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Maria da Conceição Leite Reis Proença
dite Sãozinha

Témoignage n° 17

 

— Maîtresse d’école. Elle fut, pendant de longues années, la “secrétaire” de la servante de Dieu

Présentation

J’ai de la dévotion envers la Servante de Dieu Alexandrina et je désire sa béatification, parce que j’ai constaté ses vertus et je suis convaincue qu’elle est un exemple de sainteté.

Je ne suis consanguine ni parente de la Servante de Dieu ni membre de la famille ; toutefois, j’ai eu divers contacts avec celle-ci. Nous étions compagnes de catéchisme à Balasar. Puis, elle partit étudier à Póvoa, le peu qu’elle apprit. Moi, je suis venue ici, à Balasar. Entre-temps elle est tombée malade. Elle commença à souffrir très jeune: à 13 ou 14 ans, elle ne travaillait déjà presque plus. Finalement elle tomba malade et s’alita pour longtemps.

Je lui rendais visite pendant les vacances: j’allais très souvent chez elle.

Vers 1932, je fus nommée institutrice à Balasar. Par la suite je la visitais presque tous les jours; quoi que certaines semaines se sont passées pendant lesquelles je n’ai pas eu cette opportunité. Je déposerai surtout sur la base de tout ce que j’ai vu et ce que j’ai écouté de sa bouche même.

Ma connaissance sur Alexandrina est directe. J’ai écrit une autobiographie, qu’elle me dictait peu à peu, car elle n’avait pas la force pour parler très longtemps.

Outre cette autobiographie, qu’elle me dicta, je sais qu’elle a écrit d’autres choses; des pensées sur des cahiers, qui sont archivés et beaucoup de lettres, qui sont elles aussi archivées.

Biographie

[Alexandrina] est née à Gresufes, paroisse de Balasar, le 30 Mars 1904. Elle reçut le nom de Alexandrina Maria da Costa. Elle était fille de paysans. Sa mère avait perdu tous ses avoirs. La mère ainsi que ses filles étaient des gens honnêtes et dignes de confiance, et travailleuses. Pour ce qui concerne les mœurs de la mère d'Alexandrina, je dois dire qu'elle eut deux filles « illégitimes », Alexandrina et Deolinda, toutes deux du même homme. Aussitôt après la naissance de la première, l'individu, qui avait promit de l'épouser, selon ce que j'entendis dire, s'en alla au Brésil.

À son retour, et en maintenant toujours la même promesse, Alexandrina est née. Entre-temps cet homme l'abandonna et épousa une autre. À partir de ce moment-là, la mère eut un comportement irrépréhensible. La servante de Dieu fut baptisée à Balasar, j’ignore la date [2 Avril 1904]. Elle reçut la confirmation à Vila do Conde, j'ignore à quelle date.

La Servante de Dieu passa les cinq premières années de sa vie chez ses grands-parents maternels. Vers l'âge de six ans, de chez ces derniers, elle fut emmenée à Povoa de Varzim, chez une famille qui habitait la Rue da Junqueira, où elle resta pendant douze mois, pour fréquenter l'école jusqu'en deuxième année de la maternelle. Elle était très attachée à cette famille qui l'avait reçue, et les aidaient de son mieux par de menus travaux pour lesquels elle recevait la “pièce” qu'elle s'empressait de remettre à la maîtresse de maison qui était très pauvre.

Elle était très amie et respectueuse envers sa mère. Toutes les fillettes de son âge la voulaient pour compagne de jeux, parce qu'elle était d'un esprit très ouvert et joyeux. Plus tard encore, toutes se rassemblaient autour d'elle, contentes de sa joviale compagnie.

Je sais ceci par connaissance directe.

a) Elle se confessa et communia pour la première fois à Póvoa de Varzim, lorsqu'elle avait six ou sept ans.

b) Elle voulait recevoir la communion tous les jours, et le demandait à la dame qui l’hébergeait.

Les messes à Póvoa étaient célébrées assez loin et cela l'obligeait à un sacrifice bien grand pour son âge.

c) [En ce qui concerne les éventuels défauts], je ne sais rien en dire, mais elle me déclara que, encore bien jeune, elle avait cherché à en vaincre certains, qu'elle avait. Ayant été sa compagne de catéchisme, je dois dire que je n'ai jamais rencontré chez elle de défaut.

a) Elle fut journalière, femme de ménage et couturière.

b) Pendant un an, environ, elle partit travailler. Elle avait alors entre 9 ou 1O ans. Elle accomplit de son mieux les tâches qui lui étaient confiées, malgré le mauvais traitement et les durs travaux. Par la suite, elle obtint de sa mère de travailler à la journée, jusqu'à l'âge de 13 ans, moment où elle commença à ressentir les symptômes de sa première maladie. Elle menait si bien sa tâche, que ses patrons d'une journée la payaient comme si elle était une grande personne.

c) Vers l'âge donc de 13 ans, sa santé commença à donner des signes inquiétants et, un jour, alors qu'elle était dans les champs, on a du la ramener chez elle: elle se plaignait de douleurs au ventre.

