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Deolinda Maria da Costa

Témoignage n° 19

 

— Sœur de la servante de Dieu Alexandrina Maria da Costa

Déclaration

J’ai de la dévotion pour la Servante de Dieu. J’ai toujours vécu avec celle-ci, depuis toute petite et jusqu’à sa mort; y compris pendant qu’elle travaillait, car elle rentrait toujours à la maison.

Ouvrages sur elle

Je l’ai connue personnellement, car en outre qu’elle soit ma sœur, j’ai aussi été son infirmière. J’ai lu quelques biographies après sa mort, où j’ai trouvé des événements spirituels qu’elle ne m’avait pas révélés. J’ai lu la biographie écrite par le père Umberto Pasquale et celle écrite par le père Mariano Pinho, qui ont été publiées. Je sais que la biographie écrite par le père Mariano Pinho « Uma Vitima da Eucaristia » fut publiée au Brésil ; celle du père Umberto Pasquale fut publiée ici au Portugal. Ces deux ouvrages ont été publiés après la mort d’Alexandrina, mais je n’en connais pas la date exacte. Je suis convaincue, d’après ce que j’ai lu, que ces deux ouvrages font autorité, car, ce que j’ai lu correspond à la vérité. Je sais aussi que ces ouvrages ont été appréciés et il me semble qu’ils ont fait beaucoup de bien à ceux qui les ont lus.

Ses écrits

La Servante de Dieu à écrit quelques lettres, tant qu’elle l’a pu, à son directeur spirituel et aussi à quelques personnes intimes. Je sais aussi qu’elle a écrit des pensées sur des images pieuses pour offrir à des personnes amies lors des fêtes.

Je crois savoir que madame Maria José Neves Correia e Silva, domiciliée à Sertã (Beira), a reçu des lettres écrites par elle.

Il est probable qu’il y ait d’autres personnes qui possèdent des écrits de la Servante de Dieu, toutefois, en ce moment, je n’en suis pas certaine.

Biographie

La Servante de Dieu est née le 30 mars 1904, à Gresufes, Balasar. Son nom est Alexandrina Maria da Costa, portugaise. La mère, bien qu'elle soit la fille d’un bon agriculteur, a perdu ses biens, à la suite de prêts et de cautions, dans lesquels elle s’est engagée. Elle dut se faire journalière. En ce qui concerne la situation du père, tant que je sache, elle était modeste. En ce qui concerne ma mère, je ne connais pas d’autre personne, je veux dire, aucune autre personne, à laquelle il soit arrivé la même chose, qui puisse se comparer à elle autant par sa modestie, que par son travail et par l’éducation qu’elle a donnée à ses filles. Même sur mon père je n’ai jamais rien entendu de mauvais, bien au contraire, j’en ai entendu que du bien.

La Servante de Dieu a été baptisée le 2 avril de la même année en l’église de Balasar; c’était un Samedi-Saint. Elle était née le mercredi précédent. Elle reçut le prénom de Alexandrina Maria. Elle reçut la Confirmation dans l’église matrice de Vila do Conde des mains de l’évêque de Porto [1] en 1911. La mère n’a plus eu d’autres enfants. Le père en eut deux de son mariage. Désormais, ils sont morts tous les deux.

Ceci, je le sais par connaissance directe.

Séjour à Póvoa

La Servante de Dieu passa son enfance, jusqu’à l’âge se sept ans, dans la compagnie de sa mère. À cet âge, elle est venue avec moi à Póvoa, où nous sommes restées pendant dix-huit mois, chez une dame dénommée Maria Mataca, qui demeurait rue da Junqueira. Par la suite, nous sommes retournées auprès de notre mère, et ensemble, nous sommes venues habiter le lieu-dit Calvario.

Elle reçut l’éducation de sa mère envers laquelle elle a toujours été très respectueuse. Elle le fut aussi envers la dame de Póvoa, bien qu’elle ait été très espiègle. Je me souviens qu’une fois où la dame de Póvoa n’ayant pas cédé à ce que ma sœur voulait, ce dont je ne me souviens plus, celle-ci l’appela «Poveira» [2] . Elle en eut tellement de repentir qu’elle alla lui demander pardon, afin de pouvoir aller recevoir la Communion. Je ne me souviens pas qu’elle eut, par ailleurs, manqué de respect. Elle jouait beaucoup avec les autres fillettes, à la ronde, à la guerre, etc..

Première confession et communion

a) Elle se confessa et communia pour la première fois à Póvoa de Varzim, des mains du père Matos, à l’église matrice. Elle devait avoir sept ou huit ans.

b) Sa manifestation de joie pour avoir fait la communion, m’a spécialement marquée. Elle allait sonner aux portes de ses copines pour leur annoncer l’événement. Par la suite, elle allait communier presque tous les jours.

c) Retournées à Balasar, je me souviens que nous avons continué de fréquenter le catéchisme, auquel elle ne manquait jamais et cherchait même à s’approcher le plus possible de sa catéchiste afin de faire, avec celle-ci, ses prières, car déjà à cette période elle aimait beaucoup la prière. Je me souviens qu’elle m’a raconté, plus tard, que vers cette période elle avait pris l’habitude de cacher des morceaux de bougie qu’elle utilisait ensuite, le soir, pour pouvoir lire ses prières ou le missel, qui contenait plusieurs dévotions.

Je ne me souviens pas de lui avoir vu des défauts, sinon un caractère assez vif, plein de tempérament. Quelques fois elle jetait des objets quand elle s’exaltait. Une fois, elle me jeta un couvercle et une autre fois un sabot. Elle aimait bien avoir de nouvelles choses.

Travail

a) La Servante de Dieu travailla d’abord dans les champs et ensuite comme couturière.

b) Dans les champs elle travailla jusqu’à l’âge de treize ans et ensuite dans la couture jusqu’au moment où n’en put plus.

c) Jusqu’à l’âge de onze ans, elle n’a souffert d’aucune maladie. A cet âge elle a été très malade et reçut pour cette raison les derniers sacrements. Il s’agissait d’une infection qu’un premier médecin ne diagnostiqua pas. Un autre médecin fut alors appelé, lequel a découvert la maladie et ma sœur guérit tout à fait. Jusqu’à quatorze ans elle a joui d’une bonne santé. Vers cette époque, elle commença à se plaindre et le travail lui était difficile.

Maladie

Ma mère, pensant qu’il s’agissait d’une chose de peu d’importance, l’emmena chez un pharmacien, mais après, comme son état ne s’améliorait pas, elle est allée chez un médecin. Là aussi, le résultat fut mince.

Alors, ma grand-mère pensa que cette maladie pouvait être le résultat d’un saut que ma sœur avait fait d’une fenêtre. Ma mère, alors, se rendit chez le médecin et lui demanda si la maladie aurait pu être causée par une chute que la jeune fille avait faite. Le médecin lui répondit que, même si la chute n’expliquait pas tout à fait la maladie, elle l’expliquait en partie. Je ne me souviens pas qu’il est dit autre chose au sujet de la maladie.

Saut par la fenêtre

Ce fut un jour où, moi, Alexandrina et une autre jeune fille, Rosalina Almeida, nous faisions de la couture. J’étais assise devant la machine à coudre, toute proche d’une fenêtre quand j’ai aperçu trois hommes qui de la route, prenaient la direction de notre maison. Leur attitude éveilla en moi de forts soupçons. J’ai eu peur d’aller fermer le portail qui donnait sur la route, mais j’ai fermé la porte de la maison, qui était sûre et: alors, je me suis sentie en sécurité.

