Lettres
Alexandrina Maria da Costa
I
índice
Introduction
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
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Introduction
Alexandrina Maria da Costa a écrit un très grand nombre
de
lettres, dont la valeur, sur le point de vue de la mystique pure — celle qu’ont
enseignée saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila — est incontestable.
Ces lettres ont été envoyées, dans leur majorité, à ses
directeurs spirituels, à savoir le Père Mariano Pinho, de la Compagnie de Jésus
et le prêtre italien Dom Umberto Maria Pasquale, salésien de Dom Bosco qui a
remplacé le premier, lors que celui-ci, suite à des problèmes internes à son
Ordre, dût s’exiler au Brésil, où il est mort.
Malgré l’arrivée de Dom Pasquale, Alexandrina garda envers
son premier directeur spirituel, une tendresse exemplaire et une fidélité sans
faille. En effet, elle continua de lui envoyer des lettres, dans lesquelles,
avec une méthodologie constante, elle lui faisait connaître l’état de son âme et
les interventions divines.
Dès son arrivée, le Père Pasquale demanda à la Servante de
Dieu de se constituer un journal, dans lequel elle devait écrire,
scrupuleusement, l’état de son âme. Ce document contient, lui aussi, des pages
d’une beauté extraordinaire, particulièrement certaines prières qui sont de
vrais psaumes d’une poésie qui égale celle d’un autre saint, celui d’Assise :
saint François.
Les extraits que nous avons traduits, ne donnent qu’une pâle
idée de toute l’étendue de cette âme d’exception qui est à l’origine de la
consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, comme le confirme la Sacrée
Congrégation pour la cause des saints, dans un document officiel : « En 1936,
sur un ordre de Jésus, elle (Alexandrina) demanda au Saint-Père, par
l'intermédiaire du Père Mariano Pinho, la Consécration du monde au Cœur Immaculé
de Marie. Cette supplique fut de nouveau réitérée en 1941, motif pour lequel, le
Saint-Siège interrogea par trois fois l'Archevêque de Braga sur Alexandrina:
enfin, la Consécration fut faite par Pie XII à Rome — via la Radio et
en langue portugaise — le 31 octobre 1942. »
Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous n’avons
pas pu, encore, avoir accès à tous les documents concernant Alexandrina, mais,
patiemment, nous arriverons, petit à petit, à en savoir d’avantage, à traduire
un plus grand nombre de ces documents qui ne peuvent être consultés qu’à Balasar
même, au Portugal.
Étant nous-mêmes d’origine portugaise, nous nous y consacrons
une fois par an...
Si le Seigneur nous prête vie, notre souhait le plus cher est
celui de traduire la totalité de son « Journal » intime, ainsi que
ses lettres et autres documents qui puissent mieux la faire connaître et aimer;
nous pensons, par exemple aux 48 témoins qui ont déposé lors du procès
diocésain.
Voici, maintenant, quelques renseignements biographiques, qui
vous permettront de mieux la connaître et même de prier le Seigneur par son
intermédiaire:
* * *
Alexandrina Maria da Costa naquit le 30 mars 1904 dans un
petit village du nord du Portugal, à environ cinquante kilomètres de Porto, qui
a pour nom Balasar.
Un jour, à l'âge de quatorze ans, voulant échapper à la
passion d'un homme qui était entré dans la maison, la courageuse jeune fille
sauta par la fenêtre de sa chambre, distante du sol d'environ quatre mètres. Ce
geste héroïque fut à l'origine de sa longue maladie et la força à garder le lit,
pendant trente longues années.
Dans l'isolement de sa chambre, tourmentée par des
souffrances indescriptibles, elle se consacra aux Tabernacles pour réparer les
profanations eucharistiques et l'abandon où le Seigneur est laissé par ses
créatures. A cette école elle apprit à s'immoler comme victime pour les
pécheurs.
En 1935 et en beaucoup d'autres fois, le Seigneur, en lui
annonçant la guerre comme châtiment des nombreux péchés de l'humanité, lui
disait :
« Ce seront les victimes de mes Tabernacles qui arrêteront
le bras de la Justice divine, pour que le monde ne soit pas détruit et que de
plus grands châtiments n'adviennent. »
La même année, Jésus lui ordonna de demander au Saint-Père
la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, et l'institution de sa fête
liturgique comme moyen d'appeler les hommes à la pratique du bien.
« Comme j'ai demandé à Marguerite-Marie la dévotion à mon
divin Cœur, de même je te demande à toi que le monde soit consacré au Cœur
Immaculé de ma très Sainte Mère, avec une fête solennelle en son honneur. »
(30.07.1935).
Pendant la guerre, en fille dévouée, elle s'est offerte comme
victime pour le Pape et lui écrivit, le rassurant parmi les dangers des
catastrophes internationales.
Tout de suite après l'élection du Pape Pie XII, Jésus lui
prédit le 27 mars 1939 :
« C'est celui-ci le Pontife qui consacrera le monde au
Cœur Immaculé de Marie, ma Mère. »
Trois ans après, cette parole de Jésus s'accomplissait. Le
Seigneur lui avait déjà dit, le 6 décembre 1940 :
« La paix viendra, mais au prix de beaucoup de sang. Le
Saint-Père sera ménagé. Le dragon orgueilleux et enragé, qui est le monde,
n'osera pas toucher à son corps, mais son âme sera victime de ce dragon. »
Alexandrina vécut à partir du 27 mars 1942 et, jusqu'à sa
mort le 13 octobre 1955, sans avoir pris d'aliment, hormis la Communion
quotidienne. Peu de temps avant sa mort, Jésus lui avait transmis ce message :
« Cherche des âmes qui m'aiment dans le sacrement de mon
Amour, qui prennent ta place quand tu iras au ciel. Invite le monde à la PRIERE,
à la PENITENCE, à s'enflammer d'amour pour Moi.
Pauvre monde !... Que deviendra-t-il, s'il n'écoute pas
cet appel divin. »
Et la très Sainte Vierge, le même mois, comme bonne Mère de
miséricorde, lui indiquait le moyen d'apaiser la Justice divine si outragée:
« Parle aux âmes, parle-leur de l'EUCHARISTIE, parle-leur
du ROSAIRE !... »
C'est Alexandrina qui composa cette si belle prière:
« O mon Jésus, je Vous adore en tout lieu où Vous habitez
dans le très Saint-Sacrement; je Vous tiens compagnie pour ceux qui Vous
méprisent; je Vous aime pour ceux qui ne Vous aiment pas; je veux expier pour
ceux qui Vous outragent. Venez en mon cœur !... »
Notez la ressemblance avec la prière apprise par l'Ange du
Portugal aux enfants de Fatima lors de l'apparition de Valinhos:
« Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime.
Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui
n'espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »
Tourmentée par les douleurs, dans une immolation
indescriptible, elle s'envola vers le ciel le 13 octobre 1955, jour anniversaire
de la dernière apparition de la très Sainte Vierge à Fatima et dont elle était
si filialement dévote.
Sa mission d'attirer les âmes à Dieu, continue d'une manière
sensible comme témoigne le nombre considérable de pèlerins qui vont si souvent
prier sur sa tombe; qui visitent sa petite chambre, conservée telle qu'elle;
cette petite chambre où elle vécut et mourut...
Les grâces qui lui sont attribuées sont nombreuses !...
Sa cause de béatification est introduite à Rome et tout porte
à croire que l'Église, dans un avenir proche permettra aux fidèles du monde
entier de considérer aussi Alexandrina Maria da Costa comme «un témoin du temps
présent» et un exemple à imiter.
Le 18 janvier 1977, la Sacrée Congrégation pour la cause des
saints, dans un document officiel, écrivait :
« En 1936, sur l'ordre de Jésus, Alexandrina demanda au
Saint-Père, par l'intermédiaire du Père Mariano Pinho (son premier directeur
spirituel), la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. »
Le 12 janvier 1996, ses vertus héroïques ayant été reconnues,
elle a été élevée au rang de Vénérable.
Le 22 décembre 2003, le miracle tant attendu, fut reconnu et
la béatification devint alors possible...
Le 25 avril 2004, place Saint-Pierre, devant une foule
immense, le Pape Jean-Paul II la proclama bienheureuse.
Dans nos besoins de chaque instant, dans nos dévotions
particulières, gardons pour Alexandrina Maria « la meilleure part »,
étant donné que comme le dit Jésus, elle « est le CANAL par lequel passent
les grâces qu’il veut distribuer aux pécheurs » et encore parce qu'elle « est
et sera toujours le paratonnerre des pécheurs », « le fil d'or très fin
qui liera les pécheurs à Jésus pour toujours. »
Alphonse Rocha
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1933 |
1er janvier
« Je vous déclare mes fautes... »
Je vous écris, mon Père, pour soulager mon âme, vous
déclarant mes fautes. Je commencerai par vous dire que mes prières ne sont pas
abondantes et de surcroît mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage
partout; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente chose. Avec ma
mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences, mais je fais de mon mieux
pour m’en corriger. Toutefois, le démon, lui aussi, n’en finit pas de me faire
des suggestions, dans l’espoir que je cède un jour ou l’autre. Vis-à-vis du
prochain, je dois aussi dire quelque chose: je fais pourtant de mon mieux pour
ne pas y manquer, mais parfois, je n’y réussis pas.
Enfin, je suis tellement faible et pécheresse, que je
n’arrive pas à me corriger de mes péchés. Que Notre Seigneur ait pitié de moi.
6 novembre
« Un jour bien, un autre plus mal... »
Deux petits mots à peine, car mes forces ne me permettent pas
davantage. J’ai passé une mauvaise nuit. Je ne trouvais pas de bonne position.
Mes jours se passent ainsi: un jour bien, un autre plus mal, portant toujours
cette croix que le Seigneur m’a donnée...
(...)
Dans votre lettre, vous me demandiez si j’aimerais entendre
la sainte Messe. Cela fait déjà bien longtemps que je le désire. Quand vous êtes
venu pour le triduum, j’en ai parlé à ma sœur, mais par timidité et pour ne pas
vous obliger à rester à jeun, ce qui nous peine, nous n’avons pas osé vous le
demander. Toutefois, si cela était possible, quelle joie, cela serait pour
nous ; vous ne pouvez pas vous l’imaginer. Mais nous pensons au sacrifice que
cela vous coûterait de venir à jeun et, avec tout ce froid...
28 novembre
« Souffrir, aimer, réparer!... »
Dans la nuit de samedi à dimanche, je ne sais pas ce qui m’a
pris; je dormais et tout à coup je me suis réveillée, je croyais mourir.
Cet étrange phénomène ne dure pas longtemps, mais il se
répète souvent. Je pense que c’est à cause de mon épine dorsale. Je ne voudrais,
en aucun cas, perdre la raison. J’espère que Notre Seigneur m’écoute, mais que
sa très sainte volonté soit faite...
Quand vous êtes venu, j’ai pensé que ce serait la dernière
fois; mais ce n’a pas été le cas, car Notre Seigneur sait que j’ai besoin que
quelqu’un m’aide à être sainte, comme je le désir ardemment, bien que j’en sois
très loin de l’être... Bien souvent je demande:
— O mon Jésus, que voulez-vous que je fasse ?
Et à chaque fois je n’entends que cette réponse :
— Souffrir, aimer, réparer !
(...)
Nous verrons si à Noël, Monsieur l’Abbé, viendra m’apporter
la Sainte Communion, et alors je me confesserai...
Je ne vois pas comment, une fois de plus, je pourrai
m’amender, mais je veux être sainte; c’est ce que je demande tous les jours au
Seigneur.
30 décembre
« Tous les jours je
demande des souffrances... »
Béni soit le Seigneur qui m’a appelée en ce monde pour
souffrir et pour supporter tant de chagrins! Et moi, j’ai rajouté à cela tant de
péchés! Ce sont ceux-ci qui m’attristent particulièrement.
Tous les jours je demande des souffrances; et, pendant les
heures où je souffre je ressens beaucoup de consolations, car j’ai davantage à
offrir à mon Jésus.
Il y a, toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais
que seule la volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne.
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1934 |
8 mars
« Ma souffrance au beaucoup augmenté... »
Quoique le Saint-Sacrement soit mon meilleur ami, je regrette
de devoir le dire, je ne le reçois que rarement. Au début on me portait la
Sainte Communion tous les premiers vendredis, samedis et dimanches; maintenant,
il ne vient plus le dimanche. Que dois-je faire? Souffrir pour l’amour de mon
Bien-Aimé Jésus.
(...)
Ma souffrance a beaucoup augmentée. Maintenant je ne prends
que des liquides, car je n’arrive pas à mâcher à cause d’un abcès dans la
bouche. Peut-être que, de la même façon dont il est apparu, aussi il s’en aille.
D’un autre côté, il me sera impossible de vivre, étant donné l’état de faiblesse
dans lequel je me trouve... Je ressens le manque du peu que je mangeais. Ne
prendre que des liquides, cela me cause de continuels vomissements. Mais, en
tout cas, ce n’est pas cela qui m’attriste, car tous les jours je demande à Dieu
de ne pas m’abandonner, sachant pertinemment que sans Lui, je ne supporterais
rien.
7 avril
« Il m’est impossible de tenir la plume... »
J’aurais voulu vous remercier en écrivant de ma propre main,
et je le fais en vous écrivant quelques lignes, qui seront certainement les
dernières. Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais je ne peux pas
continuer. Ma souffrance a beaucoup augmenté. C’est pour cette raison que je dis
que ce sont les dernières lignes que je vous écris. Il m’est impossible de tenir
la plume, même pour à peine quelques instants... les douleurs sont atroces. On
ne m’a jamais gratté les os, mais j’ai l’impression que cela doit produire le
même effet...
