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ARTICLES SUR LA BIENHEUREUSE ALEXANDRINA

Amour et souffrance

« Oui, je désire que vous sachiez quelle dure bataille je dois livrer pour vous »[1].

      La souffrance est une “constante” dans la vie des saints.

      Seraient-ils tous masochistes au point d’aimer se faire mal et de souhaiter les pires souffrances pour arriver à leur fin : le Paradis ?

      Penser cela serait une erreur monumentale : les saints aiment la souffrance tout simplement par amour : de Dieu d’abord, et pour le salut de leurs frères ensuite. Ils « complètent en leur chair ce qui manque aux épreuves du Christ » [2], comme nous l’enseigne saint Paul.

      Parmi ces saints et bienheureux qui ont librement accepté ces douloureuses épreuves, Alexandrina de Balasar occupe une place de choix : non seulement elle a enduré les affres de la passion chaque vendredi, mais en plus de cela elle accepta encore d’autres souffrances pour le salut de ses frères.

      L’obéissance était aussi l’un de ses “points forts” : elle n’acceptait jamais une mission sans d’abord consulter son Directeur spirituel, car Jésus lui-même lui avait dit un jour : « obéis-lui en tout ».

      C’est pourquoi, quand le Seigneur l’a invitée à devenir victime, en lui posant cette question : « Veux-tu me donner ton corps pour que je le crucifie ? », et après avoir rajouté ce que l’acceptation entraînerait : « Mais j’exige de toi de nombreuses et grandes souffrances », Alexandrina jugea bon de demander conseil à son Père spirituel :

      « Que dois-je faire? Souffrir pour l’amour de mon bien-aimé Jésus » [3].

      La réponse suis la question : “Souffrir pour l’amour de mon bien-aimé Jésus”.

      Mais, pourquoi faut-il que les âmes saintes souffrent ? Pourquoi Dieu a besoin de leur envoyer des épreuves, souvent ou presque toujours très douloureuses ? Le sacrifice suprême du Christ n’a-t-il pas été suffisant pour le salut du monde entier ?

      Il y a lieu ici de raconter une petite histoire qui servira à mieux comprendre cette « situation » des âmes-victimes :

      Un jour, lors d’un entretien entre Jésus et sainte Thérèse d’Avila, Jésus lui dit : « C’est ainsi que je traite les âmes qui me sont chères… » Et la Sainte carmélite de rétorquer, avec un certain humour : « Il n’est donc pas étonnant que Vous en ayez si peu ! »[4]

      Il faut savoir que le Seigneur n’impose jamais à quelqu’un de souffrir : Il laisse le libre choix à celui à qui la proposition est faite. Celui-ci accepte ou non et, sa liberté est respectée. Il faut savoir que certaines âmes, par peur ou par crainte, n’ont pas accepté les propositions divines qui sont pourtant nécessaires pour le salut d’un grand nombre. Elles non pas pour autant été bannies : Dieu continua de les aimer et de les entourer de toutes les grâces dont elles avaient besoin pour leur propre salut. Souvenons-nous du jeune homme riche dont parle l’Évangile…

      Dieu n’a pas besoin de la souffrance humaine, mais Il veut avoir besoin des âmes-victimes, car elles sont des paratonnerres pour leurs frères.

      Le sacrifice du Christ fut largement suffisant pour obtenir le salut du genre humain. Souvenons-nous de « la nuit du grand miracle » : Après avoir institué le sacrement de l’Amour, Jésus « prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : “Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez” » [5].

      Jésus, dans sa détresse, a voulu la compagnie de ces trois disciples, afin qu’ils partagent, en quelque sorte, cette souffrance qui allait s’abattre sur Lui. Ce n’était pas, bien entendu, une petite souffrance, mais la souffrance causée par tous les péchés du passé, du présent et de l’avenir — les nôtres, soit dit en passant.

      Il a voulu qu’ils partagent, non pas ce poids immense qui écrasait déjà son « âme triste à en mourir », mais la vue même des effets que cause le péché sur la divine Face. Il ne les a pas obligé, Il les a simplement invités, les laissant libres de choisir : la preuve en est qu’ils s’endormirent bientôt, comme si de rien était.

