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ÉCRITS DE LA BIENHEUREUSE ALEXANDRINA

“SENTIMENTS DE L'ÂME”
— 1945 —

Le 18 janvier 1945

— Oh mon Dieu, où pourrais-je fuir s'il n'y a pas de cachette pour moi. Que de tristes heures m'attendent! Je me sens envahie d'une mer de souffrances.  Je me sens comme si la mort était près de me cogner à la porte. Malgré l'ingratitude envers moi, une ingratitude sans limites, j'accepte toute la souffrance, je veux l'étreindre.

Il n'y a que la douleur et la mort pour guérir tant de maux. J'attends agenouillée, prosternée devant le Père Éternel, pour être immolée tel la martyre qui, de bonne grâce, se soumet et s'incline devant le bourreau pour être égorgée. Mon âme est triste jusqu'à la mort. Elle ne peut se réjouir devant tant de souffrance. Si ma mort pouvait être la vie pour toute l'Humanité! Oh ténèbres! Oh horreur! Oh mon Dieu! Comme tout est perdu pour tellement de gens, tout est inutile ; mes douleurs ne servent à rien, ni mon martyre, ni ma mort.

Je me sens folle. Maintenant je me lève, j'étends mes bras et, avec le regard de qui peut tout, je fixe le Père Éternel. Père, oh mon Père, voici Votre victime, une victime qui veut sauver tout le monde, mais ne m'abandonnez pas, ne me laissez pas prisonnière des ténèbres, livrée au démon. Pauvre de moi, mon Jésus - que d'angoisses envahissantes! Je veux des moyens, davantage de moyens pour sauver le monde. Je ne les trouve pas, je ne les reconnais pas; je ne peux rien faire pour lui. Mon cœur est fou, fou de l'humanité, fou de toutes les âmes. Si seulement il y avait d'autres victimes qui, pour moi, se laisseraient aussi immoler, pour qu'avec elles je puisse sauver les âmes qui s'égarent de manière irréparable!

Oh Jésus, je n'ai rien, je ne peux rien obtenir. Je souhaiterais aller aux limbes pour y baptiser les âmes. Je souhaiterais aller à l'enfer pour y chercher les âmes qui s'y trouvent condamnées. Impossible! Oh Jésus ayez pitié et de la compassion: accordez au moins un remède pour empêcher que d'autres âmes s'égarent. Embrasez des cœurs du feu sacré par amour pour elles, des cœurs qui vont Vous aimer pour tous les cœurs, comme des victimes qui ne pensent qu'à se laisser immoler pour Votre Amour, et pour toute l'humanité. Quel soif, quel soif d'âmes que je ressens, Jésus! Une soif insoutenable! Comme le ciel me manque! Je me sens comme si tombée par terre, nue, affaiblie, sans force pour résister à tout ça. Accordez-moi Votre Amour, Jésus! Oui, il n'y a que lui pour me donner la force!

Le démon, sans mot dire, tel un lion enragé, les dents dégarnies, m'arrachait les entrailles pour les laisser déchiquetées sur le sol. Il voulait faire la même chose avec mon cœur, s'élançant, mais sans le toucher. Et je ressentais sa rage et son anxiété pour me le prendre. Par après il s'est déchainé en des paroles et des leçons sales.

— Allons commettre des péchés, allons jouir, disait-il. Donnes-moi tout ce que je te demande, pèches par volonté, pèches par amour. Donne-moi ton cœur! Si je le détiens, alors je possède tout.

Il mêlait tout ça de paroles et de gestes très laids. Se je sentais comme si je lui étais entièrement soumise, et soumise qu'à lui. À quelques reprises j'ai pu entrevoir Jésus Crucifié, le Petit Jésus, la Sainte Mère et Saint-Joseph. Á peu de reprises seulement ai-je pu Leur demander de m'aider. Pendant l'énorme combat, au comble de mon angoisse, ma langue s'est comme déclenchée, et je me suis exclamée:

— Non, pas de péché, pas de  péché! Secourez-moi, Jésus, je ne veux pas souiller mon âme!

Tout s'est calmé pendant quelques instants. Puis, le maudit est revenu, mais se tenant plus loin, avec un air de qui est satisfait, dansant et à me dire que j'avais péché. Je me suis sentie triste! Je sentais mon cœur comme un ballon rempli de sang. Seule, je me suis confiée à Jésus:

— Oh mon Amour, quand tout cela va-t-il terminer? Tout me fait peur, je crains de Vous offenser; je crains de Vous parler; je crains de ne pas Vous aimer. Que vais-je devenir, Jésus? Le vendredi m'arrive à pas de géant. Que vienne tout ce qui est pour Vous! Veillez pour ce rien, Ayez pitié de cette misérable, une misérable sans pareil. Je suis toujours Votre victime, mon Amour.

Traduction:
Duarte Miranda

 

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