J’ai reçu de Jésus un beau présent pour Pâques: en plus des
souffrances physiques, j’ai beaucoup souffert spirituellement.
22 juin
« Je ne comprends pas... »
Quelques-unes de mes côtes se sont déplacées. Le médecin me
disait que ce n’était rien... Je ne peux m’appuyer sur celles-ci qu’au prix d’un
grand sacrifice, car je ne supporte même pas que les couvertures reposent sur
mes côtes. Et le pire c’est que ce sont les côtes du côté droit, sur lequel
j’avais l’habitude de me reposer...
(...)
Même sans être tombée, le bon Jésus a fait que mes côtes se
déplacent. Le médecin m’a dit qu’il les avait trouvés ainsi. Mon Père, je ne
comprends pas, et je vous demande, par l’amour de Dieu, de m’expliquer si toutes
les contrariétés viennent du Seigneur, ou si elles peuvent aussi venir du démon.
En effet, dernièrement, des faits se sont produits qui semblent bien être son
œuvre...
16 juillet
« Même parler m’est douloureux... »
(...)
J’ai l’impression que les os de ma poitrine touchent ceux de
mon dos et me causent de telles angoisses que je ne sais plus comment me placer.
Quand les douleurs sont plus fortes, je me place quelques minutes par moitié sur
le lit et l’autre partie de mon corps sur les genoux de Deolinda. Ceci oblige ma
sœur à passer les nuits en ma compagnie. Même parler m’est douloureux.
15 août
« Que je puisse réparer... »
(...)
J’ai répété à Jésus: envoyez-moi, mon Jésus, ce que vous
voudrez, afin que je puisse réparer les offenses que vous recevez.
30 août
« ...embrasée par son divin Amour! »
Je ne sais pas si c’est grâce aux prières que vous faites
pour moi, que je me sens à chaque heure qui passe davantage forte dans mes
souffrances; mais je me sens le courage de souffrir de plus en plus, et j’espère
que Notre Seigneur, petit à petit, augmentera ma douleur jusqu’à ce que je meure
embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui.
5 septembre
Lettre à Sãozinha
Ma bonne petite sœur ;
Je vous appelle ainsi, non seulement parce que vous traitez
avec charité la plus indigne des enfants de Dieu, mais aussi parce que toutes
deux, nous recevons du Seigneur la croix bénie de chaque jour. Celle-ci, portée
avec amour et résignation, est un moyen efficace pour nous élever de plus en
plus dans l’amour de Jésus; pour nous sanctifier et pour aider, par nos
souffrances, les âmes qui, sourdes à la voix de Jésus et aveuglées devant sa
lumière, s’abandonnent aux plaisirs du monde sans jamais penser à leur salut.
Combien elle est belle notre mission !
En ce qui me concerne, j’avoue me considérer indigne d’un
aussi heureux sort !...
Vous dites dans votre lettre que vous viendrez pour apprendre
avec moi la science de la croix. Que dois-je vous enseigner? Et à qui... alors
que moi j’ai tant besoin d’apprendre ?... Vous êtes, Madame, plus instruite que
moi pour enseigner; mais si c’est la volonté de Dieu, je suis prête à devenir
votre maîtresse et élève à la fois.
J’ai souvent dit que j’étais venue en ce monde pour
travailler, souffrir et offenser le Seigneur. Triste vérité... car, je l’ai déjà
tant offensé! C’est celle-ci la plus grande peine qui m’aiguillonne toujours. La
souffrance est ma plus grande consolation, et je ne l’échangerais pas contre le
monde entier.
Quelle ingrate je ferais, si je refusais de donner mon corps,
qui ne vaut rien, à Celui qui, à cause de moi, a tant souffert!... A Celui qui
désire se procurer beaucoup de victimes d’amour pour sauver les âmes!
Depuis seize années, la maladie, jour après jour, s’est
propagée dans tout mon corps... et depuis dix années je suis prisonnière dans
mon lit sans pouvoir me lever...
Combien j’ai été favorisée par le Seigneur! Combien suave est
le joug sous lequel il me tien !
Je reçois ceci comme une preuve d’amour de la part de Jésus
pour mon âme.
Que soit béni Celui qui n’a pas dédaigné mon indignité!
8 septembre
« Donne-moi tes mains... »
Je sais que ce ne fut pas sans un gros sacrifice que vous
êtes venu à Balasar, mais, je pense que, plus que la pluie, d’autres
circonstances vous ont davantage gêné... Soyons sûrs que plus grand est le
sacrifice, plus grande sera aussi la récompense du Seigneur. Voila ma
conviction.
Mon Père, je vais moi aussi faire un grand sacrifice. Notre
Seigneur le sait bien, et vous même pourrez vous faire une idée de ce que ceci
me coûte. Mais avant de le faire, je l’ai offert au bon Jésus...
Jeudi 6, Monsieur le Curé est venu apporter la Communion à
une voisine malade et, par la même occasion, il est venu me la donner. Après
avoir communié, je me sentais froide et incapable de toute action de grâces;
mais, loué soit mon Jésus, car il n’a regardé ni ma froideur ni mon indignité.
Il m’a semblé entendre alors ces paroles:
— Donne-moi tes mains: je veux les clouer avec les
miennes; donne-moi tes pieds: je veux les clouer avec les miens; donne-moi ta
tête: je veux la couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi; donne-moi
ton cœur: je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le
mien; consacre-moi tout ton corps; offre-toi toute à moi; je veux te posséder
entièrement.
Ceci fut suffisant pour me tenir en haleine, très préoccupée
— continue-t-elle. Je ne savais que faire: me taire et ne rien dire, me semblait
ne pas correspondre à la volonté de Notre Seigneur; il me semblait que mon bon
Jésus ne voulait pas que j’occulte ses paroles...
Il faut encore que je vous dise que vendredi et aujourd’hui,
Notre Seigneur a renouvelé ses demandes. Il m’a recommandé aussi l’obéissance en
tout, comme je vous l’ai déjà expliqué.
S’agit-il d’une illusion de ma part ? O mon Jésus,
pardonnez-moi si je vous offense, mais je ne veux pas vous offenser... je le
fais par obéissance...
14 septembre
« Jésus m’a invitée dans ses Tabernacles... »
Jésus m’a invitée dans les Tabernacles abandonnés pour
partager sa tristesse et réparer tant d’abandon. Il m’a dit qu’on le laissait
seul et que l’on vivait comme s’il était absent. Enfin, que les prêtres, à qui
il a donné le pouvoir de transformer le pain en son divin Corps — eux aussi —
l’oubliaient et l’offensaient.
(...)
Je prêtais une grande attention afin de savoir comment je
devrais vous l’écrire, par la suite, car ma tête n’est pas sûre. Mais Notre
Seigneur m’a dit que le Saint-Esprit viendrait sur moi et m’inspirerait la façon
d’expliquer les choses...
25 septembre
« Nous t’avons soutenue... »
— Tu as toujours vécu ta vie entre mes mains bénies et
entre celles de la tienne et ma Mère du Ciel. Nous t’avons toujours accompagnée
sur tes chemins durs et très difficiles que tu as vaincus. Si tu n’es pas
tombée, c’est que nous t’avons toujours soutenue, et maintenant, nous te
soutenons encore davantage.
27 septembre
« Prie pour les prêtres... »
C’est avec regret et nostalgie que je vous informe que je
n’ai plus communié. Ah, si je pouvais obtenir qu’on me portât la Sainte
Communion, en payant avec de l’argent cette faveur, combien ne donnerais-je
pas!... Mais je fais beaucoup de communions spirituelles, avec le plus de
ferveur qu’il m’est possible et Notre Seigneur m’en récompense. Voyez comme mon
bon Jésus m’aime: il m’a dit que lui-même sera mon Directeur!...
(...)
Jésus m’a dit de ne rien m’attribuer de tout cela, car — me
dit-il — je ne suis que poussière et que je ne possède rien que je ne l’ai reçu
de Lui. Il m’a dit aussi que les faibles, il les rend dort; que c’est sous mes
fautes qu’il cache son pouvoir, son amour et sa gloire.
(...)
Voulez-vous que je vous dise ce que me dit, quelquefois,
Notre Seigneur, quand il commence à me parler?
— Ma fille, ma fille bien-aimée, mon aimée, mon épouse, ma
préférée, me voici tout à l’intérieur de ton âme.
(...)
Mon Bien-Aimé Jésus m’a dit qu’il sera mon Directeur et mon
Maître, continuel, fréquent et habituel; que vous-même le serez de loin; mais
que je dois vous obéir jusqu’à préférer votre direction à la sienne.
Notre Seigneur ne cesse pas de renouveler ses demandes dont
je vous ai déjà parlé, et il me rappelle continuellement ses Tabernacles.
— Viens, ma fille, viens t’attrister avec moi; viens me
tenir compagnie dans mes prisons d’amour; viens réparer tant d’abandon et
d’oubli!...
Il m’a demandé aussi de ne lui refuser ni souffrances ni
sacrifices pour les pécheurs, sur lesquels la divine Justice menaçait de
frapper, si je n’allais pas à leur secours.
Il me demande d’oublier le monde et de me livrer tout entière
à Lui:
— Abandonne-toi dans mes bras, je choisirai tes chemins...
Je ne sais pas quoi Lui donner d’autre, car je ne Lui refuse
rien...
(...)
—
Avise ton directeur spirituel que j’exige que l’on
prêche et que l’on propage la dévotion aux Tabernacles, et d’avantage encore:
qu’elle soit rallumée dans les âmes. Je ne suis pas resté sur les autels par
amour uniquement de ceux qui m’aiment, mais pour l’amour de tous; même en
travaillant on peut me consoler.
Ne me refuse pas les souffrances et les sacrifices pour
les pécheurs! La Justice de Dieu pèse sur eux. Toi, tu peux les secourir.
Prie pour les prêtres: ce sont les ouvriers de ma vigne;
la récolte dépend d’eux...
Je choisis les faibles pour les rendre forts. Sous leur
faiblesse Je cache mon pouvoir, mon amour et ma gloire. Oublie le monde et
offre-toi à moi. Abandonne-toi entre mes bras: Je choisirai tes sentiers.
4 octobre
« Je suis le prisonnier des prisonniers... »
Peu avant de dicter cette lettre, Notre Seigneur m’a demandé
mon cœur pour le placer dans le sien, afin que je n’aie pas d’autre amour que
lui et celui de ses œuvres. Il m’a dit que toutes les âmes y ont leur place,
dans son divin Cœur, mais que j’y avais une place de choix. Il m’a encore dit:
— Ma fille, n’as-tu pas compassion de moi?...
Je suis seul et abandonné, dans mes tabernacles, et
tellement offensé! Viens me consoler, viens réparer; réparer pour tant
d’abandon...
Visiter les prisonniers dans leurs cachots et les consoler
est une œuvre de miséricorde. Moi, je suis prisonnier et prisonnier par amour;
je suis le Prisonnier des prisonniers...
Notre Seigneur m’a dit que je suis son temple. Temples de la
très Sainte Trinité sont toutes les âmes en état de grâce, mais que moi, par une
grâce particulière, je suis un tabernacle qu’il s’est choisi pour y habiter et
s’y reposer afin de davantage rassasier la soif que j’ai de son Sacrement
d’Amour... Jésus me dit encore qu’il se sert de moi afin que par moi beaucoup
d’âmes soient stimulées à l’aimer dans la sainte Eucharistie. »
(...)
— Je t’ai choisie pour moi. Correspond à mon amour. Je
veux être ton Époux, ton Bien-Aimé, ton tout. Je t’ai choisie aussi pour le
bonheur de beaucoup d’âmes. Tu es mon temple, temple de la très Sainte Trinité.
Toutes les âmes en état de grâce le sont, mais tu l’es de façon spéciale. Tu es
un tabernacle choisi par moi, afin que J’y habite et m’y repose. Je veux
rassasier ta soif pour mon Sacrement d’amour.
Tu es comme le canal par où passeront les grâces que Je
veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes viendront à moi. Je me
sers de toi afin que beaucoup d’âmes viennent à moi: par ton intermédiaire,
beaucoup d’âmes seront stimulées à m’aimer dans la très Sainte Eucharistie.
— Reçois, maintenant, ma fille, le Sang de mon divin Cœur:
c'est la vie dont tu as besoin, c'est la vie que Je donne aux âmes.
— Dis au monde entier qu'il écoute la voix de son pasteur,
le Pape, laquelle est la voix de Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme,
changement de vie. Que la voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant
appel que celui de Noé...
Qu'il parle aux nations et à ses gouvernants, afin qu'un
terme soit mis à tant d'immoralité...
J'ai renouvelé, à perpétuité, mon vœu de virginité et de
pureté, suppliant la Sainte Vierge de me purifier de toute tache, de me
consacrer toute à Jésus et de me renfermer dans son Sacré-Cœur. Je tressaillais
de joie. Peu après, Notre Seigneur m'a parlé ainsi:
— J'ai reçu ton offrande, par l'entremise de ma très
Sainte Mère. Si tu savais combien tu as consolé ton Jésus et réjoui la Très
Sainte Trinité!... Si tu pouvais comprendre la gloire que ton oblation t'a
acquise pour le ciel, tu mourrais de bonheur!...
— Désormais, Je te comblerai de bienfaits... tu arrêteras
le bras de la Justice divine prête à foudroyer les pécheurs... tu seras un
puissant secours à tant d'âmes enchaînées par le péché... tu es la victime de
mes prisons eucharistiques.
(...)
J’ai eu un bon Maître. C’est vous le premier, ô mon Jésus,
que depuis toute petite, m’avez appris!
