de mon Bien-aimé
Jésus, qui a tant aimé cette misérable pécheresse...
Pour dicter ces quelques lignes, j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises :
il me fallait attendre de pouvoir parlé, car mes souffrances sont si
grandes, qu’elles m’accablent et m’épuisent complètement (20).
Notes :
1) Jésus et Marie.
2) Il n’y a aucune exagération dans ce qu’elle dit. Son corps était devenu
diaphane à cause de sa terrible myélite et de ses effets néfastes.
3) Lettre du 3 janvier 1935 au Père Mariano Pinho.
4) Lettre du 10 janvier 1935 au Père Mariano Pinho.
5) Extraits d’un rapport envoyé par Alexandrina à son directeur spirituel,
au mois de février 1934.
6) Un jour, Satan lui arracha tout ces objets et fit disparaître le petit
crucifix qu’Alexandrina avait sur sa poitrine, attaché avec une épingle. Le
crucifix fut retrouvé, deux ans après, dans le jardin, où il avait été
enterré. En 1945, il lui a volé une petite statue en métal, représentant la
Sainte Vierge. Il la lui rendra quelques années après, avec des marques
visibles de morsures causées par de dents puissantes.
7) Rapport du mois de février 1935, au Père Mariano Pinho.
8) Lettre du 15 février 1935 au Père Mariano Pinho.
9) Lettre du 3 avril 1935 au Père Mariano Pinho.
10) Lettre du 8 avril 1935 au Père Mariano Pinho.
11) La maîtresse d’école et amie de la famille.
12) Celle de la paroisse.
13) Deolinda.
14 Juillet 1935.
15) Pendant un an, le Père Mariano Pinho ne fit rien, lui présentant des
arguments, ce qui fut la cause de doutes et d’indicibles souffrances chez
Alexandrina.
16) Lettre du 4 juillet 1935 au Père Mariano Pinho.
17) Lettre du 11 septembre 1935 au Père Mariano Pinho.
18) Alexandrina ne sépare pas de son amour pour Jésus, l’amour qu’elle a
pour les âmes pécheresses.
19) Lettre du 4 novembre 1935 au Père Mariano Pinho.
20) Lettre du 7 novembre 1935 au Père Mariano Pinho.
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