Peu de temps après, je me suis rendu compte qu’ils étaient entrés dans la cour, en ouvrant le portail et qu’en suite ils frappaient à la porte de la maison. J’ai demandé qui ils étaient et, l’un deux me dit : « Votre serviteur, ouvrez, s’il vous plaît ». Moi j’ai répondu : « On n’ouvre pas la porte, vous n’avez rien à faire ici ». Je dois dire que nous avons pris encore d’avantage peur, car l’un d’eux était un vaurien.

Aussitôt après, celui-là même, passa par en dessous afin d’entrer par une trappe qui de l’étable donnait dans la maison. Il était entré par la cuisine qui communiquait avec l’étable. Notre peur ne fit qu’empirer. Alexandrina repassait. J’ai poussé la machine à coudre sur la trappe; lui, avec un marteau cassa deux planches de la trappe et de là il réussit à entrer dans la maison et m’attrapa par la jupe. Mais, comme il n’était pas encore tout à fait sortit de la trappe, j’ai réussi à me débarrasser de lui et à m’enfuir par la porte. De ceux qui étaient là, l’un est entré et l’autre resta.

Alexandrina qui, comme je l’ai dit, repassait, sauta en bas de la fenêtre et, quand elle est tombée, elle ressentit une grande douleur qui l’obligea à rester à terre: elle pensait ne plus pouvoir se lever. Elle perdit une bague qu’elle avait au doigt. Au prix d’un grand effort, elle réussit à se lever et, avec un bâton à la main, elle est venue pour nous défendre. Elle est même venue jusqu’à la porte de la maison et se tournant vers eux, elle dit : « Espèce de chiens, à cause de vous j’ai perdu ma bague ».

L’un d’eux, brésilien, les doigts pleins de bagues, lui dit : « Calme-toi ; choisis en une de celles-ci ». Elle lui répondit qu’elle n’en voulait pas de ses bagues, et, qu’elle allait se mettre à crier s’ils ne s’en allaient pas. Ils ont eu peur et sont partis.

La maladie s’aggrave

a) A partir de cette date, la maladie ne fit qu’empirer. La première fois qu’elle consulta le médecin, ce fut peu de temps après le saut. Elle consulta d’autres médecins sans le moindre résultat.

b) Je ne sais pas très bien comment la maladie se développa, mais je sais qu’elle s’aggrava progressivement. Ses douleurs augmentèrent et devinrent intolérables, bien qu'elle soit restée au repos, sous conseil du médecin, lequel lui avait recommandé de prendre des bains de soleil.

Quand elle commença à prendre les bains de soleil, il est vrai qu’elle marchait encore, mais vers la fin, je devais l’emmener et la ramener. Ces bains de soleil eurent lieu vers 1924 ou 1925, aussitôt avant qu’elle n’ait du s’aliter. Mais avant ceci, pendant quatre ans, elle fut soignée par plusieurs médecins.

— Nous savons que vingt ans après, un peu près, partant à Porto pour consulter un médecin, elle passa à Trofa et, nous savons que là elle marcha sans aucune aide. Comment expliquez-vous ceci ?

Je l’explique. Les mouvements qu’elle faisait étaient dus à l’obéissance envers son directeur spirituel. En vérité, le directeur spirituel lui avait dit de demander à Notre-Dame de lui donner la force de marcher.

Je sais que d’autres fois, ce même phénomène se répéta, mais je ne me souviens pas à quelles occasions.

Je ne pense pas qu’elle (Alexandrina) eut pu être victime de manipulation.

a) Depuis le début la mère d’Alexandrina crut à la vérité des plaintes qu’elle exprimait. Ce furent, toutefois, les gens qui dirent que la maladie était simulée et, à cause de cela, la servante de Dieu a beaucoup souffert.

b) Effectivement, la maladie s’aggravant, la Servante de Dieu supporta des choses douloureuses. Par exemple, monsieur le Curé ne croyait pas beaucoup à la maladie et allait même jusqu’à dire qu’elle ne mangeait pas parce qu’elle ne le voulait pas, et que si elle continuait ainsi, elle risquerait d’aller en enfer. D’autres personnes disaient que cela n’était qu’une farce. Bien plus tard, le docteur Elisio de Moura voulait la contraindre à s’asseoir sur une chaise, mais il n’y réussit pas.

— Qui était présent lors de cette consultation ?

J’étais présente dans la chambre, quand le docteur Elisio de Moura est venu. Je l’ai vu enlever les couvertures du lit et je lui ai demandé s’il voulait que je l’aide à retourner ma sœur, afin qu’il puisse observer son épine dorsale. Alors, d’un signe de la main il me montra la porta. Je suis sortie, mais je ne me suis pas éloignée de la porte d’où je pouvais entendre les gémissements de la malade. Mais je ne pouvais rien observer de ce qui s’y passait. Toutefois, ma sœur m’a raconté  ce qui suit: il avait essayé de la saisir pour la faire asseoir sur une chaise, mais qu’elle ne l’avait pas fait, car elle n’avait pas réussi à se plier. Étant donné qu’il n’y arrivait pas, il la reprit et, la remettant au lit avec très peu de délicatesse, il lui avait cogné la tête contre le mur. À ce moment-là j’ai entendu le docteur Elisio de Moura qui lui disait: «Ne vous évanouissez pas, mademoiselle». Quelque chose d’autre est arrivé, mais elle ne me le raconta pas. Je pense qu’il a essayé de l’hypnotiser.

Le témoignage du docteur Elisio de Moura est faux. Peut-être à cause de son âge avancé.

Examens médicaux

La Servante de Dieu, pour son premier examen, s’est rendue dans le cabinet du docteur Gomes de Araujo, rue de Santa Catarina, à Porto. L’examen dura environ une heure et fut très douloureux.

Successivement, lui et deux autres médecins, le docteur Carlos de Lima et le docteur Azevedo, médecin assistant, sont venus à la maison pour un nouvel examen, à la demande du docteur Azevedo cité ci-dessus. Cet examen, lui aussi, fut très douloureux.

A la suite de cette visite, ils jugèrent qu’il serait opportun qu’elle soit soumise à une période d’internement au « Refuge pour les Enfants Paralysés », à Foz du Douro, duquel était directeur clinique le docteur Gomes de Araujo. Elle y resta quarante jours, surveillée jour et nuit par des personnes de confiance du directeur qui était en plus propriétaire de la maison.

Je l’ai accompagnée, depuis la maison d’où nous sommes sorties dans une ambulance, pour un voyage qui dura approximativement cinq heures.

Très souvent nous nous arrêtions à cause des souffrances que les chaos de la route causaient à la malade. Nous sommes arrivés à la tombée de la nuit. On nous y attendait, un peu loin de la maison. Ils l’emmenèrent sur un brancard, à l’intérieur, dans une chambre où il y avait un lit qui lui était réservé, et un autre pour la personne chargée de la surveillance. Moi, je suis restée dans une autre chambre séparée et ne communiquant pas avec celle de ma sœur. Il y avait bien une porte dans le couloir, mais elle était fermée à clef par la surveillante.

Je n’entrais dans la chambre de ma sœur que lorsque le médecin la visitait et qu’il m’appelait expressément et, seulement pendant qu’il y restait. Même quand j’étais appelée par les surveillantes pour accomplir les services que celles-ci n’arrivaient pas à faire, elles étaient toujours présentes à ces moments-là, étant donné qu’elles ne la laissaient jamais seule. Même quand elles avaient besoin d’aller prendre un bain, et qu’il n’en restait qu’une, elles avaient soin de fermer la porte à clef de mettre celle-ci dans leur poche.