5 octobre
« Donne-moi ton cœur... »
— Donne-moi ton cœur, que je le place dans le mien, afin
que tu n’aies pas d’autre amour que le mien et celui de mes affaires.
11 octobre
« Quelle sainte union est la nôtre!... »
— Veux-tu voir comment je t’embrase?
J’ai alors commencé à sentir une union si grande et une
chaleur et une force qui semblait me broyer. Mon Jésus m’a dit:
— Comme nous nous aimons! Quelle sainte union est la
nôtre!
(...)
— Écoute, ma fille, ton Jésus. Je suis avec toi pour
t’enrichir de mes divins trésors. Combien je t’aime! Je t’ai choisie pour ma
demeure. Je te prépare selon mes désirs. Ne vis que pour moi. Aime-moi beaucoup.
Ne pense qu’à moi. Et, parce que tu t’es généreusement offerte comme victime
pour les pécheurs du monde, Je ferai de toi comme un canal pour distribuer les
grâces aux âmes coupables de toutes sortes de crimes. Ainsi tu feras venir à moi
un grand nombre...
En même temps je ne sais pas ce qui s’est passé en moi, je ne
sais pas l’expliquer; je ressentais un très, très grand poids. J’avais
l’impression que mon cœur devenait aussi grand que le monde...
15 octobre
« Je suis avec toi, ma fille... »
Cela faisait presque deux jours que Jésus ne me parlait plus.
J’ai pleuré, de peur d’être dans l’illusion. Quand je me suis un peu rassérénée,
j’ai fait la Communion spirituelle. Mon bon Jésus m’a, alors, parlé ainsi :
— Ma fille, ma fille très chère, ma bien-aimée, ne
t’attriste pas à cause de moi. Je fais pénétrer en toi mon Amour. Ce fut une
bonne préparation. C’était moi qui te provoquais, pour voir jusqu’où irait ta
confiance. M’aimer dans les douceurs et les tendresses, cela ne coûte pas. J’ai
fait semblant de t’abandonner, de te laisser naviguer toute seule, sans que tu
te sentes dans les bras de ton Époux, pour voir jusqu’où irais-tu. Mais, je ne
t’abandonne pas.
— Combien Je t’aime ! Quand tu te sens froide,
c’est moi qui, chaque fois d’avantage infuse en toi mon amour. Quand Je ne te
parle pas, c’est pour t’inspirer beaucoup plus de foi en moi. Ne t’ai-je pas dis
que je ne t’abandonnerais jamais et ne m’éloignerais jamais de toi ? Je t’aime
tellement! Viens à mon école ; apprends de ton Jésus à aimer le silence,
l’humilité, l’obéissance et l’abandon. Viens dans mes Tabernacles...
Prosterne-toi devant moi et demande-moi pardon pour ton découragement et pour
ton infidélité.
(...)
— Je suis avec toi, ma fille... et quand tu te sens
froide, c’est que moi, je fais pénétrer davantage en toi mon amour.
(...)
Quels heureux moments, quelle grande union, quelle force à me
contraindre, pendant que la chaleur me donnait l’impression que des langues de
feu me transperçaient !
17 octobre
« Mon Cœur se fait violence... »
— Aie courage, ma fille. Cela coûte beaucoup d’être
traitée de la sorte, je le sais bien. Mais, plus cela coûte, plus c’est agréable
à ton Jésus. Mon Cœur se fait violence en te voyant souffrir autant. Je te veux
dans mes bras très saints avec la même simplicité qu’un enfant dans les bras de
sa mère. Je veux enlever tous les doutes que tu puisses encore avoir. Je te veux
plus brillante que les anges. Oui, parce que les anges sont brillants par
nature, et toi, tu l’es parce que tu t’es restée brillante, parce que tu as
permis à Jésus de travailler en toi librement, et t’enrichir des plus belles
vertus.
26 octobre
« Je suis toujours avec toi... »
— Ma fille, je suis toujours avec toi. Si tu savais
combien je t’aime, tu mourrais de joie. Je te prépare afin de réaliser en toi
mes desseins.
1er novembre
« J’ai beaucoup à t’apprendre... »
Jésus m’a dit que de la même manière qu’il est fidèle à
demeurer en moi pour me consoler, que moi aussi je devais être fidèle à demeurer
en esprit auprès de ses Tabernacles, pour le consoler et l’aimer; que je devais
lui donner mon corps pour être victime; que des milliers de victimes ne seraient
pas de trop pour réparer tant de péchés et les crimes du monde...
(...)
Quelques fois, avant même qu’il me parle, je sens comme des
embrassements. D’autres fois je les sens à la fin. Je ressens, subitement une
forte chaleur, une chaleur que je ne sais pas expliquer. Parfois encore, je me
sens tellement caressée par Notre Seigneur! Et moi, je ne sais pas comment
correspondre à tant de bienfaits...
(...)
— Parlez, mon Jésus, parlez, car votre petite fille vous
écoute... Je souhaite ardemment être instruite à votre école.
— Je souhaite aussi ardemment que tu apprennes toutes mes
leçons. J’ai beaucoup à t’apprendre, afin que par toi, beaucoup viennent
apprendre les mêmes leçons, qu’ils marchent sur les mêmes traces et qu’ils
suivent les mêmes chemins.
(...)
— Veille sur mes tabernacles. J’y suis si seul dans un
très grand nombre!... Des jours et des jours passent sans que quelqu’un me rende
visite. On ne m’aime pas, on ne répare pas. Quand ils y viennent, ils le font
soit par habitude ou par quelque obligation. Sais-tu ce qui ne cesse pas de
tomber sur mes tabernacles ? C’est cette chaîne de péchés et de crimes. Ce sont
là les actes d’amour qu’ils y déposent ; c’est ainsi qu’ils me consolent ; c’est
ainsi qu’ils réparent ; c’est ainsi encore qu’ils m’aiment!...
(...)
— Fais que je sois aimé par tous dans mon sacrement
d’Amour, le plus grand de tous les sacrements, le plus grand miracle de ma
divine Sagesse !
(...)
— Console-moi et aime-moi et moi, je te consolerai dans
toutes tes afflictions et dans tous tes besoins.
(...)
— J’ai établi en toi ma demeure... tu es un tabernacle
construit non pas par des mains d’homme, mais par des mains divines... J’habite
en toi comme si dans le monde toi seule, tu existais, comme si dans le monde je
n’avais que toi à combler.
(...)
Je ne t’abandonnerai jamais. Sais-tu quand je te
laisserai ? Quand je t’appellerai en ma divine présence pour t’emmener au Ciel.
Alors seulement j’abandonnerai ton corps... Me le donnes-tu librement afin que
je le crucifie pour les pécheurs ?
8 novembre
« Tu as choisi la meilleure part... »
— Comme Madeleine, tu as choisi la meilleure part. Aimer
mon Cœur! M’aimer crucifié, c’est très bien. M’aimer dans mes tabernacles, où tu
peux me contempler, non pas des yeux du corps mais de ceux de l’âme et de
l’esprit ; où j’habite avec mon Corps, mon Âme et ma Divinité comme dans le
Ciel, c’est choisir ce qu’il y a de plus sublime.
(...)
— Ils ne croient pas à mon existence. Ils ne croient pas
que j’y habite. Ils blasphèment contre moi. D’autres croient que j’y suis, mais
ils ne m’aiment pas, ne me visitent pas : ils vivent comme si je n’y habitais...
Viens dans mes tabernacles; elles sont à toi mes prisons ; je t’ai choisie pour
m’y tenir compagnie, dans ces abris qui sont très souvent, extérieurement, si
pauvres! Mais à l’intérieur, ô, quelle richesse! C’est la richesse du Ciel et de
la terre !
(...)
— Veux-tu me consoler ? Veux-tu consoler le sanctificateur
de ton âme ? Va dans les tabernacles !... Consoler les attristé, c’est faire
œuvre de miséricorde... Et moi je suis si triste ; je suis si offensé !...
Là tu peux servir de victime pour les péchés du monde, en
cette période où le monde se révolte contre moi et contre mon Église.
(...)
— Fais que je sois aimé par tous dans mon sacrement
d’Amour, le plus grand de tous les sacrements, le plus grand miracle de ma
divine Sagesse !
10 novembre
« Ne cesse pas de prier... »
Ne cesse pas de prier pour les pécheurs. Je te les confie,
afin que tu me les rendes. Viens dans mes tabernacles.
Il m’a dit encore que “ou bien je réparais et la dévotion
aux tabernacles était prêchée, ou le monde allait être puni avec beaucoup de
sévérité”.
J’ai demandé à mon Jésus ce que je pouvais faire pour
beaucoup l’aimer et il m’a dit:
— Viens dans mes tabernacles; viens me consoler; viens
réparer. Ne cesse pas de réparer; donne-moi ton corps pour que je le crucifie.
J’ai besoin de beaucoup de victimes pour soutenir le bras de ma justice et j’en
ai si peu! Viens les remplacer... Fais que je sois aimé de tous dans mon
Sacrement d’Amour, le plus grand de mes Sacrements et le plus grand miracle de
ma divine sagesse...
— O mon Jésus, Vous me caressez si tendrement en me disant
des choses si magnifiques. Ne voyez-vous pas ma petitesse... ma misère?...
— Ma fille, c'est dans ta petitesse et dans ta misère que
Je cache ma grandeur, ma gloire!...
9 décembre
« J’ai besoin de plusieurs victimes... »
— J'ai besoin de plusieurs victimes pour arrêter le bras
de ma Justice et J'en ai si peu!... Remplace-les. Je veux que tu me fasses aimer
dans mon sacrement d'amour, le plus grand des sacrements... le plus
extraordinaire miracle de ma Sagesse...
(...)
Oh ma fille chérie, je veux que tu sois toute à moi, toute
à moi et que tu ne vives que pour moi et n’aimes que moi et ne cherches que
moi!...
20 décembre
« Veux-tu vraiment me consoler ?... »
J’ai commencé à goûter les effets de Notre Seigneur avant
même qu’il me parle: une grande chaleur, une force qui m’enlaçait tellement
qu’elle semblait m’arracher de ce monde. Je ressentais l’impression que l’on a
quand on reçoit des caresses et j’avais l’impression aussi de recevoir des
baisers...
(...)
Mes souffrances continuent d’augmenter de plus en plus, mais
je ne crains pas, parce que mon cher Jésus souffre avec moi. Bien au contraire,
je me sens joyeuse et contente, car par l’augmentation de mes souffrances, je
peux davantage aider les pauvres pécheurs et réparer les offenses dont Notre
Seigneur est victime de leur part.
(...)
La mission que je t’ai confiée, ce sont les tabernacles et
les pécheurs...
Par toi, beaucoup, beaucoup de pécheurs seront sauvés ;
non par tes mérites, mais par les miens. Je cherche tous les moyens pour les
sauver...
Veux-tu vraiment consoler et aimer ton Époux, l’Époux des
âmes vierges que j’aime avec prédilection ?
Viens dans mes tabernacles, reste là, vis là, et donne-moi
ton corps pour que je le crucifie, afin de satisfaire à mes desseins. Sois ma
victime de réparation pour les pécheurs du monde entier ; c’est ainsi que tu me
consoleras beaucoup...
— Ta couronne est plus brillante que toutes les perles
précieuses du monde. Elle est embellie par toutes tes souffrances et par les
âmes des pécheurs que tu as sauvés. Une très haute place est préparée pour toi
[dans le Ciel].
27 décembre
« Ma pensée était avec Jésus... »
— Ma petite fille, enfant de prédilection de Jésus,
viens : Je suis la Mère du Rosaire, je suis la Mère du Carmel. Cachée dans mon
sein, serrée contre mon Cœur, reçois dans tes mains le Rosaire qui pend des
miennes. Sur le Rosaire je place le Scapulaire.
(...)
Notre Seigneur m’a recommandé de ne pas me distraire pendant
la journée avec les visites, aussi nombreuses qu’elles puissent être. Et en
vérité, lors de la visite au Saint-Sacrement, j’étais si unie à Jésus, qu’il me
semblait que nul ne pouvait me distraire... Je les laissais tous parler, mais ma
pensée était avec Jésus au Tabernacle.
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1935 |
3 janvier
La valeur de l’âme-victime...
« — De la même manière qu’avant que je ne vienne dans le
monde des victimes étaient immolées dans le temple, ainsi aujourd’hui je veux
immoler ton corps comme victime. Donne-moi ton sang pour les péchés du monde.
Aide-moi dans le rachat. Sans moi tu ne peux rien; avec moi tu peux tout, pour
aider les pécheurs et pour bien d’autres choses. »
10 janvier
« Notre Seigneur m’a parlé... »
Le 3 [janvier], vers vingt et une heures, après la visite au
Saint-Sacrement que je n’avais pas pu faire dans la journée, à cause de mes
grandes douleurs et d’une forte indisposition — et je ne l’aurais pas faite, car
j’avais grand sommeil — je me suis rendue compte, tout à coup, de cette
sensation que je ressens quand Notre Seigneur vient me parler. Cette nuit il
m’est venu une idée qui peut, peut-être vous aider à comprendre ce que je veux
dire: j’ai la sensation qu’une ondée vient me couvrir.
Je me suis inclinée sur le côté gauche et à l’instant même,
Notre Seigneur m’a parlé.
15 février
« Consacrez le monde à Marie !... »
— Je ne peux pas être davantage offensé... La profanation
du dimanche, le péché de la gourmandise, l'impureté... que de crimes affreux,
qui entraînent les âmes en enfer !...
Si ce monde d'iniquités ne s'arrête pas, bientôt
l'humanité sera punie.
