Témoignage n° 19
— Sœur de la servante de Dieu
Alexandrina Maria da Costa
J’ai de la dévotion pour la Servante de Dieu. J’ai
toujours vécu avec celle-ci, depuis toute petite et jusqu’à sa mort; y
compris pendant qu’elle
travaillait, car elle rentrait toujours à la maison.
Je
l’ai connue personnellement, car en outre qu’elle soit ma sœur, j’ai aussi
été son infirmière. J’ai lu quelques biographies après sa mort, où j’ai
trouvé des événements spirituels qu’elle ne m’avait pas révélés. J’ai lu la
biographie écrite par le père Umberto Pasquale et celle écrite par le père
Mariano Pinho, qui ont été publiées. Je sais que la biographie écrite par le
père Mariano Pinho « Uma Vitima da Eucaristia » fut publiée au
Brésil ; celle du père Umberto Pasquale fut publiée ici au Portugal. Ces
deux ouvrages ont été publiés après la mort d’Alexandrina, mais je n’en
connais pas la date exacte. Je suis convaincue, d’après ce que j’ai lu, que
ces deux ouvrages font autorité, car, ce que j’ai lu correspond à la vérité.
Je sais aussi que ces ouvrages ont été appréciés et il me semble qu’ils ont
fait beaucoup de bien à ceux qui les ont lus.
La Servante de Dieu à écrit quelques lettres, tant
qu’elle l’a pu, à son directeur spirituel et aussi à quelques personnes
intimes. Je sais aussi qu’elle a écrit des pensées sur des images pieuses
pour offrir à des personnes amies lors des fêtes.
Je crois savoir que madame
Maria José Neves Correia e Silva, domiciliée à Sertã (Beira), a reçu des
lettres écrites par elle.
Il est probable qu’il y ait d’autres personnes qui
possèdent des écrits de la Servante de Dieu, toutefois, en ce moment, je
n’en suis pas certaine.
La Servante de Dieu est née le 30 mars 1904, à Gresufes,
Balasar. Son nom est Alexandrina Maria da Costa, portugaise. La mère, bien
qu'elle soit la fille d’un bon agriculteur, a perdu ses biens, à la suite de
prêts et de cautions, dans lesquels elle s’est engagée. Elle dut se faire
journalière. En ce qui concerne la situation du père, tant que je sache,
elle était modeste. En ce qui concerne ma mère, je ne connais pas d’autre
personne, je veux dire, aucune autre personne, à laquelle il soit arrivé la
même chose, qui puisse se comparer à elle autant par sa modestie, que par
son travail et par l’éducation qu’elle a donnée à ses filles. Même sur mon
père je n’ai jamais rien entendu de mauvais, bien au contraire, j’en ai
entendu que du bien.
La Servante de Dieu a été baptisée le 2 avril de la même
année en l’église de Balasar; c’était un Samedi-Saint. Elle était née le
mercredi précédent. Elle reçut le prénom de Alexandrina Maria. Elle reçut la
Confirmation dans l’église matrice de Vila do Conde des mains de l’évêque de
Porto
en 1911. La mère n’a plus eu d’autres enfants. Le père
en eut deux de son mariage. Désormais, ils sont morts tous les deux.
Ceci, je le sais par connaissance directe.
La Servante de Dieu passa son enfance, jusqu’à l’âge se
sept ans, dans la compagnie de sa mère. À cet âge, elle est venue avec moi à
Póvoa, où nous sommes restées pendant dix-huit mois, chez une dame dénommée
Maria Mataca, qui demeurait rue da Junqueira. Par la suite, nous sommes
retournées auprès de notre mère, et ensemble, nous sommes venues habiter le
lieu-dit Calvario.
Elle reçut l’éducation de sa mère envers laquelle elle a
toujours été très respectueuse. Elle le fut aussi envers la dame de Póvoa,
bien qu’elle ait été très espiègle. Je me souviens qu’une fois où la dame de
Póvoa n’ayant pas cédé à ce que ma sœur voulait, ce dont je ne me souviens
plus, celle-ci l’appela «Poveira»
. Elle en eut tellement de repentir qu’elle alla lui
demander pardon, afin de pouvoir aller recevoir la Communion. Je ne me
souviens pas qu’elle eut, par ailleurs, manqué de respect. Elle jouait
beaucoup avec les autres fillettes, à la ronde, à la guerre, etc..
a) Elle se confessa et communia pour la première
fois à Póvoa de Varzim, des mains du père Matos, à l’église matrice. Elle
devait avoir sept ou huit ans.
b) Sa manifestation de joie pour avoir fait la
communion, m’a spécialement marquée. Elle allait sonner aux portes de ses
copines pour leur annoncer l’événement. Par la suite, elle allait communier
presque tous les jours.
c) Retournées à Balasar, je me souviens que nous
avons continué de fréquenter le catéchisme, auquel elle ne manquait jamais
et cherchait même à s’approcher le plus possible de sa catéchiste afin de
faire, avec celle-ci, ses prières, car déjà à cette période elle aimait
beaucoup la prière. Je me souviens qu’elle m’a raconté, plus tard, que vers
cette période elle avait pris l’habitude de cacher des morceaux de bougie
qu’elle utilisait ensuite, le soir, pour pouvoir lire ses prières ou le
missel, qui contenait plusieurs dévotions.
Je ne me souviens pas de lui avoir vu des défauts, sinon
un caractère assez vif, plein de tempérament. Quelques fois elle jetait des
objets quand elle s’exaltait. Une fois, elle me jeta un couvercle et une
autre fois un sabot. Elle aimait bien avoir de nouvelles choses.
a) La Servante de Dieu travailla d’abord dans les
champs et ensuite comme couturière.
b) Dans les champs elle travailla jusqu’à l’âge de
treize ans et ensuite dans la couture jusqu’au moment où n’en put plus.
c) Jusqu’à l’âge de onze ans, elle n’a souffert
d’aucune maladie. A cet âge elle a été très malade et reçut pour cette
raison les derniers sacrements. Il s’agissait d’une infection qu’un premier
médecin ne diagnostiqua pas. Un autre médecin fut alors appelé, lequel a
découvert la maladie et ma sœur guérit tout à fait. Jusqu’à quatorze ans
elle a joui d’une bonne santé. Vers cette époque, elle commença à se
plaindre et le travail lui était difficile.
Ma mère, pensant qu’il s’agissait d’une chose de peu
d’importance, l’emmena chez un pharmacien, mais après, comme son état ne
s’améliorait pas, elle est allée chez un médecin. Là aussi, le résultat fut
mince.
Alors, ma grand-mère pensa que cette maladie pouvait être
le résultat d’un saut que ma sœur avait fait d’une fenêtre. Ma mère, alors,
se rendit chez le médecin et lui demanda si la maladie aurait pu être causée
par une chute que la jeune fille avait faite. Le médecin lui répondit que,
même si la chute n’expliquait pas tout à fait la maladie, elle l’expliquait
en partie. Je ne me souviens pas qu’il est dit autre chose au sujet de la
maladie.
Ce fut un jour où, moi, Alexandrina et une autre jeune
fille, Rosalina Almeida, nous faisions de la couture. J’étais assise devant
la machine à coudre, toute proche d’une fenêtre quand j’ai aperçu trois
hommes qui de la route, prenaient la direction de notre maison. Leur
attitude éveilla en moi de forts soupçons. J’ai eu peur d’aller fermer le
portail qui donnait sur la route, mais j’ai fermé la porte de la maison, qui
était sûre et: alors, je me suis sentie en sécurité.
Peu de temps après, je me suis rendu compte qu’ils
étaient entrés dans la cour, en ouvrant le portail et qu’en suite ils
frappaient à la porte de la maison. J’ai demandé qui ils étaient et, l’un
deux me dit : « Votre serviteur, ouvrez, s’il vous plaît ». Moi j’ai
répondu : « On n’ouvre pas la porte, vous n’avez rien à faire ici ».