C’était moi, en vérité, qui la plaçait dans le lit, mais toujours sous la rigoureuse surveillance des dames désignées par leur patron. Elle vérifiait même la lingerie lavée que j’apportais à ma sœur et même celle que je lui enlevais, l’examinant à la lumière du jour; elles observaient tous mes mouvements. Ici, au contraire de ce que témoigne le père Agostinho Veloso, je ne pouvais pas lui donner à manger, à boire ou m’aide la faire uriner, etc. Cela ne m’est même pas venu à l’idée.

À propos, je me rappelle que, encore à la maison, le jour où la décision fut prise qu’elle irait à Porto, la Servante de Dieu ayant informé le docteur Gomes de Araujo que parfois elle buvait de l’eau, celui-ci lui demanda pour quelle raison elle ne le faisait pas toujours. Elle lui répondit qu’elle avait toujours soif, mais que si elle buvait, non seulement elle aurait eu de fortes douleurs, mais aussi des vomissements, qui duraient quelques fois dix-sept jours. Le médecin lui dit de choisir, dès le jour où elle est entrée dans la maison de santé, d’opter pour les modalités suivantes : ou une recherche où il lui serait permis de boire de l’eau et qui ne durerait que quelques jours ou alors, dans le cas où elle ne prendrait rien, celle-ci durerait alors trente jours. Je dois préciser qu’Alexandrina a fini par rester quarante jours, bien qu'elle ait opté pour la deuxième solution.

La prolongation de dix jours supplémentaires fut due au fait que l’une des surveillantes rencontra incidemment hors du “Refuge” un médecin, ami personnel du docteur Gomes de Araujo. Comme celui-ci lui manifestait sa joie de la revoir après une aussi longue séparation, elle lui expliqua le travail qu’elle faisait à la demande du docteur Gomes de Araujo.

À l’égard du cas, le médecin se montra absolument incrédule, disant : « Je ne vous crois pas, madame ». La surveillante raconta le fait au docteur Gomes de Araujo, lequel se mit en rapport avec ledit médecin, le priant, personnellement ou par l’intermédiaire de quelqu’un de sa confiance, de vérifier le cas, autrement, il couperait toute relation avec lui.

En effet, ledit médecin chargea sa sœur de la surveiller les dix jours suivants. Celle-ci est la seule raison, qui motiva le séjour de dix jours supplémentaires. La sœur de ce médecin fut l’une des plus exigeantes.

[Alexandrina] buvait quelques gouttes de temps en temps, et ceci jusqu’à sa mort.

Les enquêtes [médicales] ont été ordonnées par l’Archevêque, Monseigneur Antonio Bento Martins Junior et se bornaient à celles faites à domicilie.

Mais le docteur Gomes de Araujo préféra que la malade soit internée dans le “Refuge”, car il suspectait les familiers de tromper l’autorité religieuse.

Après tout ce que j’ai déjà dit, il me semble que non seulement le “Refuge” offrait toutes les garanties de surveillance, mais j’affirme en outre, qu’elles ne pouvaient être davantage rigoureuses. Je fais aussi remarquer, en outre, que le médecin se présentait auprès de la malade à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit, exprès, pour cela.

Je n’ai jamais été moi-même surveillante, bien au contraire, moi aussi j’étais surveillée; et les autres personnes qui la surveillaient, loin de se montrer intéressées, la surveillaient avec une vraie rigueur, à tel point que l’une d’elles, qui s’était montrée un peu plus affectueuse, fut immédiatement remplacée. Ceci arriva aussitôt, un jour après notre arrivée.

Extases et visions

Pendant sa maladie, la servante de Dieu eu des extases et des visions.

L’institutrice Maria da Conceição [3] assistait à presque toutes les extases du vendredi. Je n’ai pas le souvenir que celle-ci ait utilisé le ledit coussin; il est probable qu’elle s’en soit servie. Moi-même je cherchais à l’aider (Alexandrina) en tout ce que je pouvais. Je ne crois pas que l’on puisse parler d’hystérie lors des extases, surtout quand on sait que le docteur Gomes de Araujo — spécialiste de cette maladie — a affirmé qu’elle n’était pas une hystérique. Il ne s’agissait pas non plus de mystification, ou bien moi qui ai vécu toute ma vie auprès de ma sœur, je ne suis jamais arrivée à la connaître.

Je ne sais pas comment expliquer une mystification, alors que ma sœur ne désirait que vivre cachée et, quand quelqu’un venait, c’était pour elle un calvaire. Connaissant les causes qui produisirent les effets, je constate que ceux-ci ne peuvent pas être attribués au démon. J’ai assisté moi-même aux effets des interventions diaboliques en d’autres occasions et ils étaient différents.

1) Il est absolument faux qu’une quelconque publicité ait été faite pour attirer la foule, au contraire, nous fuyons celle-ci, comme si rien ne se passait. Notre consolation a été grande, quand nous avons pu dire aux gens qu’ils ne pourraient assister qu’avec l’autorisation de l’évêque. Et de cette façon, seules les personnes munies de son autorisation ont été admises.

2) Le fait qu’elle ait marché, à ces occasions, est véridique; je ne saurai en donner l’explication. Je sais, par contre, qu’en dehors de ces occasions, elle ne se déplaçait pas, et que pour chercher une explication elle s’est soumise, à diverses reprises, aux examens médicaux, mais ceux-ci non plus, n’ont été capables de la donner. Je crois que c’est Notre Seigneur qui l’a permis.

Il ne s’agissait en aucun de simulation car ma sœur ne mentait pas. Le père Mariano Pinho était présent à cette occasion, mais il n’a pas rappelé à la voyante les scènes de la Passion. Il était silencieux. Si tant est qu’il a parlé, ce fut au médecin qu’il s’adressa, pour expliquer à celui-ci ce qui se passait.

Pendant que la Servante de Dieu était étendue, revivant la scène du Jardin des Oliviers, le docteur Elisio essaya de la lever, mais en l’essayant, il tomba. Comme on lui faisait remarquer ce qui était arrivé, il répondit: Je tombe facilement, Maintenant, donne-moi un coup de main, petite, s’adressant à moi. En ce qui concerne la suggestion, j’ai déjà dit que je ne sais pas l’expliquer, d’autant plus que j’ignore ce que cela peut être.

Elle prédit certaines choses qui on peut être vérifiées. A la mort de Pie IX, elle annonça que le prochain Pape serait le Cardinal Pacelli.

— A-t-elle prédit que le père Mariano Pinho ne partirait pas au Brésil ?

Oui.

— Toutefois, il finit par partir ?

a) Notre-Seigneur lui demanda le sacrifice de rester sans ce directeur spirituel.

b) Je ne sais pas si elle présentait en son corps quelque chose d’inexplicable.

c) Elle suivait toujours les conseils et les ordres du directeur spirituel.

Le père Mariano Pinho sj calomnié

Le père Mariano Pinho ne venait pas souvent à la maison; de là, il s'ensuit qu’elle aurait dû rester sans penser ni agir  pour la plus part du temps.

J’ai connu le père Mariano Pinho en 1929, si je ne me trompe et, à partir de cette date il fut mon directeur spirituel jusqu’à son départ pour le Brésil. Je n’ai jamais remarqué chez lui la moindre manifestation d’un tel défaut, [4] bien au contraire, il avait un très grand zèle à nous conduire vers Dieu.

— Le père Agostinho Veloso affirme que le Père Mariano Pinho, pour arriver à ses fins, disait aux autres âmes dont il avait la charge, qu’il faisait la même chose avec Alexandrina. Qu’en pensez vous ?

Ce qu’il disait aux autres âmes, moi je l’ignore ; quant à moi, il ne m’a jamais dit des choses de ce genre. Je n’ai jamais rien vu non plus, quoi que ce soit sur ce sujet. Je ne crois pas qu’il eut été capable de pousser qui que ce soit au péché.

