16 janvier 1945
Je me souviens du trésor que Jésus
et la Petite-Maman ont gardé dans mon cœur,
mais je n’ai plus d’inquiétudes
pour le garder et de tout faire pour lui.
Maintenant, il ne m'inquiète plus. Je
me sens fatigué à cause de tous les
efforts
que j’ai dû faire pour lui. Ce
qui me fait maintenant souffrir,
et de
souffrir en effet, c’est le sentiment d’avoir tout fait et de ne
pouvoir maintenant faire davantage pour le sauver.
O mon Jésus, que dois-je faire, que
dois-je souffrir ? Je veux à tout prix sauver l'humanité, et
je sens que mon âme n’a plus rien à donner, qu’elle
n'a plus rien à faire, qu'il n'y a pas de souffrance que je n’ai
enduré pour elle.
Oh ! mon Dieu,
quel pénible martyre ! Suppléez Vous-même, mon
Jésus, guérissez
ce mal. Vous
avez mon corps,
vous avez mon sang, il est à Vous, servez-Vous-en, de
sorte que le monde soit sauvé. Ne
le laissez pas sortir de mon cœur. Ne
me laissez pas bénéficier d’un seul instant de vie, et que cet
instant ne soit employé que pour Vous aimer et aimer l’humanité.
Le monde, Jésus, les
âmes, le
prix de Votre sang, je ne veux pas qu'il
soit foulé aux pieds, je
ne veux pas qu’il serve de condamnation pour les âmes. Je suis
prête, mon
Jésus, à
donner ma vie à chaque instant, tant
que le monde sera monde, si est possible, pour
les sauver.
Jésus, je suis victime pour le
monde, mais avant tout Votre divin Amour.
Le 13 [janvier], entre
autres visites de grande estime, est
venu celui que j'attendais et qui a beaucoup manqué à mon âme
(le Père Humberto, comme
indiqué ci-dessous). Je
l’attendais et pourtant je l’ai reçu froidement ; tout me
semblait indifférent. Je le
regardais, et parfois il
me semblait ne pas le voir, que ce n’était pas la réalité. Il
était pour moi comme un prisonnier, libéré
de prison, venu visiter un
cadavre qui lui appartenait.
Ô douleur, ô chagrin,
ô ténèbres
effroyables ! Il
est trop tard pour que l’on me procure de la joie, trop
tard pour que ma pauvre âme reçoive consolations. Mes
yeux semblaient ne pas voir le second vol que j’allais bientôt
subir.
Qu’arrivera-t-il quand on me rendra le premier ?
— Jésus, je suis Votre victime,
pour Votre amour, pour le salut des âmes coûte que coûte.
Maintenant je souffre à cause de ma froidure, de mon
indifférence lors de cette visite, à qui je dois tant. J’ai
l’impression de l’avoir dégoûté, de l’avoir blessé. Ô Jésus,
tout par amour pour Vous.
Pendant la nuit, que
j'ai passé presque toujours
en alerte et unie à Jésus et au milieu d'une mer de douleurs du
corps et de l'âme, j’ai
été sauvagement agressée par le diable. Je
me suis battue avec lui près de deux heures. À
certains moments, il
me disait que je péchais avec l’un d’eux, à d'autres moments il
me disait que je péchais avec d’autres. Puis il
appelait d’autres
de ses camarades afin qu’ils viennent pécher avec moi. Lorsque
je ne pouvais pas dire ou faire ce qu'il voulait,
il devenait furieux, et
bien plus encore, et pour
me fracasser, faisait des sauts
désespérés. Quand
je le pouvais, je criais vers le ciel ; quand
je ne pouvais pas le faire, je combattais seule. Lors de l’un
des moments le plus effrayant, le me suis
exclamée :
— Petite-Maman,
Petite-Maman, regardez dans quel danger je me trouve, venez à
mon aide, ne permettez pas que je pèche, ni que mon corps et ni
mon âme ne soient souillés.
On ne meurt que quand Jésus le
veut. S’il n'en était pas ainsi, je serais morte pendant ce
combat. Je suis restée prostrée, baignant dans ma sueur et sur
un abîme épouvantable et sans même un fil pour me soutenir. Je
le regardais effrayée, quand j'ai
entendu Jésus qui
me disait :
— Cet
abîme, ma fille, est l'abîme des vicieux,
qui se donnent aux
plaisirs et particulièrement aux plaisirs de la chair. Malheureux
seraient-ils sans ta réparation !