Je dois dire que nous avons pris encore d’avantage peur, car l’un d’eux
était un vaurien.
Aussitôt après, celui-là même, passa par en dessous afin
d’entrer par une trappe qui de l’étable donnait dans la maison. Il était
entré par la cuisine qui communiquait avec l’étable. Notre peur ne fit
qu’empirer. Alexandrina repassait. J’ai poussé la machine à coudre sur la
trappe; lui, avec un marteau cassa deux planches de la trappe et de là il
réussit à entrer dans la maison et m’attrapa par la jupe. Mais, comme il
n’était pas encore tout à fait sortit de la trappe, j’ai réussi à me
débarrasser de lui et à m’enfuir par la porte. De ceux qui étaient là, l’un
est entré et l’autre resta.
Alexandrina qui, comme je l’ai dit, repassait, sauta en
bas de la fenêtre et, quand elle est tombée, elle ressentit une grande
douleur qui l’obligea à rester à terre: elle pensait ne plus pouvoir se
lever. Elle perdit une bague qu’elle avait au doigt. Au prix d’un grand
effort, elle réussit à se lever et, avec un bâton à la main, elle est venue
pour nous défendre. Elle est même venue jusqu’à la porte de la maison et se
tournant vers eux, elle dit : « Espèce de chiens, à cause de vous j’ai
perdu ma bague ».
L’un d’eux, brésilien, les doigts pleins de bagues, lui
dit : « Calme-toi ; choisis en une de celles-ci ». Elle lui répondit
qu’elle n’en voulait pas de ses bagues, et, qu’elle allait se mettre à crier
s’ils ne s’en allaient pas. Ils ont eu peur et sont partis.
a) A partir de cette date, la maladie ne fit
qu’empirer. La première fois qu’elle consulta le médecin, ce fut peu de
temps après le saut. Elle consulta d’autres médecins sans le moindre
résultat.
b) Je ne sais pas très bien comment la maladie se
développa, mais je sais qu’elle s’aggrava progressivement. Ses douleurs
augmentèrent et devinrent intolérables, bien qu'elle soit restée au repos,
sous conseil du médecin, lequel lui avait recommandé de prendre des bains de
soleil.
Quand elle commença à prendre les bains de soleil, il est
vrai qu’elle marchait encore, mais vers la fin, je devais l’emmener et la
ramener. Ces bains de soleil eurent lieu vers 1924 ou 1925, aussitôt avant
qu’elle n’ait du s’aliter. Mais avant ceci, pendant quatre ans, elle fut
soignée par plusieurs médecins.
— Nous savons que vingt ans
après, un peu près, partant à Porto pour consulter un médecin, elle passa à
Trofa et, nous savons que là elle marcha sans aucune aide. Comment
expliquez-vous ceci ?
Je
l’explique. Les mouvements qu’elle faisait étaient dus à l’obéissance envers
son directeur spirituel. En vérité, le directeur spirituel lui avait dit de
demander à Notre-Dame de lui donner la force de marcher.
Je sais que d’autres fois, ce même phénomène se répéta,
mais je ne me souviens pas à quelles occasions.
Je ne pense pas qu’elle (Alexandrina) eut pu être victime
de manipulation.
a) Depuis le début la mère d’Alexandrina crut à la
vérité des plaintes qu’elle exprimait. Ce furent, toutefois, les gens qui
dirent que la maladie était simulée et, à cause de cela, la servante de Dieu
a beaucoup souffert.
b) Effectivement, la maladie s’aggravant, la
Servante de Dieu supporta des choses douloureuses. Par exemple, monsieur le
Curé ne croyait pas beaucoup à la maladie et allait même jusqu’à dire
qu’elle ne mangeait pas parce qu’elle ne le voulait pas, et que si elle
continuait ainsi, elle risquerait d’aller en enfer. D’autres personnes
disaient que cela n’était qu’une farce. Bien plus tard, le docteur Elisio de
Moura voulait la contraindre à s’asseoir sur une chaise, mais il n’y réussit
pas.
— Qui était présent lors de
cette consultation ?
J’étais présente dans la chambre, quand le docteur Elisio
de Moura est venu. Je l’ai vu enlever les couvertures du lit et je lui ai
demandé s’il voulait que je l’aide à retourner ma sœur, afin qu’il puisse
observer son épine dorsale. Alors, d’un signe de la main il me montra la
porta. Je suis sortie, mais je ne me suis pas éloignée de la porte d’où je
pouvais entendre les gémissements de la malade. Mais je ne pouvais rien
observer de ce qui s’y passait. Toutefois, ma sœur m’a raconté ce qui suit:
il avait essayé de la saisir pour la faire asseoir sur une chaise, mais
qu’elle ne l’avait pas fait, car elle n’avait pas réussi à se plier. Étant
donné qu’il n’y arrivait pas, il la reprit et, la remettant au lit avec très
peu de délicatesse, il lui avait cogné la tête contre le mur. À ce moment-là
j’ai entendu le docteur Elisio de Moura qui lui disait: «Ne vous
évanouissez pas, mademoiselle». Quelque chose d’autre est arrivé, mais
elle ne me le raconta pas. Je pense qu’il a essayé de l’hypnotiser.
Le témoignage du docteur Elisio de Moura est faux.
Peut-être à cause de son âge avancé.
La Servante de Dieu, pour son premier examen, s’est
rendue dans le cabinet du docteur Gomes de Araujo, rue de Santa Catarina, à
Porto. L’examen dura environ une heure et fut très douloureux.
Successivement, lui et deux autres médecins, le docteur
Carlos de Lima et le docteur Azevedo, médecin assistant, sont venus à la
maison pour un nouvel examen, à la demande du docteur Azevedo cité
ci-dessus. Cet examen, lui aussi, fut très douloureux.
A la suite de cette visite, ils jugèrent qu’il serait
opportun qu’elle soit soumise à une période d’internement au « Refuge
pour les Enfants Paralysés », à Foz du Douro, duquel était directeur
clinique le docteur Gomes de Araujo. Elle y resta quarante jours, surveillée
jour et nuit par des personnes de confiance du directeur qui était en plus
propriétaire de la maison.
Je l’ai accompagnée, depuis la maison d’où nous sommes
sorties dans une ambulance, pour un voyage qui dura approximativement cinq
heures.
Très souvent nous nous arrêtions à cause des souffrances
que les chaos de la route causaient à la malade. Nous sommes arrivés à la
tombée de la nuit. On nous y attendait, un peu loin de la maison. Ils
l’emmenèrent sur un brancard, à l’intérieur, dans une chambre où il y avait
un lit qui lui était réservé, et un autre pour la personne chargée de la
surveillance. Moi, je suis restée dans une autre chambre séparée et ne
communiquant pas avec celle de ma sœur. Il y avait bien une porte dans le
couloir, mais elle était fermée à clef par la surveillante.
Je n’entrais dans la chambre de ma sœur que lorsque le
médecin la visitait et qu’il m’appelait expressément et, seulement pendant
qu’il y restait. Même quand j’étais appelée par les surveillantes pour
accomplir les services que celles-ci n’arrivaient pas à faire, elles étaient
toujours présentes à ces moments-là, étant donné qu’elles ne la laissaient
jamais seule. Même quand elles avaient besoin d’aller prendre un bain, et
qu’il n’en restait qu’une, elles avaient soin de fermer la porte à clef de
mettre celle-ci dans leur poche.
C’était moi, en vérité, qui la plaçait dans le lit, mais
toujours sous la rigoureuse surveillance des dames désignées par leur
patron. Elle vérifiait même la lingerie lavée que j’apportais à ma sœur et
même celle que je lui enlevais, l’examinant à la lumière du jour; elles
observaient tous mes mouvements. Ici, au contraire de ce que témoigne le
père Agostinho Veloso, je ne pouvais pas lui donner à manger, à boire ou
m’aide la faire uriner, etc. Cela ne m’est même pas venu à l’idée.
