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Umberto Maria Pasquale, sdb

 

ÂME DE VICTIME ET D'APÔTRE

CHAPITRE II

LA SAISON DES BOUQUETS FLEURIS

 

Dans les écrits d'Alexandrina nous pouvons lire ceci :

« Sur mon lit de douleur, j'ai eu de nombreux moments de découragement, mais jamais de désespoir. »

Elle avait la nostalgie des fleurs et de l'église. Quand il y avait répétition pour la chorale, les deux sœurs devenaient tristes : Deolinda de devoir abandonner Alexandrina et, celle-ci de ne pouvoir l'accompagner.

Au début, la malade chercha à se distraire : elle invitait les amies à venir jouer aux cartes avec elle.

Elle priait, pour obtenir de Dieu sa guérison. À cet effet, elle promit d'offrir tous ses parements en or, de s'habiller de noir toute sa vie, de couper ses beaux cheveux.

Sa mère, sa sœur et ses cousines alternèrent les neuvaines et les promesses afin d'obtenir sa guérison. Mais Alexandrina empirait : plus d'une fois elle reçut les derniers sacrements.

Pliée sous la douleur

Avec la perte progressive des forces, elle renonça aux passe-temps futiles au moyen desquels elle cherchait à rendre ses journées moins monotones.[1]

Elle sentit alors grandir en elle l'amour de la prière et le désir de s'unir à Jésus-Hostie.

En 1928 le village organisa un pèlerinage à Fatima. Alexandrin sentit grandir de nouveau, à ce moment-là, le désir d'y participer. Mais le médecin et monsieur le Curé s'y opposèrent fermement : il était impossible, sinon impensable de la laisser s'aventurer dans un aussi long voyage, alors qu'il suffisait de la toucher ou de la retourner sur son lit pour qu'elle éprouve les plus vives douleurs.

Au vu de ce refus, elle laissa éclater ses larmes, mais une fois encore elle pria pour obtenir sa guérison.

Elle promit cette fois, que si elle guérissait, elle se ferait missionnaire. Et, dans la douce illusion de sa prochaine guérison, elle disait à ceux qui la visitaient :

« Si un jour vous m'entendez chanter dans la rue, sachez alors que c'est moi qui remercie Notre-Dame de Fatima pour la grâce reçue. »

Mais, se rendant compte que malgré tant de prières elle ne décrochait pas le trésor qu'elle ambitionnait tant, elle se plia, petit à petit, à la volonté de Dieu. Elle renonça à tout désir et chercha à aimer la douleur et à s'offrir à Jésus.

« Ma Petite-Maman chérie ! »

Elle souhaitait vivement avoir une petite statue de la Vierge : une statue qui soit vraiment à elle. Pour l'avoir, elle commença à mettre de coté toutes les piécettes, se privant même de certaines petites choses. Quelques personnes l'ont aidée : l'une d'elles lui offrit deux poulettes. Deolinda les éleva jusqu'à ce qu'elles pondent assez d'œufs pour couvrir ces frais. Ce fut de cette façon qu'elle acheta une statue enchâssée de Notre Dame de Fatima, ainsi qu'une petite table en forme d'autel pour la placer.

Pendant le mois de mai, autour de ce petit autel qui jouxtait son lit, elle voulut qu'il y ait beaucoup de fleurs ; sans oublier, quand ses moyens le lui permettaient, quelques cierges.

Elle écrivait de sa propre main les fleurettes [2] pour chaque jour. Cela consistait en l'offrande de sa journée, selon les besoins particuliers. Elle élargissait sa prière aux intentions de toute la paroisse, aux villes et aux tout-petits villages des confins de la terre.

Fin mai, elle réunissait ses billets et écrivait une petite lettre à la Vierge Marie. Ensuite, après avoir placé tout cela aux pieds de Notre-Dame, elle brûlait la lettre et les fleurettes.

Mais la lettre de [mai] 1935 échappa aux flammes, et encore aujourd'hui elle est conservée. Elle dit ceci :

« Petite-Maman ![3] Je viens humblement déposer sur votre autel les fleurs spirituelles que j'ai cueillies pendant ce mois. Je me sens confuse et gênée. Quelle misère ! Dans quel état je vous les présente ! Elles sont sèches et effeuillées ! Mais vous, Petite-Maman du Ciel, vous pouvez les faire sourire.

Douce Petite-Maman ; au dernier jour de votre saint mois, comme je n'ai rien d'autre, je vous offre tout mon corps, et je vous demande de le garder, de le prendre entre vos bras, comme si vous étreigniez une fille à vous très chère.

Bénissez-moi. Demandez à Jésus qu'il me bénisse ; que la Très Sainte Trinité me bénisse.

Adieu, tendre Petite-Maman, pardonnez-moi tout. »

Début mai, elle faisait à la Vierge cette consécration :

« Mère de Jésus et ma Mère, écoutez ma prière. Je vous consacre mon corps et mon cœur. Purifiez-moi, Très Sainte Mère ; remplissez-moi de votre saint Amour. Placez-moi auprès des tabernacles de Jésus, afin que je leur serve de lampe, tant que durera le monde. Bénissez-moi, sanctifiez-moi, ô douce et bénie Mère du Ciel!»

