Alexandrina Maria da Costa, plus connue sous le nom de
Bienheureuse Alexandrina de Balasar, naquit le 30 mars
1904 à Gresufes, paroisse de Balasar, petit bourg situé
à environ 50 kilomètres de Porto, dans l'Archi-diocèse de
Braga, au Portugal.
La mère d'Alexandrina eut,
du même homme, deux filles illégitimes, Deolinda et
Alexandrina. Aussitôt après la naissance de Deolinda,
l'individu qui avait promis de l'épouser
s'en alla au Brésil. Après son retour au Portugal, il
revit la mère de Deolinda, et Alexandrina vint au monde.
Puis cet homme l'abandonna de nou-veau pour épouser une
autre femme. Les témoins lo-caux rapportent qu'à partir
de ce moment, la mère eut un comportement
irrépréhensible.
Alexandrina passa les cinq premières années de sa vie
chez ses grands-parents maternels.
En
janvier 1911, vers l'âge de six ans, elle dut partir,
avec sa sœur, Deolinda, à Póvoa de Varzim afin de
pouvoir fréquenter l'école, car il n'y avait pas d'école
de filles à Balasar. C'est là qu'elle fit sa première
Communion. Les deux fillettes revinrent dans leur
famille en juillet 1912. Vers l'âge de 9 ans,
Alexandrina commença à travailler, d'abord dans les
champs, puis comme journalière, femme de ménage et
couturière, chez des voisins. Il convient de noter ici
que, toute jeune, et même pendant le travail, elle
priait beaucoup. Bientôt elle fut nommée catéchiste et
membre de la chorale.
Malheureusement, dès l'âge
de douze ans, Alexandrina tomba gravement malade. Elle
reçut les derniers sacre-ments, puis se remit un peu,
mais dut cependant cesser de travailler.
Elle se plaignait aussi de
douleurs à la colonne vertébrale; ce mal s'aggrava par
la suite. On disait qu’elle souffrait de myélite.
Le Samedi Saint 1918, Alexandrina sauta par une fenêtre
d'une hauteur d’environ quatre mètres, plutôt que de se
laisser violenter par trois hommes qui étaient entrés
dans la pièce où, avec sa sœur et une amie, elle faisait
de la couture. Il en résulta une compression
de l'épine
dorsale, cause de l'accélération de sa paralysie qui la
retint au lit pendant 30 ans. En 1922, un spécialiste de
Porto, le docteur Abel, confirma le diagnostic précédent
à son médecin traitant, le docteur Garcia: sa patiente
ne guérirait jamais.
Pendant cinq mois consécutifs Alexandrina ne put se
lever, mais en avril 1923 elle recommença à marcher un
peu en s'aidant d'une chaise. En juin, elle put
participer au Congrès Eucharistique National, de Braga.
Mais le 14 avril 1925, elle devait s'aliter
définitivement. Deolinda, sa sœur devint son infirmière
et sa secrétaire.
Alexandrina aurait bien
voulu guérir. Mais malgré ses nombreuses et ardentes
prières, elle n'obtint pas cette grâce; elle comprit
alors que Jésus désirait autre chose d'elle, et elle
s'offrit comme victime pour le salut des âmes, "sentant
toujours davantage le désir d'aimer la souffrance et de
ne penser qu'à Jésus seul." Nous sommes en 1930. Peu
de temps après, vers 1931, Alexandrina composa son
Hymne aux
Tabernacles.
Le 5 octobre 1934, Alexandrina écrivit au Père Mariano,
son Directeur, que Jésus lui demandait:
"Donne-Moi ton Cœur, que Je le place dans le Mien, afin
que tu n’aies pas d’autre amour que le Mien et celui de
mes affaires."
Et Alexandrina se consacra au Cœur de Jésus. Toujours en
1934, après avoir fait le "vœu du plus parfait",
Alexandrina entendit, à plusieurs reprises, Jésus lui
demander de participer à sa Passion, en se laissant
transpercer les mains et les pieds par des clous, et la
tête par des épines. Ces invitations de Jésus à
participer à sa Passion se répétèrent plusieurs fois
pendant environ quatre ans. Jésus la préparait
progressivement au grand événement du 3 octobre 1938. Ce
jour-là, en effet, Alexandrina vécut pour la première
fois la Passion de Jésus dans ses diverses phases.