J'ai fait avertir Sodome et Gomorrhe et l'on a méprisé mes
avertissements. Malheur à ceux qui, maintenant, feront de même !
(...)
— Dis à ton directeur spirituel d'aviser le pape que s'il
veut sauver le monde, il doit hâter l'heure de la consécration du monde à ma
Mère. Qu'il La place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la
Victoire et Messagère de Paix. Le monde aura beaucoup à souffrir, parce que la
malice humaine est arrivée à son comble avec tous ses crimes. Pauvre monde, s'il
n'a pas comme guide la Reine du ciel ! Pauvre monde, si Elle n'intercède pas
auprès de Dieu!
3 avril
« Sois ma victime... »
— Si tu m’aimes, si tu es toute à moi, ne me refuse pas ce
que je te demande. Sois ma victime.
(...)
Oh, c’est alors que je me suis sentie caressée par Notre
Seigneur !... Quelle intime union ! Quelle force qui m’enlaçait si fortement !
Quelle paix dans mon âme !
Savez-vous à quoi j’ai pensé? Quelle folle j’ai été de ne pas
avoir toujours aimé Notre Seigneur, et que tous ceux qui ne l’aiment pas, sont
aussi fous!
(...)
Tout ce que les adorateurs me demanderont dans la Sainte
Eucharistie, je leur accorderai. L’Eucharistie est la médecine pour tous les
maux...
Que l’on prie pour les malheureux pécheurs, lesquels,
esclaves de leurs passions, ne se souviennent plus qu’ils ont une âme à sauver
et qu’une éternité les attend bientôt.
8 avril
« Tes sentiers sont les sentiers du Christ... »
— Ma fille, tu ne vis pas la vie du monde : tu es détachée
de tout ce qui lui appartient. Tu vis du ciel, tu vis de ce qui est divin. Tes
sentiers sont les sentiers du Christ : c'est pour cela que tu n'es pas comprise.
Ta mission est sublime, mon ange. C'est la plus riche des missions. Voici donc
la raison de la haine et de la persécution de la part du démon à l'encontre des
âmes que tu lui arraches ; persécution de la part du monde parce qu’il ne
comprend pas la vie que tu vis, ce que c'est que ma vie dans les âmes.
C'est douloureux pour mon divin Cœur de voir ta douleur.
Il est nécessaire que les hommes étudient profondément
pour comprendre la vie du Christ dans les âmes.
Quand Je t'ai créée, Je t'ai faite avec la perfection
nécessaire pour accomplir la mission la plus sublime. C'est ainsi que J'ai
choisi les âmes qui devaient te guider, des âmes qui comprennent, des âmes qui
vivent seulement ma vie, la vie intime avec moi. Je souhaite que tous mes
disciples (les prêtres) étudient cette science divine : ils ne l'étudient
pas, ne la comprennent pas. Je leur donne les lumières nécessaires et ils
cherchent à les éteindre, mais en vain.
4 juillet
« Quelle paix je sens je sens dans mon âme... »
(...) Dans la journée, je redisais à Notre Seigneur: O mon
Jésus, je ne sais pas comment vous remercier pour tant de bienfaits. Moi, qui ne
suis pas digne de lever les yeux au ciel, ni de vous appeler du très doux nom de
Père, je reçois de vous tant de grâces! Merci, merci beaucoup, mon Jésus!
(...)
— Ne tardez pas à faire connaître tout ce que Je vous
communique au sujet de l’Eucharistie. Vous n’avez que cet-te médecine. C’est de
celle-ci que naissent les paratonnerres pour éloigner la divine Justice.
(...)
Quelle paix je sens dans ma pauvre âme! Comme j’ai envie de
l’aimer de plus en plus ! Aujourd’hui je l’ai reçu, avec peu de ferveur ; mais
il y a déjà eu pire. Savez-vous ce que je crois voir ? De plus en plus de
grandeur en Notre Seigneur, et en moi, de plus en plus de petitesse: on dirait
que je m’accroupissais, que je mettais à plat ventre. Pour cela même, je me sens
de plus en plus indigne de recevoir Notre Seigneur, la grandeur et la bonté
infinies! Mais, confions en sa miséricorde, n’est-ce pas ?
11 septembre
« Il me semble avoir davantage de péchés... »
On dirait que tout ce qui s’est passé en moi est oublié, sauf
les péchés; ceux-là je me les rappelle. J’ai quelques fois des moments
d’affliction dont j’ignore la cause. A ces moments-là, il me semble avoir
davantage de péchés!
4 novembre
« Je suis votre victime... »
La Toussaint a été pour moi un jour de grande tribulation:
dès le matin, j’avais l’impression de comparaître devant Notre Seigneur, sans
rien, les mains vides. Cette situation me faisait penser à celle d’un mendiant
qui n’a même pas un vieux chiffon pour se couvrir: moi non plus, je n’avais rien
pour ma pauvre âme. Il me semblait ne pas avoir de cœur pour aimer Notre
Seigneur, et j’avais aussi l’impression qu’on l’éloignait de moi, mais je ne
comprenais pas ce qui se passait...
Après la sainte Communion, il me semblait que je traitais
Jésus comme un étranger.
Hier, j’ai de nouveau ressenti ce que je vous ai déjà
expliqué il y a quelque temps: soudain il m’a semblé porter sur moi tous les
péchés du monde, que tous les crimes étaient les miens. Je ne sais pas expliquer
ce que j’éprouvais alors... Quand je me sens affligée, j’ai l’habitude de dire:
“Mon Dieu, que votre très sainte Volonté soit faite. J’ai confiance en vous. Je
vous aime beaucoup, mon Jésus, je suis votre victime!...
Si je pouvais, par mes souffrances, fermer les portes de
l’enfer! C’est ce que je répète souvent à Notre Seigneur: “ O mon Jésus, que
chaque nouvelle douleur, que chaque nouvelle affliction, soient autant d’actes
d’amour pour vos Tabernacles, autant de serrures pour les portes de l’enfer,
afin que les forces du mal ne puissent plus les rouvrir.
Je regrette de ne pas savoir remercier Notre Seigneur pour
tant d’amour pour la souffrance et pour tant et tant de bienfaits que je reçois
de Lui. Mon Père, je vous demande, par charité, de remercier et de louer Jésus
pour moi. Notre Seigneur m’a donné la perle la plus précieuse, la plus grande
richesse que l’on puisse avoir en ce monde. Combien heureux est celui qui
souffre pour Jésus! Si je ne l’avais pas autant offensé, mon bonheur serait à
son comble. Mais, malgré mes péchés, il me semble que nul au monde n’est plus
heureux que moi...
Mon état d’âme n’a pas changé: toujours le même abandon dans
lequel Notre Seigneur m’a laissée...
Que Notre Seigneur daigne accepter toutes les peines que je
souffre pour la conversion des pécheurs. Les âmes de ces malheureux qui offense
tant Jésus, me préoccupent beaucoup. J’ai tant de peine pour leurs petites âmes!
Penser qu’une fois perdues, elles le sont pour toujours ! Quelle désolation! Je
ne peux pas m’arrêter de tout endurer et d’offrir tous les sacrifices pour leur
salut et soulager Jésus.
Quand je contemple Jésus crucifié et le vois si maltraité,
alors mon chagrin redouble et mon cœur se remplit de douleur et de tristesse, me
souvenant qu’à chaque instant il est si horriblement crucifié... J’en souffre
beaucoup. Parfois, mon corps n’en peut plus résister et je crois mourir.
Cependant, mon esprit vit encore, Dieu soit loué. Il vit dans le désir de
souffrir davantage, pour pouvoir ainsi consoler et soulager Celui qui m’aime
tant et qui est mort pour moi.
C’est ainsi que je vis, sans aucun moment de consolation, au
milieu des ténèbres et dans un complet abandon; mais toujours dans les bras de
Jésus, tenant ma place de sentinelle auprès de ses Tabernacles, partout où il
habite au Saint-Sacrement. Je lui dis alors:
“O mon Jésus, si je me distrais ou si je m’endors,
rappelez-moi aussitôt, par des afflictions ou par des souffrances, afin que je
prenne votre défense et que les péchés du monde ne tombent pas sur vos prisons
d’amour. Je veux vivre et mourir dans vos bras, mais sans jamais arrêter de vous
consoler et de vous aimer; sans jamais cesser de vous tenir compagnie et de vous
soulager.”
7 novembre
« Il me semble que tout s’assombrit... »
« Il me semble que, jour après jour, tout s’assombrit de plus
en plus. Même le Soleil divin qui me réchauffait, m’éclairait et donnait la
force à ma pauvre âme, semble s’être obscurci. Patience! Je veux tout souffrir
pour mon Bien-Aimé Jésus, pour lui sauver beaucoup d’âmes: c’est la mission que
Notre Seigneur m’a confiée, en ce monde, n’est-ce pas ?
Combien elle est belle et consolante la prière du “Notre
Père” ! “Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel !” Que ma plus
grande consolation soit celle de savoir que je fais la volonté de mon Bien-Aimé
Jésus, qui a tant aimé cette misérable pécheresse...
Pour dicter ces quelques lignes, j’ai dû m’y prendre à
plusieurs reprises: il me fallait attendre de pouvoir parlé, car mes souffrances
sont si grandes, qu’elles m’accablent et m’épuisent complètement.
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1936 |
15 janvier
« Jésus écoute bien mes demandes... »
Mon doux Jésus ne semble pas encore satisfait de ma
crucifixion. Il écoute bien les demandes que je lui fais d’augmenter mes
tourments. En plus des énormes douleurs qui me torturent, je me sens,
maintenant, comme suspendue à une balançoire, poussée de droite à gauche et de
bas en haut, ce qui me cause une très grande souffrance dans tout le corps. Les
douleurs de mon bras gauche sont aussi plus aiguës. Béni soit Notre Seigneur!
Que sa très sainte volonté, qui est aussi la mienne, soit faite. Mais, que sont
les maux corporels, comparés aux souffrances de l’âme! Ce n’est qu’avec l’aide
divine que je peux y résister. Ce complet abandon, dans lequel mon Bien-Aimé
Jésus a daigné me placer — être privée de lumière et de consolations — me coûte
énormément.
2 mars
« Endurer toutes les souffrances... »
S’il m’était possible d’endurer toutes les souffrances du
monde, je ne les refuserais pas, pourvu que Jésus fût aimé de tous. Je dis
souvent à Jésus: Mon Bien-Aimé Jésus, comme j’aimerais vous consoler et
pouvoir vous dire: “Mon Jésus, vous ne serez plus offensé! Il ne tombera
désormais plus d’âmes en enfer! Vous êtes aimé et connu de tous!” Oh oui, je
veux beaucoup souffrir, afin que votre Sang n’ait pas été versé inutilement pour
aucune âme.
26 mars
« O douleur bénie!... »
O douleur, douleur bénie! O croix, lit sacré!... Je veux que
tu sois ma tombe d'où je ne puisse plus sortir!... Croix sainte, trésor immense
dont Jésus a voulu m'enrichir, je te désire, je t'embrasse, je veux être clouée
à toi, toute entourée d'épines! Je veux être blessée et immolée pour Jésus, avec
Jésus! La croix fait mon bonheur sur la terre et me rendra heureuse au ciel!...
10 septembre
« Écoute mes divins désirs... »
Un jour Jésus m’a dit :
— Écoute mes divins désirs : dis à ton Père spirituel de
faire connaître partout que ce fléau est un châtiment, c’est la colère de Dieu.
Châtiment pour rappeler : Je veux le salut tous. Je suis mort pour tous. Je ne
veux pas être offensé et je le suis grandement, en Espagne et partout dans le
monde entier! Il est grand, le danger, que se fléau et que les actes de barbarie
se répandent.
Maintenant, je vais te dire de quelle manière sera faite
la consécration du monde à la Mère des hommes et ma très sainte Mère :
D’abord par le Saint-Père, à Rome ; ensuite, par tous les
prêtres dans toutes les églises. Elle sera invoquée comme Reine du ciel et de la
terre ; Notre-Dame de la victoire.
Si le monde corrompu se convertit et change de chemin,
Elle régnera et par son intermédiaire on obtiendra la victoire. N’aie pas peur,
ma fille : mes désirs se réaliseront !...
21 novembre
« Je me suis offerte à Notre Seigneur!... »
Sans savoir comment, je me suis offerte à Notre Seigneur,
comme victime et j'ai demandé, maintes fois, l'amour de la souffrance. J'ai été
bien exaucée; maintenant, je ne changerais pas la douleur contre tous les
trésors du monde. Avec quel emportement j'offrais à Notre Seigneur toutes mes
souffrances. La consolation de Jésus et le salut des âmes, voilà ma seule
aspiration...
(...)
Béni soit mon Bien-Aimé Jésus qui m’a donné la plus grande
richesse que l’on puisse avoir en cette vie: il m’a donné les souffrances, mon
plus grand bonheur! Je pense que toute l’éternité ne sera pas assez longue pour
l’aimer, le louer et le remercier pour tant de grâces, tant de bienfaits, tant
de richesses dont il m’a comblée!
Mon Père, c’est du plus profonde de mon cœur que je peux vous
le dire: si l’on venait me déclarer, en ce moment même, que je passerais le
reste de ma vie sans souffrir, mais, qu’au ciel, j’aurais le même degré de
gloire que si je souffrais toujours, je répondrais, sans hésiter: non, mille
fois non. C’est par la souffrance que les portes du ciel m’ont été ouvertes. Si
je peux avoir le bonheur de ressembler à Jésus crucifié, devrais-je le mépriser?
Non, cela non; souffrir et souffrir toujours! Ce n’est que l’amour qui
récompense l’amour! Jésus a souffert et est mort par amour pour moi; moi aussi,
je veux souffrir et mourir pour son amour.
