Alexandrina de Balasar |
Mamma Margherita
Salésiens : « Mamma Margherita » proclamée « vénérable » Benoît XVI a mentionné la maman de Don Bosco à l’Angélus ROME, Jeudi 16 novembre 2006 (ZENIT.org) – L’Eglise reconnaît le caractère héroïque de la vie et des vertus de la mère de saint Jean Bosco, « Mamma Margherita » : un pas décisif vers la béatification sera la reconnaissance ultérieure éventuelle d’un miracle dû à son intercession. Le site Internet des Salésiens et des Salésiennes de Don Bosco de France (www.salesien.com) l’avait d’ailleurs annoncé : la maman de don Jean Bosco est ainsi reconnue par l’Eglise comme « vénérable ». Le cardinal préfet de la congrégation romaine pour les Causes des saints, José A. Saraiva Martins, a en effet lu le décret qui reconnaît le caractère « héroïque » de la vie et des vertus de « Maman Marguerite », ainsi que la renommée de sa sainteté, hier, 15 novembre, en la chapelle de la communauté salésienne du Vatican, indique l’agence internationale salésienne d’Information (ANS, www.sdb.org). La proclamation a été faite en présence du recteur majeur des Salésiens, le P. Pascual Chávez, du postulateur général de la cause de « Maman Marguerite », le P. Enrico dal Covolo, du préfet de la Bibliothèque apostolique vaticane, le P. Raffaele Farina, directeur général de la Typographie vaticane, du P. Elio Torrigiani, et de confrères de la communauté. Au terme de la lecture, un autre illustre Salésien, le cardinal secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, a prononcé une brève allocution et il a accordé sa bénédiction. C’est le 23 octobre dernier que la congrégation pour les Causes des saints, a promulgué ce décret, approuvé par le pape Benoît XVI. « C'est une journée mémorable, a indiqué le recteur majeur, pour la Famille salésienne, qui voit Maman Marguerite faire un pas de plus vers les autels. C'est un évènement attendu depuis longtemps par tout le monde salésien, auquel il s'est préparé en réalisant de nombreuses initiatives en l'honneur de la maman de Don Bosco. Nous nous confions à elle pour qu'elle intercède pour toute la Famille salésienne et pour la Congrégation, qui va célébrer son 26e chapitre général en 2008 ». Parmi les nombreuses associations présentes, on notait l’« Associazione Mamma Margherita » – soutenue par le recteur majeur – qui réunit les parents des salésiens, les invitant à la prière et à encourager la vocation de leurs enfants. La vie de « Maman Marguerite » est connue par le Père Jean-Baptiste Lemoyne, précise le site en français des Salésiens. Il rédigea en effet une brève biographie de « Maman Marguerite » et l’offrit à Don Bosco, le 24 juin 1886, pour sa fête. Celui-ci accueillit ce cadeau avec beaucoup d’émotion. Il y ajouta quelques remarques manuscrites, mais approuva l’ensemble de l’ouvrage. Marguerite Occhiena est née dans les environs d’Asti, dans le Piémont, dans une famille de paysans qui comptera neuf enfants. En 1812, elle épousa François Bosco, veuf d’un premier mariage et père d’un jeune garçon prénommé Antoine. Elle avait vingt-quatre ans et lui vingt-neuf. De cette union naquirent deux autres garçons : Joseph et Jean. Deux ans à peine après la naissance de Jean, le papa mourut brutalement, victime sans doute d’une congestion pulmonaire. La jeune femme se retrouva veuve avec trois enfants et une grand-mère infirme à charge. Son seul gagne-pain provenait de quelques lopins de terre et d’un peu de bétail qu’il faudra abattre pour subsister. Or l’Italie, comme les autres pays d’Europe, avait été ravagée par les guerres de Napoléon. La famine s’installait et les premières années de Jean furent marquées par la misère et la disette. Marguerite fit face avec courage. Elle exploita les terres, secondée par Antoine, l’aîné. Elle envisagea même de se remarier, un paysan du voisinage, sérieux et riche, étant venu la