La pratique des vertus

Je crois que la Servante de Dieu pratiqua les vertus théologales, morales et annexes, à un degré héroïque.

Elle avait la foi théologale et la manifestait dans ses paroles et dans ses œuvres. Elle en parlait à ceux qui venaient la voir et, quand elle comprenait que quelqu’un venait et lui disait ne pas avoir la foi, dès que cette personne partait, elle nous disait : « J’ai tant de peine pour ceux qui n’ont pas la foi ! »

Toutes ses actions étaient basées sur la foi.

Je pense qu’elle accomplissait tous préceptes de Dieu et d l’Église et les accomplissait à la perfection. Elle recommandait à tous de ne pas manquer à la Messe, conseillait la confession et la communion, recommandait les prières du matin et du soir et, elle-même voulait que ces prières soient récitées dans sa chambre avec la famille.

a) Elle parlait beaucoup de la Sainte Trinité, qu’elle appelait « ses amours ». Elle avait une grande dévotion envers le très Saint-Sacrement. Beaucoup de nuits, elle ne dormait pas; alors elle les passait en adoration spirituelle au très Saint-Sacrement. Elle était inscrite dans les rangs de l’Association “Les Maries des Tabernacles”.

Pendant les premières années de la maladie non [elle ne communiait pas tous les jours], car monsieur l’Abbé ne pouvait pas toujours lui apporter la communion. Plus tard, quand la maladie s’aggrava, il commença à venir chaque jour.

[Quand monsieur le curé ne pouvait pas venir], quelques prêtres la lui apportaient, par charité.

— Et personne d’autre ne lui apportait la communion ?

Elle a dit, plus d’une fois, qu’un ange lui avait apporté la communion.

— Croyez-vous qu’un ange ait pu aller dans le Tabernacle prendre les Saintes Espèces pour donner la communion à la servante de Dieu ?

Oui, je le crois.

Je ne reconnais aucunement [être la complice d'Alexandrina].

[Le père Agostinho Veloso] ne m’a jamais connue, ne m’a jamais vue et moi non plus, je ne l’ai jamais vu, ni ici ni ailleurs, pour cette raison même, il ne peut pas me juger. Son affirmation est simplement mensongère.

Dévotions

b) Elle faisait de fréquentes visites spirituelles et communions spirituelles: toutes les fois que l’horloge sonnait les heures et les demi-heures. Elle les faisaient avec un profond recueillement. Elle se confessait, au début, tous les quinze jours et parfois il y avait un intervalle d’un mois entre les confessions. Dernièrement, elle se réconciliait plus fréquemment. Elle recommandait à tous la confession et la communion fréquentes.

c)Elle avait de la dévotion envers le Sacré-Cœur de Jésus. Elle avait dans sa chambre un tableau et une statue du Sacré-Cœur. Elle célébrait avec beaucoup de ferveur le premier vendredi de chaque mois. Elle avait de la dévotion pour la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ainsi que pour les Saintes Plaies. Elle avait toujours sur elle un crucifix. Quand elle le pouvait et, en particulier pendant le Carême, elle faisait le Chemin de Croix. Elle recommandait cette dévotion aux personnes qui la visitaient.

d) Elle avait de l’amour et une grande vénération envers Notre-Dame et la recommandait aux autres.

Dans sa chambre elle avait une statue de Notre-Dame de Fatima et une autre de Notre-Dame Auxiliatrice. Elle exprimait son amour envers Notre-Dame en l’appelant «Mãezinha». Elle récitait le Rosaire tous les jours et fêtait le mois de Marie. Dans les premières années elle le faisait toute seule. Par la suite, ne pouvant pas le faire, c’était moi qui le faisait.

e) Elle avait une particulière dévotion envers saint Joseph et elle priait chaque jour son Ange Gardien.

f) Elle vénérait beaucoup la parole de Dieu, que ce soit dans la Sainte Écriture, ou proclamée par le Magistère de l’Église.

g) Malgré sa maladie, elle œuvrait avec amour et diligence pour la conservation et la propagation de la foi et de la vie chrétienne. Elle avait un «négrillon» envoyé par les Jésuites et, au début, les dons destinés aux Missions étaient envoyés à cet Ordre. Plus tard, alors que les dons étaient plus importants, elle prit conseil auprès de son directeur spirituel et auprès d’autres personnes et les dons commencèrent à être distribués aux diverses œuvres missionnaires existantes. Elle faisait partie de l’Œuvre de la Propagation de la Foi.

Elle collaborait quotidiennement, par sa prière et par les exhortations qu’elle dispensait aux visiteurs, à la propagation de la foi.

h) Elle avait grand soin à promouvoir le culte divin. Elle promut trois missions dans la paroisse, collaborant avec le curé, elle paya les frais des diverses prédications du carême. Elle faisait célébrer des messes mensuelles, diverses adorations avec prédication, tout cela avec les dons qu’elle recevait. Elle offrit des parements pour le culte divin; un Tabernacle, le Pallium, divers habits religieux, la lampe pour le Saint-Sacrement, des candélabres pour les autels, etc..

Elle avait la vertu de l’espérance.

a) Elle confiait en Notre-Seigneur pour arriver à la vie éternelle et à cette fin elle employait tous les moyens surnaturels.

b) Elle s’adonnait continuellement à l’oraison, pensant toujours à Dieu. Il parait qu’elle ne passait pas une seule minute, sans être en unie à Dieu.

c) Elle cherchait à gagner des indulgences, surtout lors des Jubilés et elle recommandait cette pieuse pratique.

d) Elle était tout à fait détachée des biens temporels, au point qu’elle distribuait tout ce qui lui était offert.

e) Elle avait une foi aveugle dans la divine Providence, que ce soit pour sa maladie, ou au cours de la crise économique que nous avons traversée à une certaine époque.

f) Elle conseillait à tous d’avoir confiance en Notre-Seigneur, surtout aux pécheurs, aux nécessiteux et aux enfants, jusqu’à participer à la conversion de quelques pécheurs.

Elle brûlait d’amour pour Dieu. Elle en parlait souvent et son oraison était continuelle et fervente.

Elle évitait les péchés mortels et véniels délibérés. Elle montra du zèle à promouvoir l’amour de Dieu chez les autres, disant qu’elle aurait voulu que tous aiment Notre-Seigneur, comme elle-même aurait voulu l’aimer.

Elle souffrait pour les péchés des hommes. Dans les situations d’offense envers Dieu, elle se sentait même physiquement mal.

Elle accepta sa maladie par amour pour Dieu et pour la conversion des pécheurs.

Au début elle a désiré guérir: elle a même fait des promesses dans ce sens. Mais, quand elle a découvert que ce n’était pas là, la volonté de Dieu, elle l’a acceptée pleinement et s’est offerte comme victime pour les pécheurs, priant Dieu de lui envoyer des souffrances plus grandes, pour que les âmes soient sauvées.

Afin que Dieu ne soit pas offensé, outre les exhortations dans ce sens, elle cherchait à appeler les personnes qui avaient quitté la bonne route, leur conseillant d’abandonner la vie de péché, y compris des prêtres.

Elle avait de l’amour pour son prochain et l’a démontré par des paroles et par des actes. Très souvent on se recommandait à ses prières, et elle le faisait. En outre de cela, elle aidait économiquement, donnant des aumônes sans compter, aussi bien en argent qu’en vêtements et médicaments. Elle a aidé aussi quelques étudiants dans leurs frais, soit directement ou en leur trouvant des « marraines » pour les aider.

Elle avait le zèle des âmes. Elle pardonnait les injures. Quelques fois, à dire vrai, je trouvais que s’en était trop. Elle priait pour ceux qui l’offensaient et souffrait pour eux.