Je vis dans une sorte de continuel délaissement spirituel,
très angoissant. Mais que seule la volonté de Notre Seigneur soit faite.
3 décembre
« Offre-toi pour les âmes... »
En contemplant Jésus crucifié et me rappelant tout ce qu’il a
souffert pour moi, je ne peux rien Lui refuser. Au contraire, je Lui dis :
“Encore davantage, mon Jésus; toujours plus!” Et il daigne m’exaucer: il a
toujours des souffrances à me faire partager.
Mon âme est dans un tel état de délabrement et de froideur,
que je la compare à une maison qui, suite à un incendie, n’est plus que ruines.
Pauvre de moi! C’est tout ce que j’y trouve : une vie de péchés et d’infidélités
envers Notre Seigneur, rien d’autre...
(...)
Jésus est venu m'aider à plusieurs reprises. Il
m'encourageait... m'humiliait... me confondait... et me disait des choses si
belles. Il agissait à mon égard, comme si je ne L'avais jamais offensé... comme
si ma vie ne Lui était pas connue !... Que je suis misérable! Que je suis
ingrate envers Notre Seigneur, si bon et si tendre pour moi!...
— Reçois, ma fille, le Sang qui engendre les vierges,
donne la pureté, la grâce, l'amour. C'est la vie divine que Je donne à mes
épouses les plus chères... Offre-toi pour les âmes, pour les sauver. Je t'ai
confié le monde, et il ne correspond pas... Les âmes qui m'aiment sont si peu
nombreuses ; sont si peu nombreuses celles qui savent bien souffrir, qui
connaissent la valeur de la croix et qui l'aiment. Il est grand, par contre, le
nombre de celles qui m'offensent !... Il y a tant de malice ! La chasteté est en
train de disparaître du monde.
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1937
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30 août
“Le maudit me disait...”
Les horribles attaques que vous connaissez, mon Père, se sont
répétés; tout particulièrement celle survenue dans la nuit qui suivit votre
départ. O mon Jésus, quelle chose effroyable! Et le maudit me disait: “Toi
qui commets tant de crimes, tu veux te faire passer par une bonne personne, par
une innocente. C’est le prix de tout ce que tu racontes à cet espèce de
baratineur” (le directeur spirituel). Il me disait d’autres choses
semblables. Puis, il me précipita en bas du lit, mais mon cher Jésus ne m’a pas
abandonné; il est venu à mon aide.
Avant même que je n’entende sa voix, je ressentais une très
grande paix. Il m’a parlé ainsi:
— Qui pourrait te donner cette paix que je te fais
ressentir ? Courage ; la victoire t’appartient! Rassure-toi, car je ne
permettrai pas que tu m’offenses. Je ne veux pas te délivrer de ces horribles
combats, car j’en retire beaucoup de réparation pour moi-même et des trésors de
grâce pour les pauvres pécheurs. Repose-toi dans mon Cœur. Les bons anges te
défendront des mauvais. Reçois, mon ange, les caresses de ton Jésus...
Si je suis encore de ce monde, lorsque je vous rencontrerai
de nouveau, je vous expliquerai mieux tout cela. Vers minuit, j’ai été libérée
du maudit. Quelles heures terribles! Mon cher Jésus me dit, et vous aussi, mon
Père, en qui j’ai toute confiance, que je n’offense pas Notre Seigneur, alors
que j’étais convaincue du contraire. Je pensais que dans de telles circonstances
il était impossible de ne pas l’offenser.
27 septembre
« Combien je suis ingrate... »
Jésus ne m’a pas manqué; il est venu m’aider à plusieurs
reprises. Il est certain que cela me redonne du courage, mais en même temps, il
m’humilie et me confond. Combien de belles choses me dit-il! Il me traite comme
si je ne l’avais jamais offensé; comme s’il ne connaissait pas ma triste vie !
Que je suis misérable! Combien je suis ingrate envers Notre Seigneur, alors
qu’il est si bon et si aimable envers moi !
2 octobre
« Le démon te haï... »
Le 25 septembre, Jésus m’a dit :
— Ma fille, tu ne m’offenses pas du tout, ni ne
m’offenseras pendant les assauts du démon. Offre-les en réparation des péchés
que pendant cette nuit, seront commis dans ta paroisse et dans le monde. Quelle
horrible chose! Quelle douleur pour mon divin Cœur en voyant que tant d’âmes se
perdent ! Le démon te haï, mais tu dois t’en réjouir, car tu connais la raison.
Si je le permettais, il te tuerait: mais Je n’y consent pas. Je suis le Seigneur
de la vie et de la mort. Ta mort, en tout cas, ne sera qu’un envol de la terre
vers le ciel.
Le 29, enfin, Jésus m’a dit:
— Le monde est pourrit. Je veux que toutes mes demandes se
réalisent. Je te fais souffrir afin que tu puisses me sauver beaucoup d’âmes. Tu
es le paratonnerre de la justice divine. Par ton intermédiaire et par
l’intermédiaire d’autres âmes que de terribles châtiments ne sont pas survenus.
Pénitence! Pénitence ! Il y a beaucoup d’âmes qui veulent m’aimer, mais elles
sont loin de ce qu’elles devraient être et de ce que moi, Je voudrais. Réparez
vous du moins !...
— Repose-toi dans mon très Saint Cœur et dans celui de ta
Petite-Maman du Ciel qui, à côté de toi, regarde avec une tendre compassion ta
souffrance, mais en même temps heureuse de voir la gloire que tu me procures,
les pécheurs que tu me sauves et tout ce qui est préparé pour toi dans le Ciel.
(...)
Ma fille, ma bien-aimée, foyer attrayant de mon Cœur,
écoute, ton Jésus, ton Époux. Ne fais pas cas du démon, mon plus grand ennemi.
Tu ne fais rien, tu ne dis rien ; c’est lui qui te livre ces attaques. Ne
t’ai-je pas demandé, il y a quelques jours, d’avoir du courage pour les combats
à venir ? Je ne t’abandonne pas; aie confiance en moi. Tu es mon épouse de
prédilection. Je t’ai placée dans mon Cœur dès tes plus tendres années. C’est là
que se déroule ta vie si extraordinaire et si prodigieuse. Tu es mon lis, mon
lis blanc et pur. Je n’ai fait qu’enlever quelque poussière qui s’y était
déposée. Repose-toi dans mes bras et dans ceux de ta Petite-Maman du ciel, dans
nos Cœurs très saints, mais sans jamais cesser de me tenir compagnie dans
l’ineffable Eucharistie !...
1er novembre
« Je t’ai
choisie pour des choses sublimes... »
Jésus me dit encore :
— Ma fille, je t’ai choisie pour
des choses sublimes. Je me suis servi de toi pour communiquer au Pape mon désir
de voir le monde consacré à ma très Sainte Mère. Je veux qu’elle soit honorée
comme moi, parce qu’elle est ma Mère. Je veux que le monde connaisse son pouvoir
auprès du trône de Dieu...
— Je t’ai choisie pour être ma
crucifiée... C’est un don à moi... La souffrance de ton corps, de ton âme est
douloureuse, lancinante. Mais au ciel, où je t’attends, tu auras la récompense.
22 novembre
« Je viendrai te chercher... »
— Je viendrai te chercher, mais pas avant la consécration
du monde à ma très Sainte Mère qui, par ton intermédiaire sera honorée... Le
Pape temporise, mais le jour de la consécration viendra. Ce qui vient de moi,
sort toujours vainqueur, aussi grandes que puissent être les difficultés.
18 décembre
« O mon Jésus, crucifié mon âme!... »
Avez-vous finit votre retraite ? Avez-vous compris,
maintenant, la menteuse que je suis ? Avez-vous compris combien je vous ai
trompé jusqu’ici ? C’est ce que me dit le démon. Dieu soit loué, je n’ai jamais
pensé à vous tromper, bien au contraire: je fais de mon mieux pour que vous ayez
pleine connaissance de mes misères et de mes infidélités à mon Bien-Aimé
Jésus...
Depuis quelques jours, Notre Seigneur ne me parle plus; il
m’a mise au vert... Que j’appelle ou que je me taise, c’est pareil; il ne me
parle pas, il ne se fait pas sentir à mon âme.
Il y a quelques jours, alors que j’étais en butte à une
grande affliction, je lui ai dit :
“ O mon Jésus, crucifié mon âme et mon corps. Agissez
envers moi comme si vous ne m’aimiez pas. Faites semblant de m’abandonner, mais
à condition que vous oubliiez les crimes des pécheurs et que vous vous
souveniez, uniquement, de votre amour pour eux, et que vous les conduisiez sur
le droit chemin.”
Je ne sais pas si Notre Seigneur a accepté mon offrande, mais
je le crois...
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1938 |
5 mai
« Tu es le tout de mon Cœur... »
Le cinq mai 1938, après la Communion, Jésus m’a dit :
— Tu es le tout de mon Cœur et moi je suis le tout du
tien. Veux-tu faire un pacte avec moi ?
Je lui ai dit :
— O mon Jésus, je veux bien, mais je me sens de plus en
plus confuse. Vous voyez bien ma misère. Je ne suis qu’un néant !
—
Qu’importe ? C’est moi qui t’ai choisie avec toute ta
misère. Tu m’as tout donné. En échange, je me donne tout à toi.
Je te donne les trésors de mon Cœur. Donne-les à qui tu voudras. Il
transborde d’amour: distribue-le.
— O mon Jésus, pourrai-je confier vos divins trésors à mon
directeur qui à son tour les donnera à qui il voudra? Pourrai-je les donner aux
personnes qui me sont chères et aux évêques, afin qu’ils les donnent à chacun de
leurs prêtres et que ceux-ci les distribuent aux âmes ?
Jésus m’a répondu :
— Faites ce que vous voudrez. Je t’unis à moi et te serre
contre mon Cœur très Saint !
24 juillet
« Je sentais mon cœur très agité... »
Hier, dimanche, Notre Seigneur a changé mes souffrances. Oh !
Mon Jésus !...
Après l’avoir reçu, une tristesse mortelle s’est emparée de
moi. Puis j’ai vu les mauvais traitements qu’il reçoit dans son Corps et les
ingratitudes dont son Cœur est l’adorable victime ! J’ai pu contempler ce
spectacle douloureux ! Oui, mon âme a vu tout cela !...
Je sentais mon cœur très agité et je ne pouvais pas respirer,
étouffée que j’étais par l’angoisse.
J’ai prié Jésus de ne pas souffrir, mais Il continuait à être
torturé de toutes façons. Tout en larmes, je Lui ai dit :
— Cessez de souffrir, mon Jésus, je suis votre victime;
faites que mon cœur soit mis en pièces... jeté aux bêtes féroces... écrasé sous
le poids des crimes des pécheurs... Je veux tout supporter pour vous consoler et
pour que les âmes soient sauvées.
12 septembre
« Pénitence, pénitence, pénitence!... »
Hier, après la Sainte Communion, je sentais une profonde
tristesse sur moi. J’avais le cœur déchiré, car Jésus pleurait... Ses pleurs me
bouleversaient suavement et douloureusement!
Il m’a dit :
— Hélas ! Hélas !...
Écoute ton Jésus :
Je viens à toi, non pour te consoler, mais pour verser mes
larmes dans ton cœur.
Je ne peux plus supporter les abominations des pécheurs !
Pénitence !...
Pénitence ! ...
Pénitence !... dans le monde entier !... Qu’il se
convertisse sans retard, autrement, il sera rapidement détruit !...
Toi, du moins, compatis à ma douleur, ô mon épouse !...
Dis à ton Père spirituel qu’il fasse savoir au monde que
je veux :
Pénitence, pénitence, pénitence...
Bientôt viendra le jour de la catastrophe.
Je fais connaître ma volonté, mais on la méprise !
Courage ! Ne doute pas que c’est ton Jésus qui te parle.
Je n’ai senti ni consolation ni délices de la part de Notre
Seigneur, mais seulement de la tristesse! Il me semblait que mon cœur éclatait
ou qu’on me l’arrachait et je ne pouvais pas respirer. Cependant, les paroles de
Jésus me donnaient paix et assurance.
J’ai renouvelé mon offrande :
Mon Dieu, je veux être écrasée par amour pour Vous.
Voici votre victime. Que je sois le paratonnerre de vos
Tabernacles, pour recevoir les coups des pécheurs et vous en délivrer.
Mon Père, je voudrais consoler Jésus, mais je ne sais pas
que faire de plus.
C’est surtout après la Sainte Communion que la tristesse
m’accable ! Ah ! Si je savais souffrir comme il faut, mais je suis si
immortifiée !
13 décembre
« On parle de moi... »
Me voici de nouveau dans ma maisonnette. Je l’attendais avec
anxiété. Il paraît que bien des commentaires ont été faits. La population
s’était insurgée contre ma mère, parce qu’elle avait autorisé mon transport à
Porto. Elle se calmera de nouveau : en tout cas, que la volonté de Dieu soit
faite. Je suis prête à tout. Je crois que le Seigneur me demande maintenant le
plus grand sacrifice. On commence à en savoir quelque chose: par-ci, par-là, on
raconte des choses sur moi.
On me rapporte que l’on parle de moi comme d’une sainte et,
cela, je ne le voudrais pas. Quelle erreur! Patience! Quelques soient les choses
qui adviennent on que l’on dise, j’accepterai tout pour l’amour de Jésus. C’est
Lui que demande de ne rien Lui refuser; et moi, je le veux. Mais, pauvre de moi,
ce sont des moments très durs à passer. Et les doutes... les doutes, mon bon
Père, combien ils me tourmentent. Si je ne vous avais pas pour me consoler, je
ne sais pas ce qui serait de moi. Les médecins, jusqu’à ce jour, n’ont pas donné
signe de vie.
