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Umberto Maria Pasquale, sdb

 

ÂME DE VICTIME ET D'APÔTRE

CHAPITRE XII

« JE SUIS SATAN ET JE TE HAI »

 

Infestations diaboliques

Pendant deux ans, 1937 - 1938, le Seigneur permit que le démon agisse sur Alexandrina avec une certaine liberté.

« Il y eut des jours déclara Alexandrina pendant lesquels le démon me tentait à tel point que j'avais la sensation que tout l'enfer était tombé sur moi. »

Voici un compte-rendu lucide, extrait de diverses lettres adressées à son directeur, de ce que pouvaient être ces infestations diaboliques.

« Le démon me suggérait de me suicider ; il me disait que pour ce faire, il me fournirait un moyen indolore et facile ; que je souffrais inutilement, sans espoir de recevoir la moindre récompense ; que le Seigneur ne m'aimait pas tout à fait ; que vous (le directeur spirituel) ne croyez rien de ce que je vous écrivais ; que les choses que je ressentais en moi quand le Seigneur me parlait n'étaient rien d'autre qu'un reflet du temps et de ma maladie.

Ce fut en juillet 1937 que le boiteux, [1] non content de tourmenter ma conscience et de me dire des choses obscènes, a commencé à me jeter en bas du lit, aussi bien la nui qu'à n'importe quelle heure de la journée. Au début, je l'ai caché aux personnes de la maison, excepté à ma sœur. Par la suite, le mal augmentant, j'ai dû informer ma mère et la jeune fille que nous avions à la maison. Toutes deux, pendant les attaques démoniaques, se sont proposées pour chanter, afin que les gens, passant dans la rue, ne puissent pas entendre ce qui se passait à l'intérieur. »

Ceci, elles le témoignèrent au Père Umberto lors de l'instruction du procès [en vue de la béatification].

« Ceux qui regardaient mes blessures après ces chutes — continue Alexandrina — restaient attristés, mais ils ne pouvaient en aucun cas se faire la moindre idée de ce qui en était la cause.

Les jours passaient et moi, j'allais de mal en pis. Deolinda a été obligée de dormir sur un matelas posé à même le plancher, à côté de mon lit. Une nuit, le démon me lança avec force contre le mur en survolant la couchette de ma sœur. Deolinda se leva, me saisit avec force et, sévèrement m'ordonna : «Vite, au lit» et me coucha. Mais, au même moment, avec une rapidité que je ne saurais expliquer, je me suis relevée et un sifflement très aigu est sorti de ma bouche. Comprenant immédiatement le mal occasionné, j'ai commencé à pleurer, m'exclamant : «Pauvre de moi, qu'est-ce que j'ai encore fait là !»

Deolinda me tranquillisa en disant : «Ne t'affliges pas, ce n'était pas toi !» Mais la nuit suivante, il est arrivé la même chose et, quand ma sœur a voulu me remettre au lit, j'ai crié «Je ne veux pas» et je l'ai repoussée. Combien j'ai pleuré quand je suis revenue à moi !

Une nuit pendant laquelle le démon me ballottait dans les quatre coins de la chambre, sans que ma sœur réussisse à me retenir, des scrupules m'envahirent, me faisant croire que je ne pourrais recevoir la Communion sans avant m'être confessée.

Ce fut là l'une des épreuves les plus douloureuses et, elle s'est répétée plusieurs fois d'une manière assez furieuse : sur mon corps, restaient visibles les signes violents des blessures, et les traces de sang des morsures.

J'aurais aimé que plusieurs personnes puissent assister à ces scènes afin qu'elles soient convaincues de l'existence de l'enfer et n'aient plus envie d'offenser le Seigneur. Uniquement pour cela, je l'aurais voulu. Si je ne vous en raconte pas d'avantage, c'est que mon âme ne tient pas au souvenir de ces souffrances. »

« Que la volonté de Dieu soit faite »

Voici, maintenant, un témoignage du Père Mariano :

« Depuis longtemps le démon tourmentait Alexandrina, de plusieurs manières, mais ne l'avais jamais touchée. Par la suite, toutefois, après avoir menacé qu'il la ruinerait, il est arrivé à des excès effrayants.