Elle ne retourna plus dans les champs, par manque de forces.

[Alexandrina] commença dès lors à se plaindre aussi de douleurs à la colonne; ce mal ayant été aggravé par la suite, lors qu'elle sauta par la fenêtre, mais il existait déjà. On disait qu’elle souffrait de myélite.

C’est sa mère qui m’a dit que le médecin qu’elles avaient consulté, le docteur João de Almeida, de la maison de santé de Carcereira, lui avait dit qu’il s’agissait de myélite et qu’elle deviendrait paralysée.

Quand, en 1932, j’ai été nommée à Balasar, elle était déjà paralysée, sans pouvoir quitter son lit.

— Comment se fait-il qu’étant paralysée, dix années après, elle est partie à Porto, dans une automobile, en passant par Trofa, s’arrêtant chez un certain monsieur Sampaio, mangeant, buvant, marchand, avec une certaine difficulté, mais un peu près normalement, faisant seulement une escale? Comment expliquez-vous cela ?

Je l’ai accompagnée pendant ce voyage et j’ai assisté à ce dont vous faites allusion. Toutefois, pendant cette période de dix années, je sais qu’elle s’est levée quelquefois, faisant quelques pas jusqu’à la chambre voisine qui est celle de sa mère, mais je sais aussi que, une fois, voyant qu’une bougie brûlait et risquait de mettre le feu à la maison, ne pouvant pas se lever pour l’étendre, elle se limita à prier. Une autre fois, une chèvre  que sa mère possédait, se détacha, monta les escaliers et, pour que la chèvre n’aille pas manger les fleurs qu’elle aimait beaucoup, elle lui offrit du miel, que la chèvre se mit à lécher, ceci en attendant que la mère arrive, car elle ne pouvait pas l’attraper. Encore, à une autre occasion, une chatte qui avait une nichée de petits, lesquels étant tombés dans un sceau d’eau, ont commencé à miauler. Elle aurait voulu les sauver, mais ne pouvant pas se lever, les chatons se noyèrent tous.

— Dans ce cas, sommes-nous devant un miracle ou bien une maladie nerveuse ?

Il ne me semble pas que nous soyons face à une maladie nerveuse. Pour autant que je connaisse Alexandrina, je sais qu’elle était une personne équilibrée. Le fait ne s’explique pas. Je ne crois pas non plus qu’elle ait été suggestionnée par le confesseur ou tout autre personne, car aucun n’était présent, soit quand elle se leva, soit quand elle ne put pas se lever. A propos je peux raconter le fait suivant :

— Un jour je me trouvais dans sa chambre, me préparant à écrire ce qu’elle devait me dicter. J’ai regardé et je le lui ai fait remarquer que le soleil éclairait la chambre contiguë, qui était celle de sa mère et je lui ai dit : « Regarde, le soleil éclaire à côté, c’est dommage que nous ne puissions pas y aller ». Alors elle fit une tentative et elle put se lever et y aller par ses propres moyens, même si aidée.

— Comment expliquez-vous qu’elle n’ai pas pu se lever pour éviter l’incendie de la maison et qu’elle ait pu se lever aussi facilement pour profiter de la chaleur du soleil ?

Je ne sais pas expliquer comment cela a-t-il été possible.

a) La maladie se développa lentement, particulièrement à partir de la chute.

b) La maladie s’aggrava de jour en jour, les douleurs augmentant elles aussi. Celles-ci étaient assez fortes. Elle suait, devenait pâle et fiévreuse. Au début elle pouvait remuer ses articulations, mais petit à petit, elle finit par perdre la mobilité. Il y avait des périodes où elle  se remuait avec une grande difficulté, finissant par rester complètement immobile, au point de ne pas pouvoir repousser les mouches qui se posaient sur son visage. À partir du moment où elle dût s’aliter, elle commença à mal s’alimenter, mais elle n’avait pas de difficulté pour avaler les aliments, sauf sporadiquement. Après 1942, elle commença l’abstinence totale de ceux-ci.

— Alors vous croyez qu’elle ne mangeait et ne buvait plus depuis 1942 ?

Je le crois.

— La sœur et la mère ne vous auraient-elles mystifiée, vous disant qu’Alexandrina ne mangeait et ne buvait plus, tout en continuant de la faire manger et boire en secret ?

Je ne crois pas que la mère et la sœur aient pu faire une chose de ce genre.