Nous sommes repartis de Porto à 14,30 heures. Nous avons
voyagé lentement et nous sommes arrivés à 18 heures: il faisait déjà nuit.
Malgré cela, beaucoup de personnes se sont regroupées près de notre porte.
Je suis très malade! Là, tout de suite, on est en train de
bouillir de l’eau, parce que les couvertures n’arrivent pas à me réchauffer;
j’ai de la fièvre et les douleurs sont terribles.
Je souffre tout pour l’amour de Jésus qui a tant souffert
pour moi...
26 décembre
Il m’a traitée avec rudesse...
Le 26 décembre 1938, j'ai reçu la visite du professeur Moura.
Il m'a traitée avec rudesse. Il a voulu me faire asseoir sur une chaise et pour
essayer d'y parvenir, il ne se priva pas d'utiliser toute la violence dont il
fut capable. Ne pouvant y parvenir, il me jeta, tel un corps sans vie, sur le
lit, en essayant sur moi une gymnastique qui m'a fait souffrir énormément; puis
il me ferma la bouche, me fit tourner plusieurs fois sur le lit, allant jusqu'à
me cogner la tête contre le mur.
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1939 |
19 janvier
« Je ne mérite que l’oubli... »
Mon Père, combien je souffre! Je voudrais me cacher pour de
bon et que mon nom ne soit plus prononcé ; ceci de mon vivant comme après ma
mort ! Bien entendu, ce n’est pas moi qui le désire, mais la tribulation qui me
consume. Je ne mérité que l’oubli et le mépris. Je vis dans une nuit et une
obscurité continuelles. Je ne vois que des ténèbres, des ténèbres et rien
d’autre, aussi loin que je regarde. Q’il est obscur et terrible, le chemin que
je dois suivre! Pas même la moindre petite lumière pour me guider ! Parfois je
crois éclater à la vue du fardeau qui pèse sur moi.
20 janvier
« Le monde est suspendu à un fil... »
— Le monde est suspendu à un fil très fin... Ou le Pape se
décide à le consacrer ou le monde sera puni!...
1er février
« Ma vie est bien pénible... »
Ma vie est bien pénible ! Comment puis-je vivre ainsi ? Je me
sens dans un incroyable abandon! Personne n’a pitié de moi! Ma misère est la
plus grande des misères. Je suis dans une tristesse profonde! Je me sens toute
craintive et confuse devant Notre Seigneur. Cependant il est là, dans cette même
misère, y opérant tant de merveilles et me disant des paroles si belles ! Mais
qui suis-je pour que Jésus me parle ainsi ? Je ne suis que la plus indigne de
ses filles. Toutes les choses de ma vie me tourmentent et me remplissent de
doutes...
Je me demande si Notre Seigneur n’a pas horreur d’être en
moi! Cela me semble presque impossible qu’il ne s’en aille pas, épouvanté, pour
ne plus revenir.
(...)
Je ne peux pas penser au ciel. Je ne sais pas ce qui vient de
là-haut dans mon cœur et qui veut attraper mon cœur pour l’y transporter.
8 février
« Je tremble... »
Mon Jésus, quelle répugnance, en regardant l’abîme
incomparable de mes misères ! Et vous demeurez dans un pareil fumier, me
comblant de tendresses et me disant de si belles choses ? N’est-il pas normal
que j’en doute, que cela me paraisse impossible ? Je tremble et mon cœur déborde
d’affliction.
7 avril
« Donnez-moi de l’eau... »
Je cherche un peu de soulagement dans ma souffrance.
J’attends l’heure de ma crucifixion. Je ne peux pas parler. Mon cœur galope.
Dans mon âme c’est la rébellion, l’émeute. Je me trouve dans un état d’abandon
effrayant. Il me semble cheminer au milieu de la haine de tous, de tribunal en
tribunal.
Pauvre de moi ! Et je n’ai pas reçu Jésus ! J’ai confiance
qu’il suppléera dans la communion spirituelle, nonobstant la nausée que je sens
de moi-même et l’horreur pour mon énorme misère.
Hier, la tempête s’est calmée. Au début je ressentais des
choses horribles. Mon corps était tout transpercé comme par d’aiguës pointes.
Moments terribles ! Malgré un court soulagement, je suis toujours restée dans
une nuit très obscure, dans une profonde tristesse.
Je peux dire que je suis restée toute la nuit à tenir
compagnie à Jésus au Saint-Sacrement, me concentrant un peu sur la tragédie de
la nuit du jeudi saint. Il me semblait que Jésus m’invitait au Jardin des
Oliviers. Que de mouvements de foule! Ces choses je les ressentais dans mon âme.
Mon Père, tout ce que je dicte me semble mensonger. Combien
de doutes! Que d’effroi à l’approche de la Passion! J’ai déjà dit à Deolinda que
c’est un miracle que de pouvoir en résister: mon cœur ne bat presque plus. Que
Jésus soit avec moi. Je n’ajoute rien, parce que je ne le peux pas...
Ajout de Deolinda
«Mon Père, quel vendredi: ce fut vraiment un jour de
Passion! Avant que celle-ci ne commence, combien son visage était empreint
d’affliction! Elle craignait ce jour et disait: “Combien j’aimerais qu’il fut
déjà passé!” Je la réconfortais comme je le pouvais, la caressant, malgré que
moi aussi j’étais remplie de peur et d’affliction?
Pendant la Passion, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer
et j’ai remarqué que presque toutes les personnes présentes pleuraient. Quel
spectacle émouvant! L’agonie du Jardin des Oliviers, fut longue et afflictive.
On entendait des gémissements très profonds et à un certain moment, elle suait
le sang. De la flagellation, je ne vous en parle même pas, et non plus du
couronnent d’épines! Les coups de la flagellation la mirent à genoux; ses mains
semblaient attachées. J’ai voulu lui mettre un coussin sous les genoux, mais
elle changea de place, elle n’en voulait pas. Elle a les genoux en piteux état.
Les coups sont innombrables... elle les reçut pendant bien longtemps... Il
fallait en arriver là. Les coups de canne sur la tête couronnée d’épines, furent
aussi très nombreux. Pendant la Passion elle vomit deux fois: uniquement de
l’eau, car elle n’avait rien à l’estomac. La sueur était si abondante que ses
cheveux en étaient trempés. En passant la main sur ses vêtements, j’ai pu
constater qu’ils étaient aussi tout trempés.
A la fin du couronnement d’épines elle ressemblait à un
cadavre. Le chanoine Borlido — de Viana do Castelo — et deux
autres personnes, ainsi que le docteur Almiro de Vasconcelos — de
Penafiel — son épouse et sa sœur Judith, étaient présents».
Ma souffrance fut bien douloureuse, pendant quelques jours.
Les vomissements de sang et une soif brûlante continuèrent. Aucune eau n’était
capable de ma rassasier. Je ne pouvais pas boire... J’ai passé des jours ayant
l’eau qui me coulait sur les lèvres, mais sans pouvoir l’avaler.
J’étais fatiguée et fatiguées aussi les personnes qui m’assistaient.
Alors même qu’une grande quantité d’eau étais passée sur mes lèvres, j’en
demandais encore : — “Donnez-moi de l’eau, beaucoup d’eau, des sceaux d’eau !”
— J’avais l’impression de brûler: aucune eau me rassasiait.
Je sentais des odeurs horribles. Je ne voulais pas que les
personnes s’approchent de moi: elles sentais comme des chiens morts. On de
donnait des violettes et des parfums à sentir, mais ils éloignaient tout: la
même puanteur me tourmentait toujours.
Les jours où je pouvais prendre quelques aliments, ceux-ci
avaient pour moi un si mauvais goût que j’avais des nausées: toutes ces choses
exhalaient des odeurs répugnantes.
Combien de choses j’aurais à dire si je pouvais décrire tout
ce que je ressens! Il m’en manque le courage, car il est très pénible de
remémorer toutes ces choses.
— Courage ! Tout le Paradis est avec toi et la Maman du
Ciel te regarde avec compassion et joie de voir la réparation que tu m’offres.
27 juin
Le temps des doutes...
La fin de l'après-midi d'hier, c'est-à-dire jusqu’à 21
heures, environ, tout s’est passé régulièrement: je me sentais en paix et
joyeuse.
De temps à autre les doutes revenaient, mais ils n'avaient
même pas le temps de m'affliger: ma Petite-Maman chérie, en un instant mes les
dissipaient. Je ne La voyais pas mais, je ne sais pas pourquoi, je sentais que
c'était Elle.
A peine les doutes commençaient leur approche, immédiatement
Elle venait et m’enlaçait si tendrement que tout ce qui était la cause da ma
souffrance disparaissait.
13 octobre
« Elle t’accompagne pendant la Passion... »
— Ma fille, ma bien-aimée, à nous trois nous n'en faisons
qu'un seul : moi, toi et ton Père spirituel ; que veux-tu d'autre ?
Elle t'accompagne toujours pendant ta Passion, comme Elle
m’accompagna sur le chemin du Calvaire.
Avec de telles aides, je me suis sentie ravigotée.
2 décembre
« Le Cœur de ma Mère... »
— Le Cœur de ma Mère bénie est blessé par les outrages
perpétrés contre lui. Tout ce qui blesse son Cœur, blesse aussi le mien ; tout
ce qui blesse le mien, blesse également le sien, tellement nos Cœurs sont unis.
C’est pour cela que la consécration du monde lui donnera beaucoup d’honneur et
de gloire : les langues maudites et impures qui prononcent des outrages contre
Elle, seront ainsi vaincues et humiliées.
15 décembre
Entre les bras de Marie...
— Le sein maternel de ta Petite-Maman du ciel est le plus
tendre et le plus doux: reposes-y.
Je me suis alors sentie entre les bras de la chère Maman qui
me serait amoureusement. Ce furent des moments très doux qui me donnèrent la
force nécessaire pour aller jusqu'au bout dans mon calvaire. Je sentais bien que
c'était Elle ! Et avec quelle bonté Elle m’enlaçait et me serrait contre son
Cœur si saint !
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1940 |
2 janvier
A Jésus par Marie...
Hier, puisque c'était le premier jour de l'année, je me suis
consacrée à Notre-Dame. Je lui ai demandé de me consacrer à Jésus et de me
clouer à son divin Cœur.
Je Lui ai demandé d'être ma première protectrice parmi les
saints que je choisis — comme protecteurs pendant la nouvelle année. Je Lui ai
demandé des grâces pour mon âme et amour pour aimer Jésus.
Je lui ai dit :
“Petite-Maman, je ne veux plus m'arrêter de vous demander
de l'amour, pour ne jamais cesser d'aimer.
Mais hélas, mon Jésus, j'avais l'impression que tout ce
que je disais ne servait à rien.
Malgré cela, la foi me permet de croire et d'être fidèle.
Comment peut cheminer une aveugle qui ne connais pas le
chemin et qui a perdu toutes ses forces ?...
Pauvre de moi : je suis cette aveugle! Je ne vous vois
pas, je ne connais pas le chemin, je suis exténuée !
Mon Jésus, j'ai confiance ! Petite-Maman, j'ai confiance !
Aidez-moi, Vous. Conduisez-moi vers ma destinée : c'est au Ciel que je veux être
conduite”.
6 janvier
Celui qui aime la Mère aime le Fils...
— Dis à ton directeur spirituel qu’il fasse connaître et
aimer ma très Sainte Mère : celui qui aime la Mère aime le Fils... Dis-lui de
prêcher que celui-là qui aimera ma très Sainte Mère ne se perdra pas ; en vain
l’enfer tentera de le l’abattre.
Pendant que j’écoutais ces paroles, je me sentais serrée
entre les Cœurs de Jésus et de la Maman du ciel. J’avais l’impression de me
trouver sous une presse. J’avais tant de lumière, tant de paix, tant d’amour. Je
peux dire que si Jésus ne m’avais pas aidée, je n’aurais pas continuer de vivre:
mon cœur ne pourrais pas résister...
15 janvier
« Prenez votre petite fille dans vos bras... »
Je ne peux pas regarder le ciel parce que le cœur s’élève
plus véloce qu’une fusée et ne tient pas dans ma poitrine. Il ne peut se reposer
qu’en Jésus.
— Petite Maman, venez et prenez votre petite fille dans
vos bras ; je veux vous donner mon cœur; ce n’est que vous qui pouvez le remplir
de votre amour afin que je puisse aimer Jésus. Incendiez-le avec des flammes si
fortes d’amour afin que je puise incendier le monde. Jésus n’est pas aimé! Avec
ma douleur et votre amour, je ferai en sorte qu’il soit aimé. Ce n’est que comme
ça, que moi même je l’aimerai.
Douce Maman, comme il sera beau de voir tous les cœurs
brûler pour Jésus d’un seul amour ! Je ne veux pas cesser d’être victime sans
que ce feu soit allumé dans le monde...
2 février
« Je crains la douleur mais je l’aime... »
Vous devez être déjà saturé d’entendre tant de lamentations
et tant de discours sur la douleur, mais la douleur est mon aliment, jour et
nuit, toujours. Auguste aliment! J’ai atteint l’heure de ma Passion dans un état
d’affliction et d’abandon. Je sentais comme si tous étaient révoltés contre moi.
Je disais au Seigneur:
— Je crains la douleur, mais je l’aime. Le corps s’y prête
moins, mais la volonté est forte : je suis prête pour la croix et pour l’amour.
Le cœur semblait s’effriter tellement il était écrasé;
j’avais du mal à respirer.
