Alexandrina de Balasar

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Esprit de mortification

Dans ses notes autobiographiques, Alexandrina laissa écrit:

« Je demandais au Seigneur l’amour de la souffrance et, sans bien savoir comment, je me suis offerte à lui comme victime. Le Seigneur m’a accordé cette grâce dans une proportion si importante qu’aujourd’hui, je n’échangerais la souffrance contre tout ce qui peut exister dans le monde. Aimant la douleur, je me sentais heureuse d’offrir à Jésus mes peines. Consoler Jésus et lui sauver des âmes, voilà ce qui me préoccupait. »

Un peu plus loin elle rajoute encore:

« Je voulais tout faire par amour pour Eux [1]et, pour leur prouver que je les aimaient. Quelques fois, je faisais des boulettes de cire que j’attachais au bout d’un fil et, avec celles-ci, je me flagellais, choisissant les endroits de mon corps les plus sensibles, ceux où je me faisais le plus de mal, comme les genoux, les os. Mon corps devenait bleuâtre sous les coups [2]. D’autres fois, je nouais les tresses de mes cheveux aux barreaux de mon lit et je tirais ensuite, de toutes mes forces, afin de pouvoir souffrir davantage.

Un dimanche après-midi, j’ai éprouvé une si grande aspiration d’amour pour Jésus, que je ne pouvais me contenir. Je ne désirais qu’une chose: être seule. Finalement, tous les miens décidèrent, même si hésitants, d’aller à l’église. A peine ils sont sortis, j’ai pu montrer à Jésus combien je l’aimais. Ayant pris l’épingle à laquelle étaient accrochées mes médailles, je l’ai enfoncée dans ma poitrine. Ne voyant point de sang couler, je l’ai enfoncée davantage dans la chair, jusqu’à ce que le sang coule. Je m’en suis servie comme d’une plume et j’ai écris, au verso d’une image pieuse:[3]

Avec mon sang, je vous jure de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel, que je meure enlacée à la croix. Je vous aime et je meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos tabernacles. (Balasar, 14.10.1934). »

Elle ajoute ensuite qu’après avoir raconté ce fait à son directeur spirituel, celui-ci lui interdit de recommencer de tels actes.

D’après tout ce que je sais d’Alexandrina, j’ose affirmer qu’il ne sera pas aisé de rencontrer quelqu’un d’autre qui ait tant aimé la croix.

Tout d’abord, le grand martyre que lui causait la myélite dont elle était atteinte qui la retînt au lit trente années durant, pendant lesquelles elle fit preuve son inaltérable résignation.

Ensuite, il y avait chez elle, une intuition claire de la valeur de la souffrance, comme le prouvent de nombreux documents.

Par exemple, dans une lettre du 15 février 1940, après avoir expliqué combien elle désirait consoler Jésus, elle s’exclame:

« Viens douleur aimée, viens douleur chérie; ce n’est que toi et toi seule qui peux m’unir à Jésus! O douleur, ô phare qui me guides vers mon Créateur! »

Onze jours plus tard, elle écrit encore:

« O douleur, douleur bénie! O croix, ô lit sacré, je veux que tu sois ma tombe, d’où je ne puisse plus sortir! Tu es, ô croix bénie, l’immense trésor dont Jésus m’a enrichie! Je te veux, je t’embrasse, je veux être clouée à toi, et être entourée d’épines! C’est pour Jésus que je veux être blessée et avec Lui, sur l’autel, être immolée! Heureuse fortune — celle de la croix qui m’attend sur la terre; elle me fera éternellement bienheureuse au ciel!... »

A cette connaissance claire de ce que c’était que la souffrance, s’ajoutait un amour, jamais démenti, de la croix. Alexandrina était toujours prête à accepter toutes sortes de sacrifices, et ils furent innombrables, ininterrompus et variés. Elles les accueillait avec le plus grand héroïsme, s’offrant, invariablement au Seigneur et en demandant davantage, allant jusqu’à lui demander d’en inventer. Notre-Seigneur l’exauça, et l’en gratifia jusqu’à la mort.