— Suivant ce que nous a dit le père Agostinho Veloso, dans le livre du père Pasquale, on peut lire, avec des paroles d’Alexandrina, que la sœur de celle-ci était dans la « Maison de Repos » et que c’était celle-ci qui lui arrangeait le lit et, le père Agostinho Veloso conclut que la sœur était complice, forcément, et qu’elle pouvait très bien lui donner à manger et à boire. Qu’en pensez-vous ?

Rien de tout cela. Même si la sœur aurait voulu le faire, elle ne le pouvait pas, car elle aussi était surveillée par les infirmières de confiance du docteur Gomes de Araujo, au point que celle-ci ne pouvait entrer dans la chambre sans que l’une des infirmières soit présente. Celles-ci, pour vérifier s’il était bien vrai qu’Alexandrina ne buvait, déposèrent une sorte de drogue dans l’eau contenue dans une bourse en caoutchouc, qui se trouvait à côté de la malade pour lui atténuer les douleurs. Au cas ou Alexandrina aurait bu de cette eau, elle aurait eu des troubles dans son organisme et elle aurait été dénoncée. En fait, un tel trouble n’a jamais été constatée, ce qui prouve qu’elle ne s’est jamais servie de cette eau.

— Le père Agostinho Veloso a dit que cette Maison où a été placée Alexandrina, n’avait pas de conditions pour une observation sérieuse. Qu’en pensez-vous ?

Je connais la Maison et je retiens qu’elle avait les conditions requises.

Deolinda, même si elle l’avait voulu, chose à laquelle je ne crois pas, n’aurait pas eu la possibilité de mystifier.

Ses maladies

Au début, la Servante de Dieu demandait à Dieu de lui accorder la santé et elle a même fait une promesse à Notre Dame de Fatima, mais par la suite, plus tard, voyant que cela était la volonté de Dieu, elle s'est totalement et complètement résignée à sa maladie. Je l'ai entendue dire : « Dieu qui m'a clouée ici, savait bien combien je me sentirais prisonnière ».

a) La mère, au début, a cherché à savoir, s'il s'agissait bien d'une vraie maladie, de quoi elle s'alimentait, mais aussitôt après, elle y crut et de ce fait, l'a fait visiter plusieurs médecins et même des spécialistes.

b) Le curé l'a fait sourire, lors qu'il lui a dit : « Tu ne manges pas, parce que tu ne veux pas; si tu continues comme ça, tu vas en enfer. »

Ses amies, elles aussi, se moquaient d'elle. L'une d'elles, avant de mourir, s'est repentie, en se montrant peinée d'avoir traité Alexandrina de simulatrice.

c) Outre ce que j’ai déjà dit, je sais que la Servante de Dieu a été radiographiée à Porto, y étant amenée en ambulance. Dans la Maison de Repos, elle resta 40 jours en observation sous la surveillance rigoureuse du docteur Gomes de Araujo. Je sais qu’il est arrivé à une conclusion qui se trouve dans le rapport qu’il présenta et qui se trouve aux archives, chez Alexandrina.

J’ai assisté à plusieurs extases de la Servante de Dieu, qui arrivait habituellement le vendredi, de midi à trois heures. En ce qui concerne les visions, elle m’en parla de quelques unes, toutefois moi, sauf le comportement de la Servante de Dieu, je n’ai vu rien de plus.

— Le père Agostinho Veloso fait référence à un entretien que le père Aurélio Martins de Faria a eu avec le père Moreira Neto, auquel il a demandé s’il était allé à Balasar et, comme celui-ci avait répondu par la négative, il lu la relation suivante: « Une institutrice du lieu tournait autour de la voyante, portant à la main un coussin, afin que, au moment où la voyante, en reproduisant les chutes du Seigneur, et risquait de taper sa tête contre le mur, elle puisse l’interposer entre la tête de la voyante et le mur ». Le père Aurélio terminait sa relation, en formulant deux questions auxquelles il répondait, selon son interprétation personnelle: « Surnaturel divin? Je ne le crois pas. Surnaturel diabolique ? Cela me paraît encore un luxe. Simple hystérie devrait suffire pour expliquer ces phénomènes ».

— C’est la conclusion du père Aurélio. Le père Agostinho Veloso ajoute : « En plus de ceci, pour moi, je conclut qu’il s’agit en tout cela d’une simple mystification ». — Que pensez-vous de cette affirmation ?

L’institutrice à laquelle fait allusion le père Aurélio, c’est moi et je peux confirmer l’authenticité des faits. Il est vrai que je tenais un coussin que j’interposais entre le mur et la tête de la Servante de Dieu, afin que celle-ci ne se blesse. Moi qui ai assisté de tout près la Servante de Dieu, au contraire de ce que pense le père Aurélio, qui n’y est allée qu’une seule fois, je pense qu’il s’agit de surnaturel divin et en aucun cas, absolument, du surnaturel diabolique ou encore d’hystérie. Et, bien entendu, contrairement à l’avis du père Agostinho Veloso qui n’a pas étudié le cas, je ne crois pas qu’il s’agisse de mystification.

