Chapitre 6
La consécration du monde
au Cœur Immaculé de Marie
― Ma fille, envoie dire à ton père spirituel que, comme preuve de
l’amour que tu as envers ma Très-Sainte Mère, je veux que tous les ans un acte
de Consécration du monde entier soit faite, à l’occasion de l’une de ses fêtes,
que toi-même tu choisiras : Assomption, Purification ou Annonciation, pour
demander à la Vierge sans tâche de péché qu’Elle rende honteux et confonde les
impurs, afin qu’ils rebroussent chemin et ne m’offensent pas.
Comme je l’ai demandé à sainte Marguerite Marie que le monde soit
consacré à mon Divin Cœur, de la même manière je te demande à toi qu’il Lui soit
consacré avec une fête solennelle. (…)
Ne perds pas de temps dans ta mission (Jésus sait bien qu’il y
aura encore quatre années de perdues !)
Lors qu’Alexandrina entend cette invitation, le désir que
le monde soit consacré à Notre Dame est déjà répandu en Europe depuis presque un
siècle. Il paraîtrait qu’il ait déjà été inspiré à sainte Catherine Labouré (V.
No C). Plusieurs demandes au Pape, dans ce sens, émanant des autorités
ecclésiastiques, se sont succédées. Plusieurs consécrations locales et
diocésaines ont été faites. Mais la consécration du monde entier faite par le
Pape lui-même n’avait jamais été faite.
Jésus se sert des petits : s’adresser à une petite bergère
reléguée entre les quatre murs de sa chambre de paralysée ! Il lui dit :
― Ma fille, je t’ai choisie pour des choses sublimes ! Je me suis
servi de toi pour communiquer au Pape mon désir de voir le monde consacré à ma
Très-Sainte Mère.
L (01-11-1937).
La voyante de Fatima, sœur Lucie, avait manifesté à Rome la
volonté de Dieu que la Russie soit consacrée au Cœur Immaculé de Marie, mais
elle n’avait jamais parlé du monde, comme elle le déclare dans les diverses
lettres qu’elle a adressées au Père Umberto Pasquale, deuxième directeur
spirituel d’Alexandrina et qui avait d’étroites relations avec sœur Lucie.
Naturellement l’intermédiaire entre Alexandrine et le Pape
c’est son directeur spirituel, le Père Pinho.
Celui-ci, après quelques incertitudes, se décide à
communiquer cette demande au Saint-Siège.
De là sont partis pour Balasar deux experts pour examiner
le “Cas” : Le Révérend Père Durão, le 31 mai 1937, qui en est parti avec un avis
favorable e, le chanoine Vilar, le 5 janvier 1939, qui l’a beaucoup appréciée et
est devenu son ami. Il assista à l’extase de la Passion du 13 janvier 39. Par la
suite il lui a écrit 7 lettres où il fait part à Alexandrina de ses difficultés
à persuader du bien fondé d’une telle consécration. Il ne verra pas le résultat
de ses efforts : il meurt le 7 mars 1941.
La consécration et les extases de la Passion
Le phénomène des extases de la Passion, avec tous ces
mouvements chez une personne paralysée, devait susciter un grand étonnement,
agiter les consciences.
Le Père Durão (en 37), même en se déclarant convaincu de
l’honnêteté de la voyante, avait dit qu’il manquait des “signes”. Le “signe
extérieur” sera donné par Jésus en faisant revivre sa Passion avec des gestes
expressifs.
Voilà pourquoi lors de l’extase du 13 janvier 1939, le
chanoine Vilar entend des phrases ayant un rapport avec la consécration. Lisons
quelques-unes de celles-ci recueillies sur les annotations de la maîtresse
Çãozinha, qui était présente :
― Elle a été dure la Passion (…) mais c’est pour la consécration.
Cela est nécessaire : ils veulent des signes extérieurs. Le signe est bien clair
(…).
― Que puis-je encore faire, mon Jésus, car le Pape tarde tant ?
― Souffrir cette Passion jusqu’à ce que le Saint-Père se décide à
faire ce que Jésus demande (Notes conservées dans les Archives de la
Postulation Générale).
Remarquons l’humilité d’Alexandrina :
O Seigneur, si Tu chargeais quelqu’un d’autre qui soit moins
pécheur que moi, ne croirait-Il (le Pape) pas plus facilement ? Comment
pouvez-Vous concrétiser votre œuvre en utilisant la plus basse misère ? (Positio,
p. 322).
Les 13 octobre et 8 décembre 1942!
À la mort de Pie XI,Alexandrina a répété plusieurs fois :
“Cardinal Pacelli, cardinal Pacelli !”
Ensuite, quand celui-ci a été élu Pape, Alexandrina, en
extase, entendit Jésus lui dire :
― “C’est celui-ci le Pape qui consacrera le monde au Cœur
Immaculé de ma Mère !” (C G, note a p. 115)
Lors de l’extase du 22 mai 1942 Jésus s’exclame :
― Gloire, gloire, gloire à Jésus ! Honneur, honneur et gloire à
Marie !
Le cœur du Pape, le cœur d’or est décidé à consacrer le monde au
Cœur de Marie ! Quelle bénédiction et quelle joie pour le monde, appartenir plus
que jamais à la Mère de Jésus !
