S. E. le Cardinal
Manuel Gonçalves Cerejeira
Témoignage n° 18
— Cardinal Patriarche de
Lisbonne ; il devait aux prières et sacrifices de la servante de Dieu la
conversion de son propre frère
Identité
Manuel
Gonçalves Cerejeira, portugais, âgé de 79 ans, Cardinal Patriarche de
Lisbonne, fils de Avelino Gonçalves Cerejeira et de Joaquina Gonçalves
Rebelo.
Je ne suis pas parent de
la Servante de Dieu et n’ai jamais eu le moindre entretien avec elle.
Affirmations diverses
J’ai de la dévotion
envers la Servante de Dieu et désire sa béatification.
J’ai lu la biographie
qu’a écrite le Père Mariano Pinho, sj ainsi qu’un grand nombre de colloques
qui me furent communiqués par le Docteur Dias de Azevedo. Les colloques
m’ont beaucoup impressionné et furent pour moi une preuve de l’authenticité
de la voie mystique de la Servante de Dieu.
Je sais selon les dires
du Dr Dias de Azevedo — auquel je fais entièrement confiance — qu’elle
souffrit de myélite, laquelle la rendit, peu à peu, paralysée.
Je le trouve — le Père
Agostinho Veloso, qui affirmait que la Servante de Dieu n’avait jamais été
paralysé — trop présomptueux.
Je sais également qu’à
partir d’une certaine période de sa vie, elle ne s’est plus alimentée.
J’ai également lu très
attentivement un rapport établi par le médecin d’un maison de santé où elle
fut internée pendant quarante jours.
— Pensez-vous le médecin
capable de faire un faux certificat ?
Non, je ne pense pas,
car, vu son idéologie, il aurait plutôt cherché à démontrer qu’il n’y avait
là rien de surnaturel. Je pense, en effet, qu’il aurait été heureux de
pouvoir expliquer le fait comme quelque chose de naturel et que le jeûne
n’était qu’un leurre. Dans ce rapport, si je me souviens bien, le Dr Gomes
de Araùjo, confirmait le fait du jeûne, sans en donner la moindre
explication.
— Le Père Agostinho Veloso
dit ne pas croire qu’Alexandrina ait vécu sans manger ni boire.
Je croirai plus
volontiers le médecin que le Père Agostinho Veloso.
De même, je trouve assez
osée l’affirmation du Père Veloso — lorsqu’il affirme que la Servante de
Die n’a jamais été malade ; que tout a été manigancé dans le but de faire de
l’argent ; que le certificat du médecin est un faux ; qu’il a lui même un
document qui le prouve — d’autant plus qu’il ne donne aucune preuve de
ses assertions. Je crois, par contre, et par connaissance personnelle, que
le médecin n’aurait jamais osé signer un document aussi important s’il
n’était pas conforme à ce que lui-même avait constaté.
Je pense en outre que la
Servante de Dieu [n’était aucunement hystérique], car d’après les documents
que j’ai en ma possession, je peux dire, au contraire, qu’il s’agit là d’une
personne psychologiquement normale.
En outre, je ne la pense
pas capable d’une mystification qui aurait duré jusqu’à sa mort.
Je cite ici un fait
survenu devant des personnes de ma famille, le jour même de sa mort : aux
dernières personnes que je crois elle reçut, elle leur dit : « Cette vie
dure peu, n’offensez plus Notre-Seigneur ; récitez chaque jour le rosaire ».
Je ne crois pas fondé le
jugement que porte sur Alexandrina le Père Agostinho Veloso — quand il
affirme que la Servante de Dieu suivait aveuglement les conseils, les ordres
et les désirs de son directeur spirituel, le Père Mariano Pinho, sj, qui
selon lui serait un taré sexuel — d’autant plus que sa vie spirituelle
était suivie par d’autres prêtres compétents, dignes de foi et estimés de
tout le monde.
Il faut ajouter également
que la période pendant laquelle le Père Pinho fut éloigné de la Servante de
Dieu fut assez longue et que cela ne changea rien par rapport à son
abstinence ni à sa vie spirituelle.
