Liste
des prières :
Offrande
-
Unie
à Jésus -
Gardez
les portes fermées -
Moissonnez
pour vous -
Si
je me distrais -
Vous
ne serez plus offensé -
Mon
calvaire continue -
Victime
pour la Consécration -
O
douleur bénie ! -
O
sainte obéissance !
—
Mon bon Jésus, Vous êtes emprisonné. Moi aussi, je le suis. Nous sommes tous
deux incarcérés. Vous, pour mon bien et moi, enchaînée par Vous. Vous êtes
Roi et Seigneur de tout. Moi, je ne suis qu’un ver de terre. Je Vous ai négligé,
ne pensant qu’aux choses du monde qui ne sont que perdition pour les âmes,
mais, maintenant, le cœur contrit, je ne veux que ce que Vous voudrez, je veux
souffrir avec résignation. Ne me laissez pas sans votre protection.
—
O mon Jésus, je m’unis spirituellement, maintenant et pour toujours, à
toutes les saintes Messes qui, de jour comme de nuit, sont célébrées sur
toute l’étendue de la terre. Jésus, immolez-moi avec vous au Père éternel
pour les mêmes intentions que vous-même, vous offrez.
—
O Jésus, si je vous aime, comme tant de fois vous me l’affirmez, si je vous
aime vous et la Petite-Maman et je suis aimée d’Elle comme vous me le dites,
et je le crois et j’ai confiance, que puis-je désirer d’autre, sinon vous
aimer et vous sauver des pécheurs ? Crucifiez-moi, ô mon Jésus, ne m’épargnez
pas, mon Amour, mes éloignez-les des peines de l’enfer! Ne manquez pas, mon Jésus,
ne manquez pas à ce que vous m’avez promis. Gardez, Jésus, gardez, je vous
en prie, les portes de l’enfer bien fermées. Placez-moi, mon Amour,
placez-moi, devant elles. Emmenez-moi devant elles, comme je vous l’ai déjà
dit, mon Amour, placez-moi là, devant leur seuil, comme une barrière ;
jusqu’à ce que le monde soit monde, et qu’il y ait des pécheurs à sauver.
Ou bien, mon Amour, laissez-moi dans le monde, tant qu’il existera ; appelez
à vous tous les miens, tous ceux qui me sont chers ; laissez-moi seule ;
vous me suffisez, mon Jésus...
—
O mon Jésus, donnez-moi votre divine force ! Je veux cacher ma
douleur. Toute seule je n’y réussis pas. Que mon cœur pleure nuit et jour,
si vous le voulez, mais que mon regard soit joyeux et mes lèvres souriantes.
Que votre saint amour et les âmes soient le motif de ma souffrance !
Je
suis comme la colombe qui, dans son envol, secoue les ailes nuit et jour, et ne
trouve pas où se poser si vous ne venez pas à son secours. Les forces lui
manquent, elle est incapable de poursuivre son vol: c’est moi qui navigue dans
les airs, c’est moi qui suis tout près d’être anéantie par la tempête ;
je suis la plus indigne de vos petites filles, sans lumière et sans soutien.
O
Jésus, je ne savais pas que j’avais encore tant à vous donner ! Combien
grande est mon ignorance ! Je pensais vous avoir tout donné. Je me
trompais : vous êtes venu faire la dernière moisson. Prenez tout, hâtez-vous
de tout prendre : moissonnez pour vous.
—
O mon Jésus, si je me distrais ou si je m’endors, rappelez-moi aussitôt, par
des afflictions ou par des souffrances, afin que je prenne votre défense et que
les péchés du monde ne tombent pas sur vos prisons d’amour. Je veux vivre et
mourir dans vos bras, mais sans jamais arrêter de vous consoler et de vous
aimer; sans jamais cesser de vous tenir compagnie et de vous soulager.
—
Mon Bien-Aimé Jésus, comme j’aimerais vous consoler et pouvoir vous dire :
“Mon Jésus, vous ne serez plus offensé ! Il ne tombera désormais plus
d’âmes en enfer ! Vous êtes aimé et connu de tous !” Oh oui, je
veux beaucoup souffrir, afin que votre Sang n’ait pas été versé inutilement
pour aucune âme
—
O Jésus... mon calvaire ne s’arrête pas. Les obscures
ténèbres de la nuit, ne finiront-elles jamais ? (1)
Je n’aperçois même pas le chemin ; je ne puis ni avancer ni reculer !