Le monde entier appartient au Coru divin de Jésus ; le monde
entier va appartenir désormais au Cœur Immaculée de Marie (No C).
Le 29 mai Alexandrina fait cette prière :
Ave Marie, Mère de Jésus ! Honneur, gloire et triomphe à ton Cœur
Immaculé !
Ave Marie, Mère de Jésus, Mère de tout l’univers !
Qui ne voudra pas appartenir à la Mère de Jésus, à la Dame de la
Victoire ?
Le monde va être consacré à son Cœur maternel !
Garde, Vierge pure, garde Vierge Mère, en ton Cœur Très-Saint
tous tes enfants ! (prière écrite pendant l’extase par Deolinda et le Dr
Azevedo ; C G, 116)
Le 31 octobre, à la conclusion du jubilée de Fatima (25e
anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Fatima, en 1917), le monde entier a
pu écouter, en langue portugaise, à travers la radio, la voix du Saint-Père qui
consacrait le monde au Cœur Immaculé de Marie !
Comment a réagi Alexandrina ? Le 7 novembre elle écrit à
son directeur :
(…) Quand, par un télégramme j’ai eu connaissance de la
consécration du monde à ma bien-aimée Mãezinha, Jésus m’a accordé quelques
moments de consolation.
Toute retournée, je ne savais pas comment remercier Jésus et la
Mãezinha.
Je levais les mains au ciel et je disais : Béni soit Jésus, bénie
soit la Mãezinha !
J’avais l’impression que j’allais moi-même placer le Saint-Père
dans le Cœur de Jésus et Marie ! (Remarquez ici l’emploi du singulier pour leu
mot “Cœur”, qui indique l’unicité des deux Cœurs sacrés de Jésus et Marie). L
(07-11-42).
Le journal de ce même jour 7 novembre commence ainsi :
― Réjouis-toi, fille aimée, réjouis-toi fille très chère, car les
desseins de Jésus sont accomplis. Réjouis-toi, car de grandes bénédictions vont
tomber sur la terre coupable (…) S (07-11-1942).
Le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, la
consécration a été renouvelée solennellement en la Basilique Saint-Pierre.
Le 13 décembre 1942 Alexandrina a une vision, que l’on peut
interpréter comme une annonce du triomphe de Notre Dame, transportée par avion à
travers plusieurs continents et sa statue qui est à Fatima honorée.
C’est arrivé dans la matinée du 13 décembre, ce ne fut pas une
rêve, ni non plus une illusion, sûrement pas !
Je voyais la Mãezinha de Fatima élevée et posée sur je ne sais
quoi.
Autour d’Elle, un “univers” de monde. Elle regardait cette foule
avec tendresse.
J’ai eu l’impression de sortir de moi-même et d’être transportée
dans une autre région : je ne vivais déjà plus sur la terre.
Je ne sais pas combien de temps j’y suis restée. L
(2-1-43)
À propos de la “Peregrinatio Mariæ” en Italie, le
Père Mario Mason, jésuite, qui a participé personnellement à l’organisation, a
laissé de celle-ci une description détaillée. Voici quelques extraits :
Ce qui va suivre était en note de bas de page dans
l’original italien. Nous avons préféré le laisser ici, comme s’il s’agissait
d’un appendice.
En 1942 j’ai vu comme dans un rêve la statue de Notre Dame qui
voyageait dans tous les pays, comme une missionnaire, restant deux ou trois
jours, selon l’importance des lieux.
De mai 1947 à octobre 1949, à Milan et son diocèse, elle a été
accueillie comme si Elle était vivante, comme Mère et Reine. Toutes les
difficultés d’organisation étaient vaincues comme par enchantement… et l’afflux
de fidèles augmentait. Le saint cardinal Schuster lui-même, ému, disait : “ La
main de Dieu est ici !”
Cette initiative passa de Milan à
toute l’Italie. Afin de préparer les mentalités à l’acte solennel de la
consécration de l’Italie à Marie Très-Sainte, faite à Catane le 13 septembre
1959 par le Pape Jean XXIII, j’ai proposé au Comité National Marial que l’image
de Notre Dame de Fatima passe dans tous les diocèses d’Italie, par hélicoptère,
pendant bien 150 jours, sans interruption : ce fut comme un rosaire vivant de la
Très-Sainte Vierge au milieu de ses enfants. Ce fut comme une compétition avec
des manifestations d’amour de profonde piété entre les régions. (…) Les scènes
suggestives d’accueil, les pèlerinages continuels et les vigiles partout
transformaient les villes en autant de sanctuaires. (…) Cela m’a fait vivre ces
150 jours consécutifs comme dans une vision anticipée du Paradis.
En souvenir de cet itinéraire surgira
le Temple National de Marie Mère et Reine, sur le mont Grisa, à Trieste, pour
unir et protéger tous les peuples d’Europe et du monde. (…)
Beaucoup furent “touchés”. Rappelons
que saint Padre Pio, penché sur le rebord de la fenêtre de sa cellule, regardait
le ciel, pendant que l’image passait, et demandait sa guérison… et il fut
guéri !
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