Combien je souffre, mon Jésus ! Soyez
ma force ! Vous seul connaissez le sacrifice que je fais pour
dicter ce qui ce passe en moi. Cet effort semble m’arracher tout
ce que j’ai à l’intérieur de moi. Servez-vous-en pour arracher
aux démons toutes les âmes. Je fais le sacrifice malgré ma
faiblesse et je le fais en plus pour révéler les secrets de mon
âme. J’aime tant souffrir toute seule, en silence, cachant le
plus possible mes blessures !
Ô mon Jésus, combien de souffrances
étouffées, combien de larmes cachées ! Pardonnez-moi de m’être
exclamée aujourd’hui :
— Ô mon Jésus, quand finiront les
vendredis ! Si je pouvais m’enfuir et me cacher pour les éviter,
afin qu’ils passent loin de moi !
Votre volonté, Seigneur, Votre amour,
mon Jésus !

Au petit-matin, j’ai senti que mon
cœur était si maltraité ! La souffrance et les humiliations me
pressaient, je n’avais déjà plus de sang pour alimenter le
corps.
J’ai pris le chemin de mon calvaire.
La Petite-Maman est venue à ma rencontre : Elle m’a fixée et moi
je l’ai fixée. Nos deux cœurs se sont unis dans une même
douleur. L’échange de nos regards ne dura pas bien longtemps, il
me fallait poursuivre, toujours maltraitée, poussée, traînée.
Mais la douleur de nos cœurs ne s’est pas éteinte. C’était comme
deux fils électriques qui se communiquent l’un à l’autre.
Aussitôt arrivée au calvaire, j’ai
été clouée à la croix. Combien longue fut mon agonie ! Le sang
coulait, les plaies s’ouvraient davantage. Les larmes de la
Petite-Maman coulaient dans mon cœur. Elle était un phare pour
moi et moi de même pour Elle, phare qui éclairait toutes nos
souffrances.
Avant même que je n’expire, j’ai
senti que l’on me transperçait le cœur. Cette douleur a été
anticipée, car, après être morte, je n’aurais pas pu la
ressentir. Quand je sentais mon cœur ainsi transpercé, j’ai jeté
un regard sur le monde et je lui ai dit :
— C’est pour toi que je suis ainsi
traitée.
Mon Jésus est alors venu. J’ai senti
son entrée dans mon cœur. Il s’est assis et s’inclinant vers
moi, Il m’a dit :
— Ma fille, folie d’amour pour les
âmes, folie d’amour pour Moi : tu as la folie des âmes comme
Moi. J’ai fait ressembler ton calvaire au mien. Ta vie est la
vie de Christ : Christ vit transformé en toi. Tu montes au
calvaire, parce que Je ne peux plus le monter, maintenant. Tu
portes la croix parce que Je ne peux plus la porter. Tu es le
petit agneau sacrifié et immolé, tu donnes ta vie dans la plus
grande des agonies, parce que maintenant Je ne peux plus
souffrir de la sorte. C’est revêtue de Moi que tu souffres,
c’est avec Moi que tu portes la croix, c’est avec Moi que tu
expireras sur celle-ci.
Pendant un long moment j’ai vu Jésus
portant la croix sur Ses épaules. Je ne L’ai pas senti, je L’ai
vu. Mais j’étais Jésus et j’étais la croix. Quelle croix si
grande ! Et Jésus si courbé sous son poids ! Son três Saint
Visage touchait presque le sol.
— Mais fille, voilà à quoi m’obligent
les péchés du monde, voilà à quoi m’oblige Mon amour pour les
âmes. Ce sont les crimes et Mon amour pour les âmes qui
m’obligent à cheminer le visage presque contre terre. Souffre,
Ma bien-aimée, souffre à Ma ressemblance, tu es la victime
choisie par Moi.
Ma fille, source de salut, source d
toute l’humanité, tu es source qui ne tarit pas, tu es eau qui
rassasie le monde entier : tous peuvent boire en toi, tous
peuvent se purifier dans cette eau.