Dès
lors, les phénomènes mystiques qu'Alexandrina avait déjà
expérimentés vont se multiplier. On peut citer, pour
mémoire, les phénomènes suivants:
– Déjà,
en 1935 et en plusieurs autres occasions, le Seigneur
lui avait annoncé la guerre comme châtiment des nombreux
péchés de l'humanité. Le
30 juin 1935, Jésus fit part à Alexandrina, pour la
première fois, de son désir de voir le monde consacré à
la Vierge Marie. Puis vinrent d'autres événements
déconcertants:
– Le
7 juin 1936, le jour de la fête de la Très Sainte
Trinité, eut lieu un phénomène dramatique: la mort
mystique. Alexandrina avait annoncé sa mort; elle
mourut, en effet, ou sembla mourir, après s'être
longuement préparée. Mais, elle revint à elle au bout
d'un certain temps, alors qu'autour d'elle, on la
pleurait déjà.
– Fin
avril 1937, Alexandrina fut de nouveau au seuil de la
mort: pendant 17 jours elle ne put rien avaler, sauf
l'Hostie consacrée. À partir du 13 avril 1942 le jeûne
total commençait. Pendant 12 ans Alexandrina ne vivra
que de l'Eucharistie. Jésus lui dit un jour, en 1954:
"Ma fille, je
t'ai placée dans le monde et je fais en sorte que tu
vives uniquement de Moi pour prouver au monde ce que
peut l'Eucharistie, ce qu'est Ma vie dans les âmes:
lumière et salut pour l’humanité."
– Un
vendredi de 1945, au cours d’une de ses passions,
Alexandrina eut une vision terrible au sujet de
l'avenir. Bien longtemps avant le Concile Vatican II, le
12 avril 1945, elle raconta dans son autobiographie:
"Quel feu dans mon cœur!... Je vois le monde s’enfuir
vers un autre monde, un monde de perdition.
Je reste les bras ouverts et les yeux levés vers le
ciel. Comment remédier à ce mal? De grandes, de très
grandes inquiétudes montent de la terre vers le ciel.
Mon Dieu, je vois les âmes pleines de lourdeur et les
corps détruits par la lèpre: conséquences du péché.
Quelle lumière, celle qui m’oblige à tout voir!... À
quel extrême le monde est réduit!... Doux Jésus, votre
divin Cœur n’en peut plus!...
Je me sens placée entre le monde et Jésus afin d’éviter
que la méchanceté des hommes ne blesse son Cœur si
aimant. Flagellation, épines et mauvais traitements me
blessent. Je ne vois pas Jésus mais je le sens comme
opprimé, rempli d’épouvante et qui attend les coups de
cette chaîne de méchanceté..."
Puis, concernant
l'Eucharistie, Alexandrina écrit: “Quelle
horreur ce que j’ai vu!... Tant de Judas buvant et
mangeant indignement! Que de langues sales! Pire encore:
combien de mains indignes distribuant ce pain et ce vin;
des mains indignes et des cœurs démoniaques.
Quelle horreur mortelle!... J’en ai éprouvé tant de
douleur et tant d’horreur au point de croire que mon âme
allait fondre et le cœur se briser. Je ne sais pas mieux
exprimer ce que j’ai vu, ce que j’ai souffert. Et avant
tout autre chose, l’amour de Jésus, un amour indicible;
un amour que l’on ne peut évaluer qu’après l’avoir
expérimenté…"
(Autobiographie: 12 avril 1945)
Parlons maintenant de la consécration du monde à Marie
Nous
nous souvenons que le 30 juin 1935, Jésus avait demandé
la consécration du monde à Notre-Dame. Il avait dit à
Alexandrina:
"En raison de l’amour que tu as envers ma très Sainte
Mère, communique à ton directeur spirituel la demande
suivante: que chaque année un acte de consécration du
monde à ma Mère soit fait, un jour fixé et que l’on
demande à la Vierge sans tache de confondre les impurs,
afin que ceux-ci changent de vie et ne M’offensent plus
davantage. Comme J'ai demandé à Marguerite-Marie la
consécration du monde à mon divin Cœur, ainsi Je te
demande à toi, qu’il soit consacré à Marie au cours
d'une fête solennelle."
