3 mars
1945 – Premier samedi
Cette nuit, je ne
sais pas à quelle heure, le démon m’est apparu, habillé comme un
prêtre, avec une soutane jusqu’aux pieds. Il était grand,
gras — il ressemblait à un monstre. Il se baladait devant moi,
me faisant uniquement ressentir comme si le feu avait pris dans
mon lit ; on dirait que les flammes étaient sous moi. Il me
faisait trembler de peur.
Je veux ce que
Jésus veut, mais si cela dépendait de ma volonté, je préfèrerais
mille fois ceci que quand il utilise ses autres astuces. Je me
sens tout mon corps brisé et en sang, les épines pénètrent mon
âme, le cœur, le corps et tout mon être. Je ne peux pas ouvrir
ni fermer les yeux sans épines, je ne peux pas penser, je ne
peux pas bouger sans épines. Mon lit et la chambre, où je vis,
sont des épines, et tout baigne dans le sang. Mon pauvre cœur
saigne de douleur. Et mes lèvres semblent être fermés, je ne
peux pas avoir un gémissement, je meurs, je meurs étouffé.
Ainsi, dans cette douleur et ce chagrin, j’ai fait ma
préparation pour la visite de Jésus à mon cœur ce matin. Me
souvenir que c'était le premier samedi me causait tant de
chagrin que je me suis mise à penser ainsi:
— Mon Jésus, je ne
peux pas vivre sans douter. Quelle crainte que la mienne ! Voyez
mes préoccupations, ayez en pitié ! Je ne veux pas tromper,
Votre divin amour, les âmes, cela, cela seulement me suffit, mon
Jésus.
L’heure de Le
recevoir est venue. À l'arrivée de Jésus dans ma chambre, il me
semblait que je recevais un coup de poignard dans la poitrine
qui est allé blesser mon. J’avais envie, tellement envie de Le
recevoir, mais la peur que j’avais de lui, l'horreur à l'extase
ne s’explique pas. Quelques instants après Jésus est entré en
moi, j'ai commencé à sentir Sa présence divine pendant que mon
cœur se dilatait. La poitrine semblait se soulever, tandis que
le cœur se dilatait. Mon Bien-aimé Jésus a commencé à me dire:
— Je veux, ma
fille, dilater ton cœur, je veux rendre grand, aussi grand que
mon amour divin. Accueille-le dans toute son l'abondance,
enveloppes-y le monde que j’y ai déposé. Transforme le en mon
divin amour. Je t’ai donné et je te donne mon divin amour, je
t’ai remis le monde, je veux tout en une seule chose: je veux de
l'amour, juste de l'amour. Je t'ai racheté de mon sang, tu es la
nouvelle rédemptrice de l'humanité. Je t’ai choisie afin qu’avec
moi tu continues l’œuvre la plus belle, la plus sublime, l'œuvre
de rédemption, le salut des âmes. Tu es le Christ crucifié, tu
es dépeinte en moi. Lorsque je t’ai crée, j’ai vu en toi tout
cela ; en te créant, aussitôt je t’ai choisie pour le mission la
plus sacrée, la plus sublime, pour ce qu’il y a de plus cher et
d’agréable à mes yeux divins.
J’écoutais Jésus,
mais il me manquait cette lumière, cette joie et cette
consolation que je sentais habituellement. Alors je lui ai dit :
— Mon Jésus, j’ai
de plus en plus de doutes et reste persuadée que je suis dans
l’erreur. Quelle tristesse, quelle nuit et quelle peur de Vous.
— Non, mon
angélique colombe blanche. Non, ma toute pure, ma toute belle et
enchantement des cieux. Tu ne te trompes pas, je ne l’ai jamais
permis ni ne le permettrez jamais. C’est cela même que je t’ai
demandé. Je me réjouis de ta joie ; de celle que tu aurais dû
recevoir de moi. Tu e me refuses pas cela, n’est-ce pas ?
— Plutôt la mort ou
l’enfer que Vous attrister, mon Jésus! Je suis Votre victime, je
suis Votre esclave.
— Tu es le soleil,
soleil brillant, soleil doré qui transperce les nuages pour
illuminer la terre. Voici les épines qui te blessent, elles
tomberont continuellement sur toi ; tu vivras entourée d’elles
et au milieu d’elles tu mourras. Tu es le soleil, tu es le
nuage, nuage noir, nuage qui fait peur. Le soleil c’est le
monde, le nuage c’est toi, il est à toi, il est pour toi. Tu es
l'averse sortant des nuages et tu fais tomber sur la terre une
pluie d'amour, les perles de tes vertus. Toi, ma fille, tu
parcours les derniers chemins ; ta fin approche en cet exil ; la
vie éternelle approche, ta vraie vie. Le ciel t’attend avec
joie. Dit, ma fille, à ton Père spirituel sur lui tombe toujours
l’abondance de mon amour. Je lui promets toutes mais grâces pour
toutes ses œuvres. Dit-lui que ce sont les chemins de ceux qui
me sont chers, les chemins de mes élus. Il vient à côté pour
terminer ta mission. J’ai promis un miracle en cas de besoin.
J’ai promis le châtiment de la compagnie pour l’avoir fait
souffrir et de s'opposer à ma cause divine. J’ai promis et cela
s’est accompli. Qu’ils pensent, qu'ils examinent oui ou non.
Dites à ton médecin qu’il effectue sa mission, la mission que je
lui ai confiée: prendre soin de ton corps, en prendre un soin
sérieux. Prendre soin de toi c’est prendre soin de moi,
travailler pour toi c’est travailler pour moi, c’est opérer avec
moi des miracles. Dis-lui de ne pas s’endormir et qu’il fasse
connaître ma cause, car ceux qui s’occupent de ma cause, ne
doivent pas s’endormir. Elle est la mienne, elle triomphera.
Mais il est nécessaire qu’il utilise des paroles humbles, mais
qui fassent réfléchir. Grande est la récompense, grandes, très
grandes sont mes divines grâces et mon amour pour lui et pour
tous ceux qui lui sont chers. Viens, ma Mère, viens donner notre
vie, notre amour, à cette petite enfant. Viens dans ces
ténèbres, vient adoucir cette souffrance.
La Petite-Maman est
venue, elle m’a prise dans ses bras et elle-même posa les miens
sur ses divines épaules, puis elle m’a enlacée, m’a caressée,
m’a couverte de baisers, en même temps que je sentais recevoir
d’elle vie et réconfort.
— Ma petite fille,
fille et épouse de mon Jésus, ta souffrance est vie, ta
souffrance est amour. Remplis-toi de moi, remplis-toi de Jésus.
Donne ce que tu reçois de nous à ceux que tu aimes et qui
t’aiment. Ils recevront de nous à la mesure dont ils t’aiment,
dans la mesure qu’ils désirent notre amour. Donne-leur nos
richesses avec ton sourire, avec tes regards, avec tes
tendresses angéliques. Courage, courage, tu triompheras avec moi
et avec Jésus.
Jésus m’a serrée
contre son divin Cœur et contre celui de la Petite-Maman.
— Tu es, ma fille,
dans une presse d’amour !
Je me suis trouvée
réconfortée, avec davantage de vie, mais plongée dans la douleur
et l’agonie. Quelques heures plus tard, j’ai de nouveau senti la
Petite-Maman me prendre dans ses bras, mais je n’ai pas pour
autant quitté ma souffrance. Je suis restée au milieu des
épines, je suis restée en croix. |