À propos, je me rappelle que, encore à la maison, le jour
où la décision fut prise qu’elle irait à Porto, la Servante de Dieu ayant
informé le docteur Gomes de Araujo que parfois elle buvait de l’eau,
celui-ci lui demanda pour quelle raison elle ne le faisait pas toujours.
Elle lui répondit qu’elle avait toujours soif, mais que si elle buvait, non
seulement elle aurait eu de fortes douleurs, mais aussi des vomissements,
qui duraient quelques fois dix-sept jours. Le médecin lui dit de choisir,
dès le jour où elle est entrée dans la maison de santé, d’opter pour les
modalités suivantes : ou une recherche où il lui serait permis de boire de
l’eau et qui ne durerait que quelques jours ou alors, dans le cas où elle ne
prendrait rien, celle-ci durerait alors trente jours. Je dois préciser
qu’Alexandrina a fini par rester quarante jours, bien qu'elle ait opté pour
la deuxième solution.
La prolongation de dix jours supplémentaires fut due au
fait que l’une des surveillantes rencontra incidemment hors du “Refuge”
un médecin, ami personnel du docteur Gomes de Araujo. Comme celui-ci lui
manifestait sa joie de la revoir après une aussi longue séparation, elle lui
expliqua le travail qu’elle faisait à la demande du docteur Gomes de Araujo.
À l’égard du cas, le médecin se montra absolument
incrédule, disant : « Je ne vous crois pas, madame ». La surveillante
raconta le fait au docteur Gomes de Araujo, lequel se mit en rapport avec
ledit médecin, le priant, personnellement ou par l’intermédiaire de
quelqu’un de sa confiance, de vérifier le cas, autrement, il couperait toute
relation avec lui.
En effet, ledit médecin chargea sa sœur de la surveiller
les dix jours suivants. Celle-ci est la seule raison, qui motiva le séjour
de dix jours supplémentaires. La sœur de ce médecin fut l’une des plus
exigeantes.
[Alexandrina] buvait quelques gouttes de temps en
temps, et ceci jusqu’à sa mort.
Les enquêtes [médicales] ont été ordonnées par
l’Archevêque, Monseigneur Antonio Bento Martins Junior et se bornaient à
celles faites à domicilie.
Mais le docteur Gomes de Araujo préféra que la malade
soit internée dans le “Refuge”, car il suspectait les familiers de
tromper l’autorité religieuse.
Après tout ce que j’ai déjà dit, il me semble que non
seulement le “Refuge” offrait toutes les garanties de surveillance,
mais j’affirme en outre, qu’elles ne pouvaient être davantage rigoureuses.
Je fais aussi remarquer, en outre, que le médecin se présentait auprès de la
malade à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit, exprès, pour cela.
Je n’ai jamais été moi-même surveillante, bien au
contraire, moi aussi j’étais surveillée; et les autres personnes qui la
surveillaient, loin de se montrer intéressées, la surveillaient avec une
vraie rigueur, à tel point que l’une d’elles, qui s’était montrée un peu
plus affectueuse, fut immédiatement remplacée. Ceci arriva aussitôt, un jour
après notre arrivée.
Pendant sa maladie, la servante de Dieu eu des extases et
des visions.
L’institutrice
Maria da Conceição
assistait à
presque toutes les extases du vendredi. Je n’ai pas le souvenir que celle-ci
ait utilisé le ledit coussin; il est probable qu’elle s’en soit servie.
Moi-même je cherchais à l’aider (Alexandrina) en tout ce que je pouvais. Je
ne crois pas que l’on puisse parler d’hystérie lors des extases, surtout
quand on sait que le docteur Gomes de Araujo — spécialiste de cette maladie
— a affirmé qu’elle n’était pas une hystérique. Il ne s’agissait pas non
plus de mystification, ou bien moi qui ai vécu toute ma vie auprès de ma
sœur, je ne suis jamais arrivée à la connaître.
Je ne sais pas comment expliquer une mystification, alors
que ma sœur ne désirait que vivre cachée et, quand quelqu’un venait, c’était
pour elle un calvaire. Connaissant les causes qui produisirent les effets,
je constate que ceux-ci ne peuvent pas être attribués au démon. J’ai assisté
moi-même aux effets des interventions diaboliques en d’autres occasions et
ils étaient différents.
1) Il est absolument faux qu’une quelconque
publicité ait été faite pour attirer la foule, au contraire, nous fuyons
celle-ci, comme si rien ne se passait. Notre consolation a été grande, quand
nous avons pu dire aux gens qu’ils ne pourraient assister qu’avec
l’autorisation de l’évêque. Et de cette façon, seules les personnes munies
de son autorisation ont été admises.
2) Le fait qu’elle ait marché, à ces occasions,
est véridique; je ne saurai en donner l’explication. Je sais, par contre,
qu’en dehors de ces occasions, elle ne se déplaçait pas, et que pour
chercher une explication elle s’est soumise, à diverses reprises, aux
examens médicaux, mais ceux-ci non plus, n’ont été capables de la donner. Je
crois que c’est Notre Seigneur qui l’a permis.
Il ne s’agissait en aucun de simulation car ma sœur ne
mentait pas. Le père Mariano Pinho était présent à cette occasion, mais il
n’a pas rappelé à la voyante les scènes de la Passion. Il était silencieux.
Si tant est qu’il a parlé, ce fut au médecin qu’il s’adressa, pour expliquer
à celui-ci ce qui se passait.
Pendant que la Servante de Dieu était étendue, revivant
la scène du Jardin des Oliviers, le docteur Elisio essaya de la lever, mais
en l’essayant, il tomba. Comme on lui faisait remarquer ce qui était arrivé,
il répondit: Je tombe facilement, Maintenant, donne-moi un coup de main,
petite, s’adressant à moi. En ce qui concerne la suggestion, j’ai déjà dit
que je ne sais pas l’expliquer, d’autant plus que j’ignore ce que cela peut
être.
Elle prédit certaines choses qui on peut être vérifiées.
A la mort de Pie IX, elle annonça que le prochain Pape serait le Cardinal
Pacelli.
— A-t-elle prédit que le père
Mariano Pinho ne partirait pas au Brésil ?
—
Oui.
— Toutefois, il finit par
partir ?
a) Notre-Seigneur lui demanda le sacrifice de
rester sans ce directeur spirituel.
b) Je ne sais pas si elle présentait en son corps
quelque chose d’inexplicable.
c) Elle suivait toujours les conseils et les
ordres du directeur spirituel.
Le
père Mariano Pinho ne venait pas souvent à la maison; de là, il s'ensuit
qu’elle aurait dû rester sans penser ni agir pour la plus part du temps.
J’ai connu le père Mariano Pinho en 1929, si je ne me
trompe et, à partir de cette date il fut mon directeur spirituel jusqu’à son
départ pour le Brésil. Je n’ai jamais remarqué chez lui la moindre
manifestation d’un tel défaut,
bien au contraire, il avait un très grand zèle à nous
conduire vers Dieu.
— Le père Agostinho Veloso
affirme que le Père Mariano Pinho, pour arriver à ses fins, disait aux
autres âmes dont il avait la charge, qu’il faisait la même chose avec
Alexandrina. Qu’en pensez vous ?
Ce qu’il disait aux autres âmes, moi je l’ignore ; quant
à moi, il ne m’a jamais dit des choses de ce genre. Je n’ai jamais rien vu
non plus, quoi que ce soit sur ce sujet. Je ne crois pas qu’il eut été
capable de pousser qui que ce soit au péché.