Amour pour les tabernacles

Un jour elle était seule dans sa chambre. Il y régnait un très grand calme et un grand silence. Sa pensée s'envola vers le tabernacle. Pour exprimer sa tendresse à Jésus, elle écrivit sur un bout de papier cette aspiration de son amour :

« Mon Jésus, Vous êtes prisonnier et moi aussi. Nous sommes tous les deux prisonniers. Vous, Vous êtes prisonnier par amour pour moi ; moi, je suis prisonnière entre vos Mains. Vous êtes le Roi et le Seigneur de tout ; moi, au contraire, je ne suis qu'un simple ver de terre. Je vous ai laissé, abandonné, ne pensant qu'aux choses de ce monde, qui ne sont que ruine pour les âmes. Mais, maintenant, repentie du plus profond de mon cœur, je ne voudrai plus que ce que Vous, Vous voudrez ; je veux souffrir avec résignation. Ne me privez pas, ô Jésus, de votre amour et de votre protection ! »

Sur la couverture d'un vieux livre, elle écrivit encore ces paroles :

« En esprit auprès des Tabernacles :

Oh ! mon Jésus chéri, je voudrais pouvoir Vous visiter dans vos Tabernacles, mais je ne le peux point, parce que la maladie me tient clouée sur ce lit de douleur. Que votre volonté soit faite ; mais au moins, mon Jésus, ne permettez pas qu'un seul moment ne passe sans que j'aille, en esprit, aux portes des Tabernacles pour Vous dire : “Mon Jésus, je veux Vous aimer ! Je veux m'enflammer tout entière dans les flammes de votre amour ; je veux Vous supplier en faveur des pécheurs et des âmes du Purgatoire”. »

Et alors, cette douce prière lui échappait :

« Oh ! suave mélodie,
O douce Vierge Marie !
Par vos douleurs, je vous en supplie,
Portez mon âme à Jésus. »

Tous les matins, en priant, elle s'unissait à toutes les messes que se célébraient dans le monde :

« O Jésus, je Vous offre ma journée à toutes les intentions pour lesquelles Vous, Vous offrez Vous-même au Père sur nos autels. »

Un psaume poétique

L'association religieuse des “Maries des Tabernacles”, semblable à celle des “Lampes Vivantes” en Italie, était assez répandue dans le nord du Portugal. A toutes les deux, la portugaise et l'italienne, Alexandrina s'inscrivit avec un très grand enthousiasme. Elle en était heureuse.[4]

Tous les matins, à cet effet, elle récitait une prière de sa propre composition. Celle-ci a le rythme d'un psaume et nous y découvrons certaines touches poétiques :

O Jésus, voilà la Petite-Maman chérie, écoutez-La ; c'est Elle qui va Vous parler pour moi. Et Vous, Maman chérie, emportez mes baisers, d'innombrables baisers, d'innombrables caresses et marques de tendresse à tous les Tabernacles du monde. Tout pour Jésus-Hostie, tout pour la Très Sainte Trinité, tout pour vous, douce et tendre Maman. Multipliez mes baisers, multipliez-les et, avec une tendresse et un amour pur et saint, avec un amour sans bornes, avec une immense nostalgie, offrez-les de la part de celle qui ne peut pas se déplacer jusqu'aux Tabernacles.

O Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma vie, chaque minute, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou ennui, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux, ce soit autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque syllabe des prières que je récite ou entends réciter, chaque syllabe que je prononce ou entends prononcer, que toute parole que je lis ou entends lire, que j'écris ou vois écrire, que je chante ou entends chanter, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque baiser sur vos images, ou sur celles de votre Maman chérie ou encore de vos saints et saintes, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et des rivières, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je Vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous les fruits que sur eux mûrissent ; chaque pétale de toutes les fleurs ; toutes les graines que contient le monde ; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans les vallées, sur les montagnes : tout cela je veux vous l'offrir comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je Vous offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les poils des animaux et leurs cris, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je Vous offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil et mes rêves, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je Vous offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de Vous offrir, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je Vous les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer ; acceptez-les comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles. »[5]

Quand elle écrivit cet hymne de louange, Alexandrina avait alors 27 ans : dans son âme c'était aussi la saison des bouquets fleuris...

Trois ans plus tard, en 1934, Jésus s'adressant à elle lui dit :

La mission que Je t'ai confiée, ce sont mes Tabernacles et les pécheurs. C'est Moi qui t'ai élevée à un aussi haut degré. C'est mon Amour !

* * *

[1] Traduction littérale : "Elle cherchait à tuer le temps".

[2] Intention de prière pour chaque jour. Mot portugais : florinhas, ce qui veux dire fleurettes.

[3] Ces deux mots remplacent ici, comme à d'autres endroits du texte, le mot portugais "Mãezinha". Ce mot, utilisé au diminutif, en portugais, exprime à lui tout seul, tous les sentiments d'amour filial : on peut le traduite aussi pas "tendre petite Maman" ; "Maman chérie", etc. Le mot portugais se prononce : mainhizigne. Note du traducteur

[4] Le Père Umberto l'a inscrite, en 1946, parmi les Lampes Vivantes, dont le siège est à Milan (Italie), 3, rue Hoepli.

[5] Lors de la récitation de cette prière elle expérimenta souvent le phénomène de la lévitation (se soulever à l'encontre du centre de gravitation) sentant dans son cœur de fortes chaleurs, tout particulièrement après la Sainte Communion : ce furent là les premiers phénomènes mystiques.
 

   

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