Elle a enseigné le catéchisme. Même étant au lit, elle a préparé des enfants pour la première communion et catéchisait ceux qui la visitaient. Elle cherchait à convertir les pécheurs. Elle s’est offerte comme victime pour les pécheurs.

Elle a respecté les malades et les moribonds: elle était encore bien jeune et déjà elle allait chez les tout pauvres, qui étaient aux portes de la mort et qui n’avaient presque pas de couvertures pour leurs lits et, elle en demandait à ma mère de le leur en prêter. Elle les aidait à bien mourir et les habillait après leur mort.

Elle disait que ça lui coûtait de les habiller, mais qu’elle n’avait pas le courage de laisser leur famille seule.

Elle priait pour les âmes du Purgatoire, faisait célébrer des Messes pour elles et disait aux familles de ne pas oublier leurs morts.

Elle a cherché à aider tous les parents et les tout proches qui manquaient de moyens.

Elle pratiqua la vertu de prudence avec héroïsme. Elle a pratiqué la prudence surnaturelle et non pas simplement l’humaine. Tout ce qu’elle faisait, c’était pour la gloire de Dieu; même dans les choses les plus insignifiantes elle manifestait cette intention. Elle a toujours conservé la pureté de conscience et la crainte de Dieu.

Elle suivait les conseils des personnes prudentes. Surtout quand elle avait des cas difficiles, elle cherchait toujours à se faire conseiller, avant de prendre une décision. Elle a aimé la simplicité ; elle-même était toujours simple, très simple et sincère.

Elle a toujours cherché à dire la vérité, car elle abhorrait absolument le mensonge et toutes simulations. Elle a toujours été correcte dans ses actions. Je pense qu’elle priait toujours avant toute action.

Elle a toujours travaillé. Même sur son lit, au début, elle m’aidait à la couture: elle faisait du crochet, filait, etc.. C’était elle qui assurait la direction de la maison et, personne ne faisait quoi que ce soit sans la consulter.

Elle aimait la solitude. Elle disait que ce qui lui plaisait le plus c’était de rester toujours seule. Elle méditait, ou mieux, elle se donnait à la contemplation. Le murmure de l’eau, les étoiles, etc.; le chant des oiseaux lui était occasion de s’élever de plus en plus vers Dieu.

Elle était prudente dans l’exercice de la charité. Quand elle secourait quelqu’un, qui était tombé dans la misère, elle le faisait toujours dans le secret, par le moyen de personnes qui étaient de la plus absolue discrétion. Elle a pratiqué la charité avec zèle.

Elle se montra toujours prudente dans les conseils, dans les exhortations et dans les conversations. Tous cherchaient ses conseils, car elle les donnait avec opportunité. Tous partaient contents de ses conseils.

Elle pratiqua la vertu de la justice.

a) Elle observa toujours la volonté et les commandements de Dieu.

b) Elle obéit toujours aux préceptes de l’Église et accomplit les obligations de son propre état.

c) Elle s’adonnait toujours à la prière vocale ou mentale.

d) Elle pratiquait le mois de Marie et le Chemin de Croix, quand elle le pouvait; et pratiquait les bonnes œuvres, cherchant toute occasion pour les pratiquer. Elle tendait toujours à la perfection de son propre état.

e) Elle a toujours donné à chacun  le sien.

f) Elle fut toujours obéissante et soumise aux parents, aux supérieurs, à Monsieur le Curé et en général à toute autorité ecclésiastique ou civile.

g) Elle brûlait du désir de chercher, je dis, de promouvoir le culte divin.

h) Elle mettait beaucoup de soin dans la sanctification des dimanches et des jours prescrits, recommandant la même chose à tous ceux qui la visitaient.

i) Elle était reconnaissante et amie de tous, surtout elle respectait les personnes qui se fatiguaient autour d’elle.

j) À cause de sa maladie, elle n’exerça ni charges ni fonctions.

l) Elle traita toujours tous sans exception, ayant une affabilité toute particulière envers les personnes les plus pauvres.

m) Elle a toujours procédé de telle sorte que personne n’ait jamais pu se plaindre d’elle.

Elle pratiqua la vertu de la force. Elle sut vaincre tous les obstacles qui se présentaient à elle, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Elle méprisa les honneurs, les richesses et les divertissements du monde.

Elle inculqua ces mêmes dispositions aux personnes qui le visitaient. Elle a souffert bien souvent les contradictions, les calomnies, les incompréhensions, les méchancetés, les souffrances spirituelles et elle supporta tout avec courage. Elle priait pour ceux qui la faisaient souffrir. Le grand nombre de visiteurs lui causait un grand sacrifice, malgré cela elle a toujours accepté les visites pour la plus grande gloire de Dieu et pour le bien des âmes. Elle préserva toujours dans la pratique de la vertu. A la fin de la maladie elle manifesta sa force d’âme.

Elle pratiqua la vertu de tempérance. Elle a toujours assujetti les penchants naturels pour le plaisir. Elle mit en pratique l’abnégation, en exerçant des mortifications internes et externes. Jamais elle ne montra de la gloutonnerie en mangeant. Pendant la maladie elle acceptait d’être soulagée, mais jamais elle ne chercha le confort. Elle disait que vivre sans douleur, pour elle, ce n’était pas vivre. Ma sœur avait un tempérament actif et vivace, malgré cela, elle se montra toujours patiente pendant sa maladie. Une fois je lui ai dit que Dieu ne la voyait que pour la faire souffrir et elle m’a répondu en disant que Notre-Seigneur nous fait souffrir parce qu’Il nous aime beaucoup. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ait autant d’amour pour la souffrance.

Directeurs spirituels

Son obéissance a été remarquable. Elle obéissait scrupuleusement aux ordres et aux conseils de son directeur spirituel.

— Alexandrina aurait-elle été capable d’obéir au directeur spirituel pour des actes contre la chasteté ?

Je suis certaine que le directeur spirituel lui-même aurait été incapable d’ordonner de tels actes et qu’elle ne les aurait pas faits, si cela lui avait été ordonné.

— Connaissez-vous bien la vie morale du père Mariano Pinho ?

Je connais celle qui correspond aux nombreuses années pendant lesquelles il fut mon directeur spirituel.

— Que pensez-vous de cette affirmation du père Agostinho Veloso : « Sa vie morale de Prêtre, avec ses filles spirituelles, est gravement suspecte. C’est à cause de manquements de ce genre que les supérieurs ont décidé de l’envoyer au Brésil » ?

Je ne sais pas ce qui a pu arriver avec d’autres personnes; mais d’après ce que je sais de lui, je dis qu’il est impossible que cela soit vrai. Les supérieurs l’ont envoyé au Brésil sous ces accusations, que je crois fausses. Lui, il démontra sa vertu, en se soumettant à la volonté des supérieurs.

— Le père Agostinho Veloso a dit : « J’ai connu ce Prêtre et je sais qu’il entraînait des pénitentes plus ou moins hystériques, par la voie de la fausse mystique, à la pratique d’actes sexuels avec lui et à la mystification par les visions ». Que pensez-vous de cela ?

J’ai été dirigée par lui et jamais j’ai eu conscience d’être hystérique et personne ne m’a jamais accusé de cela. Je crois cela impossible, d’après ce que je sais de lui, qu’il ait dirigé ses pénitentes par une voie de fausse mystique, dans le but cité.

Il a toujours traité tout le monde, grands ou petits, avec respect et charité.

— Le père Agostinho Veloso dit avoir entendu dire à certaines des victimes, que quand celles-ci résistaient, il leur disait qu’il faisait la même chose avec Alexandrina.

J’ai déjà répondu à cette question.