Je crois que la Servante de Dieu pratiqua les vertus
théologales, morales et annexes, à un degré héroïque.
Elle avait la foi théologale et la manifestait dans ses
paroles et dans ses œuvres. Elle en parlait à ceux qui venaient la voir et,
quand elle comprenait que quelqu’un venait et lui disait ne pas avoir la
foi, dès que cette personne partait, elle nous disait : « J’ai tant de
peine pour ceux qui n’ont pas la foi ! »
Toutes ses actions étaient basées sur la foi.
Je pense qu’elle accomplissait tous préceptes de Dieu et
d l’Église et les accomplissait à la perfection. Elle recommandait à tous de
ne pas manquer à la Messe, conseillait la confession et la communion,
recommandait les prières du matin et du soir et, elle-même voulait que ces
prières soient récitées dans sa chambre avec la famille.
a) Elle parlait beaucoup de la Sainte Trinité,
qu’elle appelait « ses amours ». Elle avait une grande dévotion
envers le très Saint-Sacrement. Beaucoup de nuits, elle ne dormait pas;
alors elle les passait en adoration spirituelle au très Saint-Sacrement.
Elle était inscrite dans les rangs de l’Association “Les Maries des
Tabernacles”.
Pendant les premières années de la maladie non [elle
ne communiait pas tous les jours], car monsieur l’Abbé ne pouvait pas
toujours lui apporter la communion. Plus tard, quand la maladie s’aggrava,
il commença à venir chaque jour.
[Quand monsieur le curé ne pouvait pas venir],
quelques prêtres la lui apportaient, par charité.
— Et personne d’autre ne lui
apportait la communion ?
Elle a dit, plus d’une fois, qu’un ange lui avait apporté
la communion.
— Croyez-vous qu’un ange ait
pu aller dans le Tabernacle prendre les Saintes Espèces pour donner la
communion à la servante de Dieu ?
Oui, je le crois.
Je ne reconnais aucunement [être la complice d'Alexandrina].
[Le père Agostinho Veloso] ne m’a jamais connue,
ne m’a jamais vue et moi non plus, je ne l’ai jamais vu, ni ici ni ailleurs,
pour cette raison même, il ne peut pas me juger. Son affirmation est
simplement mensongère.
b) Elle faisait de fréquentes visites spirituelles
et communions spirituelles: toutes les fois que l’horloge sonnait les heures
et les demi-heures. Elle les faisaient avec un profond recueillement. Elle
se confessait, au début, tous les quinze jours et parfois il y avait un
intervalle d’un mois entre les confessions. Dernièrement, elle se
réconciliait plus fréquemment. Elle recommandait à tous la confession et la
communion fréquentes.
c)Elle avait de la dévotion envers le Sacré-Cœur
de Jésus. Elle avait dans sa chambre un tableau et une statue du Sacré-Cœur.
Elle célébrait avec beaucoup de ferveur le premier vendredi de chaque mois.
Elle avait de la dévotion pour la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
ainsi que pour les Saintes Plaies. Elle avait toujours sur elle un crucifix.
Quand elle le pouvait et, en particulier pendant le Carême, elle faisait le
Chemin de Croix. Elle recommandait cette dévotion aux personnes qui la
visitaient.
d) Elle avait de l’amour et une grande vénération
envers Notre-Dame et la recommandait aux autres.
Dans sa chambre elle avait une statue de Notre-Dame de
Fatima et une autre de Notre-Dame Auxiliatrice. Elle exprimait son amour
envers Notre-Dame en l’appelant «Mãezinha». Elle récitait le Rosaire tous
les jours et fêtait le mois de Marie. Dans les premières années elle le
faisait toute seule. Par la suite, ne pouvant pas le faire, c’était moi qui
le faisait.
e) Elle avait une particulière dévotion envers
saint Joseph et elle priait chaque jour son Ange Gardien.
f) Elle vénérait beaucoup la parole de Dieu, que
ce soit dans la Sainte Écriture, ou proclamée par le Magistère de l’Église.
g) Malgré sa maladie, elle œuvrait avec amour et
diligence pour la conservation et la propagation de la foi et de la vie
chrétienne. Elle avait un «négrillon» envoyé par les Jésuites et, au début,
les dons destinés aux Missions étaient envoyés à cet Ordre. Plus tard, alors
que les dons étaient plus importants, elle prit conseil auprès de son
directeur spirituel et auprès d’autres personnes et les dons commencèrent à
être distribués aux diverses œuvres missionnaires existantes. Elle faisait
partie de l’Œuvre de la Propagation de la Foi.
Elle collaborait quotidiennement, par sa prière et par
les exhortations qu’elle dispensait aux visiteurs, à la propagation de la
foi.
h) Elle avait grand soin à promouvoir le culte
divin. Elle promut trois missions dans la paroisse, collaborant avec le
curé, elle paya les frais des diverses prédications du carême. Elle faisait
célébrer des messes mensuelles, diverses adorations avec prédication, tout
cela avec les dons qu’elle recevait. Elle offrit des parements pour le culte
divin; un Tabernacle, le Pallium, divers habits religieux, la lampe pour le
Saint-Sacrement, des candélabres pour les autels, etc..
Elle avait la vertu de l’espérance.
a) Elle confiait en Notre-Seigneur pour arriver à
la vie éternelle et à cette fin elle employait tous les moyens surnaturels.
b) Elle s’adonnait continuellement à l’oraison,
pensant toujours à Dieu. Il parait qu’elle ne passait pas une seule minute,
sans être en unie à Dieu.
c) Elle cherchait à gagner des indulgences,
surtout lors des Jubilés et elle recommandait cette pieuse pratique.
d) Elle était tout à fait détachée des biens
temporels, au point qu’elle distribuait tout ce qui lui était offert.
e) Elle avait une foi aveugle dans la divine
Providence, que ce soit pour sa maladie, ou au cours de la crise économique
que nous avons traversée à une certaine époque.
f) Elle conseillait à tous d’avoir confiance en
Notre-Seigneur, surtout aux pécheurs, aux nécessiteux et aux enfants,
jusqu’à participer à la conversion de quelques pécheurs.
Elle brûlait d’amour pour Dieu. Elle en parlait souvent
et son oraison était continuelle et fervente.
Elle évitait les péchés mortels et véniels délibérés.
Elle montra du zèle à promouvoir l’amour de Dieu chez les autres, disant
qu’elle aurait voulu que tous aiment Notre-Seigneur, comme elle-même aurait
voulu l’aimer.
Elle souffrait pour les péchés des hommes. Dans les
situations d’offense envers Dieu, elle se sentait même physiquement mal.
Elle accepta sa maladie par amour pour Dieu et pour la
conversion des pécheurs.
Au début elle a désiré guérir: elle a même fait des
promesses dans ce sens. Mais, quand elle a découvert que ce n’était pas là,
la volonté de Dieu, elle l’a acceptée pleinement et s’est offerte comme
victime pour les pécheurs, priant Dieu de lui envoyer des souffrances plus
grandes, pour que les âmes soient sauvées.
Afin que Dieu ne soit pas offensé, outre les exhortations
dans ce sens, elle cherchait à appeler les personnes qui avaient quitté la
bonne route, leur conseillant d’abandonner la vie de péché, y compris des
prêtres.
Elle avait de l’amour pour son prochain et l’a démontré
par des paroles et par des actes. Très souvent on se recommandait à ses
prières, et elle le faisait. En outre de cela, elle aidait économiquement,
donnant des aumônes sans compter, aussi bien en argent qu’en vêtements et
médicaments. Elle a aidé aussi quelques étudiants dans leurs frais, soit
directement ou en leur trouvant des « marraines » pour les aider.
Elle avait le zèle des âmes. Elle pardonnait les injures.
Quelques fois, à dire vrai, je trouvais que s’en était trop. Elle priait
pour ceux qui l’offensaient et souffrait pour eux.