Pour ce qui concerne
l’assertion selon laquelle le Jésuite « serait un taré sexuel », je
peux affirmer qu’il m’est impossible de croire une telle affirmation, après
les nombreux entretiens que j’ai pu avoir avec lui.
Sur les
phénomènes mystiques
Sur les phénomènes
mystiques de la Servante de Dieu, à mesure que je prenais connaissance de sa
vie, j’ai été amené à croire à leur réalité surnaturelle. Ces phénomènes
mystiques doivent être vus dans leur rayonnement surnaturel — s’exerçant
même sur des personnes de ma famille —, dans l’équilibre des facultés de la
Servante de Dieu avec une grande intensité et vivacité intellectuelle, dans
une égalité d’âme devant tout ce monde qui la cherchait et lui prenait tout
le temps disponible. Tout ceci est le fait d’une personne qui se connaît et
non point d’une hystérique.
Dans le cheminement du
jugement que je formule ici, influe pour beaucoup le changement d’esprit du
chanoine Vilar, dont je vénère la mémoire.
Sur les
prêtres Mariano Pinho et Agostinho Veloso
En ce qui concerne le
Père Mariano Pinho, je l’ai toujours considéré comme un prêtre très
spirituel, toujours très demandé par les personnes du sexe féminin. Dans une
situation que je connais personnellement, il s’est montré très charitable,
ce qui fait qu’il m’est très difficile de croire qu’il ai commis la faute
dont on l’accuse.
Pour ce qui est du Père
Agostinho Veloso, avec lequel j’ai toujours eu de bonnes relations, je le
considère comme une personne des extrêmes, dépourvu d’un jugement serein et
équilibré sur les personnes et les choses, et par conséquent hâtif dans les
conclusions qu’il en tire.
Sur les
vertus de la Servante de Dieu
Je suis persuadé qu’elle
pratiqua les vertus théologales, cardinales et annexes à un degré héroïque.
Concernant la foi
théologale, elle la pratiqua et la manifesta dans ses paroles et dans ses
actions. Je crois même que celle-ci est son apanage.
Elle avait également une
très grande dévotion envers la très Sainte Trinité et la Sainte Eucharistie.
Toute sa vie est une démonstration de cette foi, particulièrement en ce qui
concerne l’Eucharistie.
Elle avait encore une
dévotion sincère envers le Sacré-Cœur de Jésus et pour la Passion du
Seigneur, et je crois aussi qu’elle en parlait autour d’elle, même si elle
ignorait les détails.
Il en va de même pour sa
dévotion envers la Sainte Vierge, pour laquelle elle avait un amour
extraordinaire.
Je pense pouvoir affirmer
qu’elle avait un grand respect de la Parole de Dieu et ainsi que de
l’autorité de l’Église, chose que l’ont peu déduire de sa vie de foi.
Selon les informations
dont je dispose, je crois que la Servante de Dieu s’intéressait à la vie de
l’Église et à la propagation de la foi..
Il en va de même pour ce
qui concerne les choses sacrées et le décor même de l’Église.
La Servante de Dieu avait
une espérance théologale à un degré héroïque.
Elle avait l’espoir de
rejoindre la vie éternelle et utilisait, dans ce but, tous les moyens dont
elle disposait. Elle s’adonnait à la prière et était totalement détachée des
biens matériels.
Elle avait, en toutes
situations, une entière confiance en la Divine Providence de Dieu ; chose
qu’elle démontra toute sa vie durant, inculquant à ceux qui la visitaient —
eux-mêmes témoignent de cette influence qu’avait Alexandrina sur eux — cette
même espérance.
Amour de
Dieu et du prochain
La Servante de Dieu
brûlait d’amour pour Dieu et ne parlait d'autre chose que de Dieu. Son
oraison était continuelle et fervente. Elle vivait en habituelle union avec
Dieu. Je crois fermement que la Servante de Dieu évitait tout péché mortel
ou véniel délibéré. Je pense aussi qu'elle mettait en pratique tous les
commandements et accomplissait ses devoirs. Elle démontra toujours un grand
zèle dans la promotion de l'Amour de Dieu chez les autres.
Je dis à quelqu'un qu'en
lisant des extraits de ses colloques, il me venait à la pensée qu'il
s'agissait là d'un chérubin qui brûlait d'amour pour Dieu.