Déjà le 2 mars 1936, elle déclarait:

« S’il m’était possible d’endurer toutes les souffrances du monde, je ne les refuserais pas, pourvu que Jésus fût aimé de tous. Je dis souvent à Jésus: Mon Bien-Aimé Jésus, comme j’aimerais vous consoler et pouvoir vous dire: “Mon Jésus, vous ne serez plus offensé! Il ne tombera désormais plus d’âmes en enfer! Vous êtes aimé et connu de tous!” Oh oui, je veux beaucoup souffrir, afin que votre Sang n’ait pas été versé inutilement pour aucune âme. »

Le 21 novembre 1936, nous trouvons ce que saint Ignace de Loyola appelle, dans ses Exercices Spirituels, le troisième degré d’humilité:

« Béni soit mon Bien-Aimé Jésus qui m’a donné la plus grande richesse que l’on puisse avoir en cette vie: il m’a donné les souffrances, mon plus grand bonheur! Je pense que toute l’éternité ne sera pas assez longue pour l’aimer, le louer et le remercier pour tant de grâces, tant de bienfaits, tant de richesses dont il m’a comblée!

Mon Père, c’est du plus profonde de mon cœur que je peux vous le dire: si l’on venait me déclarer, en ce moment même, que je passerais le reste de ma vie sans souffrir, mais, qu’au ciel, j’aurais le même degré de gloire que si je souffrais toujours, je répondrais, sans hésiter: non, mille fois non. C’est par la souffrance que les portes du ciel m’ont été ouvertes. Si je peux avoir le bonheur de ressembler à Jésus crucifié, devrais-je le mépriser? Non, cela non; souffrir et souffrir toujours! Ce n’est que l’amour qui récompense l’amour! Jésus a souffert et est mort par amour pour moi; moi aussi, je veux souffrir et mourir pour son amour.

Je vis dans une sorte de continuel délaissement spirituel, très angoissant. Mais que seule la volonté de Notre-Seigneur soit faite. »

Cet extrait n’a pas besoin d’être commenté. Il se suffit à lui-même.

Dans une autre lettre du 3 décembre 1936, elle s'écrie encore:

« En contemplant Jésus crucifié et me rappelant tout ce qu’il a souffert pour moi, je ne peux rien Lui refuser. Au contraire, je Lui dis: “Encore davantage, mon Jésus; toujours plus!” Et il daigne m’exaucer: il a toujours des souffrances à me faire partager.

Mon âme est dans un tel état de délabrement et de froideur, que je la compare à une maison qui, suite à un incendie, n’est plus que ruines. Pauvre de moi! C’est tout ce que j’y trouve: une vie de péchés et d’infidélités envers Notre-Seigneur, rien d’autre... »

Taraudée par la tribulation intérieure, elle écrit, le 18 décembre 1937:

« Avez-vous finit votre retraite? Avez-vous compris, maintenant, la menteuse que je suis? Avez-vous compris combien je vous ai trompé jusqu’ici? C’est ce que me dit le démon. Dieu soit loué, je n’ai jamais pensé à vous tromper, bien au contraire: je fais de mon mieux pour que vous ayez pleine connaissance de mes misères et de mes infidélités à mon Bien-Aimé Jésus...

Depuis quelques jours, Notre-Seigneur ne me parle plus; il m’a mise au vert... Que j’appelle ou que je me taise, c’est pareil; il ne me parle pas, il ne se fait pas sentir à mon âme.

Il y a quelques jours, alors que j’étais en butte à une grande affliction, je lui ai dit:

“O mon Jésus, crucifié mon âme et mon corps. Agissez envers moi comme si vous ne m’aimiez pas. Faites semblant de m’abandonner, mais à condition que vous oubliiez les crimes des pécheurs et que vous vous souveniez, uniquement, de votre amour pour eux, et que vous les conduisiez sur le droit chemin.”

Je ne sais pas si Notre-Seigneur a accepté mon offrande, mais je le crois... »

Ce point sera expliqué au chapitre suivant.


[1] Jésus et Marie.

[2] Il n’y a aucune exagération dans ce qu’elle dit. Son corps était devenu diaphane à cause de sa terrible myélite et de ses effets néfastes.

[3] Cette image est conservée comme une précieuse relique.
 

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