Elle a enseigné le catéchisme. Même étant au lit, elle a
préparé des enfants pour la première communion et catéchisait ceux qui la
visitaient. Elle cherchait à convertir les pécheurs. Elle s’est offerte
comme victime pour les pécheurs.
Elle a respecté les malades et les moribonds: elle était
encore bien jeune et déjà elle allait chez les tout pauvres, qui étaient aux
portes de la mort et qui n’avaient presque pas de couvertures pour leurs
lits et, elle en demandait à ma mère de le leur en prêter. Elle les aidait à
bien mourir et les habillait après leur mort.
Elle disait que ça lui coûtait de les habiller, mais
qu’elle n’avait pas le courage de laisser leur famille seule.
Elle priait pour les âmes du Purgatoire, faisait célébrer
des Messes pour elles et disait aux familles de ne pas oublier leurs morts.
Elle a cherché à aider tous les parents et les tout
proches qui manquaient de moyens.
Elle pratiqua la vertu de prudence avec héroïsme. Elle a
pratiqué la prudence surnaturelle et non pas simplement l’humaine. Tout ce
qu’elle faisait, c’était pour la gloire de Dieu; même dans les choses les
plus insignifiantes elle manifestait cette intention. Elle a toujours
conservé la pureté de conscience et la crainte de Dieu.
Elle suivait les conseils des personnes prudentes.
Surtout quand elle avait des cas difficiles, elle cherchait toujours à se
faire conseiller, avant de prendre une décision. Elle a aimé la simplicité ;
elle-même était toujours simple, très simple et sincère.
Elle a toujours cherché à dire la vérité, car elle
abhorrait absolument le mensonge et toutes simulations. Elle a toujours été
correcte dans ses actions. Je pense qu’elle priait toujours avant toute
action.
Elle a toujours travaillé. Même sur son lit, au début,
elle m’aidait à la couture: elle faisait du crochet, filait, etc.. C’était
elle qui assurait la direction de la maison et, personne ne faisait quoi que
ce soit sans la consulter.
Elle aimait la solitude. Elle disait que ce qui lui
plaisait le plus c’était de rester toujours seule. Elle méditait, ou mieux,
elle se donnait à la contemplation. Le murmure de l’eau, les étoiles, etc.;
le chant des oiseaux lui était occasion de s’élever de plus en plus vers
Dieu.
Elle était prudente dans l’exercice de la charité. Quand
elle secourait quelqu’un, qui était tombé dans la misère, elle le faisait
toujours dans le secret, par le moyen de personnes qui étaient de la plus
absolue discrétion. Elle a pratiqué la charité avec zèle.
Elle se montra toujours prudente dans les conseils, dans
les exhortations et dans les conversations. Tous cherchaient ses conseils,
car elle les donnait avec opportunité. Tous partaient contents de ses
conseils.
Elle pratiqua la vertu de la justice.
a) Elle observa toujours la volonté et les
commandements de Dieu.
b) Elle obéit toujours aux préceptes de l’Église
et accomplit les obligations de son propre état.
c) Elle s’adonnait toujours à la prière vocale ou
mentale.
d) Elle pratiquait le mois de Marie et le Chemin
de Croix, quand elle le pouvait; et pratiquait les bonnes œuvres, cherchant
toute occasion pour les pratiquer. Elle tendait toujours à la perfection de
son propre état.
e) Elle a toujours donné à chacun le sien.
f) Elle fut toujours obéissante et soumise aux
parents, aux supérieurs, à Monsieur le Curé et en général à toute autorité
ecclésiastique ou civile.
g) Elle brûlait du désir de chercher, je dis, de
promouvoir le culte divin.
h) Elle mettait beaucoup de soin dans la
sanctification des dimanches et des jours prescrits, recommandant la même
chose à tous ceux qui la visitaient.
i) Elle était reconnaissante et amie de tous,
surtout elle respectait les personnes qui se fatiguaient autour d’elle.
j) À cause de sa maladie, elle n’exerça ni charges
ni fonctions.
l) Elle traita toujours tous sans exception, ayant
une affabilité toute particulière envers les personnes les plus pauvres.
m) Elle a toujours procédé de telle sorte que
personne n’ait jamais pu se plaindre d’elle.
Elle pratiqua la vertu de la force. Elle sut vaincre tous
les obstacles qui se présentaient à elle, pour la gloire de Dieu et le salut
des âmes.
Elle méprisa les honneurs, les richesses et les
divertissements du monde.
Elle inculqua ces mêmes dispositions aux personnes qui le
visitaient. Elle a souffert bien souvent les contradictions, les calomnies,
les incompréhensions, les méchancetés, les souffrances spirituelles et elle
supporta tout avec courage. Elle priait pour ceux qui la faisaient souffrir.
Le grand nombre de visiteurs lui causait un grand sacrifice, malgré cela
elle a toujours accepté les visites pour la plus grande gloire de Dieu et
pour le bien des âmes. Elle préserva toujours dans la pratique de la vertu.
A la fin de la maladie elle manifesta sa force d’âme.
Elle pratiqua la vertu de tempérance. Elle a toujours
assujetti les penchants naturels pour le plaisir. Elle mit en pratique
l’abnégation, en exerçant des mortifications internes et externes. Jamais
elle ne montra de la gloutonnerie en mangeant. Pendant la maladie elle
acceptait d’être soulagée, mais jamais elle ne chercha le confort. Elle
disait que vivre sans douleur, pour elle, ce n’était pas vivre. Ma sœur
avait un tempérament actif et vivace, malgré cela, elle se montra toujours
patiente pendant sa maladie. Une fois je lui ai dit que Dieu ne la voyait
que pour la faire souffrir et elle m’a répondu en disant que Notre-Seigneur
nous fait souffrir parce qu’Il nous aime beaucoup. Je n’ai jamais rencontré
une personne qui ait autant d’amour pour la souffrance.
Son obéissance a été remarquable. Elle obéissait
scrupuleusement aux ordres et aux conseils de son directeur spirituel.
— Alexandrina aurait-elle été
capable d’obéir au directeur spirituel pour des actes contre la chasteté ?
Je suis certaine que le directeur spirituel lui-même
aurait été incapable d’ordonner de tels actes et qu’elle ne les aurait pas
faits, si cela lui avait été ordonné.
— Connaissez-vous bien la vie
morale du père Mariano Pinho ?
Je connais celle qui correspond aux nombreuses années
pendant lesquelles il fut mon directeur spirituel.
— Que pensez-vous de cette
affirmation du père Agostinho Veloso : « Sa vie morale de Prêtre, avec ses
filles spirituelles, est gravement suspecte. C’est à cause de manquements de
ce genre que les supérieurs ont décidé de l’envoyer au Brésil » ?
Je ne sais pas ce qui a pu arriver avec d’autres
personnes; mais d’après ce que je sais de lui, je dis qu’il est impossible
que cela soit vrai. Les supérieurs l’ont envoyé au Brésil sous ces
accusations, que je crois fausses. Lui, il démontra sa vertu, en se
soumettant à la volonté des supérieurs.
— Le père Agostinho Veloso a
dit : « J’ai connu ce Prêtre et je sais qu’il entraînait des pénitentes plus
ou moins hystériques, par la voie de la fausse mystique, à la pratique
d’actes sexuels avec lui et à la mystification par les visions ». Que
pensez-vous de cela ?
J’ai été dirigée par lui et jamais j’ai eu conscience
d’être hystérique et personne ne m’a jamais accusé de cela. Je crois cela
impossible, d’après ce que je sais de lui, qu’il ait dirigé ses pénitentes
par une voie de fausse mystique, dans le but cité.
Il a toujours traité tout le monde, grands ou petits,
avec respect et charité.