Mon ange, ange
bien-aimé, empresse-toi à mener à bout ta mission !
Au même moment une douce brise m’a
replacée sur mes oreillers. Puis Jésus m’a dit encore :
— Nous allons, ma fille, nous
épancher tout deux. Je te parlerai de mes angoisses et toi, tu
me parleras des tiennes.
Courage, tu ne m’offenses pas. Tu
sors de ces combats avec ton âme de plus en plus pure et de plus
en plus brillante à mes divins yeux. Quelle grande consolation
tu procures, par ces combats, à mon divin Cœur si blessé !
— Ô mon
Jésus, cette souffrance me coute beaucoup !
J'ai tellement peur de pécher ! Veillez
sur moi, je ne veux que ce que vous voudrez. Voyez toute la
souffrance qui habite mon âme. Quelle
triste agonie !
— Rassure-toi, ma
bien-aimée. Je
tire de ton agonie tout le confort pour Moi. Ta mort donne la
vie aux âmes. Je ne
t’ai pas laissée sentir la consolation de la visite de Mon cher
Père Humberto ni à lui de te voir consolée ; ce fut pour tirer
pleinement profit pour les âmes. Ce
fut pour que les hommes voient ce qu’est une âme fermement
embrassé à la croix et à l'amour de Jésus, afin
qu’ils ne
prennent les choses par le côté
de l'enthousiasme.
Présente au Père Humberto mes
remerciements d’être venu donner vie à l'âme de mon épouse,
de ma victime
bien-aimée.
Donne-lui mes grâces, bénédictions
et amour, pour lui et toute la congrégation. Il
prix par une seule aile, un seul envol lui a été supprimé. C'est
pourquoi j’envoie des bénédictions et remerciements à toute la
congrégation.
C'est la
récompense que
je lui donne ave ma Mère Bénie qu’il aime et qu’Elle aussi aime
beaucoup. Avec ses
yeux,
en union avec lui, combien de
bien n’a-t-il
pas fait aux âmes ! Je
veux qu’il te soutienne, étant donné que ne peux pas te
protéger celui qui aspire à voler vers toi, ton Père spirituel, à qui
on a interdit les envols
et, non contents encore, l’ont ligoté par tous les moyens.
Combien cela a blessé mon divin Cœur ! Mais, ô combien de
consolation pour mon divin Cœur et de profit pour les âmes
j’ai pu tirer de ses souffrances !
Courage, afin que tu puisses
combattre tout ce qui va venir. Courage et fermeté, comme les
soldats qui au milieu du plus âpre combat, ne tremblent même
pas.
Je donne à tous ceux qui s’occupent
de ma divine cause la certitude de la victoire.
Ma petite fille, je ne tarderai pas à
venir avec ma Mère Bénie pour te donner notre vie divine. Tu en
as besoin, c’est d’elle que tu vis, la tienne t’est volée par
les pécheurs et par les persécuteurs de ma divine cause.
— Je me sens affaiblie, Jésus, je me
sens mourir, non pas pour cette mort que je sens, mais pour la
mort qui est la vie, qui me donne l’éternité, qui me donne le
Ciel, où je n’aurai plus à craindre de Vous offenser. Que vienne
la douleur, que vienne l’amour, je bénirai toujours ce qui
viendra de Vos mains divines. Je compte sur Vous, car moi je
n’ai que des doutes et des craintes.
Jésus s’est retiré ou s’est caché ;
Il est resté silencieux dans mon âme, dans mon âme si blessée,
si craintive d’avoir péché. L’heure de la visite du
Saint-Sacrement approchait et la pensée de ma lutte avec Satan
ne disparaissait pas de ma mémoire.
Quelle tristesse que celle de
recevoir Jésus après avoir passé par de si honteuses choses !
J’ai passé ma journée morte à tout,
je ne vivais que pour la souffrance. Oh ! mon Jésus, combien
triste est ma vie ; je ne serais joyeuse, même très joyeuse, que
si, au milieu de tout cela, je vous aimerais, et les âmes
sauvées. |