Jésus est venu à moi et il m’a dit :
— Ma fille, allons dans le Jardin des Oliviers. Viens
préparer l’aliment dont Jésus a tant besoin pour les pécheurs : aliment précieux
qui leur donne vie éternelle, aliment béni qui leur donne la vie de la grâce.
Courage, tu ne seras pas abandonnée: Jésus et la Maman du ciel viennent avec
toi.
Durant la Passion, Jésus me parla deux fois ; le reste du
temps, je me suis sentie toute seule, couverte de tous les maux, remplie de
honte devant Dieu, objet de sa divine Justice. Combien je me suis découragée !
J’avais même l’impression que Jésus n’était pas avec moi. Il est venu, pourtant:
— Courage ! Les anges te survolent, et portent l’aliment
aux pécheurs...
Alors, je me suis sentie un peu réconfortée, mais pour peu de
temps.
La deuxième fois, Jésus me dit :
— Courage, ma fille ! La colère de Dieu qui s’abat sur
toi, ce n’est pas toi qui la provoques, mais ceux pour qui tu es l’expiatrice.
Ensuite j’ai cheminé toute seule. Quand tout fut fini, je
suis restée comme endeuillée et triste. Jésus me transmit les souffrances et
l’agonie de son divin Cœur; moi, je les accueille parce que je veux le consoler.
Vive Jésus, vive la Maman du ciel ! Que règne la douleur,
afin que règne l’amour !...
17 février
« Mon Jésus, je ne peux vivre sans vous!... »
Je suis abandonnée de tous; je ne reçois même pas mon Jésus.
Ma croix devient plus pesante. Combien cela me coûte de ne pas recevoir la
Communion ! Si Jésus me manque, tout me manque. Encore aujourd’hui, me souvenant
que je ne l’avais pas reçu, j’ai soupiré avec une profonde nostalgie et j’ai
murmuré :
— “Deux jours déjà sans recevoir Jésus et combien d’autres
encore, peut-être ! Quelle tristesse et quelle nostalgie! Mon Jésus, je ne peux
vivre sans vous. Venez ! Faites de mon cœur votre demeure. Venez et régnez en
moi! Venez, mon tout ! Si cela ne vous déplaît pas, ô mon Jésus, choisissez pour
moi d’autres souffrances, mais ne me privez pas de la Communion. S’il était à
moi, je vous donnerai le monde entier afin de pouvoir vous posséder, rien que
pour avoir votre visite”.
Mon Père, combien douloureuse est ma souffrance et lourde ma
croix ! Je me sens épuisée. Oh, le vide que je sens par le manque de l’aliment
eucharistique. Quelle nostalgie. On dirait que mon cœur explose. Je ne sais pas
comment tant d’âmes peuvent vivre des années, voir la vie entière, sans recevoir
Jésus! Malheureux, car ils ne le connaissent pas.
22 février
« Jésus, venez!... »
Jésus eucharistique, ma vie, ma joie, m’a manqué. La
nostalgie que j’ai de Lui me consume.
— Jésus, venez ! Régnez dans mon cœur! Vous seul êtes
l’aliment de mon âme. Donnez-moi la vie de la grâce, donnez-moi votre amour.
Venez décharger votre tristesse dans la mienne.
Par ma nostalgie infusez de la nostalgie que vous avez de
prendre possession des cœurs qui ne vous aiment pas et vivent vous oubliant. Je
veux par ma douleur rallumer votre amour sur la terre... je veux me perdre en
lui. Peu importe donner la vie. Souffrir reste toujours mon désir: c’est de la
douleur que l’amour naît...
25 février
« O combien je veux le consoler !... »
Le jour s’est levé : j’avais un grand désir de recevoir la
Communion, mais je ne l’ai pas reçue. Quelle nostalgie ! J’ai demandé si
monsieur le Curé ne pourrais venir m’apporter Jésus ; on me répondit que non ;
je me suis résignée. J’ai offert à Jésus ce sacrifice afin de mériter l’amour de
mes « quatre » : la très Sainte Trinité et la Maman du ciel. Je cherche en tout,
même dans les plus petites choses, à Les consoler.
Et mon Jésus eucharistique ? O combien je veux le consoler et
le couvrir d’amour! Toutes les douleurs et tous les sacrifices sont occasion
pour moi de consoler l’Abandonné, l’Oublié, le Prisonnier de l’Eucharistie...
26 février
O douleur bénie !...
« O douleur, douleur bénie ! O croix, ô lit sacré, je veux
que tu sois ma tombe, d’où je ne puisse plus sortir ! Tu es, ô croix bénie,
l’immense trésor dont Jésus m’a enrichie ! Je te veux, je t’embrasse, je veux
être clouée à toi, et être entourée d’épines ! C’est pour Jésus que je veux être
blessée et avec Lui, sur l’autel, être immolée! Heureuse fortune — celle de la
croix — qui m’attend sur la terre ; elle me fera éternellement bienheureuse au
ciel !... »
18 mars
« Mon âme est morte... »
Mon cœur est toujours oppressé, mais toujours au milieu de
vives flammes ; ma poitrine est brûlante du côté gauche ; c’est un feu
incandescent. La douleur ne consent aucune suavité, elle me pénètre de tous
côtés.
L’abîme dans lequel je me trouve est nauséabond et honteux.
Pour m’appuyer, je n’ai que de l’immondice. J’y suis enchaînée par de grosses
chaînes de fer qui ne se cassent pas. Quelques fois j’essaie de me libérer et de
sortir de cet immense abîme, mais je ne le peux pas, je n’en ai pas la force. Je
suis si étroitement enchaînée que je n’arrive même pas à bouger.
Au milieu des épines qui me blessent et pénètrent dans tout
mon être, mon cœur se tourne vers Jésus, il veux s’envoler vers Lui, mais il ne
le peux pas et bas de l’aile au ras du sol. Quelle horrible affliction ! Quelle
douleur poignante, que de salir des ailes blanches dans la fange !
Mon Père, que signifie tout cela ? Je n’y comprends rien.
Cela ne me dérange pas d’être salie et couverte par les maux d’autrui. Ce que je
veux c’est que tous deviennent justes et s’envolent vers Jésus. Mais le pire
c’est que je vois comme si le mal venait de moi; mais moi, je ne veux pas
pécher, je ne veux pas déplaire à Jésus. Mais je me trouve un monstre
abominable, une effrontée, une ingrate à son égard. J’ai peur et je tremble pour
mon néant. Je sens la colère de Dieu sur moi et je ne peux pas lever mes yeux
vers le ciel. Je me sens indigne de pardon et de compassion.
Mon âme est morte : elle expira dans l’obscurité ; ni même
Jésus, en y entrant, lui redonna la vie. Il m’a complètement oubliée, et moi,
sans les yeux pour voir, je courre toujours, mais toujours disparate, dans une
nuit très triste et obscure.
J’ai perdu toute énergie, je suis tombée dans le
découragement. Mais je veux, avec tous les êtres de la terre, louer et aimer mon
Jésus. Je voudrais rester toujours à genoux et les mains jointes, à entonner
hymnes et louanges d’amour et d’action de grâces à mon Jésus, pour tout ce que
je reçois de Lui...
14 avril
Si elle ne m’avait pas aidée...
Pendant la journée, dans mon affliction, je lève les yeux
vers le Sacré-Cœur de Jésus et vers ma chère Petite-Maman. Jamais je n'ai
regardé vers Eux sans qu'il me semble les voir me sourire avec bonté. Il fait
déjà nuit et il me semble que Leur sourire me reste empreint dans l'âme et dans
le cœur.
— Ma Maman, ma Petite-Maman chérie, ô combien, combien je
veux l'aimer ! A quoi aurait servi ces longues années de lit si Elle n'avait pas
veillé sur moi, si Elle ne m'avait pas aidée !
22 avril
« Quel grand mal est le péché!... »
Mon Dieu, quelle nuit terrible dans mon âme !
Jésus a commencé par me dire :
— Le péché essaie de broyer et d’anéantir mon divin Cœur!
Quel grand mal est le péché ! Regarde les mauvais traitements que je reçois!
Sais-tu de qui ? De ceux qui les premiers devraient m’aimer, desquels
j’attendais tout. Répare, si tu veux qu’ils se convertissent. Laisse-toi immoler
si tu veux qu’ils soient sauvés ! Tu es leur victime...
23 avril
« Mon cœur n’a presque plus de vie... »
Mon cœur n’a presque plus de vie: il est broyé au maximum. Je
suis dans les ténèbres et presque sans foi en Jésus: tout est perdu; personne ne
réussi à me sauver.
Mon âme semble émettre des cris d’une extrême affliction. Sa
nuit est devenue immense pour recevoir Jésus Eucharistique. Et Lui, d’un ton de
jugement, comme quelqu’un qui demande des comptes, me disait :
—
Quel grand mal est le péché ! T’es morte à Dieu au lieu
d’être morte au monde! Convertis-toi, viens dans mon divin Cœur. Tu me fais
souffrir par chaque peine et cruauté ; Je pleure parce que Je t’aime ! Pourquoi
veux-tu me fuir ? Je pleure parce que Je t’ai créée et préparée pour Moi.
Et mon Jésus pleurait amèrement. Et c’est cette douleur de
Jésus que mon cœur ne supportait pas, à moins qu’il ne souffre à ma place. Mais
en me sentant ainsi blessée, je peux dire avec Lui :
— Quel grand mal est le péché ! Combien il est horrible !
Combien il blesse le Cœur d’un Dieu !
— Mon Jésus, je ne veux pas Vous fuir ! Je veux Vous
suivre! Je veux que tous Vous suivent, qu’aucun ne Vous fuie. Laissez-moi écrire
sur la terre avec mon sang :
“La douleur est le chemin tracé par Jésus. La douleur est
amour; la douleur est union avec Dieu. L’âme qui souffre avec Jésus se sent
attirée par Lui ; désire la solitude afin de se rencontrer plus facilement avec
Lui ; désire vivre de Lui et en Lui. Combien précieuse est la douleur ! Quel
bonheur pour l’âme qui souffre ! Elle ne se préoccupe que de Jésus; ne veut
d’autre vie que celle de Jésus. Elle cherche son amour, sa gloire, le salut des
âmes”...
5 mai
« Avancer l’heure de la consécration... »
—
Dis à ton directeur spirituel d’informer le Pape que
s’il veut que monde soit sauvé, qu’il avance l’heure de la consécration à ma
Mère. Qu’il la place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la
victoire et Messagère de la paix.
6 mai
« Accompagnez-moi auprès de la Croix... »
La nuit est passée, passe le jour et je ne m’alimente que de
douleur...
Je lève mon regard vers la Maman du ciel et je lui dis :
— Maman chérie, accompagnez-moi auprès de la Croix du
vôtre et mon cher Jésus ; laissez-moi souffrir avec Vous : je veux sentir Vos
douleurs. Je veux aussi réparer tant de maux. Les âmes dorment dans le péché :
par ma douleur, je veux les réveiller; par ma mort, je veux les ressusciter.
Maman chérie, faites que je reste comme Madeleine enlacée
à la Croix de Jésus. Je veux verser des larmes de sang pour moi, pour les miens
et pour les péchés de toute l’humanité. Petite Maman, je me sens surchargée de
tous les crimes. Donnez-moi la douleur pour les pleurer et les détester.
Demandez pardon pour moi à Jésus. Donnez-moi de l’amour afin que j’aime Jésus et
qu’il puisse ainsi par cet amour oublier chaque méchanceté.
Mon Père, je suis tourmentée de mil façons: j’ai des doutes
de toutes sortes. La pensée que je vous trompe et que je trompe beaucoup d’âmes
me tourmente.
Mon cœur est une source ouverte: plus la douleur et l’agonie
sont grandes, plus j’ai de sang à donner. Je sens qu’autour de moi y boivent en
grand nombre, je ne sais quoi. Ils boivent, boivent et semblent ne jamais se
rassasier. Mais moi nom plus, je ne suis pas rassasiée du fait de ne pas pouvoir
rassasier; et je ne suis pas rassasiée parce que je n’ai pas d’amour pour aimer
mon Jésus...
(...)
L’abandon dans lequel Jésus laisse mon âme, la manière dont
Il descend dans mon cœur (dans la Communion), sans lumière ni flamme, sans me
donner ni recevoir de l’amour, comme s’Il y venait mort et que moi-même je sois
morte, m’oblige presque à penser que j’ai une vie d’illusion et d’imposture.
Mais je dois croire que Jésus vit et règne en moi, qu’Il
m’aime et ne m’abandonne pas, que je suis à Lui et que je ne vis que pour Lui.
Ma vie a servi à Jésus...
— Jésus, pressez bien cette fine grappe et enlevez-en tout
le jus... Je bénirai et j’aimerai la douleur: quand je serai au ciel, je ne
souffrirai plus. La douleur m’a attachée à Vous, a créé en moi des liens d’un si
grand amour...
J’aime la douleur, j’aime Jésus...
8 mai
« Ma fille, viens sur mon Cœur... »
Dans l'après-midi j’ai récité les prières du mois de mai à ma
chère Petite-Maman. Mon âme, pendant cette dévotion, se voyait libérée d'un
poids qui l'écrasait et retrouvait la paix et la suavité.
A la fin j’ai cru entendre une voix très douce qui
m'appelait :
— Ma fille, ma fille.
Mon âme se sentait davantage encore soulevée.
Quelques instants plus tard, la même voix, de nouveau m'a
appelée avec tendresse et douceur :
— Ma fille, ma fille, viens sur mon Cœur. Je t'invite à
te reposer entre mes bras très saints. Abandonne-toi sur mon Cœur de mère. Tu es
la préférée de Marie. Oh ! Combien tu es aimée par nos deux Cœurs !