Je n’ai pas de guide ; je n’ai pas de vie. Le cœur et l’âme s’en
vont en morceaux. Par l’amour de qui j’accepte tout cela ? Pour Vous,
ô Jésus, uniquement pour Vous et pour les âmes. Servez-vous de ma tristesse
et de mon agonie, servez-vous du sacrifice qui m’a amenée à l’extrême
limite, pour donner la paix au monde et afin que Votre divin Cœur puisse avoir
de moi toute la joie, consolation et amour possibles.
Si
je ne vis pas pour sauver les âmes, si mes souffrances ne sont pas suffisantes
pour leur éviter l’enfer, oh ! alors, mon Amour, prenez-moi avec Vous.
Il n’est pas possible de vivre ainsi. Qu’il me reste au moins l’espérance
que mon agonie console votre divin Cœur. (2)
Hâtez-vous,
Jésus, de me secourir. Faites que je sois ferme dans mes propos. Placez sur mes
lèvres un sourire “trompeur”, (3)
sous lequel je puisse cacher toute la souffrance de mon âme. Il suffit que Vous
seul connaissiez ma souffrance.
Examinez,
ô Jésus, tout mon corps, tout mon cœur, toute mon âme: voyez si Vous y
trouvez encore quelque chose qui puisse vous être utile ; je veux tout Vous
donner.
(…)
La
privation de mon directeur spirituel et tous les sacrifices qui sont venus par
la suite m’ont portée à la plus grande souffrance. Et maintenant, mon Jésus,
le fait de le savoir aussi proche (4)
pendant que moi, comme un oiseau pendant les jours d’hiver, je reste là,
affamée de ne pas pouvoir lui parler, de ne pas pouvoir recevoir de lui aliment
et vie pour mon âme... il y a de quoi mourir de douleur !
Que
seul votre amour règne: seul l’amour peut vaincre !
Je
Vous ai promis, ô Jésus, de souffrir en silence, de ne pas me permettre un
seul soupir afin que je puisse contenir toute la douleur de ma triste épreuve.
Et pourtant, maintenant je n’en peux plus, mon Jésus : les humiliations, les
mépris les abandons, m’écrasent...
Mon
âme ne ressent que peur et détresse.
Mon
triste cœur est angoissé de contenir le sang du monde entier afin de paver
tous les sentiers du Calvaire avec ces paroles de sang : l’amour,
l’amour de Jésus !
(Après
la perte de son premier Directeur spirituel)
Victime
pour la consécration
—
O mon Jésus, je me consacre toute à vous. Que votre Cœur me soit grand
ouvert. Permettez que je rentre dans cette Fournaise ardente, dans ce Feu brûlant.
Fermez-le sur moi, mon bon Jésus ; que j’y demeure pour y rendre mon dernier
soupir (5)
enivrée de votre divin Amour. Ne souffrez pas que je me sépare de vous sur la
terre, sinon pour m’unir à vous, éternellement, dans le ciel.
O
mon cher Jésus, je m’unis, en esprit, à partir de ce moment et pour
toujours, à toutes les Hosties contenues dans tous les ciboires de la terre,
dans chaque lieu où vous habitez sacramentellement. C’est là que je veux
passer tous les moments de ma vie, constamment, de jour comme de nuit, dans la
joie ou la tristesse, seule ou accompagnée, à vous consoler, à vous adorer,
à vous aimer, à vous louer, à vous glorifier. O mon Jésus, j’aimerais
faire tomber, continuellement, sur vous, de jour comme de nuit, autant d’actes
d’amour que de gouttes de pluie fine tombent sur la terre. Je voudrais que
toutes les créatures de la terre en fissent de même, afin que vous soyez aimé
de tous. Écoutez ces vœux de mon cœur et acceptez-les comme si déjà je vous
aimais.
O
Jésus, je voudrais qu’il n’y eût pas un seul Tabernacle dans le monde, en
tout lieu où vous habitez au Saint-Sacrement, où je ne fus à vous redire,
sans cesse, à chaque instant de ma vie: Jésus, je vous aime; Jésus, je suis
toute à vous. Je suis votre victime, la victime de l’Eucharistie,(6)
la petite lampe de vos prisons d’amour, la sentinelle de vos Tabernacles !