Je suis persuadée que le père Agostinho Veloso aurait pensé différemment s’il avait étudié le cas avec attention.

J’interposais le coussin pour éviter qu’elle ne se blesse gravement, étant donné que, les fois précédentes, après les scènes de la Passion on avait remarqué de graves contusions aux genoux et aux coudes et nous avions peur que tapant la tête elle put se blesser mortellement.

Outre l’Autobiographie, la Servante de Dieu a écrit, ou mieux dicta un journal, qui a été écrit par moi et par sa sœur.

a) Je sais que la Servante de Dieu a annoncé des choses futures, par exemple :

1) Lors de la mort du Pape Pie XI, elle a annoncé qu’il serait remplacé par le cardinal Pacelli. J’ai entendu cette affirmation.

2) Que ce serait le Pape Pie XII le Pape de la consécration du monde à Notre-Dame.

3) Elle a prévu, avec trois ou quatre ans d’avance, la guerre de 1939-19345.

— Il paraît qu’elle aurait prophétisé que le père Mariano Pinho, son directeur spirituel, ne partirait pas au Brésil, mais, en réalité il y est parti. Nous avons donc une fausse prophétie. Connaissez-vous cette prophétie ?

Je ne la connais pas, mais je connais une autre, selon laquelle le père Mariano Pinho serait retourné du Brésil avant que celle-ci ne décède. Mais il n’est pas revenu. Je ne sais interpréter le cas.

c) Elle ne présentait pas, à ma connaissance, des signes particuliers sur son corps.

d) Elle suivait toujours les ordres et les conseils des directeurs spirituels.

— Connaissez-vous les noms des directeurs spirituels ?

Je connais le père Mariano Pinho et le père Umberto Maria Pasquale. Je les ai connus tous deux de près.

— Le père Mariano Pinho était-il un bon prêtre ?

Je l’ai toujours reconnu comme un bon prêtre et une excellente personne et, il jouissait, parmi les personnes qui le connaissaient, d’une telle renommée.

— Le père Agostinho Veloso dit que la vie morale du père Mariano Pinho, avec ses dirigées, était gravement suspectée. Qu’en dites-vous ?

Moi aussi j’ai été sa dirigée, pendant dix ans, un peu près, mais jamais j’ai trouvé chez lui la moindre parole ou la moindre attitude irrespectueuse ou indélicate, au contraire: il était délicat, attentif et surtout dévoué aux âmes.

— Était-il prudent dans la direction spirituelle ?

Avec moi il l’a toujours été. Toutefois je crois que peut-être quelques fois il l’eut été avec d’autres personnes, à cause de sa bonté, un peu ingénue, chose qui quelques fois ait pu le porter à croire avec une certaine facilité ce qu’on lui disait. En tout cas il m’est difficile de le croire.

— Le père Agostinho Veloso dit que ce fut à cause d’abus assez graves de ce genre que les supérieurs se sont vus dans l’obligation de l’envoyer au Brésil. — Qu’en dites-vous ?

Le père Mariano Pinho a été envoyé au Brésil à cause d’une lettre diffamatoire, qui aurait été écrite par une certaine Ema, qui demeurait du côté de Vila Réal et dont la mauvaise réputation est publiquement reconnue. J’ai entendu dire que les supérieurs du père Mariano Pinho, sans avoir dûment enquêté sur le fait, ont interdit le père Mariano Pinho de se rendre à Balasar et quelque temps après l’ont envoyé au Brésil. Entre l’interdiction d’aller à Balasar et quelque temps avant le départ pour le Brésil, deux années se sont passées. Je témoigne qu’il a toujours obéi et que jamais je l’ai entendu se lamenter.

— Le père Agostinho Veloso, aussi religieux, dit ceci: « J’ai connu ce Prêtre et j’ai su qu’il était un taré sexuel, qui dirigeait les pénitentes, plus ou moins hystériques, par une voie de fausse mystique et par la pratique d’actes sexuels avec lui et par la mystification... » — Que dites-vous, madame, de cette affirmation ?

Tout cela n’est qu’un mensonge. Celui qui me semble taré c’est le père Agostinho Veloso et aucun autre, parce que pour affirmer une telle chose il faut être absolument certain des faits.

— Vous, madame, vous dites que pour affirmer une telle chose il faut en être bien certain. Or le père Agostinho Veloso, prêtre illustre, qui connaissait le sens des paroles, quand il dit : « J’ai connu ce Prêtre » était certain de ce qu’il disait. Que dites-vous, madame, à ce sujet ?