Le Père Mariano Pinho, le
directeur d'Alexandrina, avait d'abord semblé très
perplexe sur ce sujet, mais peut-être en avait-il
cependant parlé autour de lui, car, le 31 mai 1937,
Alexandrina recevait la visite du Père Antonio Durão,
jésuite, en qualité d'envoyé du Saint-Siège, pour la
questionner sur la consécration du monde à Notre-Dame.
Le 24 octobre 1938 le Père Pinho écrivait à Rome. En
effet, lors de plusieurs extases, Alexandrina avait
entendu Jésus demander au Père Pinho d'écrire au Pape au
sujet de la consécration du monde.
Le 5 janvier
1939, c'est le chanoine Vilar, envoyé par le
Saint-Siège, qui fut chargé d'enquêter sur la
consécration du monde à la Vierge. Le 20 janvier, Jésus
prédit la guerre, châtiment pour les grands péchés:
"Le monde est suspendu à un fil très fin... Ou le Pape
se décide à le consacrer ou le monde sera puni!..."
Le 28 juin 1939, Alexandrina entendit de nouveau Jésus
renouveler sa prédiction. Alexandrina s’offrit comme
victime pour la paix.
Enfin, le 31 octobre 1942, à l'occasion du 25e
anniversaire des apparitions de Fatima, le Pape Pie XII,
élu en mars 1939, fit, en langue portugaise, la
consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie,
consécration qui sera renouvelée solennellement à
Saint-Pierre de Rome, le 8 décembre de la même année.
Alexandrina continuait à jeûner, et, le 25 mars 1942, le
Saint-Siège accréditait le témoignage du médecin qui
affirmait que, du
27 mars 1942
à sa mort, son seul aliment fut la communion
quotidienne. Le jeudi 13 octobre 1955, Alexandrina
retournait vers Dieu qu'elle avait tant aimé.
Alexandrina de Balasar fut béatifiée par le pape
Jean-Paul II le 25 avril 2004. Alexandrina Maria da
Costa a laissé une œuvre écrite importante qui fut
étudiée principalement par Père Umberto Pasquale,
Eugenia
e Chiafredo Signorile et le
Professeur José Ferreira.
Les personnes qui veulent en savoir plus sur Alexandrina
peuvent consulter le site:
http://alexandrina.balasar.free.fr
L'Hymne aux Tabernacles
En
1931, Alexandrina rédigea ce qui nous paraît être le
secret de son cœur et de sa spiritualité:
"Ô Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque
battement de mon cœur, chacune de mes respirations,
chaque seconde de ma vie, chaque minute, soient autant
d'actes d'amour pour vos Tabernacles. Je veux que chaque
mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de
ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie,
tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou
ennui, soient autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je
récite ou entends réciter, toutes les paroles que je
prononce ou entends prononcer, que je lis ou entends
lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou
entends chanter, soient autant d’actes d’amour pour vos
Tabernacles. Je veux que chaque baiser que je déposerai
sur vos saintes images, celles de votre et ma sainte
Mère, celles de vos saints et saintes, soient autant
d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du
ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce
qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et des
rivières, soient autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles. Je vous offre les feuilles de tous les
arbres, et tous les fruits qui sur eux mûrissent; chaque
pétale de toutes les fleurs; toutes les graines que
contient le monde; tout ce qu'il y a dans les jardins,
dans les champs, dans les vallées, sur les montagnes:
tout cela je veux vous l'offrir comme autant d'actes
d'amour pour vos tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs
gazouillements, les poils des animaux et leurs cris,
comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur et
le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune,
le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil et mes
rêves, comme autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles. Je veux que chaque fois que j'ouvre ou
ferme les yeux, ce soit autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses
et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout
ce que j'ai l'habitude de vous offrir, comme autant
d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils
contiennent, je vous les offre comme s'ils
m'appartenaient et si je pouvais en disposer;
acceptez-les comme autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles”.
Paulette
Leblanc |