CHAPITRE V
Au cours de deux extases, Jésus éveilla notre curiosité
et nous mit sur les traces
du document notarié afférent à l'apparition
mystérieuse de la croix, tracée sur la route, ou mieux, sur le sol sacré de
l'ancienne église paroissiale.
La première fois que Jésus en parla à Alexandrina, ce fut
le 5 décembre 1947. Il s'exprima ainsi :
— Tu es victime, victime à laquelle J'ai confié la
plus haute mission. En voici la preuve de ce que Je te dis ; écoute bien,
afin de pouvoir la faire connaître. Un peu plus d'un siècle est passé depuis
que J'ai envoyé à cette paroisse privilégiée, la Croix, comme pour annoncer
ta crucifixion : non pas une croix de roses, parce que même celles-ci ont
des épines ; non plus en or, afin que tu n'aies pas à l'embellir de tes
précieuses vertus et par ton héroïsme ; mais une croix en terre, parce que
ce fut la terre elle même qui la prépara. La terre était prête, mais il
manquait la victime qui, dans les plans divins, était choisie : c'était
toi...
La deuxième référence à la croix date du 14 janvier 1955,
lorsque Jésus dit à Alexandrina :
— Il y a plus d'un siècle J'ai montré la croix à cette
terre aimée ; croix qui est venue attendre sa victime. Ce sont là des
preuves d'amour ! O Balasar, si jamais tu ne corresponds pas !...
Croix de terre pour la victime tirée du néant, victime
choisie par Dieu et qui toujours exista aux yeux de Dieu.
Victime du monde, mais si comblée des richesses
célestes, qui ne refuse rien au Ciel, et qui par amour pour les âmes,
accepte tout...
En 1965, durant l'instruction du procès, le Père Umberto
se préoccupa de savoir à quoi faisaient référence ces paroles de Jésus. En
interrogeant quelques personnes âgées, il apprit qu'aux limites mêmes du
terrain sacré, existait une chapelle de la Sainte Croix, sur le fronton de
laquelle, sculptée sur la pierre, est bien visible la date de 1832.
Cette chapelle fut construite devant l'ancienne église
paroissiale, démolie au début du siècle et remplacée, un peu plus en recul,
par l'actuelle dont la construction date de 1907.
Le Père Umberto fit ouvrir la chapelle, fermée au culte
depuis la fin du dix-neuvième siècle, dès que la confrérie de la Sainte
Croix, qui en avait la garde disparut. Avec une certaine surprise, il trouva
à l'intérieur, tracée à même le sol, une grosse croix de terre noire,
protégée par une grille en bois.
Sur l'autel est placé un imposant Christ crucifié. Sur le
mur de gauche est suspendue une holographie représentant un noble de
l'époque qui avait promit de construire cette chapelle et était à l'origine
de la fondation de la confrérie, comme on peut le lire au bas du même
tableau.
Le Père Umberto demanda alors au curé s'il avait dans ses
archives une quelconque documentation sur ladite chapelle. La paroisse ne
disposait à ce sujet d'aucune documentation, parce que, lors de l'extinction
de la monarchie et avec l'instauration de la république maçonnique en
octobre 1910, toutes les archives ecclésiastiques furent confisquées par le
gouvernement. Père Umberto finit par apprendre que Dom Leopoldino, le
précédent curé, avait obtenu de la bibliothèque municipale de Braga une
copie de l'histoire de cette chapelle et l'avait publiée dans l'hebdomadaire
«Ala Arriba» de la région de Póvoa de Varzim, en y ajoutant les paroles que
Jésus avait dites à Alexandrina le 14 janvier 1955.
Après la lecture de l'article publié par Dom Leopoldino
le 3 décembre 1955, peu de temps après la mort d'Alexandrina, le Père
Umberto, avec l'aide d'un ami, se rendit à la bibliothèque municipale de
Braga, et y obtint une photocopie du document notarié de 1832. Le document
avait été élaboré par le curé de l'époque et authentifié par divers témoins
et certifié conforme par un huissier. Il était adressé au vicaire général de
l'archidiocèse, alors vacante.
Voici la reproduction de la partie la plus importante :
« ... Je vous fais part d'un cas inexplicable survenu
dans cette paroisse de sainte Eulalie de Balasar. Le jour du Corpus
Domini dernier, pendant que les gens se rendaient à la messe du matin,
en passant par le lieu-dit le Calvário, ils découvrirent une croix tracée à
même le sol. La terre qui formait cette croix était d'une couleur plus
claire que l'autre qui l'entourait ; on dirait que la rosée était tombée
tout autour, sauf sur la terre composant la croix. Moi-même, j'ai fait
balayer toute la poussière et la terre qui était à cet endroit, mais de
nouveau la croix resurgissait
J'ai ordonné alors d'y verser de l'eau en abondance,
aussi bien sur la croix que sur la terre tout autour.
À partir de ce moment, la terre formant la croix, est
apparue noire et l'est restée jusqu'à ce jour. La croix mesure quatre mètres
quinze centimètres environ, dans sa longueur, la transversale mesurant,
elle, un mètre quatre-vingt-cinq centimètres.
Pendant les journées peu ensoleillées, la croix peut
être vue à n'importe quelle heure du jour, par contre, pendant les journées
plus ensoleillées, elle est bien visible vers les neuf heures et plus tard,
en fin d'après-midi ; pendant le reste de la journée elle est moins visible.
La nouvelle de l'apparition ayant été rapidement
divulguée, le peuple commença à venir pour voir cette croix, la vénérer et y
déposer des fleurs et des offrandes... »
Le fait rappelle la mission d'Alexandrina, y compris la
date de l'événement : le jour du Corpus Domini. Elle était très
dévote de Jésus au Très Saint Sacrement, qui prolonge parmi nous son
sacrifice consommé sur le Calvaire pour notre salut.
Monseigneur Mendes do Carmo, professeur de théologie
mystique pendant trente ans, lequel assista Alexandrina dans les derniers
jours de sa vie, dans la préface critique, écrite pour la biographie dont
l'auteur est le deuxième directeur spirituel de la servante de Dieu, disait
qu'Alexandrina était un séraphin crucifié. En effet, l'Eucharistie et
la Croix forment un binôme indissociable.
Dans la chapelle de la Croix, depuis 1965, deux
affichettes rappellent les paroles que Jésus transmit à Alexandrina au sujet
du signe envoyé par lui à Balasar un siècle avant.
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