S’il le connaissait, il ne le connaissait pas tout à fait, parce que le père Pinho était incapable de ces choses.

— Le père Agostinho Veloso ajoute ceci : « J’ai entendu quelques-unes de ses victimes, auxquelles, quand elles lui résistaient dans ses désirs érotiques, il disait pour les convaincre, qu’il faisait la même chose avec Alexandrina ». — Vous, madame, que dites-vous à ce sujet ?

Je dis, avec indignation, que tout cela est un tissu de mensonges. Je me suis retrouvée avec de nombreuses personnes qui se rendaient chez Alexandrina et qui étaient aussi des dirigées du père Pinho ; jamais aucune d’elles ne s’est plainte ou ne m’a averti contre lui.

— Le père Agostinho Veloso dit encore qu’Alexandrina, sous la direction du père Mariano Pinho, eut des manifestations de phénomènes mystiques, comme la consécration du monde à Notre-Dame, l’invitation pour une crucifixion totale et il ajoute : « J’ai raison d’affirmer que tout cela n’est que mystification: ce ne fut pas Jésus qui l’invita. Ce fut le très imprudent confesseur qui la mena à cela, avec des fins qui non rien à voir avec la gloire de Dieu ». Et il termine : « Je l’ai bien connu et je sais de quoi il est capable ». — Que dites-vous, madame, en ce qui concerne cette autre affirmation ?

En ce qui concerne les phénomènes mystiques, j’en suis convaincue. Ils ont été le résultat, non pas d’une mystification de la part du directeur spirituel, mais de Jésus.

Il ne s’agissait pas de mystification. Alors même qu’elle a entendu les premières invitations de Jésus, elle ne les a pas comprises, raison pour laquelle elle a demandé au père Mariano Pinho la signification de ces invitations.

Je ne crois pas que le père Agostinho Veloso eut bien connu le père Mariano Pinho, autrement il n’aurait pas fait ces affirmations.

— Le père Agostinho Veloso dit que la sœur d’Alexandrina, Deolinda, est devenue sa confidente et sa secrétaire dans les communications avec le directeur spirituel. Mais le père Agostinho Veloso est enclin à croire que plus que secrétaire elle ait été complice de la mystification, dans laquelle ledit Prêtre l’a inclue. — Vous, madame, qui connaissez bien Deolinda et avez bien connu Alexandrina, que dites-vous de ces affirmations ?

Je dis que ni l’une ni l’autre n’auraient été capables de se laisser manœuvrer de la sorte. Je le sais par connaissance personnelle.

La Servante de Dieu pratiqua les vertus théologales, cardinales et annexes, à un degré héroïque. Je fais cette affirmation étayée par la longue connaissance que j’ai eue de la Servante de Dieu pendant vingt-deux ans de fréquentation très intime.

La Servante de Dieu avait la foi théologale et la manifestait dans ses paroles et ses actions.

Je suis intimement convaincue que la Servante de Dieu a toujours observé les préceptes de Dieu et de l’Église et les obligations de son propre état et qu’elle les accomplissait à la perfection.

Ses dévotions

La Servante de Dieu a toujours manifesté une très grande foi envers la très Sainte Trinité et le très Saint-Sacrement et cela en paroles mais aussi en actes. On pouvait se rendre compte de son amour pour la très Sainte Trinité, quand elle priait, et cette dévotion elle l'inculquait aux autres personnes. Tout particulièrement quand elle apprenait le catéchisme, lorsqu'elle était déjà contrainte de rester chez elle, elle disait aux enfants que, quand ils feraient le signe de la croix ou réciteraient le « Gloria Patri », etc., ils devraient le faire avec une très grande dévotion.

Pour l'Eucharistie, sa dévotion s'est manifestée en ce qui concerne la façon visible, de la façon suivante:

a) Elle s'est inscrite à l'Œuvre des Maries des Tabernacles et du Calvaire. Elle en suivait les consignes strictement et les faisaient partager aux autres.

b) Elle a promu des adorations solennelles en honneur du très Saint-Sacrement, et elle en assurait les frais.

c) Elle a fait de nombreuses offrandes au très Saint-Sacrement, par exemple, un Tabernacle, une lampe, des vases pour les fleurs, des chandeliers, etc..

d) Elle s'est intéressée à la « Croisade Eucharistique » au point que l'on venait chez elle pour y préparer les uniformes de centaines d'enfants, malgré la gêne que lui causait le bruit des machines à coudre et des personnes.

