Si tous les jours, en me réveillant
de mes légers sommeils, je m’éveille plongée dans une grande
souffrance, cette souffrance redouble chaque vendredi. Je n’ai
pas de mots ni l’instruction nécessaire pour m’en exprimer.
Quand je me suis réveillée
aujourd’hui, je me sentais très fatiguée. On dirait que mes
cheveux étaient imbibés de sang, ainsi que mes vêtements (ils
étaient imbibés et collés à mon corps). J’étais seule dans une
sombre prison. Je sentais la douleur de l’abandon dans lequel
m’avaient laissée ceux qui m’étaient chers. Qu’étaient devenues
leurs paroles affirmatives qu’ils ne me laisseraient jamais ?
Tout cela est un livre aux lettres bien claires que j’ai gravé
dans mon âme, ce ne sont pas des choses de mon imagination. Oh !
combien de fois je m’efforce pour me distraire, afin que cette
souffrance disparaisse de mon âme ! Quelle grande erreur ! C’est
une blessure profonde, c’est une douleur très vive que seuls
Jésus ou la Petite-Maman peuvent rendre plus suave.

Ensuite le démon est venu sous la
forme d’un lion. Il se plaça devant moi et faisait des gestes
horribles. J’ai la confiance de ne pas avoir péché, car j’ai
confiance dans l’affirmation de Jésus que je ne pècherais pas.
S’il n’en était pas ainsi, pauvre de moi ! Maudit démon ! Quelle
école de péché ! J’aimerais que toutes les âmes connaissent
toutes ses ruses diaboliques, afin qu’elles ne se laissent pas
berner par lui.
Le regard fixé sur Jésus Eucharistie,
avec la chaleur de Son divin amour, qu’Il m’a fait ressentir en
abondance, j’ai pu me reposer un peu. Le réconfort qu’Il m’a
procuré m’a redonné des forces pour pouvoir parcourir, pendant
la matinée, le chemin du calvaire.
J’ai été si maltraitée ! Je suis
souvent tombée sous le poids de la croix et trainée par des
cordes sur une longue distance ! Je suis tombée le visage contre
terre, ma chair restait accrochée aux pierres, en petits
morceaux. Toutes les souffrances que je voyais devant moi
serraient mon cœur, c’était une étreinte qui me suffoquait et
m’enlevait la vie. Sur la croix, abandonnée de tous, j’étais
l’objet des plus violentes insultes, je sentais couler sur mon
corps une sueur mortelle. Elle rejoignait les gouttes de sang
qui, de ma tête et de mes plaies, coulaient en abondance. Je
sentais une grande douceur dans cette souffrance, car elle était
la monnaie pour sauver les âmes, mais je ne pouvais pas
esquisser le moindre sourire. Pendant cet abîme de souffrance,
Jésus est venu.
— Ma fille, je suis sur mon trône,
dans le palais de ma royauté. C’est le Roi du Ciel qui s’unit à
sa reine, la reine de la terre. Là, oui, ma belle colombe, ici
je ne suis pas blessé, ici je suis dans la chaleur de ton amour,
ici est bien protégé mon divin Cœur. La sentinelle de ton palais
c’est ta pureté, les gardiens ce sont tes vertus angéliques, le
feu des armes c’est ton amour. Ce sont des armes qui enverront
leurs projectiles jusqu’aux confins du monde. Ce n’est pas un
feu de mort, c’est un feu qui donne vie, c’est un feu qui attire
les cœurs et les âmes à mon Divin Cœur. Tu es une mer immense de
richesse, tu es un port de salut.
Quand tu seras au Ciel, auprès de Mon
divin Trône, et que là arriveront des suppliques en ton nom en
faveur des pécheurs en danger, quand ta voix se fera
entendre : — “Mon Père, je veux que ces pécheurs-là soient
sauvés !” — à l’instant même ils ressentiront l’action de la
grâce : tous seront sauvés. Tu seras le fil d’or très fin qui
les attachera à Moi pour toujours.
— Ô mon Jésus, étant donné que dans
Votre bonté et pouvoir infini Vous me si puissante au Ciel,
permettez que déjà sur la terre tous les pécheurs que je Vous
nommerai se convertissent et soient sauvés.
— Demande, demande, ma petite fille,
tu es puissante. Rappelle tous ceux que tu voudras à Mon divin
Cœur. Ta vie sur la terre est faire du bien à la terre, de semer
sur elle le bien. Ta vie dans le Ciel sera d’enrichir le monde,
ce sera de l’arroser d’une pluie de purification et de salut. Ô,
quelle richesse n’ai-je pas à t’offrir dans le Ciel, afin que tu
la distribues sur la terre. Déjà ici et puis là-Haut, tu
l’incendieras avec le feu de Mon divin amour.
— Écoute, ma fille bien-aimée, un tel
et un tel — et Il les nomma— sont en danger de se perdre. Ils
sont aveuglés par les passions ! Ils m’offensent si gravement,
si douloureusement ! Veux-tu m’offrir pour eux quelque
réparation, afin qu’ils ne se perdent pas ?
— Ô mon Jésus, je veux tout Vous
offrir, pour Vous consoler et pour les sauver. Choisissez la
réparation que Vous souhaitez, et accordez-moi Votre grâce et
Votre force : avec elles, je suis prête à tout sacrifice.
— Acceptes-tu quinze attaques du
démon en plus de ce que tu aurais à souffrir ? Quelques nuits tu
souffriras deux combats. Offre-Moi cinq pour chacun d’eux en
l’honneur de mes divines plaies. J’aimerais tant qu’elles soient
davantage aimées ainsi que mon divin Cœur. Répands, répands,
incendie le monde de mon divin amour. Accepte et offre-Moi un
combat supplémentaire en l’honneur de la plaie de Ma sainte
épaule ; offre-le-moi pour le prêtre. Il a tant contribué à
l’élargir davantage ! Ô combien j’ai souffert à cause d’elle !
— Vous le savez bien, mon Jésus, que
les combats contre le démon sont le plus grand sacrifice que
Vous pouvez me demander, mais, si avec eux je peux Vous
consoler, si eux seulement peuvent réparer comme Vous le
souhaitez d’aussi grands crimes, me voici, Jésus, me voici, mon
Amour : je suis Votre victime. Je veux sauver ces âmes aveuglées
par le péché, je veux éloigner de votre divin Cœur ces coups
cruels qui viennent Vous blesser.
— Ma colombe, ma colombe, fleur
angélique, blancheur de la grâce, jardin de délices, trône
d’amour pour mon divin Cœur : j’ai frappé, et toi tu m’as ouvert
la porte, je t’ai demandai [de m’aider] et j’ai tout reçu.
Reçois aussi, en échange mon amour, tout mon amour. Je t’aime
comme si je n’avais sur la terre ni au Ciel quelqu’un d’autre à
aimer. Vis Ma vie, vis la vie du Ciel ici sur la terre, vis-la,
afin de pouvoir l’enseigner, vis-la, afin Que sur toi on puisse
apprendre. Ton ciel arrive, il ne tardera pas, bientôt Je te
prendrai avec Moi.
Jésus m’a caressée, m’a embrassée
doucement. En même temps qu’Il m’embrassait Il m’a enflammée
dans le feu de son divin amour. Je ne suis restée que peu de
temps dans la joie, car aussitôt après je me suis retrouvée sur
ma croix et mon cœur commença vite à saigner de douleur.
Je me rappelle souvent les âmes que
Jésus m’a confiées ! Mais bien plus de celle du prêtre qui, du
fait d’être prêtre, offense encore davantage Jésus. |