O
Jésus, je veux être victime pour les prêtres, victime pour les pécheurs,
victime de votre amour, de ma famille, de votre sainte Passion, des Douleurs de
la Petite-Maman, de votre Cœur, de votre sainte Volonté; victime du monde
entier! Victime pour la paix, victime pour la consécration du monde à la Maman
chérie...
—
O douleur, douleur bénie ! O croix, lit sacré !...
Je veux que tu sois ma tombe d'où je ne puisse plus sortir !... Croix
sainte, trésor immense dont Jésus a voulu m'enrichir, je te désire, je
t'embrasse, je veux être clouée à toi, toute entourée d'épines ! Je
veux être blessée et immolée pour Jésus, avec Jésus ! La croix fait
mon bonheur sur la terre et me rendra heureuse au ciel !...
—
Écoutez, mon Jésus, ma souffrance presque moribonde. Un coup très dur lui a
été porté. O souffrance qui tue la douleur ! O souffrance qui ne peut être
comprise que de vous ! Le regard fixé sur vous, ô Jésus, les calomnies,
les humiliations, les mépris, les haines, les oublis ont toute la douceur de
votre Amour ! Qu’il m’arrive, ô Jésus, qu’il m’arrive tout ce qui
vous fait plaisir ! Que mon nom meure, comme je sens qu’il arrivera à
mon corps et à mon âme, afin que triomphe votre divin Amour dans les cœurs et
votre Grâce dans les âmes. Me voici, mon Bien-Aimé, prête à être immolée.
Mais comment résister à tout cela ? Regardez ce cœur qui éclate et se décompose
dans la douleur : il ne peut pas supporter autant de tourments si vous ne lui
venez pas en aide. Venez, mon Jésus, aidez-le, aidez-le ! Ils veulent me
priver de tout: ils menacent même de me priver de la Communion, interdisant le
curé de venir chez moi, sauf en cas de danger de mort, si je n’obéis pas.(7)
J’obéis,
j’obéis, ô mon Jésus, avec votre divine Grâce !
O
sainte obéissance, je t’aime pour Jésus et pour les âmes !
(8)
1)
Pour adhérer à Dieu et devenir esprit avec Lui des purifications énergiques
et terribles sont nécessaires. Celles-ci sont bien plus douloureuses que celles
de la nuit des sens; c’est ce qui advient dans la nuit de l’esprit. Saint
Jean de la Croix les décrit et affirme qu’elles peuvent être comparées à
celles du purgatoire et de l’enfer. (Nuit II, chap. 6-8).
2)
Pendant cette période Alexandrina ayant la sensation de mourir, dicte son
testament spirituel, reporté au chapitre sur sa mort qui eu lieu le 13 octobre
1955.
3)
Elle écrira plus tard dans son journal du 31 mai 1946: “Mon sourire est
faux mais non pas dans le sens malhonnête; en effet, le sourire de mon âme aux
douleurs et à la croix est véridique et continu”.
4)
Le Père Mariano Pinho se trouvait, en effet, à Macieira de Cambra qui est une
petite ville assez proche de Balasar. Il y fut envoyé par ses supérieurs et
privé d’une partie de son ministère sacerdotal.
5)
Le prêtre qui l’assista, dans sa dernière agonie, lui suggéra la prière:
“Très Sainte Trinité, etc.”; “Mon Dieu, dans votre Cœur je remets mon
esprit...”. Elle sourit et expira.
6)
Titre choisi par le Père Mariano Pinho, pour la première biographie
d’Alexandrina.
7)
A propos du “coup très dur” assorti de cette menace, il est bon de
lire les lignes suivantes, écrites par le bon docteur Azevedo au Père Umberto
Pasquale le 21 août 1944: “... Si je n’étais pas assuré, absolument
certain, de la persévérance d’Alexandrina, j’aurais passé bien des jours
dans la plus grande tristesse dans la crainte qu’elle ne perde courage. La
dernière souffrance a été si poignante! Le curé lui a annoncé la nouvelle
de telle manière que si Alexandrina n’était pas celle que nous connaissons,
elle serait tombée dans le découragement, tout du moins pour le moment. Au
contraire, héroïque comme toujours, elle en sort toujours victorieuse avec le
Seigneur...”
8)
Journal du 1er août 1944. |