— Une pénitente prénommée Emma, dit, comme il a été dit, qu’en effet il l’avait menée à ces actes. Qu’en pensez-vous ?

Cela me semble faux. Cela me semble impossible de la part du père Mariano Pinho. En ce qui concerne cette Emma, je dois dire la chose suivante: Quand je l’ai rencontrée, et je crois que cela n’est arrivé que deux fois, elle m’a fait l’impression d’être quelqu’un d’une piété exagérée et mal formée. Plus tard j’ai entendu dire par d’autres personnes qu’elle était une tarée.

Elle [Alexandrina] a pratiqué la pauvreté en harmonie avec son état.

Elle a toujours été modeste dans ses habits et dans sa chambre. Tout ce qu’elle avait lui avait été offert par des personnes amies. Bien qu’elle ait reçu beaucoup d’aumônes, elle destina toujours cet argent au culte divin et aux pauvres. Deux fois par an, à Pâque et à Noël, elle faisait une aumône spéciale à tous les pauvres de la paroisse et même à quelques-uns de l’extérieur. En plus de cela, elle aidait aussi dans des cas urgents et de particulière nécessité.

— En ce qui concerne la pauvreté de la Servante de Dieu et la charité qu’elle exerçait envers d’innombrables familles de la paroisse, le père Veloso dit ceci: « Il est certain qu’elle recevait beaucoup d’argent. Je connais le cas d’une petite vieille de Lisbonne de laquelle le père Mariano Pinho reçut douze mille escudos pour Alexandrina et le cas d’un homme de Trofa, qui lui a donné huit mille escudos. » Est-ce vrai ?

Je ne connais personne de Trofa qui lui ait donné une telle somme. En ce qui concerne la dame de Lisbonne, nous n’en avons reçu que huit mille escudos, lesquels ont été directement utilisés pour libérer la maison qui, à ce temps-là, était hypothéquée. C’est aussi vrai que c’est par l’intermédiaire du père Mariano Pinho que cette dame a eu connaissance de notre situation. Dans le service de la pauvreté elle était supérieure aux autres.

[Alexandrina] a pratiqué la vertu de chasteté.

Elle surveillait ses sens et fit même quelques pénitences corporelles qui lui ont été interdites par la suite. Jamais elle ne manifesta des tendances sexuelles. Elle observa toujours la modestie et le sérieux. Elle a été tentée contre la chasteté; j’ai déjà parlé du saut qu’elle a dû faire et qui fut la cause de sa maladie.

Elle parla vaguement d’une autre tentation à laquelle elle fut soumise sur la route, en revenant à la maison après s’être confessée dans le village voisin de Pradelos. Ceci est écrit dans les livres, mais jamais elle ne m’en par la. J’ai entendu parlé d’autres tentations mais pas de celle-là; par exemple dans la maison où elle était employée. Elle a souffert des tentations du démon contre cette vertu. Pendant des mois d’affilé, elle a souffert quotidiennement des tentations de midi à une heure et de vingt-et-une heure à vingt-deux heures. Je sais aussi qu’à cette période elle fut tentée contre la chasteté, bien que je ne sache pas quel était le contenu de ces tentations. Elle sortait toujours victorieuse de toutes les tentations. Jamais je l’ai vue impliquée dans n’importe quelle question de jalousie avec son directeur spirituel.

Elle pratiqua la vertu d’humilité. Elle se considérait inutile et indigne de toute considération. Elle disait aux personnes :

— « Ne croyez pas que je sois meilleur que vous, car je ne le suis pas. Ne me jugez pas une sainte, car je ne suis pas sainte, mais je veux l’être, pareillement, ne me jugez pas sorcière, car je ne le suis pas ».

Elle évitait les louanges et cherchait à cacher les choses, afin d’échapper aux éloges. Spirituellement, elle ressentait de la joie quand elle était méprisée. Elle disait avoir ainsi davantage à offrir à Notre-Seigneur. Elle donnait son opinion, quand on la lui demandait, jamais elle ne voulut l’imposer à quiconque. Tant qu’elle le put, elle accomplit tous les devoirs les plus humbles. Elle a toujours été constante dans l’humilité.

Elle bénéficia de dons célestes. Elle eut le don de prophétie, comme je l’ai déjà dit. Elle lisait dans les cœurs de ceux qui la visitaient. Quelquefois, certaines personnes entrant dans la chambre, n’avaient même pas besoin de parler que déjà elle leur expliquait ce qui était le plus approprié à leur cas, leur montrant ainsi qu’elle avait la connaissance de ce qui se passait dans leur intérieur.

Elle a eu des extases et des visions pendant la Passion, ou en dehors de celle-ci. Plusieurs fois Notre-Seigneur lui apparut, le Sacré-Cœur de Jésus — grandeur nature — l’Enfant-Jésus avec un arrosoir en main pour arroser des lis.

Elle a vu Notre-Dame sous diverses invocations: Notre-Dame de la Conception, Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame du Mont Carmel, etc..

Elle a eu des visions de l’Ange Gardien et d’autres anges. Elle a eu la vision de saint Joseph et encore celle de sainte Thérèse. [5]

Elle vivait la Passion

[Alexandrina] a vécu en elle les tourments de la Passion de Jésus-Christ. Depuis longtemps, ma sœur, nous disait que nous, nous faisions notre retraite, mais qu'elle ne la faisait jamais. Le Père Pinho a obtenu l'autorisation de son Supérieur, le Père Paulo Durão, sj, pour venir passer deux ou trois jours à Balasar et, ainsi il se mit à son entière disposition. Toutefois, ma sœur, s'est trouvée très mal, à cause de l'une de ses crises habituelles.

Ce fut dans ces circonstances que Notre-Seigneur lui demanda qu'elle consente de vivre avec Lui la Passion, du Jardin des Oliviers au Golgotha. Cela faisait déjà un certain temps, selon ce qu'elle nous disait, que Notre-Seigneur lui parlait de la Passion, lui disant: « Donne-Moi tes mains afin que Je les cloue, donne-Moi tes pieds pour que Je les crucifie, donne-Moi ta tête pour que Je la couronne d'épines, comme ils me l'ont fait à Moi ».

Elle croyait que cela signifiait pour elle un accroissement de sa souffrance. Mais le Seigneur faisait vraiment allusion à la Passion. Pendant cette période à laquelle je fais allusion, le Seigneur lui parla plus d'une fois, l'invitant chaque fois à souffrir avec Lui. Toutefois, Alexandrina, ne saisissait pas tout à fait, le sens de cette invitation.

Le Père Mariano Pinho est venu à Balasar le 30 septembre 1938 et y resta les 1, 2 et 3 octobre.

Je crois que l'invitation de Notre-Seigneur eut lieu le 2 [octobre], lui disant que le 3, jour de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, Il lui ferait vivre la Passion avec Lui, de midi à quinze heures. Il (Jésus) lui dit que Lui-même resterait ensuite avec elle, en un colloque amoureux, jusqu'à dix-huit heures. Le Père Mariano Pinho qui avait prévu de partir de bonne heure, est resté jusqu'au soir.

Midi est arrivé. Elle sortit du lit sans que l'ont sache comment, et se prosterna, le visage contre le parquet, ses habits la couvrant correctement, les bras tendus des deux côtés. Elle s'est mise à genoux, leva les yeux au ciel, baissa ensuite la tête et ouvrit les mains en signe d'acceptation. De nouveau elle se prosterna, faisant le même cérémonial trois fois. C'était une scène assez émouvante. J'ai vu à cette occasion, plusieurs personnes pleurer; moi-même j'ai pleuré.