Elle avait de la
compassion pour les péchés des hommes, et accepta volontairement la maladie
par amour pour Dieu et pour la conversion des pécheurs.
Tout démontre que son
désir de donner sa vie en réparation des péchés était grand.
Elle se dépensa sans
compter pour que Dieu ne soit pas offensé ; soit par ses conseils, soit par
son propre sacrifice. Comme exemple je peux citer, en outre de la ferveur
religieuse procurée à mes familiers et voisins, je citerai
l'approfondissement dans la foi et l'amour pour l'Église de l'une de mes
belles-sœurs.
La Servante de Dieu avait
un grand amour envers le prochain. Je peux témoigner de l’intérêt qu’elle
avait à aider les gens pauvres et sans travail, pour lesquels elle demandait
crédit et protection.
Elle avait aussi un grand
zèle pour les âmes. Elle recevait les pécheurs avec une grande patience et
intérêt, et priait pour tous ceux qui lui étaient recommandés. Elle offrit
ses souffrances en expiation pour les péchés et pour la conversion des
pécheurs.
Sur sa
prudence
Dans tout ce que je
connais d’elle, je crois que la Servante de Dieu était d’une, grande
prudence aussi bien dans ses actions que dans ses paroles. Tout dans sa vie
me paraissait germer d’une racine surnaturelle. Elle orienta toutes ses
actions pour la gloire de Dieu ; c’est cela le résumé et le sens de toute sa
vie. Alexandrina a toujours aimé la simplicité et détestait la simulation et
le mensonge. Dieu ne la laissa jamais oisive ; dans sa vie de souffrance
qu’Il lui donna, librement acceptée par amour pour Lui.
Elle aima la solitude
comme moyen pour une plus grande union à Dieu, et aimait la méditation.
Je pense qu’elle démontra
beaucoup de prudence dans l’exercice de la charité.
Je pense également
qu’elle était très prudente lors des exhortations, des conseils et dans ses
relations avec les personnes d’un autre sexe.
Un grand nombre de
personnes cherchait ses conseils ; ce fut même l’un des plus grands martyrs
de sa vie : être assiégée par les gens. Certains y venait par simple
curiosité, d’autres avec des réserves, mais le plus grand nombre pour
recevoir ses conseils.
Alexandrina pratiqua
également la justice : observa toujours la volonté et les commandements de
Dieu.
Je ne pense pas qu’elle
ait jamais transgressé les droits envers le prochain. Elle se comporta
toujours avec droiture vis-à-vis des autres. Je ne connaît personne qui ce
soit plaint de son comportement.
Il en va de même pour ce
qui concerne le respect du dimanches et jours de fête.
Elle la pratiqua
également la vertu de force. Sa constance dans l’humilité, dans la patience
et la ferveur avec lesquelles elle endura sa maladie, est une preuve de
force héroïque. Elle souffrit les incompréhensions et les injustices dans
l'évaluation de sa vertu et supporta tout allègrement, même en souffrant au
plus intime de son âme, car elle était très sensible.
Quant à la tempérance,
elle la pratiqua pleinement tout le long de sa vie. Dès le début, par des
exemples héroïques, elle assujettit les penchants naturels pour le plaisir
et le bien-être, mettant en pratique l’abnégation. Je pense qu’elle
méprisait le confort.
Son obéissance fut
notoire. Je pense qu’avec ses égaux et avec les petits elle se soit toujours
comporté avec charité, intérêt et respect.
Ainsi, elle exerça la
pauvreté en harmonie avec son état.
Ses
divers charismes
Sur les phénomènes
mystiques de la Servante de Dieu, au four et à mesure que j'en prenais
connaissance dans les moindres détailles, tout me porta à croire à leur
réalité surnaturelle, d'autant plus que ces phénomènes mystiques, dans leur
irradiation surnaturelle, exercèrent leur effet sur des personnes de ma
propre famille. Croire aussi à l'équilibre des facultés de la Servante de
Dieu, laquelle, avec grande intensité et exercice spirituel, dans une
constante égalité d'humeur, recevait tant de monde et restait toujours
disponible à chacun.
Tout ceci démontre le
comportement d'une personne maîtresse d'elle-même et non point d'une
hystérique.
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