Il n'y avait presque plus aucun moment dans la journée, où Alexandrina ne se sache poursuivie par lui, tout particulièrement de midi à quinze heures. Ensuite, pendant la nuit, à partir de vingt et une heure.

Pendant ces deux attaques quotidiennes, il ne s'agissait pas seulement d'infestations diaboliques, mais aussi de vraie possession.

Quelques fois j'étais présent, moi aussi affirme le Père Pinho. Par exemple, le 17 octobre 1937. Durant cette lutte, elle, paralysée et sans force (elle ne pesait alors que 33 kilos !), essayait violemment de se jeter contre les ferrailles du lit, de se mordre ; quatre personnes ne réussissaient pas à l'immobiliser complètement.

Ainsi il arriva que ce 17 octobre le démon lui fisse dire des blasphèmes et des paroles obscènes, dont la signification, elle-même ignorait, comme elle me le déclara ensuite.

Pendant l'un de ces moments épouvantables, j'ai interrogé, en latin, le démon, lui demandant de me dire qui il était. Il me répondit immédiatement et sans hésitation : “Je suis Satan et je te haïs.”

Pour plus d'assurance, j'ai changé la phrase, mais toujours en latin ; la réponse immédiate fut celle-ci : “C'est moi, c'est moi, n'en doute pas”.

Je me souviens d'avoir alors célébré la Messe dans la chambre, mettant en avant comme première intention, la libération d'Alexandrina de tant de tourments, sans en avoir parlé, toutefois, à la malade.

A la fin de la Messe, je me suis approché d'Alexandrina qui, sans autres préambules me déclara :

Le Seigneur m'a dit qu'Il ne peut vous accorder ce que vous lui avez demandé, car Il a besoin de ma souffrance pour aider les pécheurs.

Alors je lui ai demandé :

Mais qu'est-ce que j'ai demandé au Seigneur ?

Et elle de me répondre :

Qu'Il me libère de ces attaques du démon.

Vous ne voulez donc pas que je demande cette grâce et que le Seigneur vous donne une autre souffrance qui remplace celle-ci ?

Non, mon Père, priez plutôt pour que par tout, la volonté de Dieu soit faite. »

« Les ténèbres tombaient sur moi »

Quelques fois, l'effort physique d'Alexandrina pour réagir et éloigner certaines images et scènes abominables était si grand, qu'elle se glissait sous les oreillers ; les familiers devaient alors la remettre en place. D'autres fois, c'était un ange, spécialement pendant la nuit, lorsque Deolinda était absente, qui la replaçait.

A partir de 1945, Satan eut recours à d'autres persécutions, en plus des actions dictées par sa fantaisie ; par contre, il n'a plus été autorisé à la toucher.

Une après-midi, les personnes de la famille s'aperçurent que le lit d'Alexandrina était entouré d'une fumée épaisse et nauséabonde.

Le Père Umberto, témoin de ces assauts et apitoyé par l'état de la malade, délégua à Deolinda le pouvoir d'ordonner en son nom au démon de s'éloigner, en utilisant de l'eau bénite. Très souvent Alexandrina, sans qu'elle s'en rendit compte, fut ainsi libérée à l'instant même.

Malgré son épaisseur, le lit d'Alexandrina subissait de fortes et formidables secousses. A ceux qui lui en demandaient l'explication, elle répondait par un sourire rassurant.

« Plus le Seigneur augmentait sur moi ses grâces et ses faveurs, plus les doutes et les craintes de me tromper et de tromper mon Directeur spirituel, ainsi que ceux qui vivaient autours de moi, augmentaient elles aussi. Mon martyre n'en était que plus grand. J'avais l'impression que tout était faut et inventé par moi.

Mon Dieu, quel déchirement pour mon cœur ! Les ténèbres tombaient sur moi : il n'y avait personne pour me montrer le chemin. »

Ténèbres, odeurs de souffre brûlé, fumée qui entourait le lit, étaient les signes de la fureur satanique qui s'acharnait sur elle.

* * *

1 - Le démon, que d'autres ont surnommé «quéquet» et de bien d'autres sobriquets...  

   

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