solliciter. Mais il ne voulait pas d’enfants au foyer : Marguerite refusa de les confier à des tuteurs en disant : « Dieu m’a donné un mari, Dieu me l’a enlevé. À sa mort, François m’a confié ses trois fils. Quelle mère cruelle je serais, si je les abandonnais quand ils ont besoin de moi. Pour tout l’or du monde je ne les abandonnerai pas ». Un jour le curé lui apprend que Jean songe à la vie religieuse, il l’invite à réfléchir : « Marguerite, vous êtes pauvre ! Qui prendra soin de votre vieillesse ? Dans un presbytère, vous serez en sécurité. À tout prix, il faut détourner votre fils de ce projet. Il n’est pas fait pour être moine ». Le lendemain, elle va trouver son fils à Chieri et l’interroge : « Monsieur le Curé est venu me voir. Il m’a dit que tu voulais être religieux. Est-ce vrai ? — Oui, maman, si tu n’y mets pas d’obstacle. — Je n’en mettrai pas. Mais il faut réfléchir et examiner le pas important que tu vas faire... Monsieur le Curé se figure que ton choix doit tenir compte de mon avenir, de ma vieillesse. Moi, je fais confiance à Dieu. Je ne désire rien de toi et n’attends rien de toi. Je suis née pauvre, j’ai vécu pauvre, je veux mourir pauvre. Et sur un ton grave : Retiens bien ceci. En te faisant prêtre diocésain, si tu deviens riche, sache le bien, je ne te verrai plus, et ne mettrai plus les pieds dans ta maison ». Lors de la prise de soutane, sa mère le prend à part pour lui confier : « Mon Jean, te voilà revêtu de la soutane. Tu devines ma joie. Mais sache bien : ce n’est pas l’habit qui fait le moine, c’est la vertu. Si jamais tu doutes un jour de la vocation, oh ! je t’en supplie, quitte ta soutane, ne la déshonore pas. J’aime mieux avoir un fils paysan qu’un fils prêtre qui négligerait ses devoirs ». Elle aura également, au moment de l’ordination, des paroles que son fils ne devait jamais oublier : « Te voilà prêtre, mon petit Jean. Tu es près du Seigneur. Chaque jour, tu diras la messe. Rappelle-toi bien ceci : commencer à dire la messe, c’est commencer à souffrir. Oh, tu ne t’en apercevras pas tout de suite. Mais plus tard, tu penseras que ta mère avait bien dit. Chaque jour, n’est-ce pas, tu prieras pour moi. Je ne te demande rien d’autre. Va, ne songe à présent qu’au salut des âmes et ne te préoccupe pas de moi ». Or, don Bosco tomba gravement malade après quelques années de ministère et d’apostolat auprès des jeunes de Turin. Il dut prendre plusieurs mois de repos. C’est au moment de son retour à Turin qu’il lui dit : « Maman, tu le sais, il me faut revenir à Turin. Mes garçons me réclament. Au Refuge (une pension de jeunes filles, tenue par la marquise de Barolo, dont il avait été aumônier) je n’ai plus d’emploi, et il me faut, dans cette nouvelle maison, une personne de confiance. La “casa Pinardi” a mauvaise réputation. Veux-tu venir avec moi ? » Comme à son habitude, Marguerite écoute et réfléchit, avant de dire : « Jean, tu le sais, tu le vois, on tient à moi. C’est dur d’abandonner notre maison, ton frère et tous ceux que j’aime. Mais si tu crois que Dieu le veut ainsi, tu peux compter sur moi. Je suis prête à te suivre ». Le lendemain, ils prirent ensemble la route, à pied et rejoignirent Turin à la nuit tombante. C’était le 3 novembre 1846. Don Bosco avait trente et un an, elle cinquante-huit. Elle deviendra l’âme de la “maison Pinardi”, tour à tour couturière, lingère, cuisinière, catéchiste, éducatrice. Elle sera « Maman » Marguerite, toujours présente, affectueuse, patiente et pourtant ferme. En novembre 1856, elle tomba malade. Son état empira rapidement et le 24 elle rendit son âme à Dieu : il y aura 150 ans la semaine prochaine. Le pape Benoît XVI l’a citée lors de l’angélus de dimanche dernier (cf. Zenit du 12 novembre) en saluant les membres du congrès mondial des Coopérateurs Salésiens, place Saint-Pierre.
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