e) Mais avant tout cela, c'était la communion quotidienne, pour laquelle elle se préparait avec un grand soin, la désirant ardemment, et le recevant avec un très grand recueillement et une action de grâces très prolongée, quelques fois de plus de deux ou trois heures. Les jours où elle ne recevait pas la communion, elle était triste. Cette tristesse était si manifeste que les prêtres qui venaient, spontanément acceptait de faire des dizaines de kilomètres pour lui apporter la communion. J'ai observé cela tout particulièrement pendant la guerre, quand les transports étaient difficiles.

f) Elle faisait de fréquentes communions spirituelles, toutes les fois que l'horloge sonnait les heures et les demi-heures. Quelques fois, quand elle causait avec quelqu'un, elle s'enfermait en elle même pendant quelques instants, sans faire du spectacle: nous savions qu'alors elle faisait sa communion spirituelle, sans que, très souvent, la personne avec qui elle parlait, ne s'en rende même pas compte.

Pendant la nuit, étant donné qu'elle dormait très peu, elle passait le temps à faire compagnie à Notre-Seigneur dans le tabernacle et quelques fois elle disait : « J'aurais aimé être une pierre contre laquelle les pécheurs buteraient afin de ne pas offenser Notre-Seigneur ».

g) Elle disait très souvent : « Mon Seigneur et mon Dieu » et aussi que tout ce qu'elle faisait, c'était par amour pour Notre-Seigneur et qu'elle aurait tant aimé pouvoir faire tant d'autres actes d'amour pour Dieu, comme autant de gouttes d'eau il y a dans la mer, comme autant de grains de sable sur les plages, comme autant de plumes de tous les oiseaux, comme autant de pétales de toutes les fleurs, comme autant de secondes dont se compose le temps.

La Servante de Dieu se confessait chaque fois que le confesseur pouvait aller chez elle, au moins toutes les trois semaines, d'autres fois moins encore.

Je me souviens avec quel respect elle recevait ce sacrement.

Bien souvent elle nous faisait comprendre qu'elle souhaitait y recourir.

Quand elle recevait du monde, elle insistait très fortement pour qu'ils se confessent bien. Quand quelqu'un se recommandait à ses prières, pour la réussite d'une quelconque affaire, elle profitait toujours de l'occasion pour lui dire de se confesser et, pour ce faire, elle priait avec lui pour cela.

Elle avait une dévotion assez grande pour le Sacré-Cœur de Jésus. Elle profitait tout spécialement des triduums qui se célébraient chaque année en cette région, pour insister auprès des personnes afin qu'elles se confessent, communient et assistent aux prédications, se servant au besoin du cadeau d'un tableau des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie, afin qu’ils soient intronisés dans les familles.

Elle donnait en outre des offrandes pour aider aux prédications.

Elle avait aussi une grande dévotion pour la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Elle avait toujours sur elle le crucifix, et l'embrassait très souvent; elle faisait avec le Chemin de Croix, étant donné qu'elle ne pouvait pas aller à l'église et elle parlait de cette dévotion aux visiteurs.

Elle avait une grande dévotion pour Notre Dame. Pendant les premières années de sa maladie, tout le mois de Mai, il lui plaisait de faire la dévotion en honneur de la Vierge Marie, mais elle n'avait pas une statue. Monsieur le curé lui prêtait une de Notre Dame de Lourdes, mais il ne la lui laissait que durant le mois de Mai. C'est pour cela qu'elle a voulu se procurer de l'argent pour en acheter une qu'elle puisse garder tout le temps dans sa chambre. Elle en parla à quelques personnes amies, lesquelles lui ont offert le montant nécessaire pour acheter une statue de Notre Dame de Fatima. Elle a été très contente quand elle a vu son souhait réalisé.

Aussitôt elle a fait préparer un petit autel, avec une nappe, chandeliers et pots de fleurs. Devant cette statue la famille se réunissait, le soir, pour réciter le chapelet. Pendant le mois de Mai, tous les jours, elle offrait un sacrifice et pour chaque jour elle composait une intention: Pour le Saint-Père, pour l'évêque, pour les prêtres, pour l'Action Catholique, pour les familles, pour la paix, etc..

Elle récitait le chapelet, en méditant ses divers mystères. Elle connaissait et récitait plusieurs prières et jaculatoires en honneur de Notre Dame. Quelqu'un lui avait offert une petite statue de Notre Dame des Grâces, elle la tenait très souvent dans ses mains, ou alors la serait contre son cœur, en disant qu'elle louait Dieu par Marie. Elle était « Fille de Marie » et accomplissait toutes les dévotions s'y rattachant et priait pour toutes les autres « Filles de Marie ». Elle appelait « Mãezinha » à la Vierge Marie et affirmait qu'Elle la secourait en bien des afflictions, et jamais elle n’oubliait de confier à sa protection toute la famille et les autres personnes. Elle expliquait que c'est par Marie qu'elle allait à Jésus.