— Le père Agostinho Veloso
dit avoir entendu dire à certaines des victimes, que quand celles-ci
résistaient, il leur disait qu’il faisait la même chose avec Alexandrina.
J’ai déjà répondu à cette question.
— Une pénitente prénommée
Emma, dit, comme il a été dit, qu’en effet il l’avait menée à ces actes.
Qu’en pensez-vous ?
Cela me semble faux. Cela me semble impossible de la part
du père Mariano Pinho. En ce qui concerne cette Emma, je dois dire la chose
suivante: Quand je l’ai rencontrée, et je crois que cela n’est arrivé que
deux fois, elle m’a fait l’impression d’être quelqu’un d’une piété exagérée
et mal formée. Plus tard j’ai entendu dire par d’autres personnes qu’elle
était une tarée.
Elle [Alexandrina] a pratiqué la pauvreté en harmonie avec son état.
Elle a toujours été modeste dans ses habits et dans sa
chambre. Tout ce qu’elle avait lui avait été offert par des personnes amies.
Bien qu’elle ait reçu beaucoup d’aumônes, elle destina toujours cet argent
au culte divin et aux pauvres. Deux fois par an, à Pâque et à Noël, elle
faisait une aumône spéciale à tous les pauvres de la paroisse et même à
quelques-uns de l’extérieur. En plus de cela, elle aidait aussi dans des cas
urgents et de particulière nécessité.
— En ce qui concerne la
pauvreté de la Servante de Dieu et la charité qu’elle exerçait envers
d’innombrables familles de la paroisse, le père Veloso dit ceci: « Il est
certain qu’elle recevait beaucoup d’argent. Je connais le cas d’une petite
vieille de Lisbonne de laquelle le père Mariano Pinho reçut douze mille
escudos pour Alexandrina et le cas d’un homme de Trofa, qui lui a donné huit
mille escudos. » Est-ce vrai ?
Je ne connais personne de Trofa qui lui ait donné une
telle somme. En ce qui concerne la dame de Lisbonne, nous n’en avons reçu
que huit mille escudos, lesquels ont été directement utilisés pour libérer
la maison qui, à ce temps-là, était hypothéquée. C’est aussi vrai que c’est
par l’intermédiaire du père Mariano Pinho que cette dame a eu connaissance
de notre situation. Dans le service de la pauvreté elle était supérieure aux
autres.
[Alexandrina] a pratiqué la vertu de chasteté.
Elle surveillait ses sens et fit même quelques pénitences
corporelles qui lui ont été interdites par la suite. Jamais elle ne
manifesta des tendances sexuelles. Elle observa toujours la modestie et le
sérieux. Elle a été tentée contre la chasteté; j’ai déjà parlé du saut
qu’elle a dû faire et qui fut la cause de sa maladie.
Elle parla vaguement d’une autre tentation à laquelle
elle fut soumise sur la route, en revenant à la maison après s’être
confessée dans le village voisin de Pradelos. Ceci est écrit dans les
livres, mais jamais elle ne m’en par la. J’ai entendu parlé d’autres
tentations mais pas de celle-là; par exemple dans la maison où elle était
employée. Elle a souffert des tentations du démon contre cette vertu.
Pendant des mois d’affilé, elle a souffert quotidiennement des tentations de
midi à une heure et de vingt-et-une heure à vingt-deux heures. Je sais aussi
qu’à cette période elle fut tentée contre la chasteté, bien que je ne sache
pas quel était le contenu de ces tentations. Elle sortait toujours
victorieuse de toutes les tentations. Jamais je l’ai vue impliquée dans
n’importe quelle question de jalousie avec son directeur spirituel.
Elle pratiqua la vertu d’humilité. Elle se considérait
inutile et indigne de toute considération. Elle disait aux personnes :
— « Ne croyez pas que je sois meilleur que vous, car je
ne le suis pas. Ne me jugez pas une sainte, car je ne suis pas sainte, mais
je veux l’être, pareillement, ne me jugez pas sorcière, car je ne le suis
pas ».
Elle évitait les louanges et cherchait à cacher les
choses, afin d’échapper aux éloges. Spirituellement, elle ressentait de la
joie quand elle était méprisée. Elle disait avoir ainsi davantage à offrir à
Notre-Seigneur. Elle donnait son opinion, quand on la lui demandait, jamais
elle ne voulut l’imposer à quiconque. Tant qu’elle le put, elle accomplit
tous les devoirs les plus humbles. Elle a toujours été constante dans
l’humilité.
Elle bénéficia de dons célestes. Elle eut le don de
prophétie, comme je l’ai déjà dit. Elle lisait dans les cœurs de ceux qui la
visitaient. Quelquefois, certaines personnes entrant dans la chambre,
n’avaient même pas besoin de parler que déjà elle leur expliquait ce qui
était le plus approprié à leur cas, leur montrant ainsi qu’elle avait la
connaissance de ce qui se passait dans leur intérieur.
Elle a eu des extases et des visions pendant la Passion,
ou en dehors de celle-ci. Plusieurs fois Notre-Seigneur lui apparut, le
Sacré-Cœur de Jésus — grandeur nature — l’Enfant-Jésus avec un arrosoir en
main pour arroser des lis.
Elle a vu Notre-Dame sous diverses invocations:
Notre-Dame de la Conception, Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame du Mont
Carmel, etc..
Elle a eu des visions de l’Ange Gardien et d’autres
anges. Elle a eu la vision de saint Joseph et encore celle de sainte
Thérèse.
[Alexandrina]
a vécu en elle les tourments de la Passion de Jésus-Christ. Depuis
longtemps, ma sœur, nous disait que nous,
nous faisions notre retraite, mais
qu'elle ne la faisait jamais. Le Père Pinho a obtenu l'autorisation de son
Supérieur, le Père Paulo Durão, sj, pour venir passer deux ou trois jours à
Balasar et, ainsi il se mit à son entière disposition. Toutefois, ma sœur,
s'est trouvée très mal, à cause de l'une de ses crises habituelles.
Ce fut dans ces circonstances que Notre-Seigneur lui
demanda qu'elle consente de vivre avec Lui la Passion, du Jardin des
Oliviers au Golgotha. Cela faisait déjà un certain temps, selon ce qu'elle
nous disait, que Notre-Seigneur lui parlait de la Passion, lui disant: « Donne-Moi
tes mains afin que Je les cloue, donne-Moi tes pieds pour que Je les
crucifie, donne-Moi ta tête pour que Je la couronne d'épines, comme ils me
l'ont fait à Moi ».
Elle croyait que cela signifiait pour elle un
accroissement de sa souffrance. Mais le Seigneur faisait vraiment allusion à
la Passion. Pendant cette période à laquelle je fais allusion, le Seigneur
lui parla plus d'une fois, l'invitant chaque fois à souffrir avec Lui.
Toutefois, Alexandrina, ne saisissait pas tout à fait, le sens de cette
invitation.
Le Père Mariano Pinho est venu à Balasar le 30 septembre
1938 et y resta les 1, 2 et 3 octobre.
Je crois que l'invitation de Notre-Seigneur eut lieu le 2
[octobre], lui disant que le 3, jour de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, Il
lui ferait vivre la Passion avec Lui, de midi à quinze heures. Il (Jésus)
lui dit que Lui-même resterait ensuite avec elle, en un colloque amoureux,
jusqu'à dix-huit heures. Le Père Mariano Pinho qui avait prévu de partir de
bonne heure, est resté jusqu'au soir.
Midi est arrivé. Elle sortit du lit sans que l'ont sache
comment, et se prosterna, le visage contre le parquet, ses habits la
couvrant correctement, les bras tendus des deux côtés. Elle s'est mise à
genoux, leva les yeux au ciel, baissa ensuite la tête et ouvrit les mains en
signe d'acceptation. De nouveau elle se prosterna, faisant le même
cérémonial trois fois. C'était une scène assez émouvante. J'ai vu à cette
occasion, plusieurs personnes pleurer; moi-même j'ai pleuré.