Ma fille, langue de louange. Par ta
langue sacrée toute la terre Me louera jusqu’à la fin du monde.
Et déjà dans le ciel, les anges et les saints Me louent en
voyant ta souffrance et la gloire que tu Me procures.
Ma fille, cœur de feu d’amour, feu
qui se propagera et embrasera des milliers et des milliers de
cœurs !
Ma fille, corps de pureté, pureté
angélique, prise d’assaut mais toujours et encore gardée au
milieu des plus aigües et pénétrantes épines : ton corps de
pureté, embelli par toutes les vertus, les plus riches et le
plus précieuses, étend ses pétales de lis avec toute sa
blancheur et parfum. Il y grandit des lis tendres et magnifiques
qui ouvrant leurs pétales blancs répandent au loin leur parfum
délicieux. Ils font de l’ombre au monde que Je t’ai confié.
Bienheureux tous ceux qui bénéficient de leur ombre, qui se
placeront sous ta protection.
Ta vie et les merveilles que J’opère
en toi causent l’étonnement ! Il n’y en a pas de pareilles, car
il n’y a pas de souffrance comme la tienne.
Tu pars vers le Ciel. Courage, il
approche ! Beaucoup te verront partir avec amour et nostalgie et
d’autres rongés par le remord et la douleur d’avoir été la cause
de ton martyre, pour avoir été des freins à Ma divine cause,
d’avoir essayé de cacher au monde Mes merveilles en toi !
Ils se traînent par terre, ne
regardent pas vers le haut, ne comprennent, ni cherchent à
comprendre Ma vie divine, malgré la lumière et les guides que Je
place sur leurs chemins. Ils ferment les yeux, quittent les
guides et suivent des chemins erronés.
Quelle peine pour mon divin Cœur et
quel malheur pour les âmes ! J’accorde toutes les grâces, Je
propose le remède pour leur salut, mais tout est méprisé ; ils
ne regardent même pas Ma douleur ni ne font cas de Ma divine
volonté.
— Mon Jésus, ne soyez pas triste,
donne-moi Votre tristesse, donnez-moi toute la douleur de Votre
divin Cœur ! Je ne peux pas consentir Votre souffrance. Je
connais la folie de Votre amour pour les âmes ; me voici prête à
souffrir pour elles, à donner ma vie pour elles.
Cela Vous console-t-il, mon Jésus ?
Laissez les hommes blesser mon cœur afin que Vous puissiez
sauver davantage d’âmes, mais ne consentez pas que le Vôtre soit
blessé.
— Non, non, Ma fille, non, non, Ma
bien-aimée, Je ne peux pas consentir que cet aveuglement se
prolonge. La lumière va briller, Ma divine cause triomphe avec
bruit et éclat. Cela est nécessaire, cela est urgent, les âmes
ont besoin de connaître et d’apprendre en toi à aimer mon divin
Cœur, à aimer tout ce qui est à Moi, à aimer la souffrance et la
croix que Je leur donne.
Fillette, fillette, douleur et amour
sans égales, repose-toi dans mon Cœur, comme Je me suis reposé
dans le tien. Le Roi s’est reposé sur son trône, dans le palais
de son Alexandrina. La reine repose sur le trône de son Roi,
dans le palais de son Jésus.
Jésus a ouvert Son divin Cœur et j’y
suis entrée : je m’y suis réclinée et reposée. Mon Jésus me
couvrait de baisers et de caresses. Il m’a serrée avec tant de
force et avec tant d’amour qu’il me semblait me perdre dans cet
amour et dans cet amour mourir.
Quel bonheur que le mien de mourir
d’amour dans le Cœur de mon bien-aimé Jésus ! Comment sera la
mort qui m’apportera la vie éternelle ?
Ô mon Jésus, faites qu’elle soit
d’amour, uniquement d’amour ! |