A l’aide de la lampe électrique, je contemple l’image du
Sacré-Cœur, que j’ai dans
ma chambre, ainsi que celle de ma chère
Petite-Maman.
Je demande leurs bénédictions, ainsi que de l’amour pour moi et pour tous ceux
qui me sont chers, ainsi que pour le monde entier. J’ai moins de courage; je
n’ai pas d’amour ; et aimer qui ? Mes misères m’oppriment.
Quelle honte ! Quelle confusion ! Le poids des humilia-tions
tombe sur moi. Ma lutte ressent les censures, les rumeurs de tempêtes
lointaines. Je chemine péniblement, terrorisée. Des épines sans nombre; une
pluie d’épines tombe sur moi. Mon âme, mon cœur et mon corps tout entier s’en
trouvent déchirés et trempés dans le sang. Je regardant derrière moi, je n’ai
pas vu le passé ; tous les chemins parcourus ont disparu. Mon Dieu, quelle
destruction ! Devant moi, une gigantesque montagne. C’est impossible, je ne peux
pas l’escalader, mais je ne peux pas non plus reculer d’un pas.
Tout d’un coup, je me suis retrouvée à genoux, les mains
jointes, regardant vers le haut, j’ai invoqué le nom de Jésus et celui de la
Petite-Maman. J’ai crié, crié, à l’intérieur de mon âme. Mon cri ne montait
pas ; il restait accroché aux rochers de la montagne ; il s’imbibait dans mon
sang et dans mes chairs déchirées pour mourir avec moi. L’agonie de mon âme
augmentait ; je ne pouvais plus crier ; je ne voyais pas venir le moindre
soutien.
Dans cette angoisse, les battements de mon cœur étaient si
forts, que je croyais perdre la vie. Oh ! combien il est doux, mon Jésus, de
mourir pour vous ! Ou vous aimer ou mourir ! Souffrir pour vous procurer des
âmes !
J’ai senti mon âme se détacher de la terre et s’élever vers
les hauteurs ; à maintenir le corps contraint ici-bas, il resta comme un courent
électrique qui le reliait à l’âme. Un tel détachement a été assez pénible pour
mon corps. Mes yeux fixaient Jésus crucifié comme soulagement de mes douleurs.
En attendant, mon âme se sentait dans le sein de la Petite-Maman qui, avec moi,
soutenait son divin Fils mort.
Ce qui a donné lumière à mon intelligence, me faisant
comprendre que tout ce que Jésus m’avait promis ne se réaliserait pas de la
manière que je croyais être plus naturelle, autrement dit en allant au Ciel pour
toujours, mais que je serais allée au Ciel pour revenir.
Cette lumière n’a pas été une impression momentanée. Elle m’a
fait comprendre qu’une nouvelle transformation s'opérait en moi, me faisant
convaincre que, certainement, je ne mourrais pas, et que Jésus avait fait
allusion, évidemment, à ce nouvel état de mon âme.
Je n’ai plus jamais pensé à une mort physique.
Une nouvelle transformation s’est opérée dans mon âme. Ce
léger souffle de vie est mort complètement; je ne sens plus cette respiration
qui de temps à autre je sentais. La douleur vit en moi: elle est de toutes
sortes et genres. Je suis morte pour le monde. Tout est descendu dans la tombe
afin d’y rester pour toujours. Quelle horreur, mon Dieu ! Je ne vis plus ; c’est
ma douleur bien-aimée qui vit, ce n’est que mon inexplicable martyr qui vit.
Est-ce que ceci, sans ma vie, donnera vie aux âmes ? Est-ce que je pourrai
encore être utile à l’humanité ? Est-ce que je pourrai encore vous aimer, mon
Jésus, et consoler votre très saint Cœur ?
Pauvre de moi ! Après la haine et l’abandon, après l’oubli et
le mépris, je descends dans la tombe.
Je vis déjà dans l’éternité sans avoir récupéré mon Père
spirituel et sans jamais plus avoir la sainte Messe...
Mon éternité est sans lumière, c’est une éternité qui ne vous
aime pas, qui ne vous loue pas, qui ne vous voit pas, qui ne jouit pas de vous.
Terrible éternité ! Ne pas voir Jésus est une éternité morte.
C’est ce que mon âme vit dans cette éternité, c’est ce que je ressens. Quel que
soit l’état de mon âme, hâtez-vous, Jésus, d’accomplir vos saintes promesses...
Jésus, donnez vie aux âmes avec ma mort, avec mon éternité. Donnez-leur votre
éternité, donnez-leur le ciel, mon Jésus !
Dans l'après-midi j’ai récité les prières du mois de mai à ma
chère Petite-Maman. Mon âme, pendant cette dévotion, se voyait libérée d'un
poids qui l’écrasait et retrouvait la paix et la suavité.
À la fin j’ai cru entendre une voix très douce qui
m'appelait :
— Ma fille, ma fille.
Mon âme se sentait plus soulevée.
Quelques instants plus tard, la même voix, de nouveau m'a
appelée avec tendresse et douceur :
— Ma fille, ma fille, viens sur mon cœur. Je t'invite à
te reposer entre mes bras très saints. Abandonne-toi sur mon cœur de mère. Tu es
la préférée de Marie. Oh ! combien tu es aimée par nos deux Cœurs !
Je me suis sentie entre les bras de la Maman, enlacée,
caressée et couverte de tendresse.
Il n'est pas possible de comparer la douceur et la tendresse
d'une mère de la terre avec celle de la Maman du Ciel !...
Mon âme a été réconfortée : mon cœur en resta heureux pendant
un peu près une heure.
J’étais dans une grande affliction et, après la Communion, je
me suis confiée à Jésus, sans en attendre une réponse. Bon comme toujours, Il a
daigné me soulager :
— Ma fille, dis à ta sœur que je suis en train de voir
jusqu’où va sa confiance en Moi. Près de ton calvaire, elle tient le rôle que
tenait ma très sainte Mère auprès du mien. Dis-lui que je confie beaucoup en
elle : s’il n’en était pas ainsi, je ne l’aurais pas attachée aussi étroitement
à ton martyre.
Et se référant à celle qui nous faisait tant souffrir, Il
dit :
— Allons, allons, courage ! Satan est enragé : il étend
sur vous ses artifices infernaux, mais il ne vaincra pas ! Ayez confiance !
Elle est une insensée. Elle a été, envers vous, de la plus
grande ingratitude;
mais, pardonnez-lui de tout votre cœur, comme je lui pardonne Moi-même. Si tu
savais combien je souffre ! On me reçoit froidement dans la Communion, par
habitude. Combien en souffre mon Cœur !
Jésus, à plusieurs reprises, m’avait confirmé tout ce qu’il
m’avait dit et promis au début de ma crucifixion : comme prix de mon acceptation
à me laisser crucifier, les portes de l’enfer seraient fermées depuis midi de
vendredi à minuit de dimanche. Quand il a plu à Jésus de ne plus me crucifier,
ou mieux, de changer la manière de me crucifier, je continue de lui rappeler sa
promesse, parce que j’estimais avoir le même droit.
Le 16 juin 1944 Jésus est venu et Il m’a dit :
— Ma fille, viens te reposer et te réconforter dans les
bras de ta Petite-Maman. Tu es tendrement cajolée par Jésus et Marie.
Pendant que je parlais, je sentais leurs caresses.
— Tu es bercée par les anges. Je viens te dire, ma fille,
les jours supplémentaires pendants lesquels, par ton mérite, l’enfer est clos :
je t’accorde l’après-midi du jeudi en l’honneur de mon Eucharistie, pour l’amour
que tu as envers Celle-ci, et pour l’amour qui m’a amené à y rester prisonnier ;
je te concède le mercredi matin en l’honneur de saint Joseph que tu aimes tant;
combien je désire, ma fille, le voir aimé ! Je veux que tu fasses connaître que
celui qui aura pour lui une vraie et constante dévotion, ne m’offensera pas
gravement au point de se perdre...
Je te concède ceci pour l’amour avec lequel tu te laisses
crucifier.
— Jésus souffle sur toi et t’embrase...
J’unis mon Cœur au tien. J’habite en toi et toi en moi.
Reçois, reçois, ma petite fille, l’amour de ton Jésus. Reçois-le, enrichis-toi
en, afin que tu le donnes aux âmes. J’ai soif, j’ai soif, ma fille, j’ai soif
d’amour. Les âmes ne connaissent pas ma folie pour elles. Les pécheurs sont
ingrats envers mon divin Cœur. Tu vois, tu vois, ma belle colombe ? Je suis
toujours près à les recevoir ; je leur offre, je leur donne mon Cœur et je veux
les y accueillir ; je veux les posséder.
— Jésus, Jésus, je ressens vos ardents désirs. Je vois votre
divin Cœur ouvert. Ce fut l’amour, Jésus, ce fut l’amour qui vous a déchiré la
poitrine. Ce fut encore l’amour qui vous a laissé être blessé de la sorte.
Quelle blessure, quelle plaie si profonde !... Je vois que de celui-ci sortent
des rayons brillants, enchanteurs, des rayons dorés. Embrasez-moi, Jésus,
embrasez-moi dans ce feu divin ; faites que je puisse embraser tous les cœurs,
tous vos enfants...
Vous avez soif, vous avez soif, mon Jésus, vous avez soif de
posséder les âmes. Regardez, mon Amour, voyez ma soif ; c’est une soif qui me
conserve. Vous voyez pourtant que mon seul et ardent désir est de les livrer
toutes à votre Amour, à votre divin Cœur. Vous connaissez mes tourments.
Regardez la torture dont souffre mon pauvre cœur. Vous savez bien, que souvent,
j’aimerais vous dire : “Jésus, je n’en peux plus; je ne peux plus résister !”
Mais je ne le veux pas, mon Amour, je ne veux pas vous parler ainsi.
Accordez-moi votre grâce, accordez-moi votre force, donnez-moi encore et encore
des souffrances, ô mon Jésus, ô mon Amour ! Hâtez-vous, mon Jésus ! Si je peux
souffrir davantage, envoyez-moi encore des souffrances ; donnez-moi les vite,
mais donnez-moi aussi les âmes.
— O beauté, ô beauté, ô enchantement de mes yeux divins !
Tu ne peux pas souffrir davantage, mais garde ton courage : Je suis avec toi, je
veuille, je suis vainqueur, je triomphe. Ne vacille pas, ne tombes pas au point
de m’offenser, mon divin Cœur n’a pas le courage de t’abandonner. Tu es ma
victime la plus aimée. Tu as la mission la plus riche, la plus belle pour moi.
Je te fais souffrir autant afin que tu me sauves beaucoup d’âmes.
— O Jésus, si je vous aime, comme tant de fois vous me
l’affirmez, si je vous aime vous et la Petite-Maman et je suis aimée d’Elle
comme vous me le dites, et je le crois et j’ai confiance, que puis-je désirer
d’autre, sinon vous aimer et vous sauver des pécheurs ? Crucifiez-moi, ô mon
Jésus, ne m’épargnez pas, mon Amour, mes éloignez-les des peines de l’enfer! Ne
manquez pas, mon Jésus, ne manquez pas à ce que vous m’avez promis. Gardez,
Jésus, gardez, je vous en prie, les portes de l’enfer bien fermées. Placez-moi,
mon Amour, placez-moi, devant elles. Emmenez-moi devant elles, comme je vous
l’ai déjà dit, mon Amour, placez-moi là, devant leur seuil, comme une barrière ;
jusqu’à ce que le monde soit monde, et qu’il y ait des pécheurs à sauver. Ou
bien, mon Amour, laissez-moi dans le monde, tant qu’il existera ; appelez à vous
tous les miens, tous ceux qui me sont chers ; laissez-moi seule ; vous me
suffisez, mon Jésus...
— Combien elle est belle, combien belle est ta prière !
Quelle joie, quelle consolation pour moi ! O combien de bénéfice pour les âmes !
Combien de grâces tu obtiens pour les ingrats de mon divin Cœur ! O monde,
pourquoi ne connais-tu pas ma victime bien aimée ! Vite, vite, que la lumière
soit faite ; que brille la lumière que Jésus désire. C’est à l’aide de cette
lumière, ma fille bien-aimée, de cette lumière qui brille en toi, que les
pécheurs vont voir le chemin, la vérité et la vie.
— O Jésus, Amour de mon cœur ! La Vérité c’est vous ; le vrai
Chemin c’est vous; l’unique Vie, c’est vous. Faites, ô Jésus, que tous vous
suivent, que tous vous aiment! Je ne veux que ce que vous voulez, je vous le
demande de tout mon cœur, de toute mon âme. Donnez-moi le courage ; donnez-moi
la force ; donnez-moi la grâce ; donnez-moi tout ce qui est à vous. Sans vous je
ne peux rien ; sans vous je ne peux résister à tant de souffrance.
— Courage, ma petite fille, ne te décourage pas ! Tu le
sais bien, tu demeures dans mon divin Cœur, à la place la plus élevée. Dans ma
divine demeure, tu ne coures aucun risque. Repose-toi, repose-toi en moi ;
repose, repose-toi pour toujours. Reçois, reçois la vie dont tu as besoin pour
vivre. Vis uniquement de ma vie divine.
— Merci, merci, mon Jésus.
À la tombée du jour, alors que la lumière du soleil
s’enfonçait dans l’obscurité de la nuit; pour moi il n’y avait plus ni soleil ni
jour, mais seulement nuit. Le découragement, l’abattement, la constante lutte
m’étaient presque insupportables...
— Jésus, Petite-Maman, aidez-moi, ne me laissez pas
tomber !
O mon Dieu, il me semble que le Ciel n’existe pas !... La
lutte est continuelle et le doute me tourmente. Mon cri vers les saints semble
ne servir à rien.
Jésus, j’ai confiance ! Petite-Maman, j’ai confiance !
Mais le temps passe et aucun secours ne me vient. Je sens
l’abandon de la terre et du Ciel. Pauvre de moi ! Je ne veux pas me tromper ni
tromper personne.
Une nouvelle preuve d’amour de la part de Jésus est venue me
soulager dans l’abîme de ténèbres et de mort. De ses divins bras il m’a inclinée
sur son divin Côté et m’a donné à boire du sang de son Cœur. Merveille ! Bonté
divine ! Je sentais le Sang du Cœur de Jésus pénétrer abondamment en moi,
pendant que Jésus, tout doucement me disait :
— Courage, ma fille ! Mon Sang et ma Chair son ton aliment
et ta vie.
Jésus m’a rassasiée, m’a fait revivre : le jour s’est levé,
le soleil me réchauffa de ses rayons. Maintenant le monde ne pouvait rien contre
moi. Combien il est bon, Jésus !
Je ne sais pas si c’est à cause de ma grande souffrance, je
suis restée très accablée, presque oublieuse d’avoir reçu Jésus Eucharistique.
Oh ! l’état de mon âme !
À l’improviste j’ai vu Jésus devant moi, cloué sur la Croix,
mais aussitôt tout a disparu. Si je me sentais comme morte, morte je suis restée
: il me semblait que pour moi la vie n’existait pas.
Quelques instants après, mon Bien-Aimé est venu, mais
maintenant il était merveilleux : son visage était si beau, tout resplendissant,
rempli de lumière. Il s’est approché de moi, m’affirmant, en même temps, qu’il
me confiait son divin Cœur, avec une grande plaie d’où il sortait une énorme
flamme brillante qui serait capable d’enflammer et de brûler le monde entier.
— Ma fille, cache en toi mon divin Cœur afin que les
pécheurs ne puissent m’offenser.
Je ne sais pas comment le Cœur de Jésus m’a pénétrée.
J’ai été plongée en Lui et Lui en moi. Combien grand est l’amour de Jésus !
Quelle transformation de mon âme ! Déjà j’avais vie, courage
et force. Souffrance, combien tu es douce si supportée pour Jésus !
Mais, ô combien il est coûteux de vouloir consoler et de ne
pas pouvoir le faire, garder son divin Cœur et ne savoir comment s’y prendre !
Pauvre Jésus, à qui avez-vous confié la garde de votre Cœur ! Où pourrai-je le
cacher afin qu’il ne soit pas blessé ? Je ne suis que misère. Transformez-moi,
purifiez-moi, et ensuite, entrez chez moi.
— O Jésus, est-il possible que la morte puisse parler, que
le cœur d’un cadavre puisse avoir la nostalgie du Ciel, ainsi que le désir de
voler vers vous, désireux de se cacher pour se plonger dans l’immensité de votre
divin Amour ! Jésus, Jésus, c’est ma douleur qui vous parle... c’est une douleur
qui rassemble en elle toutes les douleurs.
Jésus, je sens que mon corps n’est plus un cadavre où les
vers de terre n’ont pas encore pénétré, un cadavre qui, quelques jours après
avoir été descendu dans la tombe, pourrait être reconnu. Non, mon Jésus, je n’en
possède même plus les cendres, tout a disparu.
O mon Dieu, quelle mort la mienne, quelle perte éternelle !
Écoutez, Jésus, ayez pitié de moi ! Tournez votre regard vers moi, lisez ma
douleur: c’est pour vous, et pour les âmes... Soutenez le poids que m’a causé la
mort, voyez que sans vous je ne résiste pas à tant de nostalgie du Ciel ; il
m’est impossible de rester ici alors que je désire ardemment vous aimer... La
nuit n’a plus d’étoiles ; il n’y a plus de jour; il n’y a plus de soleil. O
douleur, ô douleur, toi seule vis en moi, il n’y a que toi qui restes, mais tu
n’aimes pas Jésus, tu ne vis pas pour Jésus !
Écoutez, Seigneur, mon cri ! Que ma clameur arrive jusqu’à vous ! Qu’en
sera-t-il de moi, mon Dieu, qu’en sera-t-il de moi sans Vous ? O lutte, ô
terrible lutte !...
Faites que je vous aime et vous fasse aimer ; j’ai faim de
vous donner le monde entier.
O mon Jésus, en ce qui concerne la nostalgie des aliments, ce
n’est pas moi, c’est mon corps qui a faim et soif, parce que moi, je n’existe
plus !... Mais, c’est un cœur, c’est une âme qui, comme s’ils étaient à moi, ont
faim et soif.
(...)
Jésus, cela fait un an que mon martyre à Foz a été terminé.
Pendant ces derniers quarante jours j’ai remémoré tout ce que j’y ai souffert.
Acceptez-vous, mon Jésus, ce martyr si douloureux ? Je ne suis pas retournée à
Foz, mais je peux dire que j’ai presque souffert autant que lors de mon séjour
dans cette maison. Vous avez fait en sorte que tout se renouvelle : j’ai tout
revécu, mon Jésus. Acceptez ma souffrance et, pour amour pour les âmes, fermez
l’enfer. Faites que je vous aime et vous fasse aimer. J'ai faim de vous donner
le monde entier. Pauvre de moi, mon Jésus ! J'ai la nostalgie des aliments, mais
ce n’est pas moi qui la souffre ; ce n’est pas mon corps qui a faim et soif
parce que je n’existe déjà plus; mais c’est un cœur, c’est une âme qui, comme
s’ils étaient à moi, souffrent cette faim et cette soif.
Vous avez entendu, mon Jésus, que cette dure souffrance m’a
fait dire: “je donnerais tout, je donnerais le monde, je donnerais la vie,
s’il était possible, pour un peu d’alimentation”. Quelle envie, quelle
envie, mon Jésus, de tout posséder pour tout vous donner !
Je veux vous aimer, je veux vous donner des âmes !...
Tournez vers moi votre divin regard, car je veux fixer le
mien sur le vôtre.
Ne pensez pas, mon bon Père Umberto, que mon silence soit un
oubli. Je ne vous oublierai ni sur la terre ni au ciel. La cause de celui-ci, ce
sont les “cadeaux”
de Jésus. Si vous saviez combien je souffre... Mais la souffrance importe peu;
ce qu’il faut c’est consoler Jésus. Il me suffit que sa grâce et sa force ne me
fassent pas défaut pour résister à tout... Je n’ai pas oublié vos intentions de
prière ni celles des novices de votre sainte maison Salésienne... Par charité,
pardonnez-moi mes manquements. Je vous remercie de tout mon cœur et de toute mon
âme pour tout ce que vous avez fait pour moi. Que Jésus vous récompense, vous
comble de ses bienfaits et de son amour, car Lui seul connaît et sais le
réconfort que vous m’avez apporté.
Je vous sens à côté de moi, et cela me procure du courage
pour soutenir ma souffrance. Que Dieu soit béni. Je ne suis pas encore haïe de
tout le monde...
Nuit ténébreuse, atrocités de la mort ! Le cri de la douleur
continue : écoutez-le, Jésus, c’est lui qui pleure, c’est lui qui invoque votre
secours !... Je n’aperçois aucune lumière... Mon cœur sent qu’il a été comme
lacéré, traversé par une lance bien effilée, avoir reçu une nouvelle et grave
blessure, il sent qu’il ne peut plus être blessé...
Je suis dans un état de grande inquiétude; je ne sais pas ce
que cela présage.
Quelle horreur ! La tempête se déchaîne, j’entends le
sifflement des vents, je vois les éclairs annonceurs du tonnerre effrayant, je
sens des menaces de destruction.
Tous sont partis terrorisés et moi, seule, au milieu de la
mer, sans gouvernail, sans bateau, sans lumière, je suis menacée de plonger pour
toujours dans cet abîme. Quelle horreur ! Quelle peur !... Mon Dieu, qu’est-ce
qui m’attend encore ? Je m’abandonne entre vos bras très saints...
— Écoutez, mon Jésus, ma souffrance presque moribonde. Un
coup très dur lui a été porté. O souffrance qui tue la douleur !
O souffrance
qui ne peut être comprise que de vous ! Le regard fixé sur vous, ô Jésus, les
calomnies, les humiliations, les mépris, les haines, les oublis ont toute la
douceur de votre Amour ! Qu’il m’arrive, ô Jésus, qu’il m’arrive tout ce qui
vous fait plaisir ! Que mon nom meure, comme je sens qu’il arrivera à mon corps
et à mon âme, afin que triomphe votre divin Amour dans les cœurs et votre Grâce
dans les âmes. Me voici, mon Bien-Aimé, prête à être immolée. Mais comment
résister à tout cela ? Regardez ce cœur qui éclate et se décompose dans la
douleur : il ne peut pas supporter autant de tourments si vous ne lui venez pas
en aide. Venez, mon Jésus, aidez-le, aidez-le ! Ils veulent me priver de tout:
ils menacent même de me priver de la Communion, interdisant le curé de venir
chez moi, sauf en cas de danger de mort, si je n’obéis pas.
J’obéis, j’obéis, ô mon Jésus, avec votre divine Grâce !
O sainte obéissance, je t’aime pour Jésus et pour les âmes !
On m’a mise sur la place publique sans mon consentement : je
n’en savais rien. Et maintenant on voulait, au prix de ma souffrance, recueillir
les plumes que le vent furieux a dispersées ! Comment le pourront-ils ? Ah mon
Jésus, jamais plus, jamais plus ! Si seulement je pouvais vivre cachée, vous
aimer comme je le désire tant, être toute à vous, sans limites, mais, sans avoir
une vie
pareille. Combien sont devenus saints sans avoir ce genre de vie ! Et moi, je ne
suis que misère ! Quelle nostalgie de mes années passées ! Combien de colloques
j’ai eu avec vous sans que personne ne le sache ! Je donnerais des vies, je
donnerais des mondes pour vivre cachée. Pardonnez, mon Jésus, je n’ai pas à
vouloir ; je n’ai pas à avoir de volonté propre.
Mon Dieu, si je savais au moins que par ma souffrance votre
consolation était satisfaite ! Si seulement je pouvais vivre cachée dans cette
chambre, où Vous seul et ces murs avez été les témoins de mes souffrances ! Si
les miens et tous ceux qui me sont chers pouvait oublier que je vis ici et que
je vis avec eux, ô, alors je ne souffrirais pas !
Je vois toutefois que celui qui souffre c’est votre divin Cœur ; ceux qui me
sont chers souffrent avec moi et ne peuvent pas m’oublier : ce qui me peine
énormément. Combien de fois je ne peux même pas contenir mes larmes, aveuglée
par la douleur ! Puis cette pensée me vient : il vaut mieux ne pas pleurer,
Jésus est davantage content. Je pose mes yeux sur la croix où Il est crucifié ;
je reste un moment à le contempler ; alors les larmes, qui semblaient ne plus
tarir, cessent: je ressens une nouvelle vie.
Mon Dieu, quelle terrible lutte ! Pauvre de moi sans Vous,
Jésus et Petite-Maman ! Secourez-moi, je suis votre victime...
Jésus, ne permettez pas que je cède, ne consentez pas que mes
lèvres s’arrêtent de répéter : “Jésus, je vous aime ! Je suis votre victime !
Que les hommes jugent comme ils veulent; peu importe.
Donnez-moi votre certitude de me vaincre moi-même, de vous aimer et de vous
donner des âmes.
Jésus, je ne vois ni mon passé ni mon présent, je ne vois que
mon avenir: je vois mon sang couler parmi les épines; dans une nuit terrible et
obscure ma souffrance avance et continue de vivre...
— Jésus, je regarde d’un côté et de l’autre et je ne vois
personne ; je crains et je tremble ; quelle frayeur !...
Jésus, ne me laissez pas sans vous recevoir: que je perde
tout, absolument tout, mais que je puisse avoir la Communion ; tout perdre, mais
vous posséder vous !...
Mon Dieu, quelle vie si mal comprise ! Si ce n’était par
l’amour de vous et des âmes, je ne me serais pas soumise aux âpretés des hommes,
je n’aurais pas à leur obéir.
Ces pensées défilaient rapides comme des éclairs. Je me suis
sentie ensuite obligée toutes les joies avec l’amour de Jésus : Lui, Il est
digne de tout. Les âmes, les âmes ! Cette pensée a vibré en moi, allumant des
désirs plus fermes de marché parmi les épines...; il m’a mieux fait comprendre
qui est Jésus et ce qu’est le monde...
Je sens la nostalgie de ma “Passion” du vendredi, mais
j’ai peur des extases. Je crains le vendredi et le premier samedi, je crains
n’importe quel jour ou n’importe quelle heure, mon Jésus, où vous daignez me
parler. Serait-ce une imperfection ? Ayez compassion de moi, Jésus !...
Quelques heures après : la nuit était déjà bien avancée ; à
la maison tout n’était que silence, seuls, ma douleur et ma lutte continuaient.
À l’improviste, Jésus m’est apparu :
— Donne-moi la main, ma fille, ne t’ai-je pas promis de
soulager ton accablement ? Allez, va dans les bras de la Petite-Maman, vas-y
recevoir du réconfort.
Aussitôt je me suis retrouvée dans les bras de la Maman du
Ciel et, comme une enfant, j’ai enroulé mes bras autour de son cou. Elle m’a
enlacée doucement et m’a caressée, me couvrant de baisers. Je pleurais ; Elle
m’essuyait les larmes à l’aide de son très saint Manteau et me disait :
— Ne pleure pas. Console avec moi le mien et ton Jésus.
Il est si offensé ! Allons, allons, prend courage !
Et Jésus :
— Ta douleur, ma fille, ton martyr arrache des artifices
de Satan les âmes que lui, avec tant de rage m’avait prises. Courage... La
tempête passe. Reçois Grâce, Amour et la Lumière de l’Esprit-Saint.
J’ai vu l’Esprit-Saint sous la forme d’une colombe qui
laissait tomber d’en-Haut sur moi des rayons dorés et un déluge de lumière...
J’en ai été fortifiée. Peu après, dans une douce paix, je me suis endormie.
Vers 14 heures, appuyée sur mes coussins et étendue sur ma
croix dans un profond anéantissement, j’invoquais Jésus, seulement Jésus.
Quelques notes mélodieuses m’ont attirée. Tout d’abord j’ai
pensé qu’il s’agissait de sons de la terre et je me suis mise à l’écoute pour
découvrir d’où ils venaient. Ils m’arrivaient d’en-Haut. Je l’ai très bien
compris et alors mon cœur a frémi avec tant de force qu’il n’en pouvait plus
résister... Toute la tempête s’est estompée... Je me suis sentie toute remplie
d’une grande douceur et suavité. L'harmonie était composée de beaucoup de sons,
comme si émis par un très grand nombre d’instruments... Je les ai tous écoutés,
mais l’un de ceux-ci parmi tant d’autres m’attirait plus particulièrement... Je
ne sais combien de temps ce ravissement a duré... Peut-être bien une demie
heure.
Après le soulagement qui m’a été accordé le 12, je suis
retournée à mon état de tristesse. Le jour de l’Assomption de la Maman du Ciel
est arrivé, et rien que de penser à la solennité... et à la jubilation du Ciel,
il me semblait ne plus pouvoir résister davantage aux tourments de la terre.
Quelques minutes après la Communion, j’ai ressenti comme un
assaut au-dedans de moi. Il me semblait que c’était Jésus qui, comme un voleur,
était entré et sorti de moi en un instant emportant avec lui le peu de vie qui
était la vie de ma douleur.
Je me suis sentie morte, mais j’ai continué de souffrir davantage du fait de me
sentir privée du peu de vie qui était la vie de ma douleur. Je sentais que tout
me manquait et j’étais scindée en deux morceaux: mon cadavre resté ici-bas et,
là-haut, au Ciel, le butin qui était une partie de moi-même. Cette partie était
plongée dans la joie absolue, sauf la vision de Dieu, mais ne donnait pas à la
partie restée sur la terre aucun soulagement; bien au contraire, la laissait
prosternée dans un abîme de souffrance sans fin. J’ai passé toute la journée
dans une attente douloureuse de posséder cette autre partie de moi-même qui
m’appartenait et sans laquelle je n’étais qu’un cadavre.
Ce fut pour moi une journée interminable: je l’ai passée dans une continuelle
plainte envers Jésus et la Maman du Ciel, alors que je me demandais :
— O mon Dieu, comment puis-je vivre sans vie ?
Vers le soir, j’ai de nouveau entendu l’harmonie du 12 de ce
mois, et ceci a été pour moi comme un baume pour ma souffrance ; sans cela, je
crois que je n’aurais pas résisté bien longtemps.
La nuit, je ne saurais dire à quelle heure, le butin m’a été
restitué ; je m’en suis rendu compte parce que je me suis sentie revivre.
Je ne sais pas pourquoi je suis effrayée et pourquoi j’ai
peur... Je me sens seule,
complètement seule... La tempête continue...
Vous
seul, mon Dieu, pouvez m’aider; mais, pauvre de moi, il me semble que même vous
m’avez abandonnée. Le cri de détresse n’arrive pas aux oreilles de personne. Que
m’arrivera-t-il de plus, mon Dieu ? Je jette mon regard par la fenêtre de ma
chambre : je n’y vois que des nuages ; je pose sur celles-ci mon regard admirant
la grandeur du Créateur. Si les nuages s’évanouissent et que l’azur du Ciel
apparaît, je ne puis résister à tant de nostalgie ! Je voudrais m’envoler vers
lui, mais combien est grande la distance qui me sépare du firmament ! Je pleure,
je pleure bien des larmes...
Les jours où je dois rester sans Communion approchent.
— Mon Dieu, comment ferai-je pour me priver de vous.
Jésus, ma Petite-Maman chérie, venez à mon secours. Je ne puis vivre sans
Jésus !
La Maman du Ciel a eu pitié de ma douleur. Jésus a veillé sur
moi : il ne m’a pas laissé un seul jour sans le recevoir; il m’a envoyé le Père
Umberto, salésien qui, pour quelques jours, s’est efforcé d’illuminer et de
tranquilliser mon âme. J’ai senti qu’il me comprenait: il m’insufflait du
courage malgré ma grande souffrance.
Après qu’il m’ait écoutée en confession, j’ai ressenti dans mon âme joie et
suavité et, forcée par je ne sais quoi, j’ai chanté des cantiques à Jésus et à
la Maman du Ciel.
Ensuite je suis retournée dans mon habituel état
d’affliction, de douleur et de martyre...
Après avoir reçu Jésus [Eucharistique], la souffrance de mon
âme est devenue plus suave: mon Bien-Aimé m’accorda en cette occasion une plus
grande intensité d’union, que j’avais déjà ressentie hier, dans le regard des
personnes que j’aime et qui en ces derniers jours me haïssent...
Mais je suis rapidement retournée dans les douloureuses
souffrances du corps et de l’âme.
— O mon Dieu, la tempête ne s’apaise point. Ayez pitié de
moi : regardez comme je suis blessée ! On essaie de m’enlever de vos divins
bras. Attachez-moi, attachez-moi à Vous, mon Jésus ! Ne permettez pas que l’on
me sépare de Vous. Que je perde tout ce qui appartient à la terre, mais que je
Vous possède !
Je me sens abandonnée, seule, seule et sans personne à qui
recourir: Jésus, Petite-Maman, écoutez mon cri de détresse ! Je veux aimer Vos
Cœurs très saints, mais je ne sais pas ce que c’est que l’amour ; je ne le
connais pas; il me semble que l’amour n’existe pas sur la terre. Ayez pitié de
mon affliction. Donnez-moi l’amour que je désire, que j’espère de Vous. Laissez
que je me perde en Vous; que je me brûle dans vos divines ardeurs...
Je sens que mon cri reste suffoqué sous le monceau de cendres
de mon pauvre corps, qui n’est plus un cadavre, comme je le ressentais un
instant avant, mais cendre, seulement cendre. Mon Jésus !... Mon cœur n’est plus
dans ma poitrine, tellement grande est son envie de vous aimer et de monter vers
vous. Je ne dis pas bien, mon Jésus, ce cœur n’est pas le mien, et je ne sais
même pas à qui il appartient. Où est-il le mien, mon Jésus ? À qui appartient
celui-ci ? Tout est mort. Jésus, ayez pitié de moi. Ma volonté c’est la vôtre,
vous le savez bien ; oui, vous le savez bien, mon Amour. Regardez, je ne suis
que misère, je ne suis que néant ; je ne peux rien sans vous. Ne m’abandonnez
pas, mon Jésus. J’espère en vous ; j’ai confiance en vous. La lutte est
terrible ! Écouter votre voix qui m’encourage et me confirme que tout cela est
pour votre gloire, que c’est pour vous consoler, ne me suffit plus. J’en veux
davantage, mon Jésus, j’ai besoin de plus, de bien davantage...
(...)
Le démon m’est apparu en diverses occasions, de jour comme de
nuit; tantôt sous la forme d’un homme attaché par la ceinture, tantôt sous la
forme d’un lion attaché par le cou. Il a essayé plusieurs fois de m’attaquer,
mais n’est jamais parvenu à me toucher.
À côté de lui je me sens comme une enfant terrorisée, mais
qui ne pondère pas le danger. Sous la forme d’un homme, il crache par terre et
m’insulte, faisant semblant d’être écœuré de moi; d’autres fois il frappe des
mains et ricane des sentiments malicieux dont il me juge capable et veut me
convaincre que je suis fautive; d’autres fois encore, il prend des attitudes
provocantes pour le mal.
Depuis que ces persécutions ont commencé, je sens, comme si
mon corps était réduit en miettes, et mon intérieur, et mon cœur, sortaient
violemment de moi.
Mon cri, mon unique cri contre mon ennemi c’est : “Mon
Jésus, je suis votre victime !”
(...)
Après la Communion, je me sentais découragée, abattue, je ne
savais rien dire à Jésus. Je m’efforçais de répéter très souvent :
— Mon cher Jésus, mon Amour, je suis toute à Vous !
Je n’ai rien dit d’autre pendant quelques minutes.
Jésus est venu :
— Cela me plaît beaucoup, ma fille, me console beaucoup,
ma colombe bien-aimée, ton affirmation : “Mon Jésus, mon cher Amour, je vous
aime, je suis toute à Vous”. Répète-la très souvent. Courage, ô mon aimée !
Ne crains pas les assauts du démon. Ce n’est que par ce sacrifice que tu peux
réparer des crimes aussi graves. Donne-moi tout ce que je te demande pour ma
gloire et pour le salut des âmes. C’est pour [t’aider à les supporter] que je
t’ai donné un médecin très cher à mon divin Cœur.
Dis à mon cher Dom Umberto qu’il a été choisi par moi pour
venir près de toi. Je n’interviens pas avec la fréquence qu’il aimerait pour
l’étude [sur ton cas]. Mais, ayant reçu mes divines lumières, je veux qu’il
aille vers ton Père spirituel,
tant aimé de mon Cœur, à qui j’envoie tout mon amour : ensemble ils soutiendront
et défendront ma divine cause, aidés par ceux qui sont de mes amis et qui ont
soin de tout ce qui me regarde. Va, ma petite fille, donne l’abondance de mon
divin amour à tous ceux qui sont autour de toi et qui t’aident: ils Me sont tous
bien chers.
Dis à mon cher Père Umberto que le parfum est un parfum
divin,
c’est le parfum de tes vertus. Je dis cela parce qu’il en a besoin pour son
étude.
(...)
Je me suis sentie obligée de m’agenouiller et de lever les
bras au Ciel pour plus dignement louer le Seigneur. Je ressentais une envie
irrésistible de me transformer en feu divin et de plonger dans celui-ci les
cœurs et les âmes...
Aujourd’hui j’ai senti le démon au-dedans et à côté de moi.
J’ai éprouvé une insupportable envie d’aimer Jésus, de lui donner des âmes, de
le consoler, de le faire connaître. Toute remplie d’amour je lui répétais :
— Jésus, Jésus, amour, amour !
Dans cet état, je n’ai pu contenir les larmes au vu de ma
misère, la fange dans laquelle je vis et qui me cause de l’horreur.
Mes désirs d’aimer ne valaient rien, tout était perdu. Je me
sentais comme dans un vaste cimetière, presque sans vie, comme si je ne bougeais
déjà plus. À peine couverte de cendres, je ressemblais à l’un de ces vers qui
dans les pinèdes font leur résidence sous des monticules de terre et de bois en
décomposition. Malgré tout cela, mon offrande à Jésus comme victime, inséparable
de la crainte de l’offenser, restent toujours présentes. Paradoxe terrible et
presque permanent : je vis sans vivre ; je souffre sans souffrir ; j’aime sans
aimer.
Ce matin Jésus est venu, et descendant dans ce cimetière, il
s’est joint aux vers et s’est recouvert des mêmes cendres. Il n’y avait que mort
à l’intérieur de moi; une mort qui semblait se fondre dans le gémissement de
toute l’humanité. Jésus n’a pas donné signe de vie au-dedans de moi : je suis
restée dans les plus épaisses ténèbres et dans une souffrance amère ; les âmes
et l’amour de Jésus m’obligent à tout endurer...
Pendant deux jours j’ai mieux pu respirer: Jésus a daigné,
pour quelque temps, soulager mes souffrances.
Aujourd’hui il m’a surchargée en plus du poids très aimant de
sa croix. Je me sens aux portes de l’éternité. Deux violentes luttes avec le
démon m’y ont propulsée. Mon Dieu, quelle terrible souffrance! J’ai lutté, j’ai
imploré le secours de Jésus et de la Maman du Ciel, de saint Joseph... J’étais
un monstre à l’intérieur d’un autre encore plus grand. Les yeux fixés sur le
crucifix, j’ai répété des dizaines de fois :
— Jésus, je suis votre victime. Acceptez mes larmes. Que
chacune d’elles soient une mer d’amour dans laquelle je puisse cacher vos
Tabernacles, afin qu’ils ne soient pas attaqués ni profanés par vos enfants.
J’ai souffert la première fois pour un prêtre qui se trouvait
en grave danger, et la seconde fois pour tous les prêtres.
La rage du démon était terrible : il me semblait être
entourée par une nuée ténébreuse qui m’empêchait de voir.
O mon Dieu, et les doutes d’avoir péché !… Je ne pouvais pas
me souvenir que j’étais en présence de Dieu, que je l’avais en moi...
Il faisait déjà nuit quand Jésus est venu :
—
Ma fille, entre toi et le démon, il y a une grande
distance: entre vous deux, je m’y trouve. Ce sont des astuces à lui, mais ce
qu’il te montre est faux. Je l’ai Moi-même attaché et je ne permets pas qu’il
s’approche de toi.
Courage, mon aimée. Tu es à moi, toute à moi !
Je me suis sentie revivre et je me suis tranquillisée pour
quelque temps.
Hier, sans que je m’y attende, Jésus, attendri par ma
souffrance, a fait venir ici le Père Umberto,
que je n’avais pas osé appeler. Ce ne fut qu’avec une certaine réserve que j’ai
pu lui ouvrir mon âme: j’ai fait un énorme sacrifice pour parler;
je l’ai offert à Jésus pour ceux qui, par malice, cachent leurs fautes. J’ai
pleuré des larmes de soulagement et de pudeur; mais aussitôt, une grande paix
est entrée en moi, en même temps que de mon âme s’échappaient toutes les
ténèbres, les doutes et tout ce qui causait ma souffrance... Je me sens
aujourd’hui libérée des attaques du démon, mais je sens dans mon âme de
terribles menaces: il est comme attaché et muet...
Ce matin j’avais à peine fait ma préparation pour recevoir
Jésus, quand monsieur le curé est arrivé. L’Attendu de mon âme placé sur la
petite table et les cierges allumés, le cure m’a dit :
— Voici que Jésus vient te rendre visite et te tenir en
peu compagnie. Le Père Umberto viendra te le donner après.
À peine monsieur le curé était parti,
une force provenant je ne sais d’où m’a obligée de me lever. Je me suis mise à
genoux devant Jésus et je me suis inclinée vers Lui. Mon visage et mon cœur
n’avaient jamais été aussi près de Lui. Quelle félicité la mienne ! Je l’ai
intensément prié pour moi, pour tous ceux qui me sont chers et pour le monde
entier. Je me suis sentie brûler dans ces flammes divines.
En outre, Jésus m’a parlé :
— Aime, aime, ma fille, n’aie pas d’autre préoccupation
que celle de m’aimer et de me donner des âmes. Là où est Dieu rien ne manque :
victoire, triomphe !
Je demandé aux anges de venir chanter des louanges avec moi.
J’ai beaucoup chanté jusqu’à ce que le Père Umberto me donne l’ordre de me
remettre au lit.
Enflammée par l’amour divin, j’ai fait ma Communion.
Quelques instants après Jésus m’a dit :
— Ce sont des merveilles, ce sont des preuves que je
donne. Dis, ma fille, à mon cher Dom Umberto que ce fut bien moi qui le permis.
Plus rien n’est nécessaire de ma part. Maintenant il ne reste plus qu’à lutter,
lutter, combattre le regard fixé sur Moi. La cause est mienne, elle est divine !
Pauvres hommes qui immolent de la sorte mes victimes ! Pauvres âmes qui blessent
ainsi mon divin Cœur ! Je me console dans l’amour de cette colombe innocente, de
cette victime tant aimée, maîtresse de mes trésors et de toute ma richesse. Que
le monde entier vienne, qu’il vienne vite boire à cette source. C’est de l’eau
qui lave et purifie, c’est un feu qui brûle et sanctifie.
—
Mon Jésus, je vous aime, je suis toute à vous, je suis
votre victime...
— Combien d’âmes reculent !
Beaucoup, dès le début, beaucoup d’autres à moitié chemin.
Elles veulent tout recevoir de moi, mais rien me donner ! Elles veulent réparer,
mais sans immolation ni sacrifice.
Si tous les maîtres et sages de la sainte Église
comprenaient sérieusement, profondément, ma vie divine dans les âmes, je serais
bien plus aimé ; je recevrais bien plus de réparation.
— Écris tout, et donne-le à ceux qui prennent soin de toi
et de ma divine cause. Cela suffit; ils résolvent tout.
Ma bien-aimée, dis au monde qu’il écoute la voix de Jésus
résonner sur la plus haute montagne, au milieu de la plus terrible tempête.
Qu’il y ait changement de vie, que l’on prie, que l’on
fasse pénitence.
Ou bien feu, sang et condamnation, ou réconciliation: feu
de l’amour divin, paix et pardon.
Attention, Portugal ! C’est Jésus qui te met en garde par
les lèvres de sa victime. Attention, monde entier ! Écoute la voix de Jésus !
Lève-toi, amende-toi, réconcilie-toi ! Écoute le Père qui t’appelle, te met en
garde, qui veut te sauver.
Je suis morte, morte au monde, morte à tout. L’infime souffle
de vie qui, depuis déjà un certain temps agonisait, s’est éteint. Cette force
qui traînait la vie le long d’un immense cimetière, a complètement disparu.
(...)
Depuis quelques jours déjà, une pluie de sang qui venait
d’en-Haut, a commencé à tomber. Il pleut du sang, continuellement. Cette pluie a
tout d’abord mouillé et imbibé les cendres; ensuite, elle les a lavées jusqu’à
ce qu’elles disparaissent; il n’en reste plus rien. Et le sang continue de
tomber d’en-Haut. Il tombe sur ce qui est propre; il n’y a plus rien à laver. O
mon Dieu, comment puis-je parler d’une chose qui n’existe pas !
(...)
Je veux souffrir, je veux réparer pour tous ceux qui pèchent
en ce moment. Des heures se sont ainsi passées et je rentrais en moi pour parler
aux Personnes divines de mon âme. Combien de fois je sens en moi leur royale
présence ! Je sens l’Esprit-Saint sur son trône, le trône de mon cœur, entre le
Père et le Fils, et, eux, surtout, battent de leurs ailes blanches comme pour me
réveiller et me dire qu’ils sont présents. Il m’éclaire de son amour, me
gratifie des effusions de son divin feu... O si toutes les âmes connaissaient et
sentaient en elles la présence du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
Jour après jour ma vie devient de plus en plus, à chaque
moment, pénible et triste. L’ordre d’obéir m’oblige à vivre cachée, à ne
recevoir plus personne, devenant ainsi, petit à petit, oubliée. O mon Dieu, s’il
ne tenait qu’à ma volonté, c’est cela même que je voudrais, mais quel leurre !
Plus on me veut cachée, plus on me fait connaître. Des visiteurs arrivaient de
toutes parts. La curiosité des médecins a été éveillée.
— Oh âmes, âmes, si vous saviez les souffrances qu’il faut
endurer pour vous sauver !
— O mon Jésus, combien élevé est le prix pour la conquête
de votre amour !
Ce matin, quand je me préparais pour la visite de mon Aimé,
je me suis sentie triste et amère : mon Dieu, vous recevoir ainsi, si remplie de
misère !
— Ayez pitié de moi, Jésus ! O Petite-Maman,
purifiez mon cœur, mon corps et mon âme ! Préparez-moi pour la visite de Jésus !
Il est venu et m’a rassérénée : je le sentais dans mon âme.
Il adoucit ma douleur en m'unissant toute à Lui.
Quelques instants après on m’a apporté la nouvelle que mes
écrits, que nous croyions perdus et que le démon m’affirmait avoir dans sa main,
étaient arrivés à destination.
J’ai éprouvé une très grande joie et, étant donné que je venais de recevoir
Jésus, j’ai profité pour le remercier plus intimement.
Peu après les visites ont commencé : Jésus m’a donné la force
pour affronter d’aussi grands sacrifices.
Vers 14,30 heures cinq hommes sont entrés dans ma chambre ;
j’ai eu aussitôt le pressentiment que l’un d’eux était médecin. Ils m’ont
interrogée. Je ne sais pas pourquoi mon regard se fixait plus particulièrement
sur l’un d’eux. J’ai su ensuite que celui-ci était médecin. Habitée par mon
pressentiment, je répondais à toutes les questions et cherchais à m’expliquer de
la meilleure manière que je pouvais sur ma maladie. Ce n’est pas pour autant que
j’étais sereine. O Jésus, vous seul savez tout ce que cela m’a coûté ! Mon Dieu,
quand tout cela sera-t-il fini ? Certainement seulement avec ma mort.
Je répondais aussi avec fermeté, car la vérité n’a qu’un seul
chemin. Ensuite ils ont porté la conversation sur l’alimentation. Quel rude
coup ! Si seulement tout le monde l’ignorait !
— Alors, pourquoi ne mangez-vous pas ?
Je ne savais pas si je parlais à des personnes religieuses ou
pas, toutefois, sans respect humain, j’ai répondu :
— Je fais la Communion tous les jours.
Il s’en est suivi un long et profond silence : pas un geste,
pas un sourire. Peu après ils ont pris congé avec respect et délicatesse.
— Jésus, ma Petite-Maman, divin Esprit-Saint, donnez votre
lumière à ces âmes : qu’elles soient à vous et suivent votre chemin.
Que mes humiliations et mes sacrifices soient salut pour
tous.
Avant quinze heures, j’ai senti dans ma tête les épines si
profondément, qu’il me semblait, parfois, que ma tête se couvrait tout entière
de sang.
J’étais sur la croix ; j’étais sur le Calvaire, sans lumière,
sans joie, sans vie.
Qui n’a pas de vie, comment peut-il sentir ?
O mon Dieu, combien grands sont vos mystères !
Fête du Christ-Roi. Au petit matin, lors de la préparation à
la Communion, je me suis engagée à consoler Jésus : j’ai demandé à la Maman du
Ciel de lui offrir mes prières et tous mes actes pour sa plus grande gloire et
afin qu’il règne sur le monde entier et dans tous les cœurs. Je me suis offerte
à Jésus par Marie...
Beaucoup de personnes sont venues me rendre visite : des
demandes étranges et désagréables m’ont fait beaucoup souffrir. Que tout cela
soit par amour de Jésus et Marie ! Ce sont Eux qui me donnent la force pour
sourire à tous et cacher ainsi ma souffrance.
Je me suis sentie un rien : un rien qui n’existe plus ; je me
suis sentie morte et, avec moi, morte aussi toute l’humanité ; mais il
s’agissait d’une mort qui n’avait jamais eu de vie.
Qu’en sera-t-il de moi, mon Dieu ? Quel tourment ! Dans cette mort émergeaient
des anxiétés presque insupportables d’aimer Jésus : aimer sans sentir, aimer
sans connaître l’amour.
Je joins cette note : de terribles menaces du démon m’ont
tourmentée et m’ont remplie de peur et de terreur.
Mon Dieu, je ne veux que ce que vous voulez. Je suis prête à
tout. Ne permettez pas que je vous offense.
Le démon est menteur, mais cette fois-ci il ne l’a pas été.
Hier, avec des paroles grossières, il m’ordonnait de me préparer pour la nuit.
Il a été de parole. Je ne sais pas avec précision, mais probablement vers les 22
ou 23 heures, il est venu avec toute la fureur et la malice infernales. Je ne
veux même pas y penser. Quelle horreur ! J’ai lutté pendant longtemps.
Ma peur était qu’il arrive à obtenir de moi que je dise :
— Je ne veux pas Jésus ; je ne veux pas Marie ; je ne veux
pas le Ciel. Je les hais ! Je leur tourne le dos ! Je veux le plaisir, je veux
jouir.
Je ne peux pas le jurer, mais je crois que je ne l’ai pas
dit.
Ce n’était que de temps à autre que je pouvais appeler Jésus
et la Petite-Maman, m’offrant comme victime.
Dans les moments pendant lesquels il me semblait pécher sans
autre possibilité, j’étreignais, comme je le pouvais mon crucifix et la Maman
du Ciel, leur disant :
— Aimer, oui ! Pécher, non !
L’affliction de mon cœur a été si grande que pendant
longtemps j’ai cru mourir.
Je me rappelais ensuite des promesses de Jésus et cela me
réconfortait.
Je veux le Ciel, mais je veux une mort d’amour. Je ne veux
pas mourir entre les mains de Satan.
Je me voyais au bord d’un horrible précipice. Parmi les
ténèbres de cet abîme on voyait de gros crochets, bien visibles. Très épouvantée
parce qu’il me semblait que j’allais y tomber sans la moindre possibilité de
m’en échapper, je me suis évanouie. Mon cœur battait très fort: ma mort semblait
éminente. Ce n’était que mentalement que j’arrivais à dire :
— O mon Jésus, si seulement je ne péchais pas, cette
souffrance m’importerait peu !
Je suis ainsi restée dans cet accablement et cette triste
agonie : le péché, le péché, quelle préoccupation !...
Mais Jésus est venu et m’a parlé :
— Tu ne pèches pas, tu ne pèches pas, ma fille ! Aie
confiance, aie courage ! J’exige de toi cette réparation. As-tu vu cet abîme ?
Par ta souffrance tu évites à un grand nombre d’âmes d’y tomber. Pendues à ces
crochets elles restent prisonnières pour toujours...
Toussaint. — Très tôt, au
petit matin, pendant que je me préparais à recevoir mon Jésus, j’ai chargé les
Saints d'aimer pour moi Jésus, la Petite-Maman et la Très Sainte-Trinité. Dans
le doute d'avoir offensé mon Jésus
je Lui ai demandé pardon à plusieurs reprises pour tous mes péchés et j’ai prié
la Vierge de Lui demander, Elle aussi, pardon pour moi : je voulais faire une
communion très fervente et sainte.
Jésus est venu, et a ravivé en moi le désir d’un amour
toujours plus grand. Assez troublée par ma misère, je n’osais pas fixer sur Lui
mon regard ni Lui parler... Je cherchais à me cacher sous toutes les montagnes ;
et je l’ai fait: j’ai couru vers celles-ci et toutes, elles sont tombées sur
moi. Alors j’ai pu m’écrier :
— Jésus, mon amour n’a d’autre fin que de vous aimer. Je
veux vous aimer, mais non pas pour paraître ni pour plaire aux créatures.
J’ai continué de demander l’amour de Jésus, sous le poids
écrasant des terribles montagnes.
Je voulais vivre la vie du Ciel, dans la pensée de tout ce
que se passait là-haut, en ce jour. Je voulais fêter les saints et louer le
Seigneur avec eux, mais je ne le pouvais point. Je criais seulement :
— Jésus, je veux vous aimer !
Mais mon cri n’était pas entendu, ne sortais pas, restait
suffoqué par les rochers.
— Que faire, mon Dieu ? J’accepte avec joie tout ce qui
m’arrive de vos mains bénies. Je suis à vous et tout cela est pour vous.
De temps à autre, parmi ces désirs d’amour, intervenaient les
menaces du démon, jusqu’au moment où, la nuit arrivant, il est devenu furieux.
Il utilisa tous les moyens et tous les noms mauvais ; il a même trouvé le moyen
de me faire sentir dans l’âme des désirs de pécher.
Ce sont des choses à lui, car moi, je ne veux pas pécher. Je
préfère des millions d’enfers à la plus petite faute...
— Ma reine ! Tu es ma reine, parce que je suis ton Roi, je
suis sur ton trône, je règne en toi, tu es donc ma reine...
Je te donne encore davantage : le titre de reine de la
douleur, reine de l’amour, reine des pécheurs. Tu régneras, tu triompheras sur
eux.
(...)
—
Je suis ton Époux, je suis ton Roi, Seigneur de tout ton
être. Je t’ai fait dépositaire de tout ; je t’ai donné toutes mes richesses...
Je t’ai fait puissante sur la terre et dans le Ciel... Bienheureux les pécheurs
qui, au moment de leur mort, auront quelqu’un qui te les recommande et te les
confie... Tu régneras, tu triompheras sur eux.
Jésus m’a déposée entre les bras de la Maman du Ciel. Avec
combien de douceur et si affectueusement Elle m'a embrassée ! Mon visage était
tout contre le sien, couvert de tendresse et de ses caresses! Je peux le dire :
plus jamais je ne me suis sentie de la sorte. J'ai eu un avant goût du Ciel.
J'avais l'impression d'être enveloppée par un nuage.
— Maman, ma Petite-Maman, quel bonheur le mien !...
Qu'est-ce que ce sera alors de jouir de vous au Ciel et pour toute
l'éternité !...
— O ma fille, ô bien-aimée de mon Jésus, aie confiance,
confie ! Dans peu de temps, bien peu, pour toi ce sera le Ciel, la joie
éternelle. Je te le confirme, ma fille, les paroles du tien et mon Jésus : tu ne
l'offenses pas.
J'ai compassion de toi, de te voir au milieu d'aussi cruelles luttes, sachant
combien tu aimes la pureté : c'est pour cela que je t'aime et que Jésus t’aime,
Lui aussi. Il a besoin de ta réparation. Si seulement tu savais combien Il est
offensé par les manquements fréquents à la vertu de la sainte pureté !
Elle m’a caressée de nouveau et Elle-même m’a confiée à
Jésus.
— Prends, mon Fils, prends ta fille. Donne-lui
maintenant ton amour, comble-la de tes tendresses.
(...)
Prise dans les affres de l’amour, et la douleur amère de mes
fautes, le divin Esprit-Saint a agité ses ailes, dans la partie la plus intime
de mon âme. Il a fait avec moi comme les oiseaux font avec leurs petits, dans
leur nid. Avec son bec de feu divin, il a alimenté mon cœur et ensuite,
l’introduisant entre mes lèvres, il a alimenté tout mon être. Je me suis senti
une vie toute nouvelle. Je pouvais aimer et servir mon Jésus. Ces moments sont
brefs ; je retourne presque aussitôt sur ma croix, presque aussitôt je me
retrouve sans vie.
|