Ensuite est arrivée la scène de la capture. Je ne sais
pas si à genoux ou debout, elle a dit: « C'est moi ». C'est pour cela
que nous avons compris qu'il s'agissait de l'arrestation du Seigneur. Après,
ayant les mains l'une sur l'autre, elle fit quelques pas dans la chambre, je
crois me souvenir, au moins quelques fois, tombée à genoux elle se déplaçait
d'un côté à l'autre. Elle prononçait les phrases que Jésus avait dites
devant le tribunal d'Annas, Caïphas et Pilate. Ensuite, debout, les
mains paraissant liées, plusieurs fois elle s'est contractée, comme si elle
réagissait aux coups de fouet s’abattant sur elle. Par là nous avons compris
qu'il s'agissait de la flagellation.
Ensuite c'était le couronnement d'épines. Elle inclinait
violemment la tête vers l'avant; les veines et les muscles du cou se
contractaient, comme si quelqu'un, en effet, lui tapait sur la tête. Après
elle prenait la croix. Nous avons déduit cela en voyant la position qu'elle
prenait et les pas qu'elle exécutait sur le parquet.
J'ai oublié de dire que pendant la flagellation on
entendait bien le fouet. Elle même assenait les coups. Poursuivant [le
portement de la croix], la position était courbée vers l'avant, comme
quelqu'un qui porte la croix sur les épaules, et les pas étaient lents. Plus
tard quelques personnes ont essayé de la soulever, quand ce phénomène se
répétait, mais jamais elles n'ont réussi. Et pourtant elle ne pesait que
trente-trois ou trente-quatre kilos.
Elle est tombée trois fois sur le parquet. Elle tombait
avec violence. Par la suite, nous avons remarqué que, une fois la Passion
terminée, elle avait des bleus, particulièrement aux genoux et là où les os
étaient plus saillants.
Elle restait étendue sur le parquet, les bras ouverts et
les pieds joints, comme quelqu'un qui est mis en croix. Elle ouvrait
successivement chaque bras, en faisant un geste vers le bas, avec la main,
comme si elle venait d'être clouée. Après les jambes: une d'abord, l'autre
après. Les pieds étaient l'un sur l'autre. Ensuite elle se levait, les bras
ouverts, sans fléchir ni le corps ni les jambes, mais bien droite, ne
s'appuyant que sur les talons et l'on pouvait remarquer ce geste qui fait
penser au fixement de la croix, par terre. Elle restait ainsi pendant
quelques minutes. Puis, sa respiration devenait haletante et, quelques
minutes après, levant les yeux au ciel, elle laissait échapper un cri de
douleur. Elle disait alors des phrases : je me souviens que la dernière
était : « Père, entre tes mains je dépose mon esprit ». Elle inclinait la
tête. C'est à ce moment de la Passion que, une fois, j’ai essayé de lui
lever la tête et je n'ai pas réussi.
Passées quelques moments, sa physionomie commençait à se
modifier, elle recouvrait son teint. Je dois expliquer que, après
l'élévation pour le placement de la croix, de nouveau elle s’étendrait par
terre; en effet, c'est par terre que s’accomplissait la phase que j'avais
commencé à expliquer et je continue maintenant. Elle recouvrait son teint,
comme j'ai dit, et en extase, elle avait des colloques avec Notre-Seigneur.
Souvent elle s'agenouillait, tournée vers le Tabernacle de l’église
paroissiale. D'autres fois, elle chantait et faisait la communion
spirituelle. Celle-ci, elle la faisait à chaque fois.
Après l'extase, quand elle recouvrait ses esprits, nous
devions la mettre au lit.
Je me souviens que l'un de ses médecins, le Dr Garcia de
Carvalho, maintenant décédé, a été invité à assister à l'une des extases de
la Passion. Pendant celle-ci, le docteur piqua Alexandrine avec une
aiguille, sans que celle-ci réagisse. A la fin, au moment de prendre congé
d'elle, il lui serra la main et une fois encore il l'a piqua, alors qu'elle
avait déjà recouvert tous ses esprits. Alexandrina lui dit alors : « Mais
docteur, vous me piquez; est-ce là une façon de dire au-revoir ? » Le
médecin sourit.
La description que j'ai faite de la Passion correspond à
ce qui arrivait en général tous les vendredis et non pas seulement le
premier.
Ces extases ont commencé le 3 Octobre 1938 et se sont
terminées le 27 Mars 1942, si je ne me trompe pas. Elles se sont déroulées
tous les vendredis, tout au long de ces années.
Après 1942 les manifestations extérieures de la Passion
ont cessé mais jusqu’à la mort elle en a vécu intérieurement les tourments.
Ces « extases douloureuses », comme on les appelle, je crois, ont
continué jusqu'à sa mort.
— Tout a-t-il été écrit, de
ses colloques pendant la Passion ?
Nous écrivions presque tout de ces manifestations.
Toutefois, pendant les derniers temps, nous n'avons rien écrit, étant donné
qu'elle était si malade que nous n'arrivions pas à comprendre tout ce
qu'elle disait. Elle ne pouvait plus dicter.
— À ces moments-là,
aimait-elle être seule ou accompagnée ?
Cela lui plaisait de rester seule. La présence d'autres
personnes la faisait souffrir. Cette souffrance même, elle demandait à Dieu
de pouvoir la garder secrète, de ne pas la manifester.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, elle a souffert
l'abstinence de solides et liquides.
La Servante de Dieu est morte le 13 octobre 1955. Elle
est morte à Balasar, dans la maison où elle vivait, au lieu-dit Calvario.
Elle est morte de la maladie dont elle souffrait depuis tant d’années et qui
s’était aggravée au fil des années, tout particulièrement dans la dernière.
[Alexandrina] a supporté la maladie, durant la dernière
année, d'une façon très résignée, avec un amour pour la souffrance peu
commun. Elle me disait ceci : « Comment peut-on souffrir autant sans
mourir ? » D'autres fois elle me disait que la souffrance était pour
elle la plus grande consolation, afin d'avoir quelque chose à offrir à
Notre-Seigneur et pour sauver des âmes. Elle me disait encore : « Je te
cause bien des soucis, et à cause de moi tu souffres beaucoup, mais au ciel,
je serai ta plus grande amie ».
Début octobre, mois de sa mort, notre mère s'étant rendue
à Póvoa pour soigner ses rhumatismes, je suis restée seule avec elle et la
bonne. Quelques hommes sont venus mettre du vin en bouteille; à un certain
moment elle m'a appelée; j'ai tardé un peu, impossibilité que j'étais
d'abandonner tout de suite ce que je faisais.
Je me suis donc rendue à ses côtés, j'ai pris une chaise
que j'ai approché du lit et me suis penchée vers elle, pour mieux entendre
ce qu'elle avait à me dire. Alors elle me dit tout doucement : « Tu es
épuisée ! » (Ou bien: tu m'as oubliée). Elle me remit de petites
bourses, où il y avait des offrandes destinées à diverses causes, et m'a dit
alors : « Garde ceci, c'est de l'argent »; et m'a dit ensuite comment
elle voulait qu'il soit distribué. Ceci est arrivé le matin. L'après-midi,
elle a semblé empirer d'heure en heure. Arriva alors Monseigneur Mendes do
Carmo qui m'a demandé : « Comment va votre sœur ? » Je lui ai
répondu : « Elle va assez mal ». Il est entré et a pu vérifier que
cela était vrai. Il est ensuite ressorti et a renvoyé la voiture et décida
de rester afin de pouvoir célébrer la messe le lendemain. Pendant la nuit,
ma sœur a beaucoup souffert et vers deux heures du matin, les douleurs
s'étant un peu calmées, elle m'a appelée et m'a demandé : « Quelle heure
est-il ? » Après que je lui ai répondu, elle a poursuivi : « Tu sais,
je vais mourir ; dès le matin, je veux que tu passes deux coups de fil : un
à Madame Irène Gomes pour qu'elle ramène ma mère, mais qu'elle prenne les
affaires et vienne définitivement, cette fois-ci; un autre au Dr. Azevedo,
pour qu'il vienne aujourd'hui ; un autre encore au Père Albertino, c'est un
devoir de gratitude, je lui dois beaucoup ». Et une salutation encore
pour la dame de Guimarães.