Ensuite est arrivée la scène de la capture. Je ne sais pas si à genoux ou debout, elle a dit: « C'est moi ». C'est pour cela que nous avons compris qu'il s'agissait de l'arrestation du Seigneur. Après, ayant les mains l'une sur l'autre, elle fit quelques pas dans la chambre, je crois me souvenir, au moins quelques fois, tombée à genoux elle se déplaçait d'un côté à l'autre. Elle prononçait les phrases que Jésus avait dites devant le tribunal d'Annas, Caïphas et Pilate. Ensuite, debout, les mains paraissant liées, plusieurs fois elle s'est contractée, comme si elle réagissait aux coups de fouet s’abattant sur elle. Par là nous avons compris qu'il s'agissait de la flagellation.

Ensuite c'était le couronnement d'épines. Elle inclinait violemment la tête vers l'avant; les veines et les muscles du cou se contractaient, comme si quelqu'un, en effet, lui tapait sur la tête. Après elle prenait la croix. Nous avons déduit cela en voyant la position qu'elle prenait et les pas qu'elle exécutait sur le parquet.

J'ai oublié de dire que pendant la flagellation on entendait bien le fouet. Elle même assenait les coups. Poursuivant [le portement de la croix], la position était courbée vers l'avant, comme quelqu'un qui porte la croix sur les épaules, et les pas étaient lents. Plus tard quelques personnes ont essayé de la soulever, quand ce phénomène se répétait, mais jamais elles n'ont réussi. Et pourtant elle ne pesait que trente-trois ou trente-quatre kilos.

Elle est tombée trois fois sur le parquet. Elle tombait avec violence. Par la suite, nous avons remarqué que, une fois la Passion terminée, elle avait des bleus, particulièrement aux genoux et là où les os étaient plus saillants.

Elle restait étendue sur le parquet, les bras ouverts et les pieds joints, comme quelqu'un qui est mis en croix. Elle ouvrait successivement chaque bras, en faisant un geste vers le bas, avec la main, comme si elle venait d'être clouée. Après les jambes: une d'abord, l'autre après. Les pieds étaient l'un sur l'autre. Ensuite elle se levait, les bras ouverts, sans fléchir ni le corps ni les jambes, mais bien droite, ne s'appuyant que sur les talons et l'on pouvait remarquer ce geste qui fait penser au fixement de la croix, par terre. Elle restait ainsi pendant quelques minutes. Puis, sa respiration devenait haletante et, quelques minutes après, levant les yeux au ciel, elle laissait échapper un cri de douleur. Elle disait alors des phrases : je me souviens que la dernière était : « Père, entre tes mains je dépose mon esprit ». Elle inclinait la tête. C'est à ce moment de la Passion que, une fois, j’ai essayé de lui lever la tête et je n'ai pas réussi.

Passées quelques moments, sa physionomie commençait à se modifier, elle recouvrait son teint. Je dois expliquer que, après l'élévation pour le placement de la croix, de nouveau elle s’étendrait par terre; en effet, c'est par terre que s’accomplissait la phase que j'avais commencé à expliquer et je continue maintenant. Elle recouvrait son teint, comme j'ai dit, et en extase, elle avait des colloques avec Notre-Seigneur. Souvent elle s'agenouillait, tournée vers le Tabernacle de l’église paroissiale. D'autres fois, elle chantait et faisait la communion spirituelle. Celle-ci, elle la faisait à chaque fois.

Après l'extase, quand elle recouvrait ses esprits, nous devions la mettre au lit.

Je me souviens que l'un de ses médecins, le Dr Garcia de Carvalho, maintenant décédé, a été invité à assister à l'une des extases de la Passion. Pendant celle-ci, le docteur piqua Alexandrine avec une aiguille, sans que celle-ci réagisse. A la fin, au moment de prendre congé d'elle, il lui serra la main et une fois encore il l'a piqua, alors qu'elle avait déjà recouvert tous ses esprits. Alexandrina lui dit alors : « Mais docteur, vous me piquez; est-ce là une façon de dire au-revoir ? » Le médecin sourit.

La description que j'ai faite de la Passion correspond à ce qui arrivait en général tous les vendredis et non pas seulement le premier.

Ces extases ont commencé le 3 Octobre 1938 et se sont terminées le 27 Mars 1942, si je ne me trompe pas. Elles se sont déroulées tous les vendredis, tout au long de ces années.

Après 1942 les manifestations extérieures de la Passion ont cessé mais jusqu’à la mort elle en a vécu intérieurement les tourments. Ces « extases douloureuses », comme on les appelle, je crois, ont continué jusqu'à sa mort.

— Tout a-t-il été écrit, de ses colloques pendant la Passion ?

Nous écrivions presque tout de ces manifestations. Toutefois, pendant les derniers temps, nous n'avons rien écrit, étant donné qu'elle était si malade que nous n'arrivions pas à comprendre tout ce qu'elle disait. Elle ne pouvait plus dicter.

— À ces moments-là, aimait-elle être seule ou accompagnée ?

Cela lui plaisait de rester seule. La présence d'autres personnes la faisait souffrir. Cette souffrance même, elle demandait à Dieu de pouvoir la garder secrète, de ne pas la manifester.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, elle a souffert l'abstinence de solides et liquides.

La Servante de Dieu est morte le 13 octobre 1955. Elle est morte à Balasar, dans la maison où elle vivait, au lieu-dit Calvario. Elle est morte de la maladie dont elle souffrait depuis tant d’années et qui s’était aggravée au fil des années, tout particulièrement dans la dernière.

La dernière année

[Alexandrina] a supporté la maladie, durant la dernière année, d'une façon très résignée, avec un amour pour la souffrance peu commun. Elle me disait ceci : « Comment peut-on souffrir autant sans mourir ? » D'autres fois elle me disait que la souffrance était pour elle la plus grande consolation, afin d'avoir quelque chose à offrir à Notre-Seigneur et pour sauver des âmes. Elle me disait encore : « Je te cause bien des soucis, et à cause de moi tu souffres beaucoup, mais au ciel, je serai ta plus grande amie ».

Début octobre, mois de sa mort, notre mère s'étant rendue à Póvoa pour soigner ses rhumatismes, je suis restée seule avec elle et la bonne. Quelques hommes sont venus mettre du vin en bouteille; à un certain moment elle m'a appelée; j'ai tardé un peu, impossibilité que j'étais d'abandonner tout de suite ce que je faisais.

Je me suis donc rendue à ses côtés, j'ai pris une chaise que j'ai approché du lit et me suis penchée vers elle, pour mieux entendre ce qu'elle avait à me dire. Alors elle me dit tout doucement : « Tu es épuisée ! » (Ou bien: tu m'as oubliée). Elle me remit de petites bourses, où il y avait des offrandes destinées à diverses causes, et m'a dit alors : « Garde ceci, c'est de l'argent »; et m'a dit ensuite comment elle voulait qu'il soit distribué. Ceci est arrivé le matin. L'après-midi, elle a semblé empirer d'heure en heure. Arriva alors Monseigneur Mendes do Carmo qui m'a demandé : « Comment va votre sœur ? » Je lui ai répondu : « Elle va assez mal ». Il est entré et a pu vérifier que cela était vrai. Il est ensuite ressorti et a renvoyé la voiture et décida de rester afin de pouvoir célébrer la messe le lendemain. Pendant la nuit, ma sœur a beaucoup souffert et vers deux heures du matin, les douleurs s'étant un peu calmées, elle m'a appelée et m'a demandé : « Quelle heure est-il ? » Après que je lui ai répondu, elle a poursuivi : « Tu sais, je vais mourir ; dès le matin, je veux que tu passes deux coups de fil : un à Madame Irène Gomes pour qu'elle ramène ma mère, mais qu'elle prenne les affaires et vienne définitivement, cette fois-ci; un autre au Dr. Azevedo, pour qu'il vienne aujourd'hui ; un autre encore au Père Albertino, c'est un devoir de gratitude, je lui dois beaucoup ». Et une salutation encore pour la dame de Guimarães.