      Jésus n’avait pas besoin de leur aide, car Lui seul pouvait et devait porter le lourd fardeau de nos fautes, mais Il souhaita la présence de quelques-uns de ses fidèles amis, non pas pour qu’ils portent bientôt la croix avec Lui, mais pour qu’ils reçoivent de Lui le premier fruit de ses souffrances, devenu amour infini.

      De la même manière, en effet, qu’il n’y a pas d’amour sans souffrance, il n’y a pas non plus de souffrance sans amour, car l’amour et la souffrance sont inséparables.

      « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible » [6].

      Malgré ce conseil, les disciples s’endormirent, car même si « l'esprit est ardent, la chair est faible », faible au point d’abandonner l’Ami qui souffre et qui se débat dans cette confrontation gigantesque qui oppose le Bien suprême à toute la malice humaine de tous les temps, car, comme le dit si bien saint Paul, les hommes « ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur cœur inintelligent s'est enténébré : dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous » [7].

      C’est pourquoi — c’est encore saint Paul qui prévient — « la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes » [8].

      Notre monde vit “sur la tête” : la foi a presque disparu sur la surface de la terre ; les hommes ne prient guère car ils ne croient plus en Dieu ; leurs cœurs se sont endurcis et le mal est devenu planétaire. Mais, l’espoir d’un retour à Dieu est aussi une évidence pour chaque croyant, car « là où le mal abonde, la grâce surabonde ». Gardons-nous donc des pessimismes alarmistes et mettons notre confiance en Dieu, Seigneur et Maître de tout.

      La souffrance et l’amour sont donc inséparables, car une ne va pas sans l’autre. Souffrir pour celui ou celle que l’on aime est une preuve d’amour, de même qu’aimer est accepter les conséquences de l’amour, et l’une de ces conséquences est justement la souffrance. Si l’on refuse de souffrir pour l’être que l’on dit aimer, c’est que notre amour est fade, passager et menteur. Dans un couple, ce refus conduit généralement à la rupture, au divorce.

      Dans les écrits de la bienheureuse Alexandrina, les allusions à la souffrance sont fréquentes. Même si elle se plaint quelquefois, ce qui est tout à fait humain, elle ajoute toujours cette phrase : « mais que seule la volonté de mon bien-aimé Jésus soit faite ». Elle avait accepté, elle s’était offerte, tout en sachant à quoi elle s’exposait et, elle l’a fait par amour, un amour sincère et profondément encré dans sa foi inébranlable.

      « Béni soit le Seigneur qui m’a appelée en ce monde pour souffrir et pour supporter tant de chagrins ! Et moi, j’ai rajouté à cela tant de péchés ! Ce sont ceux-ci qui m’attristent particulièrement, parce qu’ils causent tant de chagrin à Notre-Seigneur. Tous les jours je demande des souffrances ; et, pendant les heures où je souffre je ressens beaucoup de consolations, car j’ai davantage à offrir à mon Jésus »[9].

      Un exemple de ce que nous disions plus haut et qui se trouve dans la même lettre :

      « Il y a, toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que seule la volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne… »

      Un autre exemple d’acceptation, emprunt d’un certain humour :

      « J’ai reçu de Jésus un beau présent pour Pâques : en plus des souffrances physiques, j’ai beaucoup souffert spirituellement »[10].

      Mais Alexandrina n’a pas été la seule à s’exprimer de la sorte ; avant elle, saint Paul en disait autant :

      « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous »[11].

      Le désir de réparation est une constante chez Alexandrina : elle ne veut pas que le Seigneur soit offensé, mais les hommes le maltraitent par leur indifférence, par leurs mœurs dépravés : ils pèchent allègrement sans le moindre remords, comme si Dieu n’existait pas. Que faire alors ?

      « J’ai répété à Jésus : envoyez-moi, mon Jésus, ce que vous voudrez, afin que je puisse réparer les offenses que vous recevez »[12].

      « Quelle ingrate je ferais, si je refusais de donner mon corps, qui ne vaut rien, à Celui qui, à cause de moi, a tant souffert!... A Celui qui désire se procurer beaucoup de victimes d’amour pour sauver les âmes ! »[13]

      Même à ses amis, elle leur conseille d’embrasser résolument la Croix :

      « Toutes deux, nous recevons du Seigneur la croix bénie de chaque jour. Celle-ci, portée avec amour et résignation, est un moyen efficace pour nous élever de plus en plus dans l’amour de Jésus; pour nous sanctifier et pour aider, par nos souffrances, les âmes qui, sourdes à la voix de Jésus et aveuglées devant sa lumière, s’abandonnent aux plaisirs du monde sans jamais penser à leur salut»[14].