Elle avait une grande dévotion envers Saint Joseph et son Ange Gardien et pour tous les autres esprits célestes.

Elle avait Saint Joseph comme protecteur et démontrait une particulière dévotion pour l'Ange Gardien qu'elle invoquait très souvent.

Elle avait un très grand respect pour le Saint Nom de Dieu et pour la Parole de Dieu, contenue dans les Saintes Écritures et la Tradition. Elle avait aussi un respect tout particulier vis-à-vis de l’Autorité ecclésiastique, tout particulièrement pour l'évêque et pour le Souverain Pontife; elle vénérait la Sainte Église.

Elle avait un grand soin dans la promotion du culte divin, à travers les prédications, expositions du très Saint-Sacrement et Messes. Elle avait de la vénération pour les choses sacrées : elle a offert des vêtements sacerdotaux, des chevalets pour missel, chandeliers, pots pour les fleurs, ciboires, un tabernacle, des fleurs: elle avait un jardin rien que pour cultiver des fleurs pour l'église.

Bien souvent j'ai été l'intermédiaire en toutes ces offrandes. Pour cela même je peux parler en connaissance de cause.

Je n’ai rien à ajouter ou à retrancher dans ce qui est écrit.

La Servante de Dieu avait l’espérance théologale.

a) Elle croyait parfaitement qu’elle irait au ciel, espérant l’obtenir par l’amour de Dieu et de Notre-Dame, par la mortification et toutes les bonnes œuvres qu’elle pratiquait. Elle avait fait le vœu de perfection et cherchait à faire tout chose avec la plus grande perfection possible. Mais elle confiait, surtout, dans l’aide de Dieu.

b) Elle s’adonnait à l’oraison et, son seul plaisir était de rester toujours seule pour prier.

c) Elle recherchait le bénéfice des indulgences par la récitation de prières jaculatoires, par des neuvaines, qu’elle faisait, au moyen de prières indulgenciées, invitant bien souvent les autres à s’unir à elle.

d) Elle ne méprisait pas les choses matérielles, sachant qu’elles étaient nécessaires pour la vie, toutefois elle cherchait à s’en détacher, disant très souvent qu’elle n’était pas « liée à quoi que ce soit. »

e) Elle confiait pleinement dans la Providence de Dieu et, je connais quelques cas qui le prouvent. Quand elles sont devenues très pauvres, perdant tout l’argent dont elles disposaient, pour aider un oncle, qui n’a pas pu les rembourser, elles ont même du hypothéquer la maison, courant le risque de la voir vendue et de tout perdre. Elle disait qu’elle confiait en Notre-Seigneur et qu’il suggérerait à quelqu’un de les aider. Elles sont restées dans cette situation pendant six ans. La mère lui disait bien souvent: « Pauvres de nous, ma fille, nous  perdrons la maison. Où iras-tu ainsi malade ? » La sœur et la mère, affligées, pleuraient. Elle les confortait toujours et demandait à Notre-Seigneur de leur envoyer quelqu’un qui puisse les aider dans cette situation et qu’elle confiait pleinement en Lui.

C’est ce qui est arrivé. Une dame amie, spontanément, leur offrit la somme — je crois que celle-ci était de 6000 escudos — dont elles avaient besoin.

Alexandrina n’est jamais arrivée ni à la voir ni à la connaître.

L’une des plus grandes privations de sa vie, ce fut quand on la priva de son directeur spirituel, le père Mariano Pinho. Elle se résigna entièrement, acceptant cela comme étant la volonté de Dieu.

f) Elle promut la vertu de l’espérance dans les autres. Je me souviens, entre autres, du fait suivant: une personne de sa connaissance se présenta un jour à elle, très affligée, parce que les biens de la famille étaient gravement menacés par les créanciers. Alexandrina profita de l’occasion pour la mettre en paix, lui disant de confier surtout en Dieu, et qu’elle prie. Et en effet, la maison fut préservée.

Je connais plusieurs cas de personnes désespérées qui venaient la voir et auxquelles elle insufflait courage et foi, en insistant toujours pour qu’elles se mettent en paix avec Dieu et qu’elles prient. Beaucoup de couples en désaccord avaient très souvent recours à elle et elle les réconciliait et leur insufflait l’espérance en Dieu.

Je n’avais à peine que dix années de professorat lorsque j’ai eu une inflammation pulmonaire qui risquait de me rendre invalide pour le restant de mes jours, sans droit à la retraite et sans le sou pour le soutient de ma famille. Très affligée, je me suis confiée à Alexandrina et ce fut elle qui m’encouragea, me disant que je devais encore travailler beaucoup, pendant de longues années. Et il s’avère que depuis plus de trente ans je suis toujours institutrice.