Je me suis sentie entre les bras de la Maman, enlacée,
caressée et couverte de tendresse.
Il n'est pas possible de comparer la douceur et la tendresse
d'une mère de la terre avec celle de la Maman du ciel !...
Mon âme a été réconfortée: mon cœur en resta heureux pendant
un peu près une heure.
14 mai
« Compter pour rien... »
Je suis couverte de crimes et d’imperfections: j’ai honte de
Jésus, je crains la justice du Père éternel.
Jésus, en descendant aujourd’hui dans mon cœur, a rendu plus
suave ma douleur. Une petite flamme s’est allumée dans mon âme, mais elle s’est
éteinte rapidement et je suis restée dans la plus grande obscurité... J’ai senti
que la justice du Père éternel me détruisait, me réduisait en poussière.
— Mon Jésus, compter pour rien, par amour pour Vous, c’est
avoir la félicité sur la terre. Ma joie, même si Vous ne permettez pas que je la
ressente, c’est souffrir pour Vous consoler et pour sauver les âmes. Avec Vous
je suis victorieuse.
Je veux Vous prouver mon amour, mais je ne sais pas
comment: je n’ai rien à Vous donner.
Mon corps ? Cela fait bien longtemps qu’il Vous
appartient. Je Vous l’ai donné afin qu’il soit martyrisé et crucifié.
Mon sang ? Même celui-là vous appartient. Qu’il serve au
moins d’encre pour écrire sur toute la terre le mot « Amour »: amour pur et
seulement pour Jésus.
Ma vie ? Elle ne m’appartient plus: elle aussi est à Vous.
Vous êtes mort pour moi, pour me sauver et moi je meurs par amour pour Vous et
pour sauver les âmes.
O Jésus, que dois-je Vous donner d’autre ?
Je veux que ma volonté soit votre afin que la votre soit
mienne. J’accepte, par amour pour Vous, tout ce que Vous m’enverrez. Je ne veux
que ce que Vous voudrez; même si pour cela je devais rester à plat ventre,
enroulée dans la terre comme le ver le plus insignifiant...
19 mai
« Mon Jésus, pressez bien cette fine grappe... »
L’abandon dans lequel Jésus laisse mon âme, la manière dont
Il descend dans mon cœur (dans la Communion), sans lumière ni flamme,
sans me donner ni recevoir de l’amour, comme s’il y venait mort et que moi-même
je sois morte, m’oblige presque à penser que j’ai une vie d’illusion et
d’imposture.
Mais je dois croire que Jésus vit et règne en moi, qu’il
m’aime et ne m’abandonne pas, que je suis à Lui et que je ne vis que pour Lui.
Ma vie a servi à Jésus...
— Jésus, pressez bien cette fine grappe et enlevez-en tout
le jus... Je bénirai et j’aimerai la douleur: quand je serai au ciel, je ne
souffrirai plus. La douleur m’a attachée à Vous, a créé en moi des liens d’un si
grand amour...
J’aime la douleur, j’aime Jésus...
20 mai
« Je suis un monde d’horreurs... »
Je suis un monde d'horreurs et d'épouvantables ténèbres.
C'est ainsi que mon âme le ressent. Je rends grâces à mon Jésus de ne pas être
moi-même ce que sent mon âme. Je serais bien tout cela si Lui, vu mon état
de ténèbres, ne veillait pas sur moi, ne me soutenait pas et, ma chère
Petite-Maman ne me portait toujours entre ses bras très saints, ne me protégeait
pas de son divin manteau.
Pauvre de moi, si Jésus et Marie n'avaient pas été là !
8 juin
« Il me semble que Jésus soit parti... »
Je suis très malade. J’aimerais dire tant de choses, mais je
ne peux pas... Je sens mon âme et mon corps comme sous une grille avec du feu
au-dessous et par-dessus: je ne peux pas me retourner sans être brûlée... Même
le cœur a sa douleur... combien il est opprimé...
Et il me semble que Jésus soit parti si loin, me laissant
seule dans le monde, privée de tout confort. Je sens comme si l’on me privait de
mon directeur. Serait-ce vrai ? Pouvez-vous au moins me dire, par charité, si en
quelque chose, je suis pour vous cause de souffrance ?...
12 juin
« Accrochons-nous à Jésus et à Marie... »
Je reste persuadée que vous, mon Père, vous m’informerez de
ce qui arrive, sans rien me cacher. Je vous le demande par charité ; ne
consentez pas que Sãozinha me trompe. Si l’on vous interdit de revenir ici, je
ne veux pas que vous en souffriez. Acceptons que Jésus presse sa grappe de
raisin et réduise en poudre le grain de blé! Qu’il soit consolé et nous,
souffrons. Cependant, accrochons-nous immédiatement à Jésus et à la Maman du
ciel.
2 août
J’éprouve une très grande désolation...
(...)
Je reste persuadée que vous, mon Père, vous m’informerez de
ce qui arrive, sans rien me cacher. Je vous le demande par charité; ne consentez
pas que Sãozinha me trompe. Si l’on vous interdit de revenir ici, je ne veux pas
que vous en souffriez. Acceptons que Jésus presse sa grappe de raisin et réduise
en poudre le grain de blé ! Qu’Il soit consolé et nous, souffrons. Cependant,
accrochons-nous immédiatement à Jésus et à la Maman du ciel.
(...)
Combien je souffre à cause des doutes que ce soit moi, avec
mon imagination, à faire toutes ces choses [Passion, extases, etc. ].
Quand viendrez-vous me tranquilliser, au moins pour quelques instants ? J’ai
l’impression de mourir seule, abandonnée. Venez me secourir !
J’éprouve une très grande désolation parce que je crois que
l’on me prive de mon Père spirituel. Je sais que vous avez été malade, mais
personne ne m’en a rien dit. Malheureux celui qui est éloigné !...
4 septembre
« Sur la terre l’amour est presque disparu... »
Lundi, au commencement de la sainte Messe, disparaissait de
mon âme cette nuit sans lumière qui ne me causait que la mort: les doutes sont
disparus. Peu avant la Communion j’ai ressenti une force que je n’ai pas pu
dominer: je me suis agenouillée et dans cette position j’ai reçu Jésus. Je suis
restée longtemps ravie, tellement unie à Jésus qu’il me semblait me trouver dans
une autre région.
J’avais de très fortes impulsions pour aimer Jésus et Il m’a
dit ses désirs (ce qui est arrivé le 2 septembre) : — Sur la terre
l’amour est presque disparu des cœurs. Voilà la raison des souffrances de Jésus:
il n’y a pas d’amour pour réparer les péchés de l’humanité; on blesse son divin
Cœur.
—
O Jésus, que puis-je faire pour cela ?... J’accepte
tout, je ne veux pas Vous voir souffrir... J’écrirai à Salazar. Lui, plus que
tous les prêtres, peut mettre un terme à tant de péchés... J’en parlerai à mon
Père spirituel et je ferai tout ce qu’il me permettra de faire... Voulez-vous
que j’écrive à votre cher cardinal patriarche (Dom Manuel Gonçalves Cerejeira) ?
Les deux ensemble seront l’instrument pour sauver le Portugal et faire que votre
très saint Cœur ne soit plus offensé. Je le ferai,
ô Jésus; mais j’aimerais que personne ne le sache, excepté eux et les
personnes que mon Père spirituel jugera opportun d’informer...
5 septembre
Je crois mourir...
Je crois mourir, rien que de penser à vendredi et aux
souffrances qui m’attendent. Si Jésus ne prend pas ce pauvre corps pour souffrir
dans celui-ci et le soutenir, je ne résisterai pas: je mourrai. Je sens de
continuels coups de marteau dans mon cœur. Une foule universelle lui donne
l’assaut et le blesse. Toutes ces souffrances viennent sur moi, j’en suis
dépositaire, mais elles sont destinées à Jésus: l’attaqué et le blessé, c’est le
Cœur de Jésus.
Il me semble voir Jésus, les bras ouverts, me demandant
compassion et de souffrir avec Lui... Le fait que Jésus se tourne vers une
créature humaine et s’abaisse jusqu’à lui demander de souffrir avec Lui,
m’anéantit : Lui qui est la force, la vie, tout, avoir besoin d’aide de cette
pauvre qui n’est qu’un néant...
Je joins à cette lettre une lettre pour le Cardinal et une
autre pour monsieur Salazar. Ayez la bonté de la corriger et, si vous voyez que
quelque chose n’est pas bien, faites-le moi savoir... J’ai écrit comme Jésus me
l’a dit...
10 septembre
« La Maman contemplait la pauvre humanité... »
Dimanche dernier, anniversaire de ma très chère Maman du
ciel, une image, qui n’est toujours pas effacée, s’est imprimée dans mon âme.
Avec la venue de Jésus (Eucharistique) dans mon cœur, mes
souffrances ce sont aggravées et ma nuit augmenta. Je n’ai pas fait la fête à
Jésus : je ne l’ai pas reçu avec joie, même si je le voulait et désirait brûler
d’amour. Pauvre de moi !...
A peine est-il descendu en moi, j’ai senti dans mon âme le
portrait vivant de la très chère Petite-Maman qui, du haut du ciel, contemplait
la pauvre humanité, son très saint Cœur souffrant d’une tristesse presque
mortelle. La tête inclinée vers la terre, elle ne détournait pas son regard
plein de tendresse et de compassion. Quelle douleur si forte et poignante !
Combien Elle souffre, la Maman chérie! Nous sommes déjà mardi
et cette scène ne s’évanouit pas. C’est comme si elle était imprimée en moi pour
toujours. Il y a à peine une heure, je l’ai vue de nouveau inclinée vers la
terre, impossible de lui faire détourner le regard : de ces yeux coulaient deux
rivières de larmes, larmes de profonde douleur qui baignaient la terre. Moi
aussi je voulais pleurer, essuyer ses pleurs et guérir la blessure du Cœur très
aimant de Jésus.
Je ne sais pas quoi faire pour Eux : par amour je fais
semblant d’être joyeuse alors même que je suis toujours triste.
J’encourage et je console les malheureux et je n’ai pas qui
me console. Mais je suis contente de la volonté de mon Seigneur. Je veux Le
consoler dans ma détresse...
7 novembre
Il faut que je souffre en silence...
J’ai l’impression d’être infidèle à Jésus. Il veut et me fait
comprendre dans mon âme la grande nécessité que je souffre, mais que je souffre
en silence, sans rien laisser apparaître. Je cherche à le faire du mieux que je
peux, sans me confier à qui que ce soit, excepté Lui et la chère Petite-Maman.
Quelquefois pourtant, involontairement, une parole m’échappe. C’est pour cela
que je dis être infidèle à mon Jésus : je ne suis pas encore constante dans ce
qu’il veut, excepté de tout vous dire, mon Père, parce que Jésus me place dans
l’âme la nécessité de me confier à vous...
12 novembre
« Votre cœur saignera toujours... »
Jésus m’a dit qu’il vous aime beaucoup et qu’il vous avait
préparé des épines qui vous blesseront jusqu’à la mort ; que votre cœur saignera
toujours ; mais vous ne devez pas craindre, car vous serez victorieux...
21 novembre
« J’accepte tout par amour pour vous... »
Combien terrible fut la tempête qui se déchaîna dans mon âme!
Il me semblait tout perdre : pour l’âme et pour le corps.
Lors de ces souffrances, pendant quelques instants, je suis
arrivée jusqu’à me convaincre que l’on m’avait privé de mon directeur spirituel.
Mon Dieu, je resterai sans lumière et sans vie !...
Je n’ai pas résisté et j’ai du pleurer. J’ai offert mes
larmes à Jésus et j’ai ouvert mes bras vers le ciel :
— Mon Jésus, j’accepte chaque sacrifice; j’accepte tout
par amour pour Vous... Brisez-moi, mais donnez la paix au monde et sauvez les
âmes. Je veux Vous aimer; et si par ma douleur je peux Vous prouver mon amour,
je suis prête à souffrir. Soutenez-moi, donnez-moi la force, mon Dieu !...
22 novembre
« Jésus veut que ma souffrance soit silencieuse... »
Ma crucifixion s’est terminée il y a quelques heures... J’ai
besoin de me confier et je ne peux le faire qu’avec vous. Jésus me veux
silencieuse et tenace comme un rocher: Il veut que je souffre sans que l’on
sache ce qui se passe en moi. Je sens que c’est Lui qui place cette exigence
dans mon âme. Il veut que ma douleur soit silencieuse comme la sienne : Il exige
que je l’imite même en cela.
Ce matin, à mes souffrances et à mes peurs, se sont adjointes
les souffrances et les larmes de Jésus : je n’en pouvais presque plus. Parmi le
bruit, la curiosité et les blasphèmes autour de Lui, Il m’a fait comprendre
comment Il avait souffert tout cela en silence, comme s’il n’avait pas de lèvres
pour parler. Ma détresse était si grande que quelquefois il m’est venu à
l’esprit de dire à Jésus que je ne voulais pas la Passion, mais immédiatement je
Lui disais :
— Je veux, je l’accepte par amour pour vous. J’accepte
chaque souffrance, même si sur moi devraient tomber, pour m’écraser, toutes les
montagnes du monde...
29 novembre
Je sens que vous souffrez...
Je sens que vous souffrez. Je sens l’instrument avec lequel
vous êtes blessé. Je sens clairement que cette douleur vous blessera jusqu’à la
fin.
Je ne sais pas de quel côté me tourner : tout est douleur, de
vives douleurs dans l’âme et dans le corps. Je le veux et je l’accepte comme
Jésus le veut...
SUITE
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