      Si cela n’est pas de l’amour, nous n’y comprenons plus rien.

      Alexandrina, comme saint Paul, pouvait dire aussi : « Et c'est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter, avec son énergie qui agit en moi avec puissance »[15]. Car elle sait que d’elle-même elle ne peut rien ; elle connaît son néant.

      « En ce qui me concerne, j’avoue me considérer indigne d’un aussi heureux sort !... »[16]

      Un peu plus loin, dans la même lettre adressée à la maîtresse de l’école de Balasar elle dit :

      « Depuis seize années, la maladie, jour après jour, s’est propagée dans tout mon corps... et depuis dix années je suis prisonnière dans mon lit sans pouvoir me lever...
      Combien j’ai été favorisée par le Seigneur! Combien suave est le joug sous lequel il me tient !
      Je reçois ceci comme une preuve d’amour de la part de Jésus pour mon âme.
      Que soit béni Celui qui n’a pas dédaigné mon indignité! »
[17]

      Si elle n’avait pas été certaine de son néant, voici un message qui le lui aurait rappelé :

      « Jésus m’a dit de ne rien m’attribuer de tout cela, car — me dit-il — je ne suis que poussière et que je ne possède rien que je ne l’ai reçu de Lui »[18].

      Alexandrina sait ce que c’est que la “Communion des saints ». Elle sait pertinemment que ses prières et ses souffrances, physiques ou morales sont d’une grande utilité pour la conversion des “pauvres pécheurs” et le salut de leurs âmes ; elle sait également que les prières de ses frères pour elle, sont un lénitif important pour l’aider à mener sa croix sur son chemin de calvaire.

      « Je ne sais pas si c’est grâce aux prières que vous faites pour moi, que je me sens à chaque heure qui passe davantage forte dans mes souffrances ; mais je me sens le courage de souffrir de plus en plus, et j’espère que Notre Seigneur, petit à petit, augmentera ma douleur jusqu’à ce que je meure embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui »[19].

      Nous pourrions multiplier les citations tirées de ses “Lettres” ou de son “Journal spirituel”. Mais, est-il vraiment nécessaire de le faire ?

      Alexandrina aimait éperdument le Seigneur, aimait tendrement ses frères, même ceux qui la blessait et, son désir le plus ardent — elle l’a exprimé à plusieurs reprises —  était vraiment que le Seigneur « augmente ma douleur jusqu’à ce que je meure embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui ». Et, Jésus l’a écoutée : elle est morte en louant le Seigneur et le crucifix sur ses lèvres.

      « Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s'achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l'image de son Créateur »[20].

Alphonse Rocha


[1] Saint Paul : Lettre aux Colossiens, 2,1.

[2] Saint Paul : Lettre aux Colossiens, 1,24.

[3] Lettre du 8 mars 1934 au Père Mariano Pinho.

[4] Sainte Thérèse d’Avila, Vie par elle-même.

[5] Saint Marc : 14, 33-34.

[6] Saint Marc : 14, 38.

[7] Saint Paul : Lettre aux Romains, 1, 21-22.

[8] Saint Paul : Lettre aux Romains, 1, 18.

[9] Lettre du 31 décembre 1933, au Père Mariano Pinho.

[10] Lettre du 7 avril 1934, au Père Mariano Pinho.

[11] Saint Paul : Lettre aux Colossiens, 1,24.
 

[12] Lettre du 15 août 1934, au Père Mariano Pinho.

[13] Lettre du 5 septembre 1934, à son amie Çãozinha, la maîtresse de l’école de Balasar.

[14] Idem.

[15] Saint Paul : Lettre aux Colossiens, 1,29.

[16] Lettre du 5 septembre 1934, à son amie Çãozinha, la maîtresse de l’école de Balasar.

[17] Idem.

[18] Lettre du 27 septembre 1934, au Père Mariano Pinho.

[19] Lettre du 30 août 1934, au Père Mariano Pinho.

[20] Saint Paul : Lettre aux Colossiens, 3,9-10.

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