Ce fut pendant la période où j’étais malade que j’ai eu l’opportunité d’écrire l’autobiographie qu’elle m’a dictée.

Beaucoup de chefs de famille, pendant des périodes où il n’y avait pas de travail, se présentaient chez elle, affligés. À tous elle infusait la foi dans la Providence.

Au moment des examens, beaucoup d’étudiants lui écrivaient pour lui demander des prières pour le succès de leurs épreuves. Elle priait pour tous et à certains même, elle écrivait.

Son amour de Dieu

Alexandrina brûlait d'amour pour Dieu. Ses conversations portaient toujours sur Dieu. Elle pratiquait l'oraison fréquemment, presque continuellement.

Son union avec Dieu était continuelle ; elle disait elle-même que ni la conversation, ni la lecture, ni le chant rompaient son union avec Dieu. Je me souviens encore qu'un jour ayant demandé à sa sœur et à moi, ce que nous ressentions quand nous recevions la communion, à la réponse que nous ne ressentions rien de particulier, elle nous expliqua qu'elle ressentait en elle une chaleur dévorante, qu'elle avait l'impression que son cœur se consumait après la communion. Étant donné que nous ne voyions rien, nous avons pensé qu'il s'agissait là d'un phénomène physique, et alors pensant bien faire, nous avons enveloppé de la glace dans un morceau de tissu et le lui avons déposé sur la poitrine, ou mieux, sur le cœur. Après l'avoir gardé pendant un certain temps, elle le retira et nous dit : « Cela ne sert à rien, jetez-le ».

Elle évitait toute offense à Dieu, aussi bien mortelle que vénielle délibérée. Elle cherchait à mettre en pratique tous les commandements et à mener à bien tous ses devoirs.

Elle était préoccupée, tout le temps que je l’ai connue, de faire en sorte que toutes les personnes, à commencer par les enfants, aiment Dieu. À tous ceux qui la visitaient, elle disait toujours, au moment de les congédier: « Aimez Dieu Notre-Seigneur », « Avec Dieu tout est possible; sans Dieu rien n'a de valeur ».

Elle ressentait de la peine pour les offenses faites à Dieu et, fréquemment elle invitait les personnes qui étaient là à prier avec elle, pour réparer pour les péchés commis. Une année, plusieurs prêtres étaient réunis en retraite à Fatima. Parmi eux, il y en avait un qui menait une vie très dissipée.

Un vendredi, un peu près vers quinze heures, au grand étonnement des autres, il est allé faire le Chemin de Croix avec une très grande dévotion; peu après, il s'est confessé et peu de temps encore après il rendit son âme à Dieu; tout ceci pendant le cours de la retraite. Il arriva que par la suite, l'un des prêtres qui avait fait cette retraite, raconta ce fait à Alexandrina. Nous, qui précisément avions pris note des paroles que la servante de Dieu avait prononcé ce jour-là pendant l'extase de la Passion, nous avons entendu, à un certain moment celle-ci dire :

— « Non, non, Seigneur, ne le laisse pas tomber en enfer; c'est une âme que tu as rachetée de ton Sang, c'est un prêtre ».

— « Je ne peux pas m'y conformer: donne-moi des souffrances, mais sauve cette Âme. »

Nous avons pu vérifier que ces deux faits se sont produits au même moment.

Elle accepta volontiers sa maladie, demandant même à Dieu d’augmenter ses souffrances, pourvu que Sa grâce ne lui manque pas.

La Servante de Dieu avait l’amour du prochain, voyant Dieu en lui.

Elle prit sur elle des charges pour soulager son prochain. A une fille très pauvre, qui est entrée au collège du Sacré-Cœur de Marie à Guimarães sous la protection d’Alexandrina, elle paya une partie des études, jusqu’à la fin du cours d’institutrice, avec les aumônes qu’elle recevait. Elle envoya plusieurs garçons au laboratoire de Saint-Joseph, leur procurant un trousseau.

Elle a souffert beaucoup d’injures; on l’a appelée sorcière, mystificatrice, et elle supporta tout cela avec une grande patience.

Elle profita toujours des occasions pour éclairer les personnes ignorantes et leur parler de Dieu et de Notre-Dame, insistant spécialement sur la nécessité de vivre en état de grâce. Ceci impliquait pour elle un grand sacrifice, car, étant naturellement faible, il lui arrivait très souvent de recevoir des personnes pendant toute la journée, avec des intervalles d’une demi-heure. Je me souviens particulièrement d’un jour de « Corpus Domini », pendant lequel des milliers de personnes sont passées la visiter. Malgré ce nombre, elle ne manqua pas d’adresser à chaque groupe des paroles de repentir et de fidélité à Dieu.

 

 

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