Au petit matin, Madame Sãozinha est arrivée pour assister
à la messe, ainsi qu'une de mes cousines.
Je veux dire que ce fut au cours de la conversation de
cette nuit-là qu’Alexandrina m’a dit que Notre-Seigneur lui avait demandé de
renoncer au retour du père Mariano Pinho.
Dès le matin la Messe a été célébrée. Les
personnes qui avaient été appelées par téléphone, commencèrent à arriver.
Elle demanda que l'on appelle Monsieur l'abbé
pour lui administrer l’Extrême-onction, pendant qu'elle était encore lucide,
disait-elle. Monsieur l'abbé est arrivé et alors elle commença a lui
demander publiquement pardon en le suppliant de demander pardon de sa part à
tous les paroissiens, lors de la messe du dimanche suivant. Elle demanda
aussi pardon à toutes les personnes présentes, chacune à son tour, sans
oublier la bonne. Ainsi s'est passée cette nuit et ce jour...
(...)
Le treize, elle souffrait d'un manière indicible.
Quelques personnes sont venues la visiter. Encore que
très difficilement, elle a ouvert les yeux, et parmi ces visiteurs elle
reconnu monsieur Adelino Leitão, mari de la nièce de Monsieur le Cardinal ;
elle a dit alors, s'adressant à eux tous : « Adieu, au ciel !
Récitez le chapelet tous les jours, ne péchez plus et recevez la communion
fréquemment ».
Ils s'en sont allés chez eux. Vers les onze heures elle a
voulu que l'on lise les prières pour les agonisants. C'est Monseigneur
Mendes do Carmo qui s'en est chargé. Dans le courant de l'après-midi, elle a
dit plusieurs choses. Avec un aire joyeux elle a dit : « Je vais au
ciel ! » ; ce à quoi j'ai répondu : « Mais il n'est pas encore
l'heure ». Et elle de m'affirmer : « Si, si... ».
Quelques minutes avant la mort, l'institutrice (Sãozinha)
m'avait priée de me mettre au lit; j'y suis allée. À peine je venais de me
coucher qu'elle m'a appelée : « Linda !... »
Je me suis rendue à son appel à la cuisine. J'ai remarqué
que l'on avait appelé aussi Mgr Mendes do Carmo. J’y suis allée moi aussi,elle agonisait et quelques instants après elle est
morte.
Elle a eue une agonie sereine et bien peu de temps avant
de mourir, elle n'avait même pas l'apparence d'une moribonde. Toutefois ses
yeux avaient perdu cette splendeur dont ils étaient remplis quelques minutes
avant sa mort.
La mort est survenue vers 2O heures le 13 [Octobre 1955].
Étaient présents moi, ma mère, quelques cousines, Monseigneur Mendes do
Carmo, une ou deux dames de Póvoa, je ne m'en souviens pas très bien.
Je n'ai pas remarqué qu'elle ait pu avoir des tentations
à l'heure de sa mort. Le onze elle m'avait dit qu'elle allait mourir, mais
la date exacte, ce n'est que le jour même qu'elle me l'a avouée. Elle a
toujours souhaité mourir un jeudi, parce que c'est je jour de l'institution
de la très Sainte Eucharistie et Notre-Seigneur l'a exaucée.
Tout ceci je le sais par la connaissance personnelle des
événements.
a) Le corps fut préparé dans la chambre même où
elle était morte. Celui-ci est resté toute la journée de vendredi, ainsi que
la nuit du vendredi au samedi, au domicile, dans le salon. Le samedi matin,
la dépouille mortelle fut conduite dans l’église paroissiale, où l’office
funèbre, avec Messe, a été célébré. Elle fut ensuite conduite au cimetière
de la paroisse et déposée dans une sépulture en pleine terre, tournée vers
l’église, comme elle l’avait demandé.
b) Déjà dans la nuit du jeudi au vendredi des
personnes sont venues. Mais dans les jours qui ont suivi, l’affluence fut
énorme, aussi bien à la maison qu’à l’église.
c) Le peuple a commencé à venir dès l’annonce de
la mort.
d) Des gens de toutes les classes sociales sont
venues: les uns de près les autres de loin.
Je ne sais pas pourquoi ils sont venus. Si c’était moi
qui serait morte, ils ne seraient certainement pas venus. Je pense qu’ils
sont venus parce qu’elle avait la renommée de sainte. La plus grande partie
de ces gens l’avaient déjà visitée pendant sa longue maladie.
Que je sache, aucune publicité n’en a été faite.
b) Elle fut exhumée deux fois. Actuellement elle
se trouve dans une chapelle funéraire.
c) Il y a une inscription sur la tombale et une
autre sur la stèle, dictées par la Servante de Dieu elle-même.
a) Je ne suis pas au courant que quelque chose
d’extraordinaire soit arrivé pendant l’exposition ou lors de la sépulture.
b) Rien n’indique qu’à cette occasion elle ait été
entourée d’un culte public.
c) Aucun de ces actes n’a eu lieu à l’occasion de
son inhumation.
Je suis allée très souvent visiter la tombe de la
Servante de Dieu, parce qu’il s’agit d’une personne de la famille. Ma mère
est inhumée dans une concession toute proche, car dans la chapelle funéraire
on y célèbre souvent la Messe et c’est moi qui ai la charge de fleurir
l’autel et, enfin, parce que j’ai de la dévotion pour la Servante de Dieu.
J’y vais presque tous les jours. On y célèbre la Messe plus de 365 fois
l’année, ce qui ne veut pas dire que l’on y célèbre chaque jour, car il y a
des jours où il n’y a pas de Messe; d’autres jours on y célèbre plusieurs.
J’ai vu que beaucoup de monde la visite. Je peux affirmer
que je ne me souviens pas d’un seul jour sans y rencontrer quelque personne.
Je pense qu’ils y vont la visiter en remerciement de grâces reçues, en
jugeant d’après les choses qui y sont déposées. D’autres personnes y
viennent, certainement, pour demander l’intercession de la Servante de Dieu.
Des personnes de tout état et de toute condition y vont.
L’affluence de gens s’est vérifiée aussitôt après sa mort
et ne fit qu’augmenter de jour en jour. Cette affluence n’a jamais diminué
et ne s’est jamais interrompue jusqu’à ce jour.
Je pense que personne n’avait intérêt à promouvoir une
telle affluence.
J’ai entendu dire, assez couramment : « si celle-ci
n’est pas sainte, alors aucun n’est saint... » Elle jouissait déjà de
cette renommée pendant sa vie, et celle-ci ne fit qu’augmenter après sa
mort. Toute cette dévotion populaire a été pour nous cause de grands
sacrifices. Cette renommée existe parmi toutes les catégories sociales y
compris parmi les prêtres, religieux et religieuses.
Il n’en ressort, à mon avis, que quelque chose ait été
faite pour fomenter cette renommée et non plus que quelque chose ait été
faite pour la faire diminuer ou disparaître. En ce qui me concerne, je la
considère comme une sainte, qu’elle soit canonisée ou non. Qu’il soit fait
ce qui sera pour la plus grande gloire de Dieu. Je la trouve digne des
honneurs des autels.
* * *
NOTES
[1]
Monseigneur Antonio Barbosa Leão.
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