Au petit matin, Madame Sãozinha est arrivée pour assister à la messe, ainsi qu'une de mes cousines.

Je veux dire que ce fut au cours de la conversation de cette nuit-là qu’Alexandrina m’a dit que Notre-Seigneur lui avait demandé de renoncer au retour du père Mariano Pinho.

Dès le matin la Messe a été célébrée. Les personnes qui avaient été appelées par téléphone, commencèrent à arriver.

Elle demanda que l'on appelle Monsieur l'abbé pour lui administrer l’Extrême-onction, pendant qu'elle était encore lucide, disait-elle. Monsieur l'abbé est arrivé et alors elle commença a lui demander publiquement pardon en le suppliant de demander pardon de sa part à tous les paroissiens, lors de la messe du dimanche suivant. Elle demanda aussi pardon à  toutes les personnes présentes, chacune à son tour, sans oublier la bonne. Ainsi s'est passée cette nuit et ce jour...

Sa dernière journée

(...)

Le treize, elle souffrait d'un manière indicible.

Quelques personnes sont venues la visiter. Encore que très difficilement, elle a ouvert les yeux, et parmi ces visiteurs elle reconnu monsieur Adelino Leitão, mari de la nièce de Monsieur le Cardinal ; elle a dit alors, s'adressant à eux tous : « Adieu, au ciel ! Récitez le chapelet tous les jours, ne péchez plus et recevez la communion fréquemment ».

Ils s'en sont allés chez eux. Vers les onze heures elle a voulu que l'on lise les prières pour les agonisants. C'est Monseigneur Mendes do Carmo qui s'en est chargé. Dans le courant de l'après-midi, elle a dit plusieurs choses. Avec un aire joyeux elle a dit : « Je vais au ciel ! » ; ce à quoi j'ai répondu : « Mais il n'est pas encore l'heure ». Et elle de m'affirmer : « Si, si... ».

Quelques minutes avant la mort, l'institutrice (Sãozinha) m'avait priée de me mettre au lit; j'y suis allée. À peine je venais de me coucher qu'elle m'a appelée : « Linda !... »

Je me suis rendue à son appel à la cuisine. J'ai remarqué que l'on avait appelé aussi Mgr Mendes do Carmo. J’y suis allée moi aussi, [6] elle agonisait et quelques instants après elle est morte.

Elle a eue une agonie sereine et bien peu de temps avant de mourir, elle n'avait même pas l'apparence d'une moribonde. Toutefois ses yeux avaient perdu cette splendeur dont ils étaient remplis quelques minutes avant sa mort.

La mort est survenue vers 2O heures le 13 [Octobre 1955]. Étaient présents moi, ma mère, quelques cousines, Monseigneur Mendes do Carmo, une ou deux dames de Póvoa, je ne m'en souviens pas très bien.

Je n'ai pas remarqué qu'elle ait pu avoir des tentations à l'heure de sa mort. Le onze elle m'avait dit qu'elle allait mourir, mais la date exacte, ce n'est que le jour même qu'elle me l'a avouée. Elle a toujours souhaité mourir un jeudi, parce que c'est je jour de l'institution de la très Sainte Eucharistie et Notre-Seigneur l'a exaucée.

Tout ceci je le sais par la connaissance personnelle des événements.

a) Le corps fut préparé dans la chambre même où elle était morte. Celui-ci est resté toute la journée de vendredi, ainsi que la nuit du vendredi au samedi, au domicile, dans le salon. Le samedi matin, la dépouille mortelle fut conduite dans l’église paroissiale, où l’office funèbre, avec Messe, a été célébré. Elle fut ensuite conduite au cimetière de la paroisse et déposée dans une sépulture en pleine terre, tournée vers l’église, comme elle l’avait demandé.

b) Déjà dans la nuit du jeudi au vendredi des personnes sont venues. Mais dans les jours qui ont suivi, l’affluence fut énorme, aussi bien à la maison qu’à l’église.

c) Le peuple a commencé à venir dès l’annonce de la mort.

d) Des gens de toutes les classes sociales sont venues: les uns de près les autres de loin.

Je ne sais pas pourquoi ils sont venus. Si c’était moi qui serait morte, ils ne seraient certainement pas venus. Je pense qu’ils sont venus parce qu’elle avait la renommée de sainte. La plus grande partie de ces gens l’avaient déjà visitée pendant sa longue maladie.

Que je sache, aucune publicité n’en a été faite.

b) Elle fut exhumée deux fois. Actuellement elle se trouve dans une chapelle funéraire.

c) Il y a une inscription sur la tombale et une autre sur la stèle, dictées par la Servante de Dieu elle-même.

a) Je ne suis pas au courant que quelque chose d’extraordinaire soit arrivé pendant l’exposition ou lors de la sépulture.

b) Rien n’indique qu’à cette occasion elle ait été entourée d’un culte public.

c) Aucun de ces actes n’a eu lieu à l’occasion de son inhumation.

Je suis allée très souvent visiter la tombe de la Servante de Dieu, parce qu’il s’agit d’une personne de la famille. Ma mère est inhumée dans une concession toute proche, car dans la chapelle funéraire on y célèbre souvent la Messe et c’est moi qui ai la charge de fleurir l’autel et, enfin, parce que j’ai de la dévotion pour la Servante de Dieu. J’y vais presque tous les jours. On y célèbre la Messe plus de 365 fois l’année, ce qui ne veut pas dire que l’on y célèbre chaque jour, car il y a des jours où il n’y a pas de Messe; d’autres jours on y célèbre plusieurs.

J’ai vu que beaucoup de monde la visite. Je peux affirmer que je ne me souviens pas d’un seul jour sans y rencontrer quelque personne. Je pense qu’ils y vont la visiter en remerciement de grâces reçues, en jugeant d’après les choses qui y sont déposées. D’autres personnes y viennent, certainement, pour demander l’intercession de la Servante de Dieu.

Des personnes de tout état et de toute condition y vont.

L’affluence de gens s’est vérifiée aussitôt après sa mort et ne fit qu’augmenter de jour en jour. Cette affluence n’a jamais diminué et ne s’est jamais interrompue jusqu’à ce jour.

Je pense que personne n’avait intérêt à promouvoir une telle affluence.

J’ai entendu dire, assez couramment : « si celle-ci n’est pas sainte, alors aucun n’est saint... » Elle jouissait déjà de cette renommée pendant sa vie, et celle-ci ne fit qu’augmenter après sa mort. Toute cette dévotion populaire a été pour nous cause de grands sacrifices. Cette renommée existe parmi toutes les catégories sociales y compris parmi les prêtres, religieux et religieuses.

Il n’en ressort, à mon avis, que quelque chose ait été faite pour fomenter cette renommée et non plus que quelque chose ait été faite pour la faire diminuer ou disparaître. En ce qui me concerne, je la considère comme une sainte, qu’elle soit canonisée ou non. Qu’il soit fait ce qui sera pour la plus grande gloire de Dieu. Je la trouve digne des honneurs des autels.

* * *

NOTES

[1] Monseigneur Antonio Barbosa Leão.

[2] C’est le nom des habitants de Póvoa de Varzim. Toutefois, ce nom peut avoir un sens péjoratif.

[3] Voir le pourquoi de cette réponse en Appendice. Le coussin était utilisé afin qu’Alexandrina ne se blesse lors des chutes au moment où elle vivait les scènes de la Passion.

[4] Obsession sexuelle.

[5] Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

[6] Dans